J'ai eu un peu de mal, au départ, à me lancer dans cette lecture. Je l'avais d'ailleurs laissé de côté après quelques pages. Parfois, nous ne sommes pas prêt à recueillir ce qu'un livre peut nous offrir.
Découvrir ces trois grands auteurs a été d'un grand intérêt pour moi, et m'a donné envie de lire et explorer leurs oeuvres. Zweig est un fin conteur, on se laisse prendre au jeu. J'ai aimé la manière dont les mots sont maniés, dont le temps passe du présent au passé.
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il y a longtemps : excellent souvenir
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Fan des bio de Zweig, celles-ci ne font pas défaut. Ma préférence est pour Casanova.
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D'un beau mouvement, il relève son front, que tout poète pourrait lui envier et qui se dégage ainsi sous une chevelure châtain délicatement bouclée; le nez fait saillie comme un croc insolent et hardi, ainsi que le menton à la forte ossature et, sous celui-ci une pomme d'Adam deux fois grosse comme une noix (ce qui, à ce que croient les bonnes femmes, est le plus sur garant d'une robuste virilité); indéniablement, chaque trait du visage exprime l'impétuosité, l'audace, la résolution. Seule la lèvre, très rouge et sensuelle, se courbe molle et humide et découvre comme la chair d'une grenade, les blancs cerneaux des dents. Lentement le bel homme tourne à présent son profil le long du sombre amphithéâtre; sous les paupières régulières, broussailleuses et d'une courbe parfaite, flambe dans les noires pupilles un impatient regard d'agitation, un véritable regard de chasseur en quête d'une proie, prêt à se précipiter tout à coup, come un aigle, sur sa victime
Plus un individu vit avec son temps, plus il meurt avec lui. Plus un individu garde en lui sa véritable essence, plus il reste de lui à la postérité.
les épaules de l'Hercule Farnèse, avec les muscles d'un lutteur romain, la beauté brune d'un fils de bohémiens, l'impétuosité et l'insolence d'un condottière et la chaleur virile d'un faune velu. Son corps est un métal pétri de fougue et de forces débordantes. (Casanova)
Si on l'écoute, le philosophe n'a sur la terre d'autre obligation morale que de bien s'amuser aux dépens de tous les imbéciles, de duper les vaniteux, d'escroquer les naifs, de soulager les avares et de cocufier les maris, bref, de punir toutes les folies de cette terre, en qualité d'envoyé de la justice divine. La tromperie est, pour lui, non seulement un art mais un devoir supérieur à la morale, et ce devoir il l'exerce en brave prince vivant hors la loi, avec une conscience candide et une incomparable spontanéité.
Cette vie devient ample, colorée, multiple, riche en vicissitudes, fantastique et bariolée comme on en rencontre à peine une autre dans une période de plusieurs siècles; et simplement par le fait qu'il la raconte, celui qui ne fut et ne voulut jamais être quelque chose devient l'un des poètes les plus incomparables de l'existence - à vrai dire non pas par sa volonté mais par celle de la vie elle -même.
Stefan Zweig, auteur à succès, se voulait citoyen d'un monde qu'unifiait une communauté de culture et de civilisation. Il n'a pas survécu à l'effondrement de ce «monde d'hier» qu'incarnait la Vienne impériale de sa jeunesse.
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