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Critique de Merik


Merik
12 février 2020
Imaginez un être avide de lumière négociant depuis l'ombre, à la duplicité invariable, la fourberie inflexible, l'hypocrisie nette. Sa raison n'est pas idéologique, elle est pragmatique : être du bon côté de la barrière quelle que soit l'herbe qu'il y a à brouter. À une époque trouble après la révolution, où l'indécision entre république et royauté semble pouvoir basculer au gré des courants d'air de la guillotine ou des sifflements de boulets, Joseph Fouché a forcément tergiversé. D'un camp à l'autre, d'un extrême à l'autre. Louis XVIII ou Bonaparte, les Girondins ou les Montagnards, un as de la voltige, la vedette de tous les mercatos politiques. Capable de tueries mémorables en se faisant passer pour humaniste, c'est le roi de la contradiction et de la manipulation d'opinion, l'équilibriste de l'indécision tant que la majorité n'est pas fixée, se tenant à l'affût, prêt à récupérer les billes qu'il a placées prudemment dans les deux camps. Elle est d'ailleurs surtout là sa tactique, se positionner partout, être capable de se justifier sur tout, même son contraire. Un génie de l'embrouille malaimé et pour cause, peu aidé on s'en doute, mais pourtant toujours là une trentaine d'années durant.
De là à dire qu'il est le parangon du politique, je n'ose croire à l'ère de la mémoire vidéo à portée de clic qu'un tel parcours soit possible aujourd'hui. Qu'un tel homme politique avide de lumière puisse exister encore, peu de doute là-dessus par contre.
La bio qu'en dresse Stéphan Zweig est passionnante, axée sur les faits historiques et les travers psychologiques. À la fois fine et dense, croustillante et précise, elle m'a emporté dans sa prose toujours aussi élégante. Du coup je jette un oeil curieux vers ses autres bios.

« C'est dans de tels moments de tension, deux minutes avant la décision, que sa nature amphibie se sent le mieux à l'aise. Être craint par deux partis et être en même temps l'objet des avances de chacun d'eux tout en sentant trembler dans sa propre main le fléau de la balance, c'est toujours pour cet intrigant passionné la volupté des voluptés. »
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