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Critique de le_Bison


A Bordeaux le quartier de la gare avait changé.
Les policiers du nouveau maire et ses camions de l'aube à eau pulsée avaient nettoyé la place de ses alcooliques violents et de ses prostituées espagnoles.
Le sexe tarifé avait été repoussé derrière la gare, de l'autre côté du pont de ferraille. Ces dames étaient bulgares désormais, poudrées à blanc, surveillées par des barbares de l'Est en 4x4. Quant aux clodos, nul ne savait ce qu'ils étaient devenus.
On s'était serré la main...

Cela commence ainsi, dans la préface de son ami, fidèle compagnon de ses aventures d'antan, Thierry Poncet. Une dernière rencontre, un dernier regard. Ce n'étaient pas des adieux, et pourtant, avec le temps, ce fut la dernière poignée de mains. Dès ces premières pages, j'ai cette émotion qui m'égorge la respiration, qui m'égratigne un peu plus l'âme, alma. Une préface poignante. Un dernier regard à la terrasse d'un café, qui aurait pensé que ce dernier geste recueillerait des adieux.

Chaleur andalouse, c'est dans ses ruelles étroites que je déambule à travers le cruel destin d'Alma, cette petite fille qui parle avec Dieu - et le pire, c'est que Dieu lui répond. Comme une communion entre deux êtres où les mots sont devenus inutiles voir dangereux, parce qu'en ce temps-là, il ne fait pas bon s'afficher avec Dieu, encore moins être une petite fille juive, car en ce temps-là, on sait bien que tous les maux viennent des juifs, cela se passe d'ailleurs de mots, puisqu'au mieux ce sont des gros mots qui se vilipendent à travers les rues frappées par le soleil d'Espagne et par les ordres de la reine Isabelle la Catholique. Qui dit soleil qui me tape à l'arrière de la cabeza, je sors mon remède, plantes médicinales à infuser dans de l'eau fraîche de source, trois glaçons, un Ricard dans mon verre, sans piscine, sans orgeat, la chasse aux juifs est le moindre mal de l'époque, et Alma, le dernier roman posthume de Cizia Zykë.

Cette légende du Moyen-Âge m'entraîne donc à travers le mal humain, les persécutions et les tortures de l'imagination fertile quand il est question de mal. Dieu dans tout ça ? S'il parle avec cette jolie petite frimousse blonde, ses dignes représentants ne prêchent guère l'amour, sauf pour les petits culs juvéniles de ses ouailles. Car l'amour est dans la sodomie semble enseigner les prêtres, c'est aussi cela l'initiation à la vie des jeunes garçons, le rite traditionnel pour franchir le monde des adultes. Finalement depuis 1492, la couleur du monde n'a pas changé, comme celle de mon verre anisé.

Entre quelques doses d'aventures, l'auteur que dis-je le conteur même se pose, met son histoire en pause le temps de nous interpeller. Oui, moi, toi, nous, directement. Il te questionne, je m'interroge, il se met en avant, me caresse dans le sens du poil pubien et remet ainsi du rythme et du souffle à cette épopée inquisitoriale. Des pensées égrainées dans la mouvance ironique et cynique. J'avoue, j'ai totalement kiffé ces digressions, plus que l'histoire en elle-même d'Alma, j'ai aimé ces incartades, juste le temps de remplir mon verre comme des interludes posées là, jusqu'après le point de la phrase précédente et me rafraîchir ainsi lorsque le liquide anisé, eau bénite d'hommes en bure, bite dure contre cul béni, parfume de mille senteurs ce délicat parfum de jasmin du jardin interdit.
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