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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Zweig s'étonne que le continent mythique de notre monde ait été baptisé du blaze d'un clampin. Parti pour raconter la vie d'Amerigo, comme il n'y avait rien à raconter sur l'homme, il a raconté la vie du prénom : Amérique. de ce court récit qui se lit vite, avant qu'il ne soit déjà l'heure d'aller chercher les enfants à l'école, j'ai retenu une réflexion sur la fragilité de la culture. Pas celle des autres - depuis Levi Strauss on la sait foutue - non, la nôtre. « L'esprit de l'humanité est paralysé, écrit Zweig, comme par l'effet d'une maladie mortelle, elle ne veut plus rien savoir du monde qui est le sien (...)  la main de l'homme n'est plus capable de représenter son propre corps à travers le dessin (...) on ne voyage plus, on ne connait rien des pays étrangers». J'observe mes enfants ricaner en regardant les enfants des autres se tortiller sur tiktok. Ils ne dessinent pas, ils sortent peu, on ne part plus en vacances, covid oblige, et à la place, ils sauvent un monde 3D de la menace zombie sur Fortnite. Zweig ajoute « On a désappris à lire à écrire à compter, même les rois et les empereurs d'Occident ne sont plus en mesure d'apposer leur propre nom au bas d'un parchemin. ». Je m'affole. Spengler ! Onfray ! Finkielkraut ! Et s'ils avaient raison ? Heureusement, à la télé, dans le bureau ovale, le 45ème Président des Etats-Unis d'Amerigo signe son nom au bas d'un tax bill. Et il exhibe fièrement sa signature à la caméra et à la cour. Sauvés ! Il sait écrire son nom ! Plaise à Dieu qu'il reste Président !
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Dans Amerigo, Stefan Zweig répond à la question :" Pourquoi a-t-on utilisé , pour baptiser cette partie du monde, le prénom d'Amerigo Vespucci?"
"Parce que Vespucci a découvert l'Amérique? Il ne l'a nullement découverte! Parce qu'il a été le premier à fouler le sol du continent, et non seulement des îles de la côte? Non, ce n'est pas non plus pour cette raison, car ce n'est pas Vespucci qui a posé le pied le premier sur le continent américain, mais Colomb et Sébastien Cabot. Dans ce cas, peut-être a-t-il abusivement prétendu avoir été le premier à aborder ces terres? Non,Vespucci n'a jamais revendiqué ce privilège auprès d'aucune instance. S'agirait-il donc d'un savant, d'un cartographe qui, pour satisfaire son ambition, aurait proposé que l'on donnât son nom à cette nouvelle terre? Non,il n'a jamais agit de la sorte non plus, et n'a même vraisemblablement jamais rien su de l'usage qui était fait de son nom."

C'est cette histoire pleine de hasards, d'erreurs et de malentendus , que raconte Stefan Zweig. Il reconstitue la vie d'Amerigo Vespucci et ce que son entourage en a fait, pour arriver à une conclusion que j'ai bien appréciée.

Son écriture m'a emportée de la première à la dernière page. C'est avec plaisir que j'ai fait un petit retour depuis l'an 1000 avant de plonger dans cette époque des grandes découvertes!
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Livre amusant puisqu'il brode une histoire plausible à partir du manque de certitude sur la réalité...
Comment faire une biographie sans preuves tangibles ? On pourra toujours rétorquer qu'un certain Jésus est déjà l'objet d'un livre (Ô combien célèbre) de ce genre...
Donc ici, finalement, la non-biographie du florentin A. Vespucci est le prétexte à une quasi déclaration d'amour au continent qui l'a accueilli, lui qui fuyait l'Europe déjà parcourue par ses courants racistes, suprémacistes et xénophobes.
L'avantage ici est la poésie de l'écriture de l'auteur qui nous berce de ses réflexions subtiles sur les étranges retournements de l'histoire, sur les récits différents qui sont faits successivement d'une même réalité...
Tout est finalement question de croyances et d'interprétations. Heureusement qu'aujourd'hui tout a changé et que nous sommes priés, sous peine d'un salutaire bannissement , d'inscrire dans la Loi certains points d'histoire.
On observe, du point de vue continental, les explorateurs portugais s'élancer à la conquête de l'Est pour qu'un Génois et un Florentin se disputent finalement par supporters interposés la paternité de la conquête de l'Ouest...
Certes il y a eu Pedro Álvares Cabral, mais il est peu resté dans l'imaginaire collectif occidental contrairement aux deux précédents.
C'est un peu l'objet du livre, celui des méandres de la construction de notre imaginaire que les livres scolaires d'histoire sont chargés de graver dans nos esprits. Ainsi,
en 1503, un ouvrage en latin intitulé "Mundus Novus" est publié. Il affirme être un résumé traduit d'une lettre écrite en italien par Albericus Vespuccius ...
A-t-il jamais mis les pieds sur ce monde nouveau, notre Florentin? A-t-il cherché à paraître plus important qu'il ne fut? A-t-il cherché à doubler dans la course à l'attribution de nom le Génois Colomb ? Pas facile d'être sûr mais... le nouveau continent, dont tout le monde alors ignorait qu'il s'agissait d'un continent, fut nommé "Alberica".
Non, en fait... Heureusement (?), au gré des traductions, des versions remaniées et augmentées, peut-être légèrement trafiquées de ce livre de vulgarisation, les noms de l'auteur, possiblement découvreur pour ses lecteurs, évoluèrent : Alberico Vesputio, puis Amerigo Vespucci...
Enfin , gravé dans le marbre des cartes post-Ptolémée, ce nom qui selon l'auteur, sonne comme le clairon d'un peuple jeune et conquérant, apparaît pour l'éternité : America !
Un joli livre entre roman et histoire qui gagne à être diffusé auprès des jeunes mais pas que...


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Un petit essai très intéressant écrit avec brio par cet auteur qu'on ne présente plus. Cette lecture est vite finie car Zweig a le don de captiver notre curiosité et mène l'enquête de façon constructive nous menant vers des pistes méconnues.
Colomb, ou de Vespucci le réel découvreur de l'Amérique ? Que ça soit l'un ou l'autre, le nouveau monde est bien désolant à ce jour. Qu'est ce que la colonisation a fait de ces terres ? Un désastre hélas ! C'est un autre sujet, ici, Zweig nous éclaire quant à l'origine de ce nom de baptême pour cette nouvelle terre. Si le prénom Amerigo serait donc l'origine de ce nom donné à ce territoire en le féminisant comme l'Europe, l'Asie, et l'Afrique, par Amérique, peu certain que cela suffit pour dorer le blason de notre cher Vespucci qui n'en demandait pas tant. Une réelle comédie, d'erreurs, d'autres tours se sont joués de cet homme. L'essai étant court, je ne peux en dire plus et je vous laisse le soin de découvrir cette aventure sous la plume charmeuse de Zweig.
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C'est une enquête à laquelle se livre Stefan Zweig.
Pourquoi la postérité a-t-elle nommé le nouveau continent nouvellement découvert Amérique et non Colombie ?
Zweig remonte la piste des rares documents pour élucider cette énigme, décortiquant les méprises, malentendus et hasards qui vont dans un 1er temps porter aux nues Vespucci « grand découvreur », « grand navigateur », « grand érudit » puis dans un second, le dégringoler en flèche « escroc », « usurpateur », plagiaire »… du grand Colomb.
Dressant un bref aperçu historique de la période précédant les Grandes Découvertes, il rappelle l'engouement de l'époque pour les écrits de toutes sortes qui se diffusent dans la société grâce à la merveilleuse invention de l'imprimerie. Même les lettres privées sont imprimées, multipliées, propagées et donc y compris les coquilles et erreurs qu'elles contiennent.
Dans un souci de vérité, Stefan Zweig replace chaque personnage dans le rôle qui a été le sien :
-Colomb : génial mais arrogant découvreur qui a aucun moment ne prend la mesure de ce qu'il a découvert
- Vespucci : le marchand-navigateur intègre qui le 1er comprend que la terre nouvellement découverte n'est ni l'Inde, ni une île mais un Mundus Novus, expression prise dans l'une de ses lettres qui mettra le feu aux poudres de cette polémique plusieurs fois centenaire.
Connaissant le talent de Zweig pour dresser des biographies fines, brillantes, je suis un peu déçue car c'est ce à quoi je m'attendais. A la lecture de ce court essai, je comprends mieux ma méprise. Les documents concernant le mystérieux Vespucci ont quasi tous disparu.
Pour autant, j'ai découvert cette querelle dont je n'avais eu vent, convaincue que j'étais que l'intuition de Vespucci avait toujours été interprétée comme telle.
Merci à M. Puiseux, mon prof d'Histoire Géo de collège, pour l'anecdote « Vespucci » racontée en cours il y a fort longtemps et jamais oubliée.…
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Stefan Zweig est un écrivain aux multiples facettes tantôt romancier, tantôt historien ou encore biographe. Dans Amérigo, il se fait historien pour raconter au lecteur une erreur historique : l'appellation de la découverte d'un continent inattendu sur la route des navigateurs cherchant à rejoindre les Indes par l'Ouest. Pourquoi l'Amérique s'appelle-t-elle Amérique et non Colombie? Pendant plusieurs siècles, historiens, ecclésiastiques, écrivains, géographes, cosmographes ont opposé Amerigo Vespucci à Christophe Colomb. Ironie du sort, les deux hommes n'ont jamais su qu'ils avaient découvert chacun à leur manière un continent entier qui de l'Arctique à l' Antarctique barrait le chemin vers les Indes en passant par l'Ouest. Ils n'ont jamais connu la polémique qu'ils ont créée pendant plusieurs siècles.
Stefan Zweig propose un petit ouvrage très intéressant et très bien documenté. Une excellente dissertation dans la plus tradition littéraire. Quelques recherches périphériques ont été les bienvenues pour bien comprendre le récit.
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Grâce à Stefan Zweig, j'ai découvert l'histoire d'Amerigo Vespucci (1454-1512) et la raison pour laquelle cet homme a donné son nom à l'Amérique. Pourquoi, si Christophe Colomb a découvert l'Amérique le premier, le continent ne s'appelle-t-il pas la Colombie ?

A la manière d'un historien, Zweig regroupe des informations, cherche des indices, fouille dans les documents anciens, les lettres connues, exclut, garde et analyse les éléments clé pour présenter son hypothèse.

Grâce à ce travail de détective curieux, on lit cet essai d'une traite comme une enquête, passant d'une fausse piste à une autre, d'une erreur à une interprétation, d'une croyance à une évidence avant de découvrir, enfin, la vérité.
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Amerigo est un roman historique de Stefan Zweig dans lequel l'auteur donne une explication à pourquoi l'Amérique s'appelle-t-elle Amérique et non pas Colombie puisqu'elle a été découverte par Christophe Colomb. Après une courte mise au point (comment les Occidentaux ont découvert ce continent, le parti pris dans l'écriture, etc.), Zweig nous plonge directement dans un véritable chassé-croisé de récits. Les textes dont il nous parle ont vocation de valoriser ou décrédibiliser Amerigo Vespucci, homme dont on donna le nom à ces nouvelles terres. Mais qui était-il ? C'est l'une des choses auxquelles Stefan Zweig tente de répondre dans son ouvrage, en tentant au passage de discerner le vrai du faux. En effet, beaucoup de choses ont été dites sur ce navigateur, et toutes ne sont pas véridiques.
C'était la première fois que je lisais un roman de Zweig. J'avais beaucoup entendu parler de cet écrivain et je me suis dit qu'il serait plus intéressant de découvrir ses livres par l'un de ses textes les moins connus, et j'ai donc commencé par celui-ci, d'autant plus que l'histoire m'intriguait. Je l'ai d'ailleurs trouvée passionnante, mais ce qui m'a surtout charmée, c'est l'écriture de Zweig ; c'est moderne, c'est fluide, elle permet d'accrocher facilement au récit. Pour tout vous dire, j'ai aimé lire ce texte à haute voix.

Alors voilà, le récit est court (un peu plus d'une centaine de pages), on navigue en eaux troubles, démêlant, guidé.es par l'auteur, le vrai du faux, et on se plonge dans le XVe siècle avec ses découvertes. Je ne peux que vous conseiller Amerigo mais je conçois qu'il ne soit pas pour tout le monde : ce n'est pas un récit d'aventure, c'est un fait historique. Mais, que vous aimiez ou non l'Histoire, ce roman reste accessible à tou.te.s, alors ce serait dommage de vous priver.

Bonne lecture à vous !
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Une histoire extraordinaire où l'on voit comment on peut décider du nom d'un continent depuis une petite ville vosgienne et comment on peut opposer de manière posthume deux personnes qui s'apprécient. J'ai appris beaucoup de choses en une centaine de pages sous la plume brillante de S.Zweig.
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Très intéressant petit livre sur Amérigo Vespucci, celui que l'on nous apprend tout jeune être le découvreur de l'Amérique. Qu'en est-il vraiment ? Hasard ? Imposture ? Gigantesque manipulation ? Une Histoire qui ne se départira jamais des histoires avec des petits h.
L'humanité est décidément une grande étrangeté.
Très bien écrit/traduit, évidemment, et se lit aisément.
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