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Alzir Hella (Traducteur)
EAN : 9782253140191
185 pages
Le Livre de Poche (09/10/1996)
4.09/5   306 notes
Résumé :
D'Erasme de Rotterdam (1467-1536), on ne connaît plus guère que ses portraits par Holbein et Dürer, et une œuvre Éloge de la folie, associée à un mot : l'humanisme.
De cette figure marquante de la Renaissance, Stefan Zweig nous donne ici un portrait qui lui restitue toute sa dimension. Grand voyageur, Erasme fut le premier penseur à se définir comme Européen. A l'affût de tous les savoirs, passionné d'imprimerie, il prôna l'accès de tous à la culture et à la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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Que dire ? C'est fantastique ! Je viens enfin de découvrir pleinement la philosophie humaniste, grâce à Erasme, et Zweig ; mais je pense qu'on peut l'étendre à pratiquement tous les philosophes : c'est une pensée qui, au delà des guerres et des religions, privilégie l'homme, la paix, et la tolérance.
Le monde, à l'époque d'Erasme, et toujours maintenant, je pense, se divise en deux catégories : les humanistes et les fanatiques.
.
Prêtre de Rotterdam, Erasme, grâce à l'évêque de Cambrai, va étudier à Paris. Comme Rabelais, il déteste l'exagération de l'utilisation de la scolastique chez les théologiens de la Sorbonne. Puis, après un passage par l'Angleterre où il est l'ami de Thomas More, il va découvrir Rome . Scandalisé par les outrances guerrières et la débauche du Vatican, il repasse les Alpes et décide, en 1509, d'écrire un roman-pamphlet ironique, "Eloge de la folie", où Dame Stulitia ( Dame Folie ) montre que ses qualités permettent aux gens de ne pas s'ennuyer ; en fait, sous ces dehors bouffons, cette oeuvre, comme "Gargantua" quelques années plus tard, fait le procès de la guerre et de la religion. C'est la seule façon de critiquer et d'avoir la vie sauve, à cette époque : le pauvre Thomas More qui a proposé, de front, "Utopia" à Henry VIII a été décapité !
Quand Martin Luther, de Saxe, entre lice pour critiquer la religion catholique et ses excès d'indulgences, surtout réclamée par Rome à un pays étranger, l'Allemagne, il le fait comme l'est sa propre personne, avec force et brutalité, et là, le peuple se reconnaît. Erasme, qui pense la même chose, lui demande d'y aller avec diplomatie pour conserver l'unité européenne. Luther n'en a cure, et le verbe haut, fonce ! Il rallie les Européens du nord contre ceux du sud, une sorte de guerre de sécession qui durera des années. Erasme, le pacifique, le doux, le fin, le diplomate, se désole.
Stefan Zweig montre bien, et c'est là tout son art, l'opposition physique et mentale des personnages : le sanguin Luther et le fragile Erasme.... Erasme, l'Européen, qui rêvait d'une langue commune en Europe, le latin. Mais il est arrivé trop tôt dans ce paysage des conquêtes et d'ambition, et Zweig doit penser à Hitler, du fond de son exil, quand il écrit ces lignes ! Peut être que s'il avait attendu un peu avant de "partir", il aurait vu une paix durable en Europe, avec des échanges "Erasmus" pour les étudiants ; il aurait été fier que le philosophe, auquel le pape a proposé un poste de cardinal, puis qui fut sali des pires ignominies, ce philosophe dont il a fait l'éloge en 1936, soit enfin reconnu à sa juste valeur, avec toute la série de "confrères", Rabelais, Montaigne, Spinoza, Voltaire, Diderot, Kant, Goethe, Nietzsche, et lui-même, Stefan Zweig, sans parler de Gandhi, et, je pense Gorbatchev ou Mandela...qui ont oeuvré pour la paix dans le monde :)
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La typologie de l'édition de 1991 de la biographie dans les cahiers rouges de Grasset, n'a pas assuré ( largeur et hauteur des caractères non constants ) ce qui rend la lecture non agréable,... j'espère que la typologie s'est améliorée depuis..
Etant un lecteur admiratif de Stefan Zweig, les cent trois premières pages ont été très décevantes. Durant cette première partie, Stefan Zweig n'arrête pas d'écrire qu'Erasme est le meilleur, mais il ne dit pas de quoi.
Stefan Zweig fait même un portrait morphopsychologique d'Erasme, d'après trois gravures... Cette première partie est à oublier.
Quand Luther apparaît dans la vie d'Erasme, Stefan Zweig grâce à ses talents d'écrivain , à ses connaissances, a rendu cette biographique passionnante, riche d'enseignements, et place le lecteur au milieu des choix possibles pour ou contre la Réforme ou comment Erasme a réussi à ne pas donner son avis. Même si Stephane Zweig loue l'humanisme d'Erasme, il n'hésite pas à montrer ses graves lacunes.
Dans la seconde partie de la biographie, Stefan Zweig a su rendre Erasme humain et il m'a appris l'origine de la Réforme
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S. Sweig nous offre une lumineuse et enrichissante biographie d'Erasme, humaniste, philosophe du 16ème siècle et déjà européen, comme l'auteur lui-même, qui a dû choisir, entre autres, ce personnage pour mettre en évidence leurs pensées et visions communes du monde. L'intolérance et le fanatisme religieux sont dépeints avec justesse.
Que cet ouvrage est d'actualité !
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Stefan Zweig envisage dès 1932 d'écrire un livre consacré à Érasme, mais ce n'est qu'en 1934 que le livre va finalement paraître. L'auteur évoque l'origine modeste d' Érasme, son entrée dans les ordres, malgré son peu de goût pour la vie monastique. Puis ses études, voyages, écrits. Mais l'essentiel va se situer dans son rapport à Luther et à la Réforme. Bien que ses idées aient ouvert la voie à Luther et au protestantisme, Érasme s'est toujours refusé à s'engager du côté des réformés. Zweig justifie cette position par le refus du fanatisme, qu' Érasme aurait voulu combattre de toutes ses forces, qu'il aurait considéré comme la source de tous les maux. Ce fanatisme, ce manque de tolérance était aussi bien présent dans l'Église catholique que chez Luther, et Érasme s'est opposé aux deux parties, en prônant un débat, des compromis, une reconnaissance des positions de l'autre.

En réalité, au-delà des données biographiques factuelles, Zweig semble projeter en Érasme beaucoup de ses propres préoccupations, il y a malgré toutes leurs différences, une sorte d'identification. le refus de prendre parti d‘Érasme est valorisée par Zweig  « L'intellectuel ne doit pas prendre parti, son domaine est l'équité, laquelle plane toujours au-dessus de la discorde ». C'est quelque part l'idéal de Zweig, à qui a aussi été reproché son manque d'engagement suffisamment affirmé contre le nazisme.

Le livre est donc autant une biographie qu'une profession de foi. Dans une figure d' Érasme quelque peu arrangée, Zweig exprime ses propres convictions, celui d'un homme de paix et de réflexion, opposé à la violence et à la pensée manichéenne. Tout en voyant les limites de la distanciation face aux événements, ne pas tenter de peser sur ce qui arrive, peut permettre au pire d'advenir.

C'est personnel et touchant compte tenu de l'histoire en cours au moment où Zweig écrit son livre. C'est quand même par moments un peu emphatique et chargé. Il y a comme une manque de distance entre le sujet du livre et l'écrivain, ce dernier exprimant un certain nombre de convictions personnelles par le biais du personnage dont il évoque la vie. Ce n'est donc sans doute pas le texte idéal pour connaître Érasme d'une manière factuellement juste et impartiale. Mais l'ouvrage pose des questions importantes, le rôle des intellectuels, surtout dans une période troublée, le sens de l'engagement, la place de la raison dans la marche de l'histoire.
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Quand on a un peu lu Stefan Zweig on n'est nullement étonné qu'il ait consacré une de ses biographies à Érasme.
On retrouve dans ce livre les préoccupations qui étaient déjà celles de Zweig quand il écrivait Conscience contre violence quand il traçait déjà son opposition au fanatisme C'est ici le « legs spirituel » de l'humaniste qu'il souhaite transmettre, un idéal de tolérance politique et religieuse.On dit Érasme né vers 1469 à Rotterdam, né européen en somme car cette région à l'époque n'est pas encore les Pays-bas, plus tout à fait le Duché de Bourgogne et pas vraiment l'Espagne.
Né vraisemblablement bâtard et sans doute fils de prêtre !! Difficile début dans l'existance. Cela n'empêche pas qu'il soit ordonné par l'évêque d'Utrecht en 1492, mais il abandonne vite la prêtrise pour la vagabondage dans toute l'Europe, pour la vie de l'esprit.
L'Angleterre des Tudors, Anvers, Louvain, Paris où il vit très pauvrement « comme un escargot ». Enfin c'est l'Italie, Pise, Bologne, Venise où il est l'hôte du grand imprimeur Alde Manuce, Rome où s'ouvrent pour lui les portes de la Bibliothèque Vaticane.

Vagabond et écrivain. Un amoureux de la langue, des mots, de la poésie, un écrivain prolifique à côté de qui Hugo ferait pâle figure ! Il s'exprime le plus souvent en latin, le latin des humanistes.
C'est un « fervent des livres », la culture, la vie intellectuelle, voilà ce qui lui importe et qui tout au long de sa vie le feront développer des amitiés avec des hommes de savoir.
Il lit jusqu'à plus soif, les auteurs de l'antiquité, la Bible, son apprentissage du grec va lui ouvrir les portes des auteurs qu'ils appréciera toute sa vie : Euripide, Lucien l'insolent.
Les multiples éditions s'enrichiront jusqu'à rassembler plus de 4000 adages. Érasme mobilise tout son savoir pour comprendre d'où vient l'expression, il cherche dans les vieux traités de science, de médecine, parmi les contes populaires, dans la mythologie. Il ajoute, il retranche, il corrige.Du plus court à celui qui est un véritable essai philosophiques les adages « ne sont rien sans les commentaires qui leur donnent sens et prennent parfois l'allure d'un petit traité »
« La meilleure lecture sera buissonnière comme fut buissonnière leur composition » dit Daniel Ménager un biographe d'Érasme
C'est chez Thomas Moore qu'il compose l'Eloge de la folie, satire qui va lui attirer les faveurs du public mais la vindicte de l'Eglise et qui reste pour le lecteur d'aujourd'hui son livre le plus lu.

Traités, dialogues, essais philosophiques, essais pédagogiques pour l'apprentissage du latin, les Colloques teintés d'ironie, d'humour parfois, dans lesquels s'expriment sa pensée sous la forme de dialogues.
Enfin une traduction du Nouveau Testament du grec au latin, afin de débarrasser le texte de tous les ajouts inutiles . Avec un certain culot l'auteur dédie sa traduction au Pape Léon X alors que manifestement il est là bien plus proche de Luther dans la recherche de la simplicité, il souhaite même que le texte soit traduit en langue vulgaire pour que « puisse le paysan au manche de sa charrue en chanter des passages, le tisserand à ses lisses en moduler quelque air, où le voyageur alléger la fatigue de sa route avec ses récits. »

La faiblesse d'un tel homme ? Elle réside dans son indécision au moment de la Réforme mais « L'excès en toute chose demeurait étranger à sa nature » incapable de soutenir ou de condamner Luther il tente de tenir une position médiane.
Entre les deux hommes les relations vont devenir très difficiles : incompréhension, vindicte, diatribe, polémique : ils ne parviendront jamais à se comprendre.
La fureur d'un Luther est trop grande, l'indécision d'Érasme trop difficile à surmonter, c'est l'affrontement de deux hommes de piété.
L'un plonge dans la bataille, l'autre se veut au-dessus de la mêlée.
D'Érasme Zweig nous dit « Il ne marche pas aux côtés de la Réforme, il ne marche pas aux côtés de l'Eglise »
C'est la rupture entre l'humanisme et la Réforme allemande, Luther le voue aux gémonies et l'Eglise met ses livres à l'index.

Érasme grand voyageur fut aussi un grand épistolier une correspondance extraordinaire de diversité : Thomas Moore dont il est l'ami, Luther si proche et si éloigné, François Ier, trois papes, Charles Quint
C'est un grand européen avant l'heure, portraituré par les grands peintres de l'époque.
Lui que l'on a appelé le précepteur de l'Europe fut toute sa vie l'ami des grands, mais vécut toujours assez simplement dans un souci d'indépendance, exerça de petits métiers pour survivre mais fut un homme des plus courtisé « les princes se le disputeront, les papes et les réformateurs l'imploreront, les imprimeurs viendront l'assaillir, il fera aux riches l'honneur d'accepter leurs présents. »

Zweig fait un tableau de cette époque où « Un siècle finit, des temps nouveaux commencent : pendant un court instant , l'Europe n'a plus qu'un coeur, un désir, une volonté » Hélas hélas ce temps de l'humanisme sera aussi celui du fanatisme religieux.
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
-" Nous devons malheureusement reconnaître qu'un idéal ne visant que le bien-être général ne satisfait jamais complètement les masses; chez les natures moyennes, la haine barbare exige aussi sa part à côté de l'amour, et l'égoïsme individuel réclame de chaque idée un avantage personnel immédiat.
Le concret, le "palpable" est toujours plus accessible à la masse que l'abstrait; c'est pourquoi, en politique, tout mot d'ordre exprimant un antagonisme et dirigé contre une classe, une race, une religion, trouvera toujours plus d'écho que la proclamation d'un idéal, qui, lui, est moins commode à saisir".
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Par sa célébrité littéraire, le nom d'Erasme acquiert au commencement du XVIè siècle une puissance incomparable : si l'homme était d'esprit hardi, il pourrait en user et entreprendre des réformes importantes au point de vue historique. Mais agir n'est pas son fait. Erasme peut éclairer et non créer, préparer et non réaliser. Ce n'est pas le nom d'Erasme que la Reforme inscrira sur son fronton, un autre récoltera ce qu'il semé.
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C'est l'attitude mystérieuse d'un être dont l'activité vitale est purement intérieure ; avec une attention qui ne faiblit point ( on croirait que ses yeux bleus éclairent ce qu'il écrit ), son regard ne quitte pas les mots que sa main effilée, presque féminine, trace sur la blancheur du papier, obéissant à un ordre qui lui vient d'en haut.

NDL : portrait d'Erasme par Holbein, celui où il écrit.
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Le pape, ses évêques, les maîtres du monde : Henry VIII, Charles Quint, et François I er, Ferdinand d'Autriche, le duc de Bourgogne d'une part, les chefs de la Réforme allemande d'autre part, tous sont devant Erasme, comme autrefois les héros d'Homère devant la tente du bouillant Achille, le pressant, le suppliant de sortir de sa neutralité et d'entrer en lice. La scène est grandiose ; rarement dans l'histoire les puissants de ce monde se sont donné autant de peine pour obtenir un mot d'un intellectuel, rarement la puissance de l'esprit a affirmé une suprématie aussi éclatante sur le pouvoir temporel.
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Je vous ordonne au nom de Dieu d'être les ennemis d'Erasme et de fuir ses livres, proclame Luther. J'écrirai contre lui, dût-il en mourir sur-le-champ ; je tuerai ce Satan avec ma plume, comme j'ai tué Thomas Münzer ( 1 ), dont le sang retombe sur moi.

NDL : la révolte des paysans de Münzer à Frankenhausen : En fait, la bataille tourne au massacre : les deux armées princières composées de mercenaires professionnels lourdement armés, disposant de canons, commandées l'une par les ducs de Brunswick et de Saxe, l'autre par Philippe de Hesse, « le Magnanime », perdent six mercenaires pour massacrer environ 5 000 paysans.
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Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
Stefan Zweig et tous les grands auteurs sont sur www.lire.fr
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