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EAN : 9782226254719
600 pages
Albin Michel (05/03/2014)
4.25/5   8 notes
Résumé :
La correspondance intégrale entre Romain Rolland et Stefan Zweig, le maître et son disciple, est inédite en France. Ce sont près de 500 lettres de part et d'autre.
Ces lettres constituent un témoignage irremplaçable sur les pensées et la création de deux intellectuels européens majeurs de la première moitié du XXe siècle.
Elles entraînent le lecteur dans une époque à la fois bouleversée et bouleversante, celle de la Première Guerre mondiale - et de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le français Romain Rolland (1866-1944) et l'autrichien Stefan Zweig (1881-1942) devinrent amis avant la première guerre mondiale, unis par les mêmes idées de fraternité et d'humanisme, et leur correspondance s'est étalée en fait sur trois décennies. Y compris pendant la guerre 14-18.

Tout d'abord, d'où proviennent ces lettres? Romain Rolland sut préserver à la Bibliothèque Nationale de France ses écrits et ceux reçus, quant à Zweig, quand il quitta l'Autriche en 1934, il confia ses archives les plus précieuses à la Bibliothèque hébraïque de Jérusalem.

Sauf erreur, Romain Rolland, prix Nobel de littérature en 1915, n'est guère lu aujourd'hui, alors que sa notoriété et son influence étaient grandes à l'époque de cette correspondance. Zweig était rempli d'admiration pour l'oeuvre et la personnalité de son aîné. D'ailleurs ce volume évoque la mise en oeuvre de la biographie de Rolland par Zweig, par ailleurs traducteur, ou intermédiaire avec des traducteurs ou éditeurs des écrits de Rolland. Durant cette époque troublée (je me focalise sur les années de guerre), de fort nombreuses lettres furent échangées, entre la Suisse où Rolland travaillait comme bénévole à l'Agence internationale des prisonniers de guerre et l'Autriche (là Zweig dut écrire en allemand à cause de la censure) puis la Suisse où séjourna longuement Zweig (qui écrivit dès lors en français). Durant le conflit Zweig travaillait en Autriche au service des Archives. Tant que Zweig demeure en Autriche, les deux correspondants sentent l'impossibilité de s'exprimer clairement sur tous les sujets.

L'amitié entre les deux hommes est admirable, fort rarement ternie au début de la guerre par des nouvelles colportées ("J'écrirai, dans le journal de Genève, ce que je pense du rôle néfaste de la presse des deux pays. Faites de même. Unissons nous pour que la guerre soit du moins sans haine.").
Une fois les faits éclaircis, la douleur de Zweig est terrible."Mon monde, le monde que j'aimais est de toute façon détruit, tout ce que nous avons semé est foulé aux pieds."

Leurs opinions, surtout celles de Rolland, ne leur valurent pas que des amis. Rolland fut fort attaqué, mais reçut le soutien épistolaire fidèle de Zweig.

Au long de ces lettres apparaissent bien des figures intellectuelles de l'époque, là plupart plus trop connues, mis à part Herman Hesse (lettre 144 par exemple), Rilke (Rolland et Gide se sont occupés de récupérer ses écrits importants demeurés en France, à la demande de Zweig) et Pierre Jean Jouve.

Dès le début du conflit Zweig voit plus loin "Je crains que le calme ne revienne pas avant longtemps car la haine survivra à la guerre, elle ne s'estompera point mais se montrera encore plus odieuse qu'à sa fin. Notre combat à nous sera de lutter contre cette haine (...)" Lettre 66, 21 novembre 1914
Tout comme Rolland "J'espère de combattre la haine. J'espère de sauver d'elle tout ce qu'on peut sauver : clarté de la raison, pitié humaine, piété chrétienne (...) Lettre 92, 15 mars 1915

Ce remarquable volume sera suivi par deux autres. Une lecture forte et indispensable.


"Personne ne sait comment finira cette guerre, mais je sais qu'après il y aura la paix, et que le devoir de ceux qui ne se battent pas est de préparer cette paix, et dès maintenant." Lettre 52, Zweig, 19 octobre 1914

"La tragédie juive ne fera que commencer avec la paix. Je ne puis vous en dire davantage mais je vous demande de me faire confiance, croyez-moi quand je vous dis que cette tragédie ne fait que commencer, qu'elle est loin d'être terminée." Lettre 106, Zweig, 13 avril 1915
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Je dois avouer d'emblée que je n'ai pas lu Zweig ni encore moins Rolland. Mais les correspondances, notamment entre écrivains, m'intéressent car elles révèlent une époque, une intimité et un fourmillement d'idées (ici très lié à l'activité créatrice des deux écrivains). Tandis que Zweig est le cadet de Rolland, c'est bien ce dernier qui remporte le plus de prestige en ce premier tome de correspondance (qui en comptera trois, couvrant trois décennies). Zweig écrit sa première lettre en tant qu'admirateur, après avoir été ébloui par "Jean-Christophe".

De la relation purement formelle de deux hommes de lettres qui se respectent et s'estiment, on passe à un échange plus constant et profond alors qu'approchent les années de guerre. Au plus fort de ces temps contrariés, les deux hommes s'écrivent de plus en plus régulièrement, font part de leurs inquiétudes sur les nations engagées dans le grand combat. Ils s'envoient leurs écrits, amassent un cercle d'amis autour d'eux et se voient, dès que l'occasion se présente. Que penser du tour que prend le monde ?

Alors que leurs deux pays respectifs sont en guerre, Rolland et Zweig envisagent une voie pacifiste et fédératrice. Rolland aide au comité de la Croix-Rouge à Genève, tandis que Zweig est enrôlé dans les services de propagande. En plus du grand intérêt historique, ce premier tome est, je pense, fondamental pour comprendre les élans de deux grands esprits qui ont compté parmi les plus grands humanistes du XXème siècle. Tout au long de leur première décennie de correspondance, de grandes valeurs sont placées au-dessus de tout : l'amitié, la paix, l'espoir...

Après avoir refermé ce premier volume, vous aurez des envies bien légitimes : vous plonger dans les livres de Romain Rolland et surtout ceux de Stefan Zweig. Enfin, vous guetterez tout comme moi la sortie des deux prochains tomes.
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En 1910 quand débute la correspondance entre Stefan Zweig, jeune auteur autrichien pas encore reconnu et Romain Rolland, plus âgé et surtout figure majeure du monde littéraire parisien, il ne s'agissait que de lettres très révérencieuses, le cadet vouant une admiration sans bornes à son glorieux aîné. Strictement intellectuelle et portant autour des diverses publications de chacun ou de leurs amis, cette correspondance va littéralement prendre son envol au début de la guerre; Alors que Romain Rolland part en Suisse pour oeuvrer plus tranquillement à développer un pacifisme européen, position qui le voit honni par une presse française très patriotique et va-t-en guerre, de droite comme de gauche, Zweig, en attente d'une affectation militaire, s'essaie à démonter tous les mensonges qui attisent la haine entre la France et l'Allemagne ainsi que leur alliés. Pas toujours en accord autour de certains détails, ils sauront passer outre la haine et développer ensemble une idée pacifiste de réunion des peuples européens. Leurs échanges passeront du cérémonieux au profond et se révéleront porteur d'une très grande fraternité.
La lecture de cette correspondance fut au départ un peu laborieuse. Très fonctionnelle, au service des intérêts de chacun. Zweig en promouvant les textes de Rolland en Allemagne, lui permet d'approcher un futur prix Nobel de littérature et ainsi s'attirer ses bonnes grâces , lui permettant sans doute de s'introduire plus aisément dans ce cercle fermé des grands esprits qui comptent à l'époque. Mais quand la guerre arrive, que les divergences apparaissent, les propos deviennent soudain plus profonds et leurs envies de paix entre les peuples prend le dessus. S'épaulant l'un l'autre quand les difficultés surviennent, ils vont faire germer l'idée d'une Europe qui verra le jour que des décennies plus tard. Même si parfois ils échangent autour de personnes un peu inconnues de nos jours, d'événements oubliés ou d'articles de journaux (dont les notes en bas de pages nous résument habilement la teneur), rendant la lecture moins aisée, la qualité de leur écriture, leur indépendance d'esprit au milieu de la tourmente et leur côté visionnaire force le respect et attise l'intérêt. Purement sur le terrain du débat d'idées, très rarement dans l'intime, ces lettres sont étonnantes. Elles illustrent parfaitement ce que pouvait être une vie d'intellectuel à cette époque. Passionnés, se sentant au dessus de la mêlée mais certains que leurs idées rejailliront un tant soit peu sur le monde, ils tissent la trame d'une humanité meilleure.
Malgré l'absence d'intimité de cette correspondance, on retrouve toutefois en filigrane le Stefan Zweig en proie au doute.
La suite sur le blog
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critiques presse (2)
LaPresse
11 août 2014
Richement annotées par Jean-Yves Brancy, leurs lettres permettent de vivre la guerre en temps réel, mais, surtout, d'assister à la naissance d'une grande amitié.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LaLibreBelgique
18 mars 2014
Le premier volume de cette correspondance intégrale qui voit enfin le jour (édition établie par l’historien Jean-Yves Brancy et traduction des lettres allemandes par Siegrun Barat) en France recèle, on le devine, un gisement de renseignements et de précisions utiles sur tous les aspects de la vie politique, intellectuelle et culturelle qui marque le pivot de ce début de XXe siècle, représentant à l’évidence un considérable événement littéraire. On ne s’en plaindra guère.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Moi, je ne vais pas très bien. Depuis mon retour de Galicie et la reprise de mon service quotidien, mes nerfs craquent. Je les ai toujours nourris au grand air, de liberté et de mouvements. Maintenant que tout cela me fait défaut, je me sens fatigué et las. Probablement ce ne sont pas que des problèmes personnels qui m'oppressent: je souffre de plus en plus de la pression générale, de cette tension universelle, bien que - à vous, je puis le dire ouvertement - ma capacité à compatir et mon dynamisme aient faibli. Tôt ou tard, l'égoïsme, celui qui sauve, reprend le dessus en chacun de nous: pendant plus d'un an, je n'ai vécu qu'au rythme des événements et de l'actualité, mais le côté désespéré, l'impossibilité de pouvoir être d'un quelconque secours, l'échec de toutes les bonnes intentions, ont abouti à anéantir tout effort. Je le dis ouvertement bien que cela m'effraie moi-même, il y a des moments maintenant où je suis complètement indifférent à toute la souffrance de notre époque - et je crois que pour beaucoup de gens c'est pareil. J'ai honte de cette indifférence, de ce repli sur moi - mais mes sentiments sont à présent comme paralysés. Je travaille pour moi, et je me détourne encore davantage des gens pour ne plus entendre toutes ces paroles, qui ne mènent à rien. Tout a été dit, tout a été fait - nous ne pouvons aller plus loin dans les superlatifs. (Lettre 138, 20 sept. 1915, Stefan Zweig)
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Romain Rolland (1866-1944) et Stefan Zweig (1881-1942) : deux écrivains européens parmi les plus brillants de la première moitié du XXe siècle. D’un côté, un grand prosateur français, de l’autre, son plus grand disciple autrichien. Réunis par un même amour des lettres, ils vont entretenir une amitié de plus de trente ans, malgré les ruptures engendrées par les guerres et les désaccords politiques. Deux hommes animés par une même exigence viscérale : se donner un destin singulier dans un monde en proie à la folie.

Entreprise avant l’année 1914, cette correspondance regroupe des lettres écrites dans l’angoisse de la déflagration, les rumeurs et les éclats de la Première Guerre mondiale, puis dans les retombées d’un désastre, contre lequel tous deux s’étaient élevés. Ces lettres inédites apportent un témoignage exceptionnel sur un monde disparu et cette amitié fervente qui nous dit que l’autre n’est pas un ennemi, mais notre prochain, avec en filigrane l’idée prémonitoire d’une Europe unie, reposant sur la fraternité entre les hommes et les peuples.

Cette édition a été établie par Jean-Yves Brancy, docteur en histoire de l’Université de Toulouse-II.

Les lettres de Stefan Zweig écrites en allemand ont été traduites par Siegrun Barat, diplômée des universités de Cologne et de Paris-III.
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C'est étrange, bien des choses que vous avez écrites à l'époque, et qui demandaient alors un courage infini, sont aujourd'hui des évidences, et, dans dix ans, lorsqu'on entendra parler de la campagne de dénigrement menée contre vous, et que l'on ouvrira ce livre (Au-dessus de la mêlée) pour voir, on n'en comprendra plus les raisons. Tout ceci sera d'une banalité criante, aussi banal que les idées de Tolstoï, que des gens pourtant intelligents ont toujours eu le culot de trouver puériles. Vont-ils deviner, nos descendants, combien il était difficile de dire ce qui était pourtant normal ou d'exprimer l'évidence même ? Seuls vos ennemis témoigneront en votre faveur. Remerciez-les, leur haine pétrifiée en paroles sera une meilleure défense de votre prouesse morale que ne savait l'être l'amour courtois de vos amis. (Lettre 152, 15 déc. 1915, Stefan Zweig)
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"Personne ne sait comment finira cette guerre, mais je sais qu'après il y aura la paix, et que le devoir de ceux qui ne se battent pas est de préparer cette paix, et dès maintenant." Lettre 52, Zweig, 19 octobre 1914

"La tragédie juive ne fera que commencer avec la paix. Je ne puis vous en dire davantage mais je vous demande de me faire confiance, croyez-moi quand je vous dis que cette tragédie ne fait que commencer, qu'elle est loin d'être terminée." Lettre 106, Zweig, 13 avril 1915
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Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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