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Nicole Taubes (Traducteur)Claudine Layre (Traducteur)
EAN : 9782073014252
128 pages
Gallimard (05/10/2023)
3.83/5   93 notes
Résumé :
«Dans chaque cœur ici-bas circulent d’étranges sentiers de contrebande entre le Bien et le Mal, la chair et l’esprit, et il s’avéra bientôt que c’était précisément cette dualité d’une nature inattendue qui menaçait la paix des âmes. Car comme les jumelles, malgré une conduite extrêmement dissemblable, restaient à peine distinguables physiquement, ayant même silhouette, même couleur d’yeux, même sourire et même charme, quoi de plus naturel à ce que naquît chez les ho... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Un petit livre du grand maître de la littérature mondiale sous le signe du chiffre "deux" :
2 soeurs ; 2 nouvelles, car à côté de la nouvelle des 2 soeurs (45 pages) il y a une autre nouvelle "Une histoire au crépuscule" (58 pages) et le tout (103 pages effectives de lecture) vendu par Gallimard dans sa populaire collection "Folio" pour ... 2 euros !

Je risque donc une bévue en ajoutant mon modeste billet aux 2 critiques déjà parues sur Babelio, mais tant pis, "ne tirez pas sur le pianiste" !
Je me demande d'ailleurs comment un de mes auteurs préférés, le légendaire Stefan Zweig, aurait réagi à ce coup publicitaire de la respectable Maison Gallimard ?

Femmes d'abord et donc place au "conte drolatique" des deux soeurs. le qualificatif drolatique ne vient pas de moi, mais se trouve en toutes lettres tout de suite après le titre de la nouvelle.

Dans une petite ville du sud, que Zweig préfère ne pas nommer, le puissant guerrier lombard Herilunt tombe fou amoureux de la belle épicière du coin. Un amour qui se traduit en une sacrée passion et un beau mariage. Peu après, pendant que le guerrier au service du roi est allé combattre l'ennemi, naissent Helena et Sophia. Des splendides jumelles authentiques qui réunissent la beauté éclatante et fougueuse de leur mère, avec l'ambition quelque peu démesurée de leur père.
Des atouts combinés pas particulièrement simples à gérer ......

Dans la première nouvelle l'auteur nous raconte le rêve survenu à un homme seul. Il voit dans la nuit d'été "à la transparence opaline d'une cire blanche" un château écossais et un jeune homme de 15 ans d'une surprenante beauté. Trop jeune pour joindre les hommes à leurs jeux au salon et à un moment où les femmes ont retrouvé leur chambre, le jeune adonis s'aventure seul dans la forêt proche du château.
C'est alors que tout à coup "une chose inouïe se produit" : il sent, effrayé les bras d'une femme se refermer sur lui et le corps chaud et tendre se presser contre lui. "Sa pensée est annihilée", lorsque en un éclair la silhouette étrangère disparaît.

La vie du jeune homme "semble avoir progressé de mille heures d'un seul coup". Mais qui est cette magnifique apparition nocturne ?
C'est dans une prose exceptionnellement poétique que le grand auteur autrichien nous raconte le reste de cette rencontre magique.

Un ouvrage minuscule par sa taille, mais de l'incomparable raconteur qu'a été Stefan Zweig et qui vous offre 2 bonnes heures de lecture. Et à 1 euro/l'heure, il ne faut donc pas hésiter.
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Ces deux nouvelles, extraites de la Pléiade, sont très différentes, je ne comprends d'ailleurs pas très bien pourquoi on les a associées, les seus points communs semblant être la volupté et l'apparence trompeuse...

Dès le début de la première nouvelle" Une histoire au crépuscule", j'ai eu une impression de " déjà lu", et pour cause! Il s'agit en fait d'un texte tiré du recueil de nouvelles" Brûlant secret", dont le titre est en effet pratiquement le même ( traduction légèrement différente) " Conte crépusculaire". Peu importe, j'ai eu grand plaisir à la relire. Les émois d'un adolescent de quinze ans, qui découvre la sensualité passionnée dans les bras d'une femme , la nuit, et qui tente ensuite de deviner son identité, sont magnifiquement retranscrits, toujours avec ce sens du détail et cette fine analyse des sentiments. Trouble, mystère, méprise, poids sur toute une vie...

La deuxième m'a moins plu. Elle se présente un peu comme une parabole, où le Bien et le Mal semblent se déchirer, se combattre, à travers la rivalité de deux soeurs jumelles, jalouses l'une de l'autre, jusqu'à commettre les actes les plus vils. Plaisir des sens contre pureté ( feinte), qui triomphera? J'ai trouvé le sujet moins intéressant, les personnages sont déplaisants. Mais l'ironie est l'atout majeur de cette histoire...

Pour moi, même si c'est dans un format économique, ce n'est pas la meilleure façon de découvrir le grand Stefan Zweig. D'autres livres sont bien plus représentatifs de son talent, comme " le joueur d'échecs ou " Ivresse de la métamorphose"...
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Ca pique fort, ce petit piment! Une toute petite nouvelle mais très dense comme sait nous l'offrir Stefan Zweig! Sauf qu'ici, ça ne traine pas, ça ne détaille en rien des émotions avec minutie, ça file plutôt, parce qu'au bout, il y a vraiment de la rigolade.
Deux jumelles naissent des entrailles d'une boutiquière alors qu'en même temps, leur père, un grand général d'armée, révolté contre le roi, est en train de se faire assassiner. Ce jour, où se mêle les douleurs, la joie et l'horreur insufflera un destin assez particulier aux jumelles. En effet, héritant de la modestie de leur mère et de la bravoure et de l'orgueil de leur père, les deux jumelles vont grandir dans un tempérament d'antagonisme permanent. Perspicaces et aptes à tout faire, les deux jumelles se révoltent contre l'état de misère de leur mère. Hélène devient une courtisane qui s'élève dans la société et Sophie s'illustrera dans les œuvres de charité...entre les deux univers distincts par contre à la même physionomie, la ville va vivre des moments de véritables spectacles. Ce virement permet en même temps au papa Zweig d'adopter un ton plus ou moins humoristique!
Un joli petit bijou à lire peu-être bien avant de se glisser dans le royaume de Morphée!
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Deux petites nouvelles inédites qui se lisent très vite et, à mon avis, pas parmi les meilleures de l'auteur. Pour découvrir Stefan Zweig, il vaut mieux commencer par "le joueur d'échec", "La confusion des sentiments", ou l'une des ses fantastiques biographies historiques.
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Depuis que j'ai redécouvert la plume de Stefan Zweig avec le joueur d'échecs, je n'en finis plus de lire et relire ses nouvelles, ces textes où il fait encore plus exploser son talent de conteur à la plume acérée.

Ce mois-ci, c'est avec le très court recueil Les Deux Soeurs que je reviens. Celui-ci contient deux textes écrits dans les années 1930 qui mettent en scène à chaque fois des soeurs dans des situations très différentes. Les textes, comme toujours avec Zweig, sont écrits avec virtuosité. Il a une plume que je trouve magique, très évocatrice, avec le chic pour mettre en mots de manière poétique des ambiances banales pour nous mais qui se révèlent magiques sous sa plume.

Ainsi, le premier texte : Une histoire au crépuscule, débute dans une ambiance fantastique à la Théophile Gautier avec un jeune garçon qui découvre les affres de l'amour et de la passion dans une lumière crépusculaire, lui empêchant de savoir qui est son amante. le récit qui suit est fascinant, porté par ce jeune garçon à la recherche de l'identité son aimée. Dans un univers ressemblant un peu aux parties de campagne des romances victoriennes, on le voit chercher parmi les invitées des indices pour savoir laquelle se cache derrière cette robe blanche qui l'assaille dès que le soleil est couché. C'est charmant tout plein, avec une belle dose de romantisme à la sauce XIXe. L'auteur croque encore comme personne les sentiments perplexes qui ravagent le jeune coeur de ce garçon. La chute est comme toujours sans concession, ce que j'apprécie aussi chez lui.

Le second texte, qui a donné son nom au recueil, est lui aussi sans concession. Plus court, il met en scène deux soeurs jumelles qui n'ont pas eu de chance à leur naissance, leur mère ayant connu une ascension sociale fulgurante que pour mieux chuter tout aussi subitement. Un peu à la façon des contes de Perrault, nous suivons l'enfance et l'adolescence de ces deux soeurs toujours en compétition qui se ressemblent énormément et font tout pour être les meilleures, ce qu'elles peuvent se permettre malgré leur déchéance sociale. Cependant, l'une d'elle ne va pas s'en contenter et c'est un terrible conte cruel qui nous est alors conté avec un réalisme saisissant sur le rôle qu'on attribue alors aux belles femmes rêvant d'ascension mais n'en n'ayant pas les moyens. Ce récit se déroule, chose surprenante, en Aquitaine. J'y ai plutôt vu un décor italien pour ma part, avec ces palais vénitiens et ses courtisanes. J'ai beaucoup aimé le terrible jeu qui se noue entre les deux soeurs, la réalité cruelle qui s'en mêle et les rattrape. C'était comme d'assister au déraillement d'un train, on en connait la final inéluctable mais on ne peut s'empêcher de regarder, fasciné. Un très beau texte, fin et puissant.

Même si ce ne fut pas un coup de coeur, j'ai encore adoré découvrir la plume de Zweig dans deux textes différents des précédents que j'avais lus (Le joueur d'échecs, La Confusion des sentiments, Lettre d'une inconnue...). Il y a toujours un charme puissant dans ses mots et surtout il ose capturer des émotions pas toujours jolies jolies pour nous en offrir le portrait le plus juste. J'aime vraiment énormément son univers.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
dans une heure, il fera nuit. une heure splendide car rien n’est plus beau à contempler sur cette teinte qui se fane peu à peu et s’abolit dans l’ombre, et puis, dans la pièce, l’obscurité qui monte du sol, qui envahit sans bruit les murs pour se refermer sur nous et nous emporter dans ses flots ténébreux. assis alors face à face et nous regardant l’un l’autre sans prononcer un mot, en cette heure, dans cette ombre, le visage familier de l’autre nous apparaît comme plus ancien, plus étrange, plus lointain, comme si l’on se voyait pour la première fois, à une longue distance dans l’espace et dans le temps.
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il ne faut pas tenter le diable, conseille un sage proverbe, sans quoi il vous saute à la gorge… C’est ce que fit pourtant la présomptueuse championne. Peu habituée à boire du vin dont elle ne soupçonnait pas l’influence lascive, enivrée par l’exhalaison de plus en plus lourde qui montait des brûle-parfums, délicieusement alanguie par la grisante musique des flûtes, ses sens se troublèrent peu à peu. Son rire devint un balbutiement, son exubérance, du désir. Nul docteur de l’une ou l’autre faculté n’eût pu affirmer devant un tribunal qu’elle était éveillée ou sommeillait déjà, qu’elle était à jeun ou ivre, ni que ce fût à son corps défendant ou de bon gré – mais longtemps avant le coup de minuit, ce que Dieu ou son antagoniste veut qu’il arrive entre une femme et un homme se produisit.
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Vois-tu, ce n'était pas mon intention de faire de cette histoire une chose triste et sombre, je voulais juste te parler d'un jeune garçon qui, à l'improviste, rencontre l'amour, l'amour donné et l'amour reçu. Mais voilà, les histoires qu'on raconte au crépuscule prennent toutes un tour tragique. Le soir s'incline sur elles avec ses crêpes noirs, avec tout le deuil qui habite le déclin du jour, déploie un dais sans étoiles au-dessus d'elles ; l'obscurité s'instille dans leur sang et tous les mots clairs et colorés qu'elles contiennent ont alors une sonorité si pleine et si lourde qu'on les croirait issues de notre propre vie.
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Marcher dans le sillage d’Hélène, sa sœur plus hardie, et lui disputer les amants, comme naguère les bouts de pain d’épice, ne pouvait satisfaire son orgueil. Sa victoire, elle le sentait, devait être plus complète. Et à force de réfléchir nuit et jour au moyen d’effacer la renommée et le prestige de sa sœur, Sophie s’aperçut aux sollicitations de plus en plus pressantes dont elle était l’objet de la part des hommes, que son seul bien, sa virginité, son honneur, était un précieux appât et en même temps un gage qu’une femme intelligente pouvait faire valoir.
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Combien de fois déjà l’avait écœurée la sensualité bestiale des hommes ! Elle s’était promis de lui résister désormais et de mener une existence simple et honnête ! Mais elle sentait bien que toute défense était inutile ! Elle félicitait sa sœur d’avoir l’âme forte et de n’avoir pas succombé, comme elle, aux tentations de la chair !
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Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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