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EAN : 9782213686530
192 pages
Fayard (09/11/2016)
3.65/5   53 notes
Résumé :
« Dans une France où une figure internationale, médiatique, cohérente, courageuse, cherchant sans relâche un consensus pertinent et incarnant la grandeur des idéaux intellectuel et humaniste, est totalement absente, voici mon frère, voici notre héros : Albert Camus. » Abd Al Malik a rencontré Albert Camus dans les pages de ses livres. Et cette rencontre a forgé son devenir d'artiste, de musicien, d'écrivain. Entre les premiers textes dans la cité de Strasbourg, les ... >Voir plus
Que lire après Camus, l'art de la révolteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Un moment très riche ce jeudi soir 17 novembre 2016 avec François Busnel, à La Grande Librairie, avec un plateau d'invités exceptionnels: François Cheng, B. Changeux, Luc Ferry, Abd al Malik, etc....

La découverte totale de ce dernier, musicien, artiste, issue d'une cité strasbourgeoise, filant un mauvais coton, dans son adolescence, entre la drogue et les mauvaises fréquentations...lorsqu'il fit la rencontre essentielle avec les écrits d'Albert Camus... Ce fut une illumination pour grandir, se remettre dans les rails...et trouver sa voie...

"Je voyais déjà Camus comme un grand de ma cité. Un de ceux qui traînent au bas de l'immeuble. Pas ces autres, débraillés, qui vendent de la drogue, braquent des banques ou fument du shit tous les jours en vociférant. Non, il est de ceux assis juste à côté d'eux, et dont la sagesse en impose.

Silencieux, leurs mots sont pesés, leurs gestes réfléchis. Chacun de leurs actes est un de ces diamants bruts qui irradient les halls, rythment les après-midi trop longs à attendre on ne sait quoi. Sans le comprendre tout de suite, ce sont ces grands frères là qui nous bouleversent profondément, au fur et à mesure, et à tout jamais. Aujourd'hui,je le sais-
*******
Pouvoir se retrouver dans une position
où l'on peut choisir ses héros" (p. 36-37)

Un témoignage des plus réjouissants qui nous confirme, grâce à la conviction enflammée de son auteur, à quel point les livres et la pensée humaniste d'un écrivain peut sauver la vie d'un autre humain...Nos "tuteurs littéraires", qui nous ont sauvé la vie, ou du moins sorti de périodes de chagrin, de découragement intense, nous en avons sûrement nous mêmes rencontré un ou plusieurs ... et qui parfois nous accompagnent toujours.

Pour ma part, c'est toujours le cas pour Albert Camus, dont le premier texte lu , était "La Peste"; ce fut également un électrochoc ...qui perdure, à chaque relecture... de ses écrits !

Ab al Malik... nous fait partager son parcours, sa passion pour le rap, ses textes de chansons, dont certains inspirés par l'oeuvre d'Albert Camus; autre aspect de ses lignes, essentiel: un hommage et un éclairage différent,
personnel de la perception de l'oeuvre et de la pensée de Camus..

"La littérature de Camus, c'est l'histoire que ne nous racontent pas les chaînes d'info en continu, la série que ne diffuse aucune chaîne de télé ou plate-forme de streaming, le film qu'aucun complexe de ciné ne projette et
dont pourtant tous les spectateurs du monde saisissent intimement l'urgence et la portée. le cinéma-vérité de Camus n'est donc jamais un combat d'opinion, mais un combat d'implication. Dans cette idée, il n'y a pas de vérité incontestable sans volonté de justice pour tous. (p. 164)

Ce livre très personnel et fort attachant s'achève sur une lettre adressée à Camus, qui j'en suis convaincue continuera à être un flambeau pour les générations présentes et à venir....

[***Il me reste à combler une sérieuse lacune: écouter en musique, les mots d'Abd al Malik...mais j'attendais la fin de ma lecture...cette dernière m'ayant offert une image plus précise de cet artiste]


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Je n'avais jamais imaginé rédiger une chronique sur les écrits d'un rappeur? Brassé dans ma jeunesse par la musique classique, la seule permise dans notre maison de Sceaux, puis drogué par mes enfants à la musique punk et aux rocks les plus divers, faire un saut dans le rap de banlieue, d' Abd al Malik relève de l'inexplicable.


Quoique, un de mes petits enfants fait du Hip-Hop et même en compétition, il a bien fallu apprendre, puis apprendre à aimer.

Abd al Malik, est d'une force incroyable quand il chante Brel, et s'approprie ses mots, comme sa fureur, "chez ces gens là on ne pense pas monsieur", ou, "les autres, c'est pas moi c'est les autres, et puis c'est les autres". A écouter sur https://www.youtube.com/watch?v=qsgs_nOYBxQ


Sa course, est celle, d'un homme issu des banlieues, dans la cité au Neuhof, une époque où l'héroïne était partout, une course qui finit par dévier et le heurter à la voix de Camus.
Pourtant dit-il," je conjuguais mon présent imparfait, d'une drôle de manière, entre les rires de mes potes, et les larmes de ma mère, les m'nottes des keufs et l'absence de mon père..."

Bouleversé par la voix monocorde de meursault, il entreprend après
l' Étranger, la lecture de l'Envers et l'Endroit, et sans le comprendre toujours, dit-il page 37, " je lisais, ébahi, par la puissance des émotions que me donnait la lecture de Camus."


Cette rencontre avec Albert Camus est le thème du livre d'Abd al Malik, Camus , L'Art de la Révolte. du père absent on file vers Camus le modèle,
" Et moi je voulais lui ressembler, la source de la vie, après avoir lu camus on ne peut plus vendre la mort".
Abd al Malik, reprend tous les thèmes chers à Camus, l'amour de ses racines, de sa rue, de ses immeubles, de sa tour...


Pendant son séjour d'une année passée à l'hôpital, il décide de faire face à la douleur et la solitude, et si, "Camus avait les siens et la lumière qui rit à Alger, il y a, " à Strasbourg la musique et ses frères d'armes."

C'est par ce qu'il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre qu'il faut continuer à vivre ( l'Envers et l'Endroit ).
Comme une évidence Abd al Malik poursuit par une sorte de mimétisme la vie de Camus.
La tuberculose se déclare, et Camus à 17 ans arrête le lycée, et part en convalescence chez son oncle.


Lecteur attentif de Camus, avec une sensibilité, plus perceptible que celle exprimée par certains casmusiens, Abd al Malik ne craint pas de citer le fameux discours de Suède : " les deux charges qui font la grandeur de l'écrivain, le service de la vérité et celui de la liberté". " Elle ne peut pas s'accommoder du mensonge et de la servitude qui là où ils règnent font proliférer les solitudes."

Abd al Malik, le rappeur, le Strasbourgeois, dont la famille est originaire du Congo, rajeunit d'une façon étonnante, et fait revivre les mots, les idées, les idéaux, de Camus, des thèmes universels que raconte ce rap : "mais des droits universels pour extraire les miens d'une lutte perpétuelle, c'est violent, c'est violent, c'est violent, ça c'est vraiment monstrueux.p 151."


Et pourquoi ne pas lire Abd al Malik, avant d'entreprendre la lecture de Camus, Camus l'art de la révolte.
Je suis resté, de très longs moments sous le charme de ces textes si simples, inspirés par un écrivain si limpide, qui ne cachait aucune de ses positions humaines ou philosophiques, mais cachait les noms de ceux pour qui il demandait la grâce présidentielle, sans oublier aucun de ses ennemis.
"Voir le monde avec des yeux neufs
loin des tours, des embrouilles et des keufs. P 171."

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Voilà un très bel hommage que fait Abd al Malik à l'écrivain, Albert Camus. Abd al Malik est un rappeur que j'apprécie pour ses textes profonds et engagés et ce, depuis pas mal d'années mais, il est avant tout, un amoureux de la belle littérature et, surtout, diplôme en poche avec un double cursus en philosophie et lettres classiques. Merci wikipédia pour cette info.

Dans cet ouvrage, mi-biographique, mi-document, l'artiste, nous raconte sa jeunesse en toute modestie, avec ses potes du quartier, à Strasbourg. Il se rend compte assez vite que les jeunes des cités sont mis de coté, alors, la seule solution est de survivre en vendant du shit, traîner dans la cité et voir les potes tomber à cause de la drogue. L'argent facile est au rendez-vous. Il grandit comme beaucoup dans une famille monoparentale, élevé par une mère qui essaie de lier les deux bouts, avec ses frères et soeurs. Pis arrive la fabuleuse rencontre avec, L'envers et l'endroit de Camus, premier livre jeunesse de l'écrivain, même si cette rencontre a commencé bien avant, avec l'étranger, proposé par le prof, à l'école.

Citation :
La littérature de Camus, c'est l'histoire que ne nous racontent pas les chaînes d' info en continu, la série que ne diffuse aucune chaîne de télé ou plate-forme de streaming, le film qu'aucun complexe de ciné ne projette et dont pourtant tous les spectateurs du monde saisissent intimement l'urgence et la portée.

C'est pour lui, un bouleversement qui va littéralement changer sa vie, puisqu'en tournant les pages, Abd al Malik, comprend qui est l'homme derrière cette plume. Camus, enfant d'Alger qui lui ressemble sur bien des points, dans une époque différente et pourtant, tellement semblable à la nôtre. Tous les deux sont dans cette phase de révolte avec ce besoin de se faire écouter. du coup, chaque ligne est dégustée, savourée et jamais rassasié, car ce livre sera son pain quotidien, sa bible qui l'aidera à grandir, à devenir un homme bien. Ce privilège d'avoir compris qu'il ne pourrait plus continuer à gâcher sa vie mais à l'embellir, au mieux. Une renaissance qui a fait de lui ce qu'il est devenu aujourd'hui et qui se ressent énormément dans ses textes. Remarquable.

En conclusion :
L'ouvrage est écrit avec beaucoup d'humilité, sans chichi, sans trop ni peu, avec quelques textes de ses chansons choisis pour mieux ressentir l'intensité des mots. L'impact est là, la révolte palpable, mais l'amour sera son arme. Abd al Malik place haut son rapport avec l'écrivain, alors, à mon tour de découvrir ce livre qui a complètement changé la trajectoire de cet artiste, devenu un magnifique exemple pour les jeunes des cités et pour moi-même, d'ailleurs. La preuve encore une fois que les livres ont le pouvoir de changer nos vies et que certains artistes peuvent nous tirer vers le haut. Belle découverte que je vous recommande.
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La jeunesse d'Abd Al Malik, dans un quartier de Strasbourg, est partagée entre les copains, le rap, la délinquance, la drogue, son frère et surtout Camus qu'il dévore et admire, faisant des parallèles avec leurs deux vies. Des pages aérées, des textes des chansons de l'artiste, des avis sur le monde actuel intéressants. J'ai quand même trouvé parfois la prose trop intello.
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Il est des lectures - ou des rencontres d'ailleurs - qui changent le destin d'un homme.
Ce livre est l'histoire d'une de ces lectures : Un jour, un gamin d'une cité où circulent tous les problèmes des quartiers à la dérive et le manque d'espoir, lit Camus - L'Etranger - et tout bascule. Camus l'écrivain philosophe métamorphosé en Camus métaphysicien. Et le jeune Abd al Malik, au lieu de sombrer, découvre et décide d'apprendre "le métier d'homme". C'est un très beau livre qui mêle de nombreuses figures de styles à l 'image de l'homme mosaïque qu'est ce rappeur-slameur-écrivain-philosophe et surtout humaniste. Il faut accrocher sa ceinture car peu de gens ont le courage de dire les choses comme il les dit. Et avec raison.
Abd al Malik parle d'humanisme, d'objectivité, de tolérance, d'amour du prochain, bien loin du spectacle médiatique qui nous abreuve de pensées funestes. Il parle même d'"alphabétisation spirituelle" (p. 165), une idée extraordinaire que je n'avais jamais croisée jusque là.
Il cite Camus encore et encore et nous livre, en contexte, le contexte de sa vie mais aussi celui de la société française du XXIe siècle, un message pour nous dire "qu'il n'y a pas de bonheur dans la haine". Qui ose encore écrire de telles choses ?
Abd El Malik, en "slameur" de grand talent, a évidemment le sens de la formule qui claque et qui touche. Paraphrasant Camus dans le mythe de Sisyphe, il écrit : "Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : le vivre-ensemble."
Et ose sa réponse : "L'absurde et la révolte ne sont que des rites de passage, un chemin nécessaire menant à l'amour."

Il y aurait tant de choses à dire sur ce livre.
Un beau livre ou plutôt un libre beau.



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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Le Camus austère qu'on respecte, envie et craint parce qu'on voit en lui l'adversaire irréductible de tous les abus et de toutes les injustices, est l'incarnation même de cette sainteté laïque. (...)
Précurseur solitaire, Camus est aux avant-postes, mais sa démarche est solidaire. Il est tous les personnages du roman, qui luttent chacun à leur manière contre la peste. Il est tous les hommes, avec tous et sans exception. C'est en cela que -La Peste- magnifie la solidarité. (p. 120)
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"L'écrivain [ que j'assimilais déjà au rappeur] peut retrouver le sentiment d'une communauté vivante qui le justifiera, à la seule condition qu'il accepte, autant qu'il peut, les deux charges qui font la grandeur de son métier: le service de la vérité et celui de la liberté. (...)
Quelles que soient nos infirmités personnelles, la noblesse de notre métier s'enracinera toujours dans deux engagements difficiles à maintenir : le refus de mentir sur ce que l'on sait et la résistance à l'oppression" (p.76 ) [Discours de suède]
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Je voyais déjà Camus comme un grand de ma cité. Un de ceux qui traînent au bas de l'immeuble. Pas ces autres, débraillés, qui vendent de la drogue, braquent des banques ou fument du shit tous les jours en vociférant. Non, il est de ceux assis juste à côté d'eux, et dont la sagesse en impose. Silencieux, leurs mots sont pesés, leurs gestes réfléchis. Chacun de leurs actes est un de ces diamants bruts qui irradient les halls, rythment les après-midi trop longs à attendre on ne sait quoi.
sans le comprendre tout de suite, ce sont ces grands frères là qui nous bouleversent profondément, au fur et à mesure, et à tout jamais. Aujourd'hui, je le sais-
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Pouvoir se retrouver dans une position
où l'on peut choisir ses héros
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Dans la banlieue d'Alger, il y a un petit cimetière aux portes de fer noir. Si l'on va jusqu'au bout, c'est la vallée que l'on découvre avec la baie au fond. On peut longtemps rêver devant cette offrande qui soupire avec la mer. Mais quand on revient sur ses pas, on trouve une plaque "Regrets éternels", dans une tombe abandonnée. Heureusement, il y a les idéalistes pour arranger les choses." - Albert Camus- extrait de "Un jour entier sans controverse", recueilli dans "Fenêtres dormantes et porte sur le toit, Gallimard, 1979. (p.90)
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La littérature de Camus, c'est l'histoire que ne nous racontent pas les chaînes d'info en continu, la série que ne diffuse aucune chaîne de télé ou plate-forme de streaming, le film qu'aucun complexe de ciné ne projette et dont pourtant tous les spectateurs du monde saisissent intimement l'urgence et la portée. Le cinéma-vérité de Camus n'est donc jamais un combat d'opinion, mais un combat d'implication. Dans cette idée, il n'y a pas de vérité incontestable sans volonté de justice pour tous. (p. 164)
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