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EAN : 9782228910132
176 pages
Payot et Rivages (02/10/2013)
4.09/5   16 notes
Résumé :
Ce texte est tiré d'une série de textes, tous parus pendant la guerre dans la Neue Freie Presse, le journal le plus estimé de Vienne, auquel Zweig collaborait de puis ses premiers essais littéraires. Le premier, Le Monde sans sommeil, peint le désarroi d'une humanité qui ne peut plus échapper à la guerre, car, pour la première fois dans l'histoire, celle-ci concerne tous les hommes et il n'est plus de tour d'ivoire où l'on puisse se réfugier. Que faire ? sinon espé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sont rassemblés dans le Monde sans sommeil deux articles (Le Monde sans sommeil et Ypres) et deux nouvelles (Episode sur le lac Léman et La Contrainte) autour de la première guerre mondiale. Ce petit recueil de 170 pages est donc très complet puisqu'il nous permet de découvrir les différentes facettes de Stefan Zweig et sa position complexe face au premier conflit mondial. le romancier et l'homme européen engagé qui sont en lui se complètent et s'assemblent dans ce recueil pour nous donner un point de vue particulièrement intéressant sur la guerre 14-18.

Avec le Monde sans sommeil, c'est sa vision (incroyablement juste) de la guerre que nous propose Stefan Zweig. Un monde sans sommeil, c'est d'une part un monde qui ne bénéficie plus d'un sommeil réparateur et apaisant mais qui doit vivre sans repos et dans l'angoisse permanente ; d'autre part, un monde sans sommeil c'est aussi un monde toujours en mouvement, dans un dynamisme perpétuel et même dans une certaine excitation. Malgré son caractère pacifique, et incompatible avec la guerre, Stefan Zweig a 33 ans lorsqu'il écrit cet article le 14 août 1914 : la guerre vient à peine de commencer et nourrit des sentiments très patriotes envers l'Autriche et l'Allemagne. C'est cette ambiguïté qui est exprimée dans cet article : « aucun n'a le droit de dormir tranquillement dans la monstruosité de l'excitation ».
On remarque déjà dans ces quelques lignes que Stefan Zweig avait la grande qualité d'être tout à fait clairvoyant et perspicace par rapport à sa propre époque. C'est bien une guerre totale que nous décrit ici l'auteur « toute une humanité a désormais la fièvre nuit et jour », « Jamais, depuis qu'il existe, le monde n'a été aussi globalement énervé, aussi intégralement excité ». L'information circule en outre à une vitesse incroyable et chacun sait ce qu'il se passe de l'autre côté du globe en temps réel : « L'humanité tout entière écoute, et par le miracle de la technique la même réponse lui parvient au même moment ». le verdict est sans appel : « ce qui se produit à présent est sans exemple dans l'histoire ».
A travers cet article, c'est donc les différentes émotions et étapes que lui font vivre la guerre, cet « état de veille effroyable et tout-puissant » qu'il décrit (le drame, l'excitation, la destruction, la reconstruction nécessaire) et c'est également du bouleversement d'une époque qu'il témoigne : les hommes sont maintenant tous connectés les uns aux autres, « chacun, dans son frisson intérieur, va bien au-delà du cercle courant de son existence ».

Dans Episode sur le lac Léman et La Contrainte, les deux nouvelles suivantes, ce sont deux expériences de la guerre que nous décrit Stefan Zweig. Dans le premier, un déserteur russe n'ayant plus aucun sens des distances croit rejoindre son pays en traversant à la nage le lac Léman. Triste et perdu, les suisses vont tenter de lui faire comprendre par tous les moyens que la Russie n'est pas de l'autre côté du rivage...
La seconde nouvelle, qui est aussi le plus long texte du recueil, met en scène une situation et un personnage assez classiques chez Stefan Zweig. Les amoureux de l'auteur y retrouveront tout ce qu'ils aiment chez lui ! Ferdinand, peintre, s'est réfugié en suisse avec sa compagne pour ne pas être mobilisé. Tous les deux profondément pacifistes, ils se sont toujours dit qu'ils ne participeraient pas à ce massacre. La fameuse lettre de mobilisation arrive pourtant finalement, et ce petit bout de papier bouleverse alors les convictions les plus profondes du héros : après tout, pourquoi n'irait-il pas à la guerre ? Il veut, lui aussi, connaître un destin commun à sa génération, assumer son devoir patriotique et se battre pour son pays. Alors que sa femme Paula lui interdit d'y aller « Si tu me quittes pour t'enrôler, pour suivre ces assassins en uniforme, il n'y aura pas de retour. Je ne partage pas avec des criminels, je ne partage pas un être humain avec ce vampire qu'est l'Etat. C'est lui ou moi - maintenant il faut choisir », Ferdinand va subir pendant dès jours ce dilemme intérieur, ce combat avec sa conscience, ses convictions et son sentiment du devoir. Ira-t-il combattre auprès de ses compatriotes ?

Enfin, l'article Ypres, écrit en 1928, nous invite à réfléchir sur l'après-guerre de manière assez originale puisque Stefan Zweig s'y interroge sur le tourisme de la grande guerre. Ypres est en effet une ville située en Belgique et qui a été complètement détruite par la guerre, et en 1928, le temps n'est plus au recueillement mais à la mémoire : la ville est envahie de prospectus, de touristes et de voyages organisés. La ville est devenue un « great show », et pourtant Stefan Zweig y décèle encore toute l'émotion de ce premier conflit, sent les pas des soldats sur le sol. A quelles conditions peut-on accepter ce « spectacle épouvantable », cette « kermesse au-dessus des morts » ?
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Le monde sans sommeil est un texte publié quelques jours à peine après le début de la première guerre mondiale, mais qui donne pourtant l'impression que de nombreux mois de conflits se sont déjà écoulés. Ce sentiment est très probablement renforcé par la répétition à intervalles réguliers de la phrase d'ouverture : "A présent, le monde dort moins, les nuits sont plus longues et plus longs aussi les jours."

Si Stefan Zweig se laisse parfois emporter par sa plume, il exprime le sentiment de vivre un tournant de l'Histoire. Il tente de comprendre ce qu'il se passe, refuse de dormir (comme l'exprime le titre de cet article) pour vivre à plein ce bouleversement dont il espère que le meilleur pour les hommes sortira ensuite.

Ce qui m'a marqué particulièrement dans ce texte est l'acuité avec laquelle, alors même que la guerre ne fait que débuter, Zweig perçoit son côté mondialisé. le monde change, les moyens de communication avec, et Zweig exprime déjà que cette guerre ne sera pas comme les précédentes, que personne ne pourra y échapper.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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A lire absolument !
4 nouvelles sur la «  grande » guerre, le patriotisme, le pacifisme, au combien « modernes » ( malheureusement...), écrites par cet auteur immense qu'est Stefan Zweig. Une introduction pour continuer à découvrir ou re-découvrir son oeuvre si importante.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Jamais le silence, jamais l’obscurité n’avaient été aussi lourds dans cette maison. L’épouvante du monde entier semblait flotter froidement entre les murs. Seule l’horloge, cette sentinelle de fer, continuait imperturbablement, de gauche, de droite, et elle savait qu’à chaque mouvement du balancier l’homme, l’homme vivant et aimé qu’elle avait à ses côtés, s’éloignait d’elle. Elle ne fut plus en mesure de le supporter, elle se leva d’un bond et arrêta le pendule. Désormais il n’y avait plus de temps, juste l’effroi et le silence.
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Les gens désormais labourent constamment, avec leurs soucis et leurs visions, la glèbe stérile de la nuit, et quand ils sombrent enfin dans le sommeil, ils s’adonnent à des rêves étranges. Car le sang est plus chaud dans leurs artères, et cette touffeur fait naître les végétaux tropicaux de l’effroi et de l’inquiétude, des rêves dont on est heureux de s’éveiller et de sentir qu’il s’agissait de cauchemars superflus, de ce songe le plus effroyable de l’épouvantable réalité de l’humanité : la guerre de tous contre tous.
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Quelque part, il y avait toujours le sommeil et le silence, des gens qui s’éveillaient en riant au petit matin et qui rêvaient sans faire de rêves. Mais, au fur et à mesure de sa conquête du globe, l’humanité a noué des liens de plus en plus intimes, une fièvre secoue à présent tout son organisme, un frisson d’effroi parcourt la totalité du cosmos.
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Ça n’est pas vrai ! Ils ne sont forts que tant que le monde le veut. L’individu est toujours plus fort que le concept, seulement il faut qu’il reste lui-même, qu’il garde sa propre volonté. Il doit juste savoir qu’il est un être humain et qu’il veut le rester ; ensuite, ces mots avec lesquels on veut maintenant chloroformer les gens, ensuite la patrie, le devoir, l’héroïsme, tout cela n’est plus que phrases creuses qui puent le sang, le sang humain chaud et vivant.
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Rien, rien ne peut trouver calme et répit au cours de ces journées, l’humanité a entraîné faune et flore dans son combat meurtrier. Il y a moins de sommeil aujourd’hui dans le monde, les nuits sont plus longues et les jours aussi.
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Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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