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Critique de Ys


Ys
27 novembre 2016
1624. Alors qu'à la cour se négocie péniblement le mariage de la princesse Henriette, soeur de Louis XIII, avec le prince de Galles, futur Charles Ier d'Angleterre, le jeune Louis Fronsac, fils de notaire, entre comme interne au collège jésuite de Clermont. La vie qui l'y attend, d'une implacable austérité, ne semble guère ouvrir à l'aventure - et pourtant ! Les très pieux élèves se révèlent bien moins sages que prévu, des voleurs redoutables sévissent dans les rues de Paris, une épidémie se déclenche, des relations imprévues se nouent, des espions se dissimulent pas bien loin et à la nuit tombée, à travers le plancher, des bribes de conversations de toute évidence secrètes finissent par attirer l'attention du jeune garçon. Ces dignes pères jésuites ne seraient-ils pas en train de comploter contre le mariage anglais ? C'est que l'ordre a été largement persécuté, en Angleterre, sans compter que les espagnols voient d'un assez sale oeil cette union impie qui les isole.
Reste à savoir ce qu'on peut faire, quand on est un gamin de 12 ans et qu'on découvre un complot politique. Se servir de son cerveau, déjà, aller chercher ses alliés aussi haut que l'on peut, oser, enfin ! Par souci de justice et surtout pour la reine.

La célèbre affaire des ferrets, présentée d'un tout autre point de vue que celui de Dumas, avec un jeune roturier, futur enquêteur, à la place de l'impétueux D Artagnan : l'idée était séduisante et si le résultat n'a certes pas le panache et l'ampleur des Mousquetaires, s'il ne manque même pas de défauts, l'interprétation politique de l'affaire est aussi nettement plus fine, plus intéressante, servie par un scénario de fond assez bien ficelé.
Sur la forme, en revanche, quelques facilités, trop heureuses coïncidences, huilent un peu trop bien l'enchaînement des événements. L'écriture, qui plus est, se fait souvent trop didactique à mon goût - de celles qui cherchent trop visiblement à instruire leur lecteur sur l'époque évoquée, et perdent du coup considérablement en puissance évocatrice, en poésie. J'avais connu Jean d'Aillon plus inspiré, d'un style bien plus original, notamment dans l'Obscure mort des ducs et autres aventures du brigand Trois-Sueurs.
Reste qu'on apprend beaucoup de choses, sur la vie quotidienne à Paris en ce temps-là, sur l'enseignement des collèges jésuites, sur les complexités politiques et religieuses de la nouvelle alliance franco-britannique que l'auteur expose de manière claire et intéressante. le lien entre le complot, tel qu'il nous apparaît peu à peu, et l'affaire des ferrets, telle que L Histoire nous l'a transmise, reste assez longtemps mystérieux pour titiller la curiosité du lecteur. Il se résout finalement de manière très réussie, dans un épilogue qui rend enfin le beau rôle à la reine Anne d'Autriche, femme de tête, femme politique, et non plus amoureuse inconséquente à la mode romantique. Rien que pour ça, ma foi, ça vaut le coup !

Une lecture agréable, parfaite à glisser entre deux textes plus littéraires ou exigeants. Jean d'Aillon a écrit un paquet de romans sur les aventures de Louis Fronsac, que j'irai découvrir avec plaisir à la suite ce celui-là.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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