De père écossais et de mère sud-africaine, cet observateur désabusé des révoltes individuelles comme d'une société qui bride les instincts et le goût du bonheur dépeint ici avec mordant la crise de la quarantaine......
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- Je pourrais aussi emmener un homme, mais comment le prendrait-elle ?
Meg entendait Miss Corrigan remuer dans le couloir, sans aucun doute irritée d'être ainsi chassée de son petit bureau bien chauffé.
- Je ne sais pas, Poll. Je ne connais pas ta tante...
- Oh ! elle ressemble à toutes les tantes... Quand même, je crois que je ferais mieux d'amener une femme. Qui me suggères-tu ?
- Je ne vois vraiment pas. Miss Corrigan attend dehors...
- Qui est-ce, celle-là ?
- La directrice de l'école.
- Je n'ai pas l'impression qu'elle ferait l'affaire : tante Mary a dit "une amie"... Au fait, pourquoi attend-elle dehors ? Elle ne sait pas où aller ?
- Je suis dans son bureau, elle attend que nous ayons fini de parler.
- Pourquoi ? Nous ne parlons pas d'elle... En tout cas, c'est toi qui as commencé.
- Il faut que je raccroche maintenant, Poll.
C'est ainsi que débuta pour Meg une vie faite de dictées, d'exercices de sténographie, de travail à la machine à écrire et à polycopier, dans un décor d'anciens salons et d'anciennes chambres à coucher qui donnaient sur un jardin, et d'anciennes chambres de bonnes qui ne donnaient sur rien du tout. Seuls les lambris repoussés et les boutons de porte en porcelaine blanche et or rappelaient inutilement la splendeur victorienne de jadis. Pour le reste, avec leurs bureaux et leurs fauteuils mobiles, les pièces étaient d'une froideur "fonctionnelle", les murs d'un bleu et d'un blanc de glace ; mais chaque pièce, contrairement au bureau de Miss Corrigan, avait le chauffage centra, et l'éclairage était bon. Pour déjeuner, Meg mangeait des petits pains avec du fromage ou des sardines et buvait un bol de potage à la tomate, en bavardant avec les autres élèves. Elle les trouvait sans intérêt, mais d'un commerce facile. Lorsqu'elle préférait lire un livre en avalant son déjeuner, aucune n'en paraissait offensée. Comme l'avait prédit Miss Corrigan, son travail mobilisait toutes ses forces et ses pensées.
Il se prenait à espérer qu'ailleurs aussi des êtres, pareils à Robinson Crusoé, édifiaient de petits îlots de travail et de plaisir volontairement simples, dans une solitude librement consentie - de petits îlots qui, si par miracle le chaos était évité, donneraient à l'activité des hommes un nouveau départ, plus modeste.
- Peut-être feriez-vous mieux de voir M. Sczekely lui-même, dit-elle.
- Oui, je le crois aussi. Où est-il ?
- Il est absent pour tout l'après-midi.
- Sans blague ! s'écria Poll. Alors, pourquoi me dire que je devrais le voir ?
Le passé nous offre assez de grandeur pour que nous nous en passions pendant des siècles. Même si un Beethoven apparaissait aujourd'hui, je ne l'encouragerais pas.
Claude Santelli sur
Charles DickensJacques LEGRIS présente "Le monde de
Charles Dickens",
biographie de l'
écrivain anglais par
Angus WILSON. Claude SANTELLI qui a adapté et réalisé de nombreux DICKENS dont les plus importants, "
David Copperfield" et "
Les Grandes espérances" parle de ces deux oeuvres et raconte une
anecdote de
GIONO à propos des "Grandes Espérances".