AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 670 notes
5
35 avis
4
34 avis
3
9 avis
2
1 avis
1
0 avis
Une nouvelle bien signée ! Quel plaisir de retrouver, une fois de plus, ce style inimitable, qui nous fait pénétrer la tête des protagonistes avec une puissance indicible.

Chaque pensée est disséquée avec finesse, et malgré une époque révolue, l'analyse reste contemporaine. Un enfant et sa mère, le lien mère-fils, la culpabilité qui plane souvent et joue à cache-cache, tout est là, dans ces lignes.

Zweig sait se faire enfant, mère, tante, ami, tout à la fois, et nous aussi.
Je brûle d'admiration pour cet auteur,
et ce n'est plus un secret !
Commenter  J’apprécie          9613
Afin de tromper son ennui, un jeune baron en villégiature dans un hôtel isolé des Alpes autrichiennes décide de séduire par jeu une femme accompagnée de son fils convalescent de douze ans, Edgar. Pour parvenir habilement et rapidement à ses fins, il se lie hypocritement d'amitié avec Edgar, flatté d'attirer l'intérêt d'un adulte.

Passée la phase d'approche, de l'amitié naissante, le séducteur tente d'éloigner l'enfant, qui trompé par son nouvel " ami ", va tout faire pour perturber les sorties du couple et leurs tentatives de rapprochement. Sa mère, progressivement charmée, hésite entre l'aventure amoureuse et la raison, périlleux dilemme.
Tout se joue donc - il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit au départ d'un jeu - entre un séducteur manipulateur, une mère indécise et un jeune garçon encore très innocent mais clairvoyant. le tout dans un milieu bourgeois d'une époque révolue...en apparence.

Les désirs de chacun s'entremêlent d'abord délicieusement, puis s'entrechoquent brutalement pour finir en feu d'artifice incontrôlable ! de la tension, du suspens, un rythme agréable de courts chapitres font de cette nouvelle un très bon moment de lecture.
Stefan Zweig excelle comme toujours à analyser avec finesse et précision la psychologie humaine et plus particulièrement ici celle d'un jeune adolescent imprévisible dont les sentiments exacerbés oscillent entre amour et haine. Car c'est bien Edgar le héros du récit, le détenteur du brûlant secret, que je vous laisse le plaisir de découvrir.
Commenter  J’apprécie          891
Une centaine de pages, c'est le format du succès pour Zweig: "Le joueur d'échecs", " La confusion des sentiments", "La lettre d'une inconnue", "La peur", "24heures...

Effectivement, c'est aussi le cas avec les 100 pages de "Brûlant secret", pas de déception, le récit demeure toujours aussi prenant et rythmé. Ici, en de courts chapitres.

Au début, le personnage principal semble être un jeune baron célibataire, en vacances dans un hôtel de montagne autrichienne au Semmering; un séducteur à la recherche d'aventures féminines sans lendemain. Il jette son dévolu sur une femme d'une bonne trentaine d'années. Une femme distinguée accompagnée de son fils Edgar, 12 ans. Mais pour approcher la jolie dame, il use de perfides moyens en donnant l'illusion au garçon qu'il est son ami. Edgar pressent en effet que l'on abuse de sa naïveté et c'est ce garçon qui devient le personnage central intrigué par ce qu'on lui cache: un brûlant secret.

Quel brûlant secret peut-on lui cacher à ce garçon de 12 ans au point de lui mentir et de l'éloigner quand sa mère et ce baron veulent discuter ensemble?

Implicitement, Zweig dénonce l'hypocrisie des adultes, de l'école, de la famille et de la morale officielle quant à l'enseignement de la sexualité à la jeunesse.

L'auteur met en place un suspense magistral à la mesure des changements qui s'opèrent dans la tête de ce garçon trahi par les adultes. L'imprévisibilité de ses réactions est le moteur de cette intrigue.
Encore un bijou d'orfèvre.
Commenter  J’apprécie          582
J'avais envie d'une gourmandise, aussi j'ai repris avec plaisir une petite viennoiserie.
Des nouvelles de monsieur Zweig : un délice toujours renouvelé.

Quatre nouvelles composent ce livret. Elles ont en commun le désir et la passion. Vous savez comment monsieur Zweig sait si bien en parler. Et bien ici, il ne déroge pas à la règle.

La première, Brûlant secret, a pour héros un jeune garçon d'une douzaine d'années, partagé entre le désir d'être déjà un adulte et celui d'être encore un enfant. Des pages magnifiques dans lesquelles l'enfant gonflé de l'importance que lui donnent les paroles d'un adulte, se rend compte qu'elles ne lui servent d'alibi que pour approcher sa mère. Une fausse amitié, une trahison qui lui ouvrira les yeux sur le monde des hommes, sur la vie et sur l'amour maternel. Et ce final sur l'amour maternel, un vrai bonheur de lecture qui a enflammé mon coeur de lectrice !
« Ce n'est que plus tard, beaucoup d'années plus tard, qu'il reconnut dans ces larmes muettes la promesse de la femme vieillissante de n'appartenir désormais qu'à son enfant, le renoncement à l'aventure, l'adieu à tous ses désirs égoïstes. Il ne savait pas qu'elle lui était aussi reconnaissante de l'avoir sauvée d'une aventure stérile et que dans ces baisers elle lui laissait en héritage, pour sa vie future, le fardeau à la fois amer et doux de l'amour. L'enfant ne comprenait pas cela, mais il sentait tout l'enivrement de cet amour qui déjà le mettait en rapport avec le grand secret de l'univers. »

La seconde, Conte crépusculaire, est une histoire d'amour. le premier amour vécu par un jeune homme d'une quinzaine d'années, mais qu'il ne comprit pas, croyant aimer et être aimé de sa cousine Margot alors que c'est la soeur de celle-ci , son autre cousine Elisabeth, qui l'aimait. Une histoire d'amour perdu qui le laissa à jamais dans une profonde mélancolie.

La nuit fantastique, troisième nouvelle de ce livret, permet à notre héros de découvrir la vie, la vraie, celle des autres. Jusqu'au moment où il « vole » un ticket au champ de courses, où l'a mené sa vie d'oisiveté de fils de « bonne société », il vivait sans passion, sans intérêt pour aucune chose ni aucun amour. Sa vie passait, lisse, sans but et sans attrait. Il menait alors une vie contemplative. Mais ce geste, cette folie, va le mener vers d'autres lieux, d'autres gens, d'autres pensées et lui révéler un monde inconnu mais ô combien vivant.
« Ainsi donc, en moi aussi, dans cet atome palpitant d'univers que j'étais, brûlait encore ce germe volcanique de toute existence terrestre qui parfois s'épanouit sous la pression tourbillonnante du désir. Moi aussi, je vivais, j'étais vivant, j'étais un être humain, avec des envies mauvaises et pleines d'ardeur. »
Et ici, il faut marquer un arrêt car moi qui n'ai jamais assisté aux courses hippiques, j'étais aux premières loges tant notre auteur sait rendre l'atmosphère de ce lieu bruyante, vibrante, enivrante et trépidante. Des pages brillantes !

Enfin pour terminer, Stefan Zweig, invite le lecteur à découvrir un conte drolatique « les deux jumelles. »
Une petite histoire (drolatique ?) mettant en scène deux jumelles d'une beauté inégalée et d'un orgueil incommensurable qui au lieu de s'accorder, s'opposent. L'une épouse le vice et l'autre la vertu. Mais, au fil du temps, une certaine connivence leur viendra…

Il est facile de se laisser emporté(e) par l'écriture de Stefan Zweig, c'est toujours brillant, d'une grande érudition, finement ciselé. Les personnages sont toujours très finement et méticuleusement travaillés, les sentiments scrutés à la loupe, l'âme décortiquée. de la belle ouvrage !
Commenter  J’apprécie          5516
Que d'émotions dans ces récits!
La déception d'un jeune garçon qui comprend que l'adulte avec qui il s'est lié d'amitié dans l'hôtel a en fait un dessein caché : rencontrer sa mère...
Dans quel but ? Se demande Edgar...
Et pourquoi sa mère change-t-elle ainsi d'attitude ?
Pourquoi l'envoie-t-elle tout à coup au lit avec tant d'insistance ?
Lorsqu'il perçoit que l'homme qu'il croyait être un ami ne lui prête plus aucune attention depuis qu'il se promène chaque après-midi avec sa mère, Edgar met tout en oeuvre pour empêcher cette étrange liaison...
L'histoire d'une douleur qui fera voler en éclat les certitudes d'un enfant.

Ensuite, l'étrange rencontre d'un adolescent dans la forêt du château, où une belle inconnue que l'obscurité l'empêche de dévisager se donne à lui nuit après nuit.
Qui est-elle?
Il passe ses journées à tenter de percevoir un changement de comportement chez les jeunes filles avec qui il passe ses vacances, puis tout à coup il en est certain ! Il sait sur quel corps ses mains se posent à la nuit tombée...
Il va lui parler et lui dire qu'il l'aime...
Mais est-ce vraiment elle?
Une erreur serait si grave...

Deux autres nouvelles concluent ce petit recueil, dont personnellement je ne suis pas sorti indemne.

Stefan Zweig prouve une nouvelle fois son talent infini pour aborder des sentiments et des émotions pourtant connus de tous...
Commenter  J’apprécie          473
Des quatre impeccables nouvelles de ce recueil, je retiens les deux plus lumineuses à mes yeux :
La première nous plonge dans les affres de la fin de l'enfance, autour du premier passage vers la maturité d'un jeune garçon de treize ans trahi par un « ami » adulte dont il comprend qu'il n'a cherché son amitié que pour mieux séduire sa mère, et n'a dès lors, ivre de haine, de cesse de comprendre ce brûlant secret qui pousse les adultes les uns vers les autres.
La seconde, « les deux jumelles », réinvention par Zweig de la fable morale, qui se lit comme on passe la main sur une soierie ourlée avec la plus grande finesse, voit dans un moyen-âge de contes deux soeurs magnifiquement belles et outrageusement orgueilleuses se disputer la première place, l'une à l'aide du vice, l'autre de la vertu.
Encore un pur moment de plaisir admiratif que ce recueil construit autour des passions profondes et ravageuses ! Impossible de se lasser de l'immense talent de Stefan Zweig.
Commenter  J’apprécie          450
J'ai eu un coup de coeur pour cette nouvelle très aboutie, dense et parfaite dans son écriture.

Le récit prend le parti de nous faire glisser peu à peu d'une aventure amoureuse assez banale, un flirt dans un grand hôtel, à une réflexion profonde sur la signification de cette même aventure pour le jeune garçon, Edgar, qui se retrouve dans un trio bien embarrassant avec sa mère, assez froide et peu maternelle, et le baron, chasseur de femmes comme cela a été dit plus haut. Alors qu'il se faisait une joie d'avoir un ami en la personne du baron, et se sentait grandir, devenir presque adulte, en sa pré-adolescence, il se sent vite trompé, car une fois que le baron, purement calculateur, s'est introduit grâce au fils dans les bonnes grâces de la mère, Edgar commence à déranger, et on lui suggère d'aller s'occuper seul quelque part ailleurs.

Surtout, il ne supporte plus que l'on fasse sans cesse référence à son statut d'enfant, alors que l'orgueil commençait à le gagner : il n'en était plus un, il comprenait bien plus de choses à présent. Pourtant, l'initiation n'est qu'entamée, et le garçon va subir plusieurs péripéties, épier ce qui se passe, essayer de s'imposer, pour finir par haïr sa mère et le baron, qui, il en est sûr, lui cachent un secret... Brûlant secret qui, s'il le surprend, lui permettra d'accéder au monde adulte. C'est donc une autre chasse qui se joue à présent, dont la mère d'Edgar est l'enjeu.

J'ai dévoré cette nouvelle de 69 pages, riche en réflexions sur la séduction, la conduite des adultes lorsqu'ils se laissent mener par leurs désirs et commencent à mentir, la déception liée à la tromperie et au mensonge, et bien sûr, ce moment troublant entre l'enfance et l'âge adulte, l'ambivalence de ce seuil, où l'on anticipe ce qui vient après, mais on ne voudrait pas perdre l'innocence de l'enfance, la protection des personnes aimées.

Une fois encore, l'écriture déploie à merveille des scènes, des paysages, parfois exaltants, parfois inquiétants ; la nature est un personnage à part entière, qui se prête complaisamment aux ambiances et aux ressentis des hommes qui la peuplent, et pourtant, elle reste irréductible et autonome dans son propre mystère. Un parc au printemps peut abriter aussi bien des couples qui se réfugient dans la sensualité de la nuit, qu'un enfant seul et agité, comme abandonné de tous. Zweig crée autour de nous un monde aux accents d'hier, au bord de l'abîme, et déjà étonnamment moderne, dans lequel nous trouvons toujours notre juste place.
Commenter  J’apprécie          4311
Avec beaucoup de justesse, de finesse, une écriture fluide, Zweig analyse la joie d'une amitié avec un adulte, la déconvenue, les affres de la jalousie , de la trahison, de la haine ressenties par Edgar, douze ans .Un jeune baron, lui aussi, en villégiature à la montagne, va se servir de l'enfant pour courtiser et séduire sa mère, tenter d'avoir une aventure sans lendemain, avec cette bourgeoise élégante, plantureuse, d'âge mur.
Cette expérience traumatisante sera pour Edgar, la fin de l'enfance, de l'innocence, l'initiation au monde des adultes avec tout le cortège de mensonges, de faux-semblants mais aussi de sentiments spécifiques à l'univers des grandes personnes. Une lecture qui tient en haleine.
Commenter  J’apprécie          434
Un recueil de quatre nouvelles imaginatives et tellement bien écrites. C'est superbe. Stefan Zweig a le chic pour m'embarquer dans les méandres de la passion, de la folie, de décrire les sentiments avec un brio qui enchante. « Brûlant secret » qui donne son titre au livre est la première des nouvelles et raconte les charmes de l'enfance qui se veut déjà grande avant l'heure et est finalement heureuse de se retrouver câliner. Un déchaînement de jalousie réjouissant et une angoisse pour savoir ce qui va arriver pour le lecteur pris dans les feux des yeux du gamin mais comprenant plus que lui de ce qui se déroule. J'ai beaucoup apprécié « Les deux jumelles », une sorte de conte avec une rivalité fratricide. « La nuit fantastique » mélange des envies cruelles et intrigantes, avec un retour pour la passion enivrante du jeu et un fabuleux éveil à la vie d'un homme. Un très beau recueil.
Commenter  J’apprécie          370
Stefan Zweig n'a pas son pareil pour l'analyse des sentiments humains. Avec lui, la culpabilité est souvent au centre de la palette. Et la psychologie enfantine au coeur de Brûlant secret. J'ai toutefois bien peur que l'exercice n'ait été périlleux pour lui. Il a eu du mal à placer son personnage entre innocence et maturité.

Mais je me ravise à cette réflexion, en replaçant cette nouvelle dans le contexte de la première moitié du XXème siècle. Les enfants n'étaient pas en ce temps nourris dès le plus jeune âge des choses de la sexualité tel qu'ils le sont de nos jours avec tous les supports à portée de main. Leur raisonnement avait en revanche plus de consistance. Pour ceux en tout cas qui avaient les moyens de recevoir une éducation digne de ce nom, comme c'est le cas du jeune Edgard dans cet ouvrage. C'est un contexte que connaît bien Stefan Zweig. Il n'a pas été lésé par une naissance indigente de ce point de vue.

Il n'en reste pas moins que c'est du Stefan Zweig, avec son analyse méticuleuse du mécanisme mental de la personne, traduite dans une construction tout aussi perfectionniste de son ouvrage. Surtout lorsque celle-ci est articulée en chapitres titrés qui séquencent la démarche. Cela tient du diagnostic clinique.

Reste la profondeur de l'analyse de l'observateur indiscret de la nature humaine qu'il est. Et puis le style onctueux comme toujours.


Commenter  J’apprécie          333




Lecteurs (1651) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1880 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..