Les yeux fermés

Ce livre coche pas mal de cases de la série « thriller qui pourrait me laisser sur le bord du chemin ». Une disparition, certes, mais une seule – même pas l'ombre crédible d'un tueur en série, a priori ! -. C'est cru, mais pas sanglant. Et, pour l'essentiel, on hante les pensées de la narratrice, Lianna qui cherche à reconstruire l'image de sa mère, à comprendre qui était cette femme qu'elle connaissait si bien tout en en ignorant tant de facettes. Et, alors qu'elle même est à l'âge de s'engager dans une aventure sentimentale, elle découvre qu'elle ignore également beaucoup de choses sur le couple formé par ses parents.

Bref, tout cela pourrait être mièvre, un peu sirupeux. Mais non, c'est plutôt efficace.

Pourtant, dès la page 113, j'ai commencé à me douter des deux ou trois lignes de force de l'histoire, mais ce n'est pas vraiment dérangeant. La construction de l'histoire fait que cela n'est pas vraiment gênant que les lecteurs puissent deviner certains éléments.

En y réfléchissant une fois le livre refermé, je réalise même que, contrairement à ce que j'ai pu penser longtemps, je n'ai pas forcément besoin de m'attacher à un personnage. En revanche, il est indispensable que les personnages me paraissent crédibles. Pas qu'ils soient intéressants ou attachants ou séduisants, mais crédibles. Crédibles dans leur humanité, crédibles dans leurs actes, crédibles dans leur noirceur, aussi, pour certains.

Et, dans ce roman, j'ai trouvé cela. Une histoire solide, des informations que j'ignorais – c'est toujours agréable d'apprendre des choses à l'occasion d'une lecture -. Largement de quoi passer un agréable moment de lecture !
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Annalee, épouse et mère de 2 filles, disparaît. Souffrant de parasomnie, certains émettent l'hypothèse que sa disparition pourrait être liée à ce trouble du sommeil. Mais le temps passe et elle ne revient pas. La police enquête, dont plus particulièrement un inspecteur souffrant des mêmes troubles et qui l'a bien connu.

C'est un thriller psychologique plutôt bien construit. Cette histoire traite des parasomnies, certaines plus connues que d'autres ; pour ma part, j'ai découvert grâce à ce roman la sexsomnie (j'ai vérifié, ça existe bien). Les personnages sont bien décrits, les différents types de parasomnie également mais sans étouffer l'histoire. Plusieurs pistes abordées pour un final surprenant. Un bon suspense, un sujet original, une lecture intéressante et instructive.

« Je suis terrifiée par cette noire entité qui sommeille en moi »

Je me tourne rarement vers les thrillers domestiques-psychologiques, pour en apprécier un il faut en lire dix, et ils finissent par tous se ressembler. Cette année j'en lis volontairement très peu, et finalement ça permet de les apprécier à leur juste valeur.

D'ailleurs je classerai davantage Les yeux fermés dans le roman noir plutôt que le thriller, par son rythme et son atmosphère.
Voilà qui explique peut-être pourquoi j'ai succombé au style soigné et délicat de Chris Bohjalian dès les premières lignes.

L'histoire met en avant la disparition d'une mère de famille qui disparaît un soir d'été de l'an 2000, alors que les recherches ne donnent rien, ses deux filles restent persuadées que le corps de leur mère repose au fond de la rivière du comté et qu'il est possible qu'elles tombent dessus un jour lors de leurs recherches.

« Avant la disparition de notre mère, je doute qu'elle ou moi aurions jamais associé une pierre à un crâne ; il était désormais inévitable que nous le fassions ».

Dès le premier chapitre la tonalité est assez noire. On est complètement impliqué dans le récit de Lianna qui raconte les faits, et comment elle, sa soeur et son père ont dû y faire face. Lors de flashbacks elle passe en revue leurs émotions, le poids de la culpabilité devant leur impuissance face au somnambulisme de leur mère et sa disparition. Lianna va tenter de comprendre ce qui a pu se passer cette nuit là. Il n'y aura pas vraiment d'enquête policière, ni de rebondissements et d'invraisemblances ( comme quoi c'est possible ! ) l'histoire est assez lente et pourtant les doutes persistent dans une atmosphère glaçante.

Tout reste mystérieux parfois vaporeux.

Un léger bémol à la moitié qui perd un peu de cette ambiance sombre au profit d' une relation qui ralentit à mon sens le rythme. Même si on se doute que cela soit nécessaire au suspens déjà bien entretenu par la thématique du somnambulisme, et ce qui l'entoure, et qui s'insère intégralement et parfaitement dans l'histoire. Tout semble crédible c'en est presque effrayant, même si parfois ça manque de palpitant, c'est captivant de bout en bout, avec une fin particulièrement réussie !

Pour quelqu'un comme moi qui ne trouve plus aucune saveur dans le thriller psychologique, je ne regrette pas ma lecture. Si vous n'êtes pas trop regardants sur le rythme, que vous aimez les narrations bien écrites et immersives je vous le recommande.

Au fil des ans, je lis de moins en moins de polars au profit de la littérature blanche. Cependant, le roman policier est un genre littéraire que j'aime beaucoup, tout particulièrement – vous vous en doutez – le thriller psychologique.

J'ai découvert Chris Bohjalian en 2017, avec son roman policier, « l'imprévu », que j'avais beaucoup apprécié. L'auteur montrait un don tout particulier pour balader son lecteur et le mener par le bout du nez jusqu'au dénouement final inattendu. J'avais donc hâte de lire ce nouveau polar !

L'histoire s'ouvre sur la disparition d'Annalee Ahlberg, une femme bien sous tous rapport, mère et épouse comblée. En apparence, seulement. Parce qu'Annalee souffre de crises de somnambulisme. Dès lors, sa disparition revêt un caractère étrange et suscite de nombreux questionnements, notamment sur les circonstances de sa disparition. Les mois passent et Annalee est toujours introuvable. Est-elle morte, noyée dans la Gale, ce cours d'eau qui s'écoule non loin du domicile conjugal ? Ou aura-t-elle fait une mauvaise rencontre lors de sa sortie nocturne ?

Si son mari, Warren, semble convaincu que sa femme est morte noyée, ses filles, quant à elles, se posent de nombreuses questions et tentent coûte que coûte de démêler le vrai du faux. A mesure que la vie d'Annalee nous apparaît de plus en plus complexe, ce sont également tous les secrets des autres membres de la famille qui seront déterrés… pourtant, toute vérité n'est peut-être pas bonne à dire.

Si j'ai été moins emballée par ce roman que par son précédent, j'ai beaucoup aimé en apprendre davantage sur le somnambulisme. L'auteur a fait un réel travail de recherches sur le sujet et j'ai énormément aimé découvrir plus en détail cette pathologie dont, finalement, je ne connaissais que très peu de choses.

Au-delà de ça, j'ai été assez dérangée par la trame narrative du roman : écrit à la première personne du singulier – par la fille aînée d'Annalee – j'ai été dérangée par la distance que la narratrice met entre sa mère et elle, ce qui à mon sens, amène une certaine froideur au récit et m'a empêché de me sentir réellement impliquée dans l'histoire. Ainsi, je n'ai ressenti d'empathie pour aucun des personnages… et c'est fort dommage.

Je ne dirais pas que je n'ai pas aimé… mais je ne peux pas vous dire non plus que je n'ai pas été déçue.

Bartlett, dans le Vermont — Nouvelle-Angleterre

Lianna nous raconte l'histoire de sa famille, pourquoi sa vie a basculé, un jour de fin août début des années 2000.

Paige et sa soeur aînée, Lianna, n'ont pas perdu tout espoir de retrouver leur mère disparue lors d'une de ses crises de somnambulisme.
Elles parcourent de long en large une rivière et les bois entourant leur maison du Vermont.
Il devient chaque jour plus difficile de feindre l'optimisme.

La seule preuve retrouvée est un morceau du pyjama de leur maman.
Lianna se sent coupable de ne pas avoir entendu leur mère sortir comme les autres fois.
Ce n'était plus arrivé depuis que leur mère prend un traitement reçu au centre du sommeil.
Des crises de somnambulisme étranges qui surviennent uniquement quand leur père, Warren, est en déplacement. Ce sont leur seul point commun.
Cela fait 4 années qu'il n'y avait plus eu aucun épisode.
Personne n'a pu expliquer pourquoi ces épisodes de parasomnies ne surviennent que quand son époux est absent.

Des tensions entourent le couple

Insomnies et parasomnies, les rêves et les cauchemars.

Annalee a-t-elle disparu volontairement ? Est-elle tombée quelque part et n'a plus su se relever ? Quelqu'un lui a-t-il fait du mal ? Enlevé ? Ce sont les questions que tu te poses et que ses filles surtout Lianna se posent. Lianna se questionne beaucoup sur le passif de sa mère, elle interroge les personnes qui la connaissaient bien.
Pourquoi ? Ou ? Qui, était-elle encore vivante quelque part ?

Lianna organise des spectacles de magie pour les enfants.
En attendant le possible retour de sa mère, elle gère sa petite soeur et son père. Tout ce qui a trait au quotidien.
Elle est le ciment de cette famille dévastée.
Elle est plutôt cynique, mais attachante, elle a vécu dans son enfance elle aussi des crises de somnambulisme, mais qui se sont terminées en grandissant.
Pas de périodes aussi dangereuses que sa mère. C'était 10 ans avant sa maman.
Lianna l'a trouvé une nuit debout sur le pont enjambant la rivière.
Lianna 21 ans assume les responsabilités avec la gravité d'un adulte. Elle a pourtant besoin d'être rassurée. Soutenue.
Sa vie a changé d'un coup, elle a arrêté l'université, elle ne sait pas si elle y retournera.

L'inspecteur Rikert enquête sur cette disparition. Il a demandé à rejoindre l'équipe, car il a connu la disparue, il allait au centre du sommeil à la même époque.
Cet homme est étrange. Plutôt direct avec Lianna, plus âgé qu'elle, et il a une manière de lui tourner autour qui m'a dérangée, mise mal à l'aise.

Des pages écrites en italique sont insérées entre les chapitres, il s'agit des rêves ou des cauchemars de quelqu'un. Une explication qu'elle donne ? Qu'elle écrit ?
Un journal des rêves

Je suis plutôt mitigée sur ce titre.
Si j'ai aimé la dimension psychologique du récit, je n'ai pas aimé le traitement de l'intrigue.
Je ne suis pas prude, mais toutes les pages autour de la sexsomnie sans aucune réelle explication médicale ou scientifique n'apportent rien et m'ont mis mal à l'aise.
La fin par contre m'a plus même si je l'avais deviné assez tôt sans réelle certitude, car le mystère autour de la disparue est quand même bien dense.
Tous les personnages paraissent suspects.
J'aurais aimé que l'auteur traite plus en profondeur certains aspects notamment, il écrit de nombreuses fois que Annalee a fait 5 fausses couches, était dépressive, mais c'est tout, on reste avec nos interrogations. Comment elle se comportait, on ne l'explique pas, de plus, avec la résolution de l'énigme je ne vois pas ce que cela amenait à l'intrigue ?
Honnêtement, il y avait la moitié des pages en trop.
Trop de détails inutiles ont nui à ma lecture, mais je n'ai pas pour autant détesté ma lecture.
C'est un thriller psychologique plutôt moyen.





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