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Critique de miriam


Arnold Zweig (1887-1968) en butte à l'antisémitisme du Reich émigra en Palestine dans les années 1930. Après la Seconde guerre mondiale il préféra construire le socialisme en RDA où il fut un écrivain reconnu.

Le sort s'est acharné sur son ouvrage Un Meurtre à Jérusalem écrit à Jérusalem, : publié en Allemagne en décembre 1932, il fut saisi dès avril 1933 pour être brûlé et passa donc inaperçu à sa parution. Ce n'est qu'en 1956, en RDA qu'il fut réédité mais défiguré par la censure communiste. Il ne put être publié dans son intégralité qu'en 1994. C'est pourtant un livre remarquable qui mérite de sortir de l'inconnu.

Roman policier comme le suggère le titre? Certes, il y a une victime, le poète de Vriendt, qui a abandonné le sionisme pour l'orthodoxie. Il y a un policier, Irmin, des services secrets de sa Majesté, qui cherchera le coupable par devoir et aussi par amitié.

Roman historique : le meurtre a lieu à la veille des émeutes en Palestine 1929 qui ont fait 133 victimes juives et 110 arabes.

Roman politique : toutes les composantes de la politique sont ici analysées avec beaucoup de précision.

Les britanniques ont Mandat sur la Palestine, et maintiennent l'ordre avec un minimum de troupes, jouant des rivalités entre juifs et arabes., n'intervenant que fort peu dans les émeutes pour protéger les Juifs.

On assiste à la réunion des cheikhs et des dignitaires arabes, véritable tableau. Les fellahs dépossédés bien par les propriétaires terriens qui vendent leurs terres, ne sont pas oubliés.

La communauté juive est encore plus hétéroclite, religieux agoudistes et sionistes s'opposent .Les juifs orthodoxes sont prêts à composer avec les dignitaires arabes pour limiter le pouvoir des sionistes. Même parmi les sionistes on distingue, les socialistes, ouvriers et kibboutznikim, et les nationalistes d'une part. Russes et Allemands ont des réactions différentes...sans parler des communistes qui prônent l'unité des travailleurs arabes ou juifs. Des discussions sans fin analysent toutes ces nuances et font ressortir les différences.

Roman philosophique le poète, de Vriendt est un personnage complexe. Pour certains, orthodoxes, c'est un dévot. Sa relation homosexuelle avec le jeune Seoud à qui il prodigue des cours le comble et le fait douter. Ses poème peuvent apparaître comme des blasphèmes

Qui a tué de Vriendt? Est-ce un crime d'honneur de la famille de Seoud, Irmin, le policier britannique l'avait averti de la menace. Est-ce un crime de rôdeur, de voleur, des arabes bien sûr, les voleurs ne pourraient être juifs, "sauf peut être au Kurdistan?". Est-ce un crime politique, des jeunes nationalistes ne peuvent lui pardonner sa trahison, puisqu'il s'oppose aux sionistes, prêt à s'allier au Mufti... Un terrorisme juif s'attaquant à des Juifs paraît inconcevable, et pourtant....

C'est en tout cas un roman fort bien écrit. Chaque chapitre est un véritable tableau, décor personnages sont décrits avec soin et précision. le décor n'est jamais oublié, ni le climat, chaleur oppressante de la journée, recherche de la fraîcheur.... ni la nature. Ode magnifique aux paysages, montagnes de Jérusalem, Mer Morte, Carmel....

Le récit des émeutes est saisissant, vues par les juifs religieux comme un pogrom, par l'anglais, avec un certain flegmatisme, occasion de bravoure par les jeunes nationalistes, aussi fraternisations inattendues entre Juifs et arabes qui entretiennent des relations de bon voisinage. Humour et ironie ne sont pas absent même dans les moments tragique, comme ces protestations américaines qui réclament des navires de guerre britanniques dans "la rade de Jérusalem"...

C'est un vrai chef d'oeuvre à redécouvrir!


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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