AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Isabelle Hausser-Duclos (Éditeur scientifique)Hélène Denis-Jeanroy (Traducteur)
EAN : 9782253140160
94 pages
Le Livre de Poche (01/09/1996)
3.55/5   92 notes
Résumé :
Cette nouvelle, l'une des premières de Stefan Zweig, se déroule à Anvers, à la veille de la guerre d'indépendance des Pays-Bas.

Articulé autour de la création et de la destruction d'un tableau religieux, ce récit poétique raconte comment un vieux peintre, chargé de faire le portrait d'une madone pour une église, la voit s'incarner sous les traits d'une jeune juive.
L'élaboration du tableau est difficile. Pour la jeune fille, réchappée d'un pogr... >Voir plus
Que lire après Les Prodiges de la vieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 92 notes
5
3 avis
4
7 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
1 avis
J'aii terminé 2013 par la lecture d'un livre de Stefan Zweig... j'ai commencé 2014 par un Stefan Zweig... Je n'avais lu de lui jusqu'ici que le joueur d'échecs et 24 heures de la vie d'une femme, il y a pas mal de temps déjà, et j'avais énormément apprécié et à la lecture de ces deux nouvelles lectures, je me demande pourquoi j'avais délaissé cet auteur …

Concernant donc Les prodiges de la vie, s'agissant de l'élaboration d'un tableau et la peinture étant l'un de mes dadas, j'en attendais un plaisir particulier qui fut bien en deçà de mes espoirs, mais néanmoins il aborde la question du mystère de la création artistique, les doutes et les remises en questions de l'artiste avec un talent magistral "L'avenir et le passé s'étaient brusquement ouverts devant lui et le fixaient comme un miroir vide, envahi par l'obscurité et l'ombre"..

Dans le registre des moins encore, je n'ai guère goûté la religiosité et les élans mystiques exaltés, la volupté dans la foi (ce n'est pas ma tasse de thé) dont tout le texte est empreint, mais bon, c'est la trame et le fonds de l'histoire ; par contre quel beau texte ! Quelle justesse d'observation ! À tel point que religiosité ou pas, je n'en ai pas perdu une miette. Quand on songe que c'est un jeune homme âgé seulement de 23 ans qui a écrit cela, on ne peut qu'être émerveillé.

L'histoire en elle-même est simple mais j'ai trouvé admirable la manière dont elle se construit, presque pareillement, à la manière d'un tableau, toutefois, la fin m'a semblé trop prévisible, mais bon, l'artiste n'a-t-il pas déjà son tableau construit avant de commencer...

Zweig aborde ici de nombreux thèmes, celui de la judaïté, l'éveil de la féminité, l'initiation, la maternité, le doute (qu'est-ce qui détermine notre vie, Dieu ou le hasard ?) mis en parallèle avec le doute de l'artiste.

Et puis il y a aussi un volet historique qui m'a beaucoup intéressée, une tranche d'histoire des Pays-Bas, dont je ne savais pas grand chose et qui m'a incité durant la lecture à en découvrir un peu plus, y compris sur le Beeldenstorme.

Au final, voilà encore un prodige de la vie, un auteur oublié qui arrive (forcément) à point nommé clore et débuter une année, un signe ?

Encore autre chose : la première phrase de cette nouvelle qui d'emblée m'a aspirée, m'a donnée l'envie de noter quelque part la première et la dernière phrase des livres que j'ai aimés.... « Une nappe de brouillard gris s'était déposée sur Anvers, elle pesait sur la ville et l'enveloppait d'une toile épaisse ».... évocation pour moi d'un tableau de William Turner ou d'Eugène Boudin.
Commenter  J’apprécie          2213
Nous sommes revenus au temps des guerres de religions. C'est une des premières nouvelles écrites par Stefan Zweig âgé alors de 23 ans. L'histoire se passe à Anvers. Un peintre déjà d'un certain âge et sa jeune modèle juive âgée d'à peine quinze ans voient le destin les faire se rencontrer ; l'un est un homme d'expérience que tous ces jours, toutes ces années, ont rendu modeste, et l'autre, la jeune Esther, une enfant recueillie par un couple de taverniers, n'a pas encore conscience de la vie parce qu'elle est enveloppée dans le tissu obscur de ses rêves.
Deux solitaires de race et de religion différentes. le peintre que l'inspiration a fui depuis des lustres, voit en cette jeune fille le modèle idéal qu'il recherche depuis des années pour peindre une Madone telle qu'il se l'imagine depuis toujours, dans laquelle le frisson de l'annonciation s'unirait déjà à une douce confiance dans l'accomplissement. Il lui faut maintenant conduire Esther vers la foi chrétienne : il ne conçoit pas de faire autrement.
Mais des choses qu'Esther avait oubliées depuis longtemps, qui avait dormi dans son âme, ressurgissaient, étincelantes. Les pogromes subis par les membres de sa famille suivis de leur mort, lui reviennent en mémoire. Les Chrétiens se livraient alors à la chasse aux Juifs.
Dans cette nouvelle remarquable sont abordés notamment les thèmes de la judaïté, de l'éveil de la féminité et de la création artistique.
Cette dernière nouvelle est particulièrement intéressante. le dénouement en semble inéluctable.



Commenter  J’apprécie          72
Une des toutes premières nouvelles de Zweig, où en quelques pages le décor est planté : Anvers au 16eme siècle.
On retrouve un vieux peintre qui doit honorer la commande qui lui a été faite, mais qui ne trouve pas l'inspiration, jusqu'à ce qu'il rencontre une jeune juive et qu'il décide de la peindre en Madone.
Son oeuvre sera détruite par le mouvement iconoclaste des Protestants, alors que justement la jeune juive tachera de sauver l'enfant...

J'ai connu du Zweig plus beau, plus émouvant et plus intéressant.
Mais il s'agit la d'une oeuvre de jeunesse.
Tout le génie de Zweig n'est encore que promesse à venir...

Commenter  J’apprécie          90
Aujourd'hui, je vais vous parler rapidement d'une nouvelle de Stefan Zweig, Les Prodiges de la vie. J'ai lu ce texte de 94 pages dans le cadre d'une lecture commune organisée par le forum culturel Prise de Bec, qui s'ouvre de plus en plus à la littérature.
Comme beaucoup, j'avais déjà lu le Joueur d'Échec, roman qui m'avait alors plu par sa construction, la manière de raconter cet épisode noir de l'Histoire d'une façon très originale. C'est donc avec un certain enthousiasme que je me suis lancé dans la lecture de ces Prodiges de la vie, ne sachant rien de cette oeuvre écrite par un très jeune S.Zweig âgé d'à peine 23 ans.
J'y ai découvert un texte très riche, relatant l'histoire d'un vieux peintre à qui l'on a commandé une représentation de la Vierge, et qui trouvera en une jeune Juive l'incarnation parfaite de cette icône religieuse. le texte aborde de nombreux thèmes, tout d'abord la montée du Protestantisme en situant l'action au début de la révolution aux Pays-Bas. Ensuite, nous traverserons un épisode dans lequel le peintre tentera de transmettre sa passion pour le catholicisme à cette jeune juive. Enfin, la maternité et l'amour qu'une femme peut porter à un enfant, même s'il n'est pas le sien, seront mis en avant. le roman se finira sur l'image d'une juive protégeant une représentation de la Vierge à l'Enfant.
Ce roman m'a laissé une sensation étrange. En effet, ce que j'ai ressenti pendant sa lecture ne s'apparente pas à ce qui m'en reste après. Si j'ai été séduit par le style et le démarrage de cette histoire, j'ai eu l'impression de traverser un long tunnel vers le milieu, pour n'en sortir que quelques pages avant le dénouement. J'ai trouvé le texte assez dur parfois, nécessitant un gros investissement pour ne pas décrocher. Pourtant, après quelques jours, cette nouvelle me laisse une très bonne impression, comme si les difficultés s'étaient dissipées pour ne plus révéler que l'habile construction de cette histoire. Je trouve assez admirable la façon dont Zweig nous amène à l'épisode final, d'une force et d'une émotion très touchante.

Je vous recommande donc ce court roman.
Lien : http://mots2tete.makingfx.ne..
Commenter  J’apprécie          30
Un thème fréquent, celui du chef d'oeuvre inconnu, idéal inaccessible, objectif de toute une vie, objectif pour le peintre et objectif pour son modèle, lui-même. Mais ici le modèle est une très jeune juive recueillie après un pogrom par un soudard inculte écoeuré par la guerre. Elle n'a eu aucune éducation, ne connaît rien de ses origines, de la religion de ses ancêtres. La plupart des thèmes de l'oeuvre de Zweig se trouvent déjà là (c'est un de ses premiers livres) : la judéité, la barbarie et la violence, la réflexion sur l'art. Peut-être l'art est-il le lieu où peut exister le divin pour cet incroyant. La création –picturale ou littéraire-doit s'appuyer sur une quête de la réalité concrète : la Vierge-mère du tableau doit être une femme bien humaine (cf. le Caravage un siècle plus tard, la peinture flamande). La jeune fille ignorante découvre la féminité (autre thème de l'oeuvre de Zweig) dans le bouleversement moral et physique qui intervient dans les mois où elle est en train de poser, dans un désir naissant de maternité. Elle s'éprend du bébé joufflu qu'elle porte sur ses genoux. Elle souffre atrocement lorsqu'il lui est enlevé, une fois le tableau réalisé. Elle va dans la chapelle tous les jours le voir représenté sur le retable. Il a quelque chose de divin : la transcendance est à chercher dans le monde réel et non dans un au-delà illusoire. le divin est dans l'humain. La jeune-femme mourra pour protéger le tableau au cours du sac de l'église par une foule protestante désireuse de détruire les images et les symboles du catholicisme.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Et le peintre sentit, à une certaine tension de ses traits, que sous cette enfant perçait déjà une de ces femmes qui vivent leurs rêves et ne font qu'un avec leurs désirs, qui s'accrochent de toutes les fibres de leur âme à ce qu'elles aiment et qui meurent lorsqu'on le leur arrache.
Commenter  J’apprécie          100
En vain il chercha que dire ; les mots étaient d’une lourdeur de plomb et rendaient un son faux. Que valaient-ils en comparaison d’un seul souvenir douloureux ?
Commenter  J’apprécie          100
Le prêche matinal était lui aussi froid, rude, sans un rayon de soleil ; il était consacré aux protestants et une colère sauvage le sous-tendait : la haine s'y associait à une grande assurance, car le temps de la clémence semblait révolue et d'Espagne parvenait aux ecclésiastiques l'heureux message que le nouveau roi servait les oeuvres de l'Eglise avec une rigueur digne de louanges. Aux représentations menaçantes du Jugement dernier se mêlaient des paroles sombres de mise en garde pour les temps à venir.
Commenter  J’apprécie          20
La jeune fille le regarda d'un air interloqué, profondément surprise par ce timbre grave, empreint de douceur et d'un amour épuré, qu'elle entendait pur la première fois dans la pénombre enfumée de la taverne. Et elle ressentit la douceur de ses mains et la bonté, la tendresse de ses yeux, avec la délectation effarouchée de ceux qui ont eu faim d'affection pendant des semaines, des années, et qui un jour la reçoivent de toute leur âme étonnée.
Commenter  J’apprécie          20
Ce fut pendant ces journées que le tableau fut réalisé. Ces milliers de gestes tendres le peintre les rassembla en un seul ; avec des milliers de regards espiègles, ravis, anxieux, heureux, intenses, il créa le regard d'une mère.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Stefan Zweig (66) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stefan Zweig
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
Stefan Zweig et tous les grands auteurs sont sur www.lire.fr
autres livres classés : classiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (221) Voir plus



Quiz Voir plus

Le joueur d'échec de Zweig

Quel est le nom du champion du monde d'échecs ?

Santovik
Czentovick
Czentovic
Zenovic

9 questions
1874 lecteurs ont répondu
Thème : Le Joueur d'échecs de Stefan ZweigCréer un quiz sur ce livre

{* *}