Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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Stefan Zweig
Knut Beck (Éditeur scientifique)Jeffrey B. Berlin (Éditeur scientifique)Laure Bernardi (Traducteur)/5 7 notes
Knut Beck (Éditeur scientifique)Jeffrey B. Berlin (Éditeur scientifique)Laure Bernardi (Traducteur)/5 7 notes
Résumé :
Cette correspondance crépusculaire couvre les dix dernières années de la vie de Stefan Zweig, durant lesquelles il écrit des livres importants, où l'histoire joue un rôle majeur : les biographies de Marie-Antoinette et de Marie Stuart, Souvenirs d'un Européen, Le Joueur d'échecs, mais aussi Le Monde d'hier, qui constitue en quelque sorte le pendant de cette correspondance : l'écrivain y exprime son désarroi d'héritier des Lumières nostalgique d'un XIXe siècle dont i... >Voir plus
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Mieux vaut différer un peu que de se précipiter, car dans ce cas, notre responsabilité morale serait engagée. On ne peut pas laisser une revue de cette sorte s’interrompre au bout d’un an, parce que ce ne serait pas là l’échec d’une personne ou d’un projet, mais dans le même temps la défaite d’une idée. N’interprétez donc pas mes hésitations comme un signe d’indolence. Vous savez que l’on ne remporte les grandes batailles qu’en faisant preuve d’une ténacité de cunctator.
Plus je deviens pessimiste, prévoyant la guerre comme inévitable par la folie contagieuse du nationalisme, plus je me réjouis du simple bonheur de vivre, de respirer, de travailler. On devient modeste. Quand on regarde ce monde, on frémit sur l’inutilité de la raison.
Ce serait une erreur de croire que tout le monde continuera doucement comme autrefois après cette convulsion ; je ne peux rien prévoir, mais je pressens avec mes nerfs qu’un autre ordre se prépare, un nouveau cycle dans l’évolution de l’humanité ! Donc courage et ténacité pendant les heures de terreur qui nous attendent peut-être !
A l’Académie, la lâcheté s’épanouit et l’insolence prend ses aises : nous allons vivre bien des choses nouvelles. Mais je me dis toujours que nous avons eu la part belle pendant trop longtemps, une situation de liberté exceptionnelle dans un monde sous pression : c’est à notre tour désormais de vivre le temps de l’épreuve et de la responsabilité.
Il est impossible de vivre dans un milieu de haine, à deux pas de la frontière allemande. J’ai hésité longtemps. Mais maintenant je suis décidé à quitter tout, ma maison, mes livres, mes collections. Je n’ai plus l’ancienne joie de ces choses, je sens que tout ce qu’on possède a le pouvoir de diminuer la liberté intellectuelle et personnelle.
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