Beaux Arts Magazine
Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
132 pages
Beaux Arts & Cie (01/04/2021)
Beaux Arts & Cie (01/04/2021)
Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Beaux arts magazine, n°442 - Avril 2021
de Matisse à James Turrell
Les révolutions de la couleur
Histoire du mois
Les frères Flandrin ou le sublime classicisme du XIXe siècle
L'affaire Ruffini
L'histoire folle de faussaire de génie
de Matisse à James Turrell
Les révolutions de la couleur
Histoire du mois
Les frères Flandrin ou le sublime classicisme du XIXe siècle
L'affaire Ruffini
L'histoire folle de faussaire de génie
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Critiques, Analyses et Avis (1)
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Trois choses m'ont particulièrement intéressée dans ce numéro :
- « Histoires extraordinaires de pigments insolites. » On connaît bien la cochenille, ce minuscule insecte dont la réputation n'est plus à faire, qui, séché, ébouillanté, broyé nous offre depuis des millénaires un colorant d'une intensité magnifique passant du carmin au pourpre ou rose étincelant, mais connaît-on le bleu égyptien obtenu à partir de verre ? le «brun momie » fait de restes humains ? qui est ce mollusque qui nous fournit la pourpre impériale ? On va de surprises en surprises dans cet article qui aurait bien mérité un dossier « grand format ».
- L'affaire Ruffini, une gigantesque affaire de faux tableaux de maîtres qui a éclaboussé le marché de l'art et à propos de laquelle Vincent Noce a enquêté pendant plusieurs années et vient de publier un brûlot. Ça tombait à pic, je viens justement de l'acheter…
- Un excellent papier sur les frères Flandrin : Hippolyte, Auguste et Paul, d'origine lyonnaise, à l'occasion d'une exposition qui leur est consacrée au musée des Beaux-Arts de Lyon du 27 mars au 27 juin. Ces trois-là ne sont guère connus que des seuls spécialistes du 19e pour ne pas dire qu'ils sont tombés dans l'oubli, et encore, connu surtout concernant Hippolyte qui a récemment « fait parler de lui à l'occasion d'un triste fait divers : la destruction du tableau « Saint Clair guérissant les aveugles » dans l'incendie criminel qui a ravagé la cathédrale de Nantes le 18 juillet 2020...
Bon, sinon à part ça, il paraît que la tour Eiffel va changer de couleur. Devant être repeinte tous les sept ans, cette fois ce sera en ocre jaune, coût du chantier 40 M€ les amis, une consommation… essentielle.
- « Histoires extraordinaires de pigments insolites. » On connaît bien la cochenille, ce minuscule insecte dont la réputation n'est plus à faire, qui, séché, ébouillanté, broyé nous offre depuis des millénaires un colorant d'une intensité magnifique passant du carmin au pourpre ou rose étincelant, mais connaît-on le bleu égyptien obtenu à partir de verre ? le «brun momie » fait de restes humains ? qui est ce mollusque qui nous fournit la pourpre impériale ? On va de surprises en surprises dans cet article qui aurait bien mérité un dossier « grand format ».
- L'affaire Ruffini, une gigantesque affaire de faux tableaux de maîtres qui a éclaboussé le marché de l'art et à propos de laquelle Vincent Noce a enquêté pendant plusieurs années et vient de publier un brûlot. Ça tombait à pic, je viens justement de l'acheter…
- Un excellent papier sur les frères Flandrin : Hippolyte, Auguste et Paul, d'origine lyonnaise, à l'occasion d'une exposition qui leur est consacrée au musée des Beaux-Arts de Lyon du 27 mars au 27 juin. Ces trois-là ne sont guère connus que des seuls spécialistes du 19e pour ne pas dire qu'ils sont tombés dans l'oubli, et encore, connu surtout concernant Hippolyte qui a récemment « fait parler de lui à l'occasion d'un triste fait divers : la destruction du tableau « Saint Clair guérissant les aveugles » dans l'incendie criminel qui a ravagé la cathédrale de Nantes le 18 juillet 2020...
Bon, sinon à part ça, il paraît que la tour Eiffel va changer de couleur. Devant être repeinte tous les sept ans, cette fois ce sera en ocre jaune, coût du chantier 40 M€ les amis, une consommation… essentielle.
Citations et extraits (6)
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Si les couleurs ne sont pas des sensations, que cherchaient à peindre les impressionnistes ?
« Peindre une sensation » n’a pas grand sens. Où est votre sensation de l’anorak rouge de la dame assise là-bas ? Le rouge que vous percevez est une qualité de l’objet, non une simple sensation. Ce qu’a fait l’impressionnisme, en réalité, c’est trouver un système de correspondances très raffiné entre les couleurs pigmentaires et l’intensité de la lumière, pour fournir un équivalent des contrastes de luminosité à travers les contrastes chromatiques. Comme Monet avec ses Coquelicots (1873), où s’entrechoquent le vert et le rouge, restituant ainsi quelque chose de la luminosité du jour.
Au concept de la sensation, qui me semble peu éclairant pour la couleur, je préfère opposer le concept du « sentir », élaboré par le phénoménologue et neurologue Erwin Straus (Du sens des sens, 1935). …/… Ce « sentir » est une « communication vitale » avec notre environnement, comme le définit encore Maurice Merleau-Ponty.
Les peintres ont pris en compte les dimensions affectives, émotionnelles, symboliques des couleurs, évidemment, mais pour eux la couleur était aussi le lieu d’une opération de dévoilement du monde.
(Claude Romano : De la couleur, Ed Gallimard-janvier 2021)
« Peindre une sensation » n’a pas grand sens. Où est votre sensation de l’anorak rouge de la dame assise là-bas ? Le rouge que vous percevez est une qualité de l’objet, non une simple sensation. Ce qu’a fait l’impressionnisme, en réalité, c’est trouver un système de correspondances très raffiné entre les couleurs pigmentaires et l’intensité de la lumière, pour fournir un équivalent des contrastes de luminosité à travers les contrastes chromatiques. Comme Monet avec ses Coquelicots (1873), où s’entrechoquent le vert et le rouge, restituant ainsi quelque chose de la luminosité du jour.
Au concept de la sensation, qui me semble peu éclairant pour la couleur, je préfère opposer le concept du « sentir », élaboré par le phénoménologue et neurologue Erwin Straus (Du sens des sens, 1935). …/… Ce « sentir » est une « communication vitale » avec notre environnement, comme le définit encore Maurice Merleau-Ponty.
Les peintres ont pris en compte les dimensions affectives, émotionnelles, symboliques des couleurs, évidemment, mais pour eux la couleur était aussi le lieu d’une opération de dévoilement du monde.
(Claude Romano : De la couleur, Ed Gallimard-janvier 2021)
A-t-on le droit d’acquérir une couleur ?
Non, c’est légalement impossible car il existe un intérêt général à rendre les couleurs disponibles pour tous. Mais il existe des exemples d’appropriation d’une couleur, soit à travers le droit des marques, soit à travers le droit des brevets. En droit des marques, la jurisprudence communautaire exclut le dépôt d’une couleur comme marque : il ne serait pas possible, par exemple, de déposer le vert pour du bio. Sauf dans des cas exceptionnels où la marque désignerait des produits ou services très limités, dans une association qui serait inhabituelle et pour un usage, ancien et connu, sui serait devenu distinctif.
Quelles sont ces exceptions ?
Hermès a pu obtenir le dépôt du célèbre orange comme marque, pour la France seulement. En matière de brevet, Anish Kapoor a obtenu une licence d’exploitation sur une peinture dénommée Vantablack, noire, brevetée qui présente la spécificité technique d’absorber quasiment toute la lumière. L’artiste n’a pas eu l’exclusivité sur la couleur noire en général, mais juste sur la technologie de cette peinture spécifique dans le domaine artistique.
Non, c’est légalement impossible car il existe un intérêt général à rendre les couleurs disponibles pour tous. Mais il existe des exemples d’appropriation d’une couleur, soit à travers le droit des marques, soit à travers le droit des brevets. En droit des marques, la jurisprudence communautaire exclut le dépôt d’une couleur comme marque : il ne serait pas possible, par exemple, de déposer le vert pour du bio. Sauf dans des cas exceptionnels où la marque désignerait des produits ou services très limités, dans une association qui serait inhabituelle et pour un usage, ancien et connu, sui serait devenu distinctif.
Quelles sont ces exceptions ?
Hermès a pu obtenir le dépôt du célèbre orange comme marque, pour la France seulement. En matière de brevet, Anish Kapoor a obtenu une licence d’exploitation sur une peinture dénommée Vantablack, noire, brevetée qui présente la spécificité technique d’absorber quasiment toute la lumière. L’artiste n’a pas eu l’exclusivité sur la couleur noire en général, mais juste sur la technologie de cette peinture spécifique dans le domaine artistique.
Italie.
La bibliothèque d’Umberto Eco deux fois sanctuarisée. « La lecture, c’est l’immortalité à rebours », écrivait-il. La bibliothèque du grand médiéviste italien, riche de 35 000 titres, va être confiée pour une durée de 0 ans à l’Alma Mater, l’université de Bologne où l’intellectuel a enseigné plus de quarante ans. Quant à ses 1200 volumes les plus anciens et les plus rares –sa « Bibliotheca Semiologica Curiosa Lunatica Magica et Pneumatica » - ils seront, eux, vendus pour 2 M€ à la Bibliothèque nationale de Brera où le public pourra les consulter.
La bibliothèque d’Umberto Eco deux fois sanctuarisée. « La lecture, c’est l’immortalité à rebours », écrivait-il. La bibliothèque du grand médiéviste italien, riche de 35 000 titres, va être confiée pour une durée de 0 ans à l’Alma Mater, l’université de Bologne où l’intellectuel a enseigné plus de quarante ans. Quant à ses 1200 volumes les plus anciens et les plus rares –sa « Bibliotheca Semiologica Curiosa Lunatica Magica et Pneumatica » - ils seront, eux, vendus pour 2 M€ à la Bibliothèque nationale de Brera où le public pourra les consulter.
Le bleu n'a pas de dimension, il est hors dimension(...). Toutes les couleurs amènent des associations d'idées concrètes (...), tandis que le bleu rappelle tout au plus la mer et le ciel, ce qu'il y a de plus abstrait dans la nature tangible et visible.
Je montrerai tout. Mon cœur, mes émotions. Vert-rouge-jaune-bleu-violet. Haine-amour-rire-peur-tendresse.
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