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EAN : 9782330109042
432 pages
Actes Sud (05/09/2018)
4.3/5   624 notes
Résumé :
A travers les péripéties politiques et intimes d'une palette de personnages liés les uns aux autres, du chauffeur haut gradé en passant par la domestique musulmane et le bourgeois copte, ce roman évoque la révolution égyptienne à travers une mosaïque de voix dissidentes ou fidèles au régime, de lâchetés et d'engagements héroïques.
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Critiques, Analyses et Avis (117) Voir plus Ajouter une critique
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Le pieux général Ahmed Alouani, suite à sa prière du matin à la mosquée, son petit déjeuner et sa petite sauterie licite avec sa femme de cent vingt kilos, se rend à ses bureaux de l'Organisation. de routine, il y assiste à l'interrogation d'un prisonnier politique , auquel après lui avoir fait envoyer une bagatelle de décharge électrique aux testicules, vocifère, « Nous avons amené ta femme Maroua et je te jure, fils de pute, que si tu ne parles pas je laisserai les policiers la sauter sous tes yeux. ».....Voici pour le portrait de l'irréprochable musulman, le mari parfait, l'homme intègre, qu' Aswany nous présente en guise d'apéro, dans son dernier roman. Un premier goût d'une galerie de personnages très divers qui vont suivre et dont les destins vont se croiser du début à la fin des événements de 2011 de la Place Tahrir. Une autopsie en directe, terrifiante, d'un pays sous la dictature, d'un pays corrompu jusqu'à la moelle, l'Egypte.

A travers un large éventail de personnages, représentatifs de la société égyptienne, du pieux militaire musulman tortionnaire à l'acteur copte spécialisé dans les seconds rôles, de l'enseignante idéaliste non voilée au cheikh charlatan, l'auteur nous fait prendre le pouls d'un pays nauséabond où complices et victimes se résignent à la servitude comme un destin fatal. Ceux qui n'ont pas encore perdu ce qui leur reste d'éthique, ont peur ou ne peuvent pas agir. Reste, une poignée de courageux qui vont se sacrifier. D'où la révolution avortée de 2011, dont on connaît d'or et déjà l' issue tragique.

El Aswany use de la langue de l'ironie à l'extrême, pour nous faire sentir l'absurdité de ce contexte de déchéance où manipulations, corruptions, escroqueries et mensonges sont à l'honneur face à un troupeau de moutons. "La chasteté, la droiture et la foi en Dieu sont les traits les plus authentiques de la personnalité du cheikh Chamel." dit-il parlant d'un charlatan, d'un escroc qui abuse de la religion pour s'en remplir plein les poches et assouvir ses désirs sexuels, sans scrupules. Il suffit de "deux fois le pèlerinage à La Mecque et avoir visité cinq fois les lieux saints" pour avoir le permis divin pour accomplir tout acte vil, jusqu'à la fin de ses jours, sans péril pour l'au-delà. "L'injustice est la règle" et tout ce qui est illicite au nom de la religion ou des moeurs , peut sans problème devenir licite, grâce "aux conditions atténuantes " inventées, selon les besoins et les convenances. Une société gangrenée, où presque personne ne veut voir, entendre ou parler. Et une énième fois la même question, les policiers et les militaires ne sont-ils pas des êtres humains ? Si oui, dans ces régimes comment deviennent-ils des monstres?
Malheureusement ces systèmes dictatoriaux corrompus sont des copies collées, tellement on les retrouve aux détails près dans divers pays et même à divers époques. On dirait qu'ils suivent un manuel d'instruction à la lettre. L'enfer, sur terre.

Encore un excellent roman choral d'El Aswany, absolument à ne pas passer à côté. Une plume de militant à l'ironie magistrale vu la triste vérité, que je recommande à tout ceux ou celles qui s'intéressent à ce sujet, plus que jamais actuel dans un autre pays aux portes de l'Europe. Un livre qui démonte aussi les aprioris sur une religion faussement interprétée selon leurs convenances, par les wahhabites et tous les fanatiques comme les Frères Musulmans, "Le cheikh Chamel et ceux qui lui ressemblent reçoivent des millions pour diffuser la pensée wahhabite et pour soutenir le pouvoir. Franchement, je ne les considère pas comme des hommes de religion. Ce sont des hommes d'affaires." de la religion malheureusement ils ont en fait un chiffon pour nettoyer toutes leurs immondices......Longtemps après avoir fermé ce livre, flottera dans ma tête, les images d'Asma, Mazen, Khaled, Dania et Achraf.......
Ce roman est interdit de publication en Egypte, et El Asnawy, depuis 2014
est interdit de télévision et de toute collaboration dans la presse égyptienne.

"J'ai couru vers le Nil. Les grenades lacrymogènes remplissaient l'atmosphère et moi je pleurais,......En revenant j'ai vu de mes propres yeux un grand nombre de morceaux humains laissés par le tank : des intestins, des cerveaux, des jambes, des moitiés de corps........Tout en Égypte est “comme si” ......Notre grande révolution était un sursaut, une belle fleur née toute seule dans un marécage.”
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Qui ne se souvient de la place Tahrir? de la démission de Moubarak? de ces jeunes filles tête nue, libres et déterminées,   aux côtés de jeunes gens qui l'étaient tout autant, appelant la démocratie , la justice et l'égalité à corps et à cris?

Qui ne se souvient de la vague  d'espoirs qu'a fait naître la révolution égyptienne de janvier 2011?

Qui a oublié comment elle s'est terminée? 

Dans quelle répression, quel musèlement, quel torrent de fake news distillées par des médias aux ordres des militaires, de la police et des barbus - bien discrets, ceux-là,  pendant l'insurrection, et brusquement aux premières loges de la "normalisation", recevant le prix de leur discrétion dans une participation officielle  à cette Égypte "nouvelle", toujours pas démocratique, tout aussi dictatoriale, aussi profondément corrompue, ...mais  bien plus inféodée à l'extrémisme religieux ?

D'une  plume caustique,  Alaa El  Aswany campe  les personnages de sa détestation: celui  d'Ahmed Alouani, un général dévot, tartuffe tortionnaire de haut vol , ou  celui de Nourane, une star du petit écran,  opportuniste et manipulatrice, veuve noire au dard mortel derrière son voile pudibond.

D'une plume tendre, doucement ironique, il dresse le portrait d'une conscience qui naît : celle d' Achraf Ouissa,  un bey copte, hashishin par désoeuvrement,  hédoniste et cultivé par goût,    amoureux d'Akram, sa belle servante musulmane, qui, de spectateur passif  des événements, du haut de son balcon plongeant sur la place Tahrir, devient , éclairé par l'amour et guidé par l'empathie, acteur et même activiste de la révolution.

Autre conscience naissante: celle de Madani, un vieux chauffeur, sacrifiant tout ses salaires et bakchich pour payer à son fils, la prunelle de ses yeux, des études en médecine et qui découvre, avec la pire des violences faite à son coeur de père, la corruption, l'iniquité d'une justice aux ordres, et l'impunité révoltante des assassins en place. 

Mais les aînés ne sont pas les seuls protagonistes de ce récit polyphonique: des Romeo et Juliette de vingt ans échangent mails, lettres ou conversations passionnées.

De l'usine à la faculté, de la place Tahrir aux salles de réunion pédagogiques,  toute une troupe de jeunes gens courageux, de jeunes filles indépendantes et critiques tisse , dans le beau récit...fleuve d' El Aswany , le fil de la révolte sur la trame de leur amour.

Navette inlassable et obstinée que seuls la torture, l'exil ou la mort , brusquement , suspendent.

Qui ne se souvient de la place Tahrir?
Je me souvenais...mais j'avais beaucoup oublié aussi.

Les "tests de virginité"  subis , dans les commissariats, par les jeunes militantes ,  pour les humilier et les détruire.

La libération des criminels et l'instrumentalisation de la pègre pour discréditer les révolutionnaires.

La répression sauvage sous les roues des tanks , de la manifestation "musulman, chrétien, une seule main" défilant pacifiquement avec femmes et enfants devant Maspero, la radio télévision d'État.

Qui ne se souvient de la place Tahrir?

J'ai lu, non, j'ai dévoré "...j'ai couru vers le Nil", et j'ai pris une claque violente.

Ça fait mal, l'oubli, quand ce qu'on a édulcoré ou carrément oublié vous revient brutalement en plein coeur. 

Un livre magnifique, humain, sensible, vibrant.
Inoubliable.
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Oh la Vache (*) !
Ça démarre très très fort, avec trois chapitres d'introduction jubilatoires, et ça continue pareil.

L'Immeuble Yacoubian m'avait émerveillé ; Chicago m'avait ennuyé et j'avais lâché l'affaire. Mais là, ça cogne dès le début et ça y va ensuite joyeusement de plus belle. C'est drôle ET consternant.

On est rapidement pris à la gorge par ces destinées individuelles qui se croisent sur la place Tahrir et autour de la révolution égyptienne de 2011. La première moitié se déroule durant la montée en puissance du mouvement, jusqu'à chute de Moubarak.
Il y a alors, pile au milieu du livre, un chapitre charnière où se met en marche la riposte des institutions qui sont alors au bord du gouffre.
Et puis, après une courte euphorie liée au sentiment de victoire, la seconde moitié est celle de la mise en oeuvre de la contre-attaque, la répression et le début du retour à la « normale ».

Le roman s'arrête avant la victoire des Frères Musulmans aux législatives de 2012, qui sera suivie par le coup d'état de 2013 et le retour complet à la situation pré-révolutionnaire, celle d'un pays aux mains du complexe militaro-industriel mafieux qui verrouille une société très conservatrice aux marge de laquelle les islamistes restent en embuscade. Je me demande si l'auteur écrira sur cette période, cela pourrait être aussi passionnant.

Le diagnostic de l'auteur sur l'état de la société égyptienne n'a pas fondamentalement changé depuis son Immeuble Yacoubian. Là, il le confronte aux évènements exceptionnels qu'a traversé l'Egypte dans la première moitié de la décennie 2010. Sa plume redevenue formidable nous fait ressentir l'espoir qui est né, qu'il a probablement partagé, et comment il a été étouffé.
C'est finalement très dur, voire désespérant, même si une partie des protagonistes conserveront malgré tout leur foi dans la lutte pour un avenir meilleur. Pour les autres, les tenants de la dictature comme la partie dégoutée des révolutionnaires, il y a une fatalité égyptienne, un peuple dont la mentalité multi-millénaire d'esclaves rend tout changement impossible. C'est d'ailleurs une thèse que j'ai entendue dans la bouche d'amis égyptiens, de la tendance « intellectuels opposants mais résignés ».

Côté écriture, les ficelles sont parfois un peu grosses, mais ça passe.
La première phrase semble une allusion au début de la recherche, comme un clin d'oeil. Les « destins croisés » de ses personnages se traduisent par une succession de courts chapitres, souvent terminés par un cliffhanger. Il y a un moment où ça commence à faire un peu artificiel et puis ça se tasse. Des liens se créent entre des personnages initialement lointains, mais comme ils ne sont pas surexploités comme ressorts de l'intrigue, cela ne devient pas lourdingue. Au final, ces quelques artifices ne nuisent pas aux histoires et personnages tellement ils sont prenants.



(*) En référence à la sourate de la Vache dont la lecture, paraît-il, écarte durant trois jours le démon de la maison où elle a été lue. Puisse sa mention écarter le démon de cette critique !
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C'est une lecture éprouvante mais passionnante que ce roman qui nous plonge en pleine révolution égyptienne, sur la place Tahrir au Caire en 2011.

La plume de ce militant démocrate fait d'Alaa El Aswany un adversaire redoutable pour le régime. Il est d'ailleurs, à ce titre, poursuivi par le parquet général militaire égyptien et interdit de toute publication en Egypte. Il craint beaucoup pour sa famille mais malgré tout, il continue de se battre pour défendre ses convictions et dénoncer la corruption qui règne dans son pays, coincé entre les militaires et les islamistes. Vous faites preuve d'un courage exemplaire Monsieur El Aswany, chapeau bas !

Son livre n'épargne personne, ni les autorités, ni l'égyptien moyen, ni les religieux de pacotille, tout ce petit monde qui avait tout intérêt à ce que rien ne bouge et qui s'est prêté à la mise au tombeau de ce vent de liberté qui soufflait sur l'Egypte. Pas de langue de bois mais une rhétorique qui se veut authentique doublée d'une ironie mordante.

Cette fiction est un très bel exercice de style qui mélange la grande et la petite Histoire pour mieux éclairer le lecteur sur ce qui s'est réellement passé en coulisse : les occidentaux ayant vécu cette révolution à travers le prisme des médias.

Pour faire de son lecteur un observateur avisé, il cherche à le projeter à l'intérieur de cette révolution pour que celui-ci puisse mieux appréhender les ressorts de cet apparent échec. Alaa El Aswany écrit un roman choral à la construction que j'ai trouvée ingénieuse. Il trace une succession de portraits de quelques personnes représentatives de la société égyptienne qu'il radiographie. Des jeunes étudiants rêvant d'une société plus juste, plus propre et laïc, en passant par les ouvriers d'une cimenterie et de son patron, ancien révolutionnaire, des studios de la télévision avec ses rivalités internes, d'un religieux affairiste, pour terminer sur l'intimité d'un général tortionnaire, dévot maladif, le lecteur est happé irrémédiablement par cet espoir qui se diffuse dans tout le récit.

Il s'attache à Asma, Mazen, Khaled, Dania, Achraf, Akram dont il épouse la cause et qu'il suivra jusqu'à l'épilogue. Et il honnit les religieux, la belle présentatrice télé, les flics, l'armée, l'Organisation, les médias, la justice.

Mais la dictature sait jouer avec la peur de certains et la lâcheté des autres, elle sait rendre les individus serviles. Avec l'aide des médias aux mains des hommes d'affaires les plus riches, elle diffuse de fausses informations, de faux témoignages, discréditant ainsi les révolutionnaires aux yeux d'une partie de la société civile en criant au complot organisé par les méchants du reste du monde qui manoeuvrent pour faire éclater la guerre civile ! Rien de nouveau sous le soleil !

Terrible et monstrueuse cette répression sanglante, abjectes les manipulations et la désinformation dont a été victime une partie du peuple égyptien avec l'assentiment de l'autre partie, odieuses les humiliations subies par les femmes !!!

« Dieu est grand et Mohamed est son prophète » cette phrase est partout, elle ponctue tous les dialogues comme elle participe à toutes les exactions, à toutes les compromissions au prétexte que « nécessité fait loi ».

Il y a malheureusement des témoignages qui en disent long sur ces sombres journées sanguinaires constellées de sadisme où l'armée, aidée des Frères Musulmans, reprend la main après la démission du Président Moubarak.

J'ai refermé ce livre en pensant à Monsieur Madani, la détresse de cet homme m'a particulièrement touchée.

C'est un livre intense qui a été écrit par Alaa El Aswany pour bien informer le reste du monde de ce qui s'est passé en Egypte à ce moment là avec l'espoir de marquer les esprits pour ne pas oublier ce vent de liberté qui soufflait en 2011 dans ce pays.


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Bookycooky, que d'émotions tu m'as fait vivre avec ce livre que tu m'as chaudement recommandé ! Attirance amplifiée par le fait qu'il est interdit de publication dans le pays de l'auteur de L'immeuble Yacoubian, l'Egypte et d'autres pays arabes. Profond respect à Alaa al-Aswany pour son courage, sa détermination, son talent, de défendre la cause des femmes. Je suis passée par toutes ces phases au travers des personnages : révolte, injustice, courage, corruption, amour, haine, partage de souffrance et d'humiliation pour les torturés, peur des chars, dégoût par les abus de pouvoir, hypocrisie et manipulation par les médias et les adeptes de religion. Egypte 2011. Peuple qui a toujours tout accepté jusqu'à maintenant. Les jeunes vont se révolter et tenter de faire démissionner le dictateur Moubarak mais le plus difficile est d'imposer ses idées aux parents et aux proches. Je ne sais pas ce qui est vrai ou romancé et n'ai pas envie de le savoir pour le moment, besoin de me distraire l'esprit après ces faits où il semble impossible de donner encore le mot homme à certains. L'état, pour empêcher aux manifestants de communiquer pour lieux de rendez-vous, a coupé Internet. À réfléchir...
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critiques presse (3)
Liberation
26 novembre 2018
Hommage à la jeunesse de son pays par l’auteur de l’Immeuble Yacoubian. Plongeant dans les coulisses, il raconte dans son nouveau roman les principaux épisodes de la révolution égyptienne de 2011 : de l’occupation de la place Tahrir jusqu’à la reprise en main du pays par l’armée.
Lire la critique sur le site : Liberation
Bibliobs
19 octobre 2018
Plus de dix ans après «l'Immeuble Yacoubian», le romancier égyptien s'installe au Caire au cœur de la révolution et se fait le porte-voix d'une jeunesse qui a cru au changement et vu ses espoirs réprimés place Tahrir, en 2011. Le récit à hauteur d'homme d'une révolution manquée, porté par un souffle puissant.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeDevoir
10 septembre 2018
Si le discours et la satire ne sont jamais loin sous sa plume, Alaa El Aswany, on le sent, ne maquille rien, n’embellit rien, exagère à faible dose. Son roman est d’une triste réalité.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (161) Voir plus Ajouter une citation
Un jour, elle avait lu sur le journal mural un article de lui où il disait que la morale sans la foi valait mieux que la foi sans la morale......
Je prie, je jeûne, j’accomplis toutes les obligations, mais je crois que la religion véritable, c’est ce que l’on fait et pas ce que l’on croit. La religion n’est pas un but en soi mais elle est un moyen de nous enseigner la vertu. Dieu, qu’il soit glorifié et exalté, n’a pas besoin de notre prière et de notre jeûne. Nous prions et nous jeûnons pour notre propre éducation. L’islam n’est pas quelque chose de formel et de rituel, comme le croient les salafistes, et ce n’est pas non plus un moyen de s’emparer du pouvoir, comme le croient les frères. Si l’islam ne nous rend pas plus humains, il ne sert à rien, et nous non plus.
Elle le regarda sans lui répondre et il poursuivit avec enthousiasme :
-Pourquoi apprenons-nous la médecine ? C’est pour soigner les gens. Donc les études n’ont pas de valeur si l’on n’exerce pas la médecine. Avec la même logique, la religion est un entraînement à faire le bien. Il ne sert à rien de la pratiquer si cela ne se reflète pas sur notre morale.
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On a souvent demandé ma main. Chaque fois ma famille fait pression sur moi pour que j’accepte de voir le fiancé. Je refuse et me dispute mais à la fin je suis obligée de le rencontrer. Le fiancé est généralement très élégant lorsqu’il arrive à la maison, très infatué de lui-même et très confiant à cause de l’argent dont ses poches sont pleines. Il s’empresse de m’informer en quelques phrases de l’étendue de ses possessions : une voiture de luxe (une Mercedes ou une BMW), une villa sur la côte nord et une autre à Aïn Sokhna en plus d’un appartement luxueux de trois cents mètres carrés sur deux étages, généralement situé à Medinat Nasr18. Après avoir étalé sa fortune, le futur marié commence à évaluer la marchandise (c’est-à-dire moi). Je sens que ses yeux examinent soigneusement chaque recoin de mon corps. On ne peut pas le lui reprocher : l’homme va payer une dot importante pour avoir la possibilité de jouir de mon corps (c’est la définition du contrat de mariage selon certains livres de jurisprudence religieuse). N’a-t-il pas le droit d’inspecter ce corps pour s’assurer qu’il place son argent au bon endroit ?
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Mais on peut se demander comment le fervent musulman qu’est le général Alouani peut regarder des films pornographiques.
Voilà bien une question absurde comme ne peuvent en poser que des ignorants ou des personnes malveillantes ! Bien sûr que selon la charia regarder des films pornographiques est une chose blâmable, mais cela ne fait pas partie des péchés mortels comme le meurtre, la fornication et la consommation d’alcool. En fonction de la jurisprudence selon laquelle “la nécessité rend licite ce qui est interdit”, la charia autorise parfois à s’adonner à des actions blâmables si elles empêchent le croyant d’accomplir des péchés mortels.
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Note bien que ces idées ne me sont pas venues toutes seules. Ce sont des leçons que m'a enseignées mon père militant qui a été emprisonné, a perdu son travail, a été banni mais qui n'a pas regretté un seul instant les positions qu'il a prises. Je lui ai posé un jour une question dure et stupide :
- Tu as perdu dix années de ta vie en prison et malgré cela rien n'a changé en Egypte. Tu ne regrettes rien ?
Mon père m'a répondu en souriant :
- J'ai fait mon devoir et j'ai conservé le respect de moi-même. Ensuite, qui te dit que rien n'a changé ? Chaque jour les gens sont plus conscients et la vérité leur apparaît plus clairement. Un jour, leur colère sera telle qu'elle les poussera à la révolution. Même si je ne vois pas cette révolution, je mourrai la conscience tranquille car j'aurai fait tout ce qui est en ma possibilité pour servir la cause.

Page 66 - Je salue l'abnégation et le courage de cet homme qui m'oblige à me poser la question.
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Le cheikh poursuivit d’une voix tremblante :
—Mes sœurs dans l’islam, répétez après moi cette invocation et apprenez-la par cœur. C’est lui qui a mon âme entre ses mains et je ne désire de lui que Son visage, qu’il soit glorifié et exalté : “Mon Dieu, fais que les femmes et les filles des musulmans soient saintes, pieuses, soumises et pénitentes. Fais-leur aimer le voile et le hijab et sème en elles la pudeur et la chasteté. Garde-les contre les corrupteurs et les assertions des trompeurs et donne-leur pour modèles les mères des croyants, par ta merci ô toi le plus miséricordieux.”
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