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EAN : 9782373050547
520 pages
Aux forges de Vulcain (15/03/2019)
3.95/5   21 notes
Résumé :
« Nous sommes nés monstrueux et notre vie fut belle ».

Nous sommes en Italie. Dans une Italie fantastique, pleine d’anarchistes, d’assassins, de femmes rebelles, de prêtres défroqués, de diables athées et d’animaux plus ou moins domestiques. Raphaël et Gabriel naissent dans une famille de marins et de contrebandiers. Ils sont siamois. Bien que monstrueux, ils ont un don magique. Leur chant leur permet de tordre la réalité, d’accomplir des miracles, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
« Souviens-toi des monstres » est un allié, un sauveur du Verbe. Ce genre de roman nommé culte, garant de l'apothéose littéraire. Hors norme, atypique, il fusionne entre l'ombre et la lumière. Puissamment écrit, dans cette croisée infinie hors du temps et de l'espace. Ce roman relève d'un génie. D'un auteur qui sait et perçoit l'heure la plus belle pour affûter ses mots, l'heure grave où le verbe prend racine. L'histoire est riche de sens, de réflexions, d'entrelacs philosophiques et ésotériques. le rideau se lève sur du Fantastique, de l'Historique. Les couleurs encensent la profondeur du puits. L'Italie est le kaléidoscope de ce monde particulier où se côtoie l'Imaginaire, le noble de cette poésie couronnée d'un autre temps. Car tout est beau et grave dans cette délivrance. Les monstres ne sont que l'écorce et le visible des apparences. Gabriel et Raphaël sont les protagonistes principaux. Siamois, ils sont l'emblème du divin. Cette traversée de la lumière et les voix majestueuses de ce chef-d'oeuvre. »Le prêtre accepta de nous baptiser. L'un suggéra Caïn et Abel, ou Castor et Pollux, ou Aleph et Beleph. Sofia s'interposa.. Qu'au moins leurs noms soient simples. Elle opta pour Raphaël et Gabriel. Une façon de signifier que nous n'étions pas tout à fait des hommes ni totalement des monstres. »516 pages alloués à la rime enivrante et réfléchie. « Mes frères magnifiques. le jour de votre départ, j'ai planté un grenadier… » Leurs chants, langages emblématiques est ce pas de côté qui élève et change les apparences trompeuses en miracles salvateurs. Ici, dans ce roman l'intériorité est d'orfèvre. le monde, un char picaresque dont les traces dans l'encre de « Souviens-toi des monstres » sont une consécration à l'argile créatrice. « Nos paroles devinrent lithanie, énumération, succession de noms et par ce troisième qui était en nous, ce chant fut un baptême , une délivrance, l'offrande secrète d'un temps supplémentaire minuscule et essentiel ». La page 96 est la picturale traversée littéraire, une ovation au summum. « Raphaël évoqua la joie calme du monde physique, l'harmonie des gestes, la proportion des formes »Ce roman salvateur , enrichissant est une prouesse. « N'importe quel alchimiste sait que le sel, le souffre et le mercure dont on parle, ce sont des symboles, des métaphores.» Publié par Les Editions Aux forges de Vulcain, « Souviens-toi des Monstres »de Jean-Luc A. D'Asciano plus qu'un symbole est une page criante de vie et d'intelligence.
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Premier roman de Jean-Luc A. d'Asciano, Souviens-toi des monstres conte l'histoire de Gabriel et Raphaël, frères siamois nés sur une île non loin des côtes italiennes. En plus de leurs trois jambes et d'une partie de leur corps, ils partagent le don de modeler la réalité à leur guise lorsqu'ils chantent. Aventure, magie et voyage, ce roman acquis lors de Livre Paris 2019 promettait d'être une bonne lecture. Il m'offrait en outre l'occasion de découvrir la maison d'édition « Aux Forges de Vulcain« , dont la ligne éditoriale à la croisée de la philosophie et de la littérature, dépassant la barrière entre les genres, avait tout pour me plaire. L'écriture maniérée, l'histoire sans envergure et les personnages incohérents de ce récit m'ont malheureusement laissée sur ma faim.

Gabriel et Raphaël sont tour à tour narrateurs de Souviens-toi des monstres : leurs voix contradictoires sont l'ombre et la lumière du monde qu'ils dépeignent. Autour des siamois gravitent des personnages secondaires rivalisant de platitude et de discrétion. Leur mère ne dit pas un mot en plus de 500 pages ; la soeur qui les élève ne parle presque pas et leur petite soeur est invisible. Leurs aînés pourraient être intéressants si leurs prénoms n'étaient pas révélés au compte-goutte, plus de 100 pages après le début de l'histoire : « l'Aîné, le Deuxième, le Troisième et le Quatrième » sont des désignations qui permettent difficilement de s'attacher à des protagonistes. L'auteur abuse également de jeux de mots hors de propos au vu de la personnalité de ses narrateurs : je ne compte plus les fois où, songeant à leur mère, Gabriel et Raphaël invoquent la mer…

Si j'ai apprécié les passages où les frères chantent, pleins de poésie et de mystère, l'histoire de leur vie ne m'a pas fait voyager. La quatrième de couverture m'avait fait espérer un périple à travers l'Italie et non un aller-retour sur une ville côtière, où le pouvoir de changer la réalité sert à combattre de petits contrebandiers que l'on fait survivre 300 pages en trop sans explication valable. En dépit du tragique de leur situation, les siamois ont une enfance heureuse, bercée de douceur et d'amour, longuement et inutilement détaillée. Peut-être est-ce pour introduire une ombre dans ce tableau que Jean-Luc A. d'Asciano se plaît à multiplier les sous-entendus, apportant des réponses de manière aléatoire à des pistes de lecture aussi nombreuses qu'obscures. La magie d'une prostituée inuit se mêle à la quête étrange d'un policier mystérieux ; certains personnages aspirent à la mort et au désespoir sans raison ; anarchistes, militaires, espions et contrebandiers gravitent autour d'un prince inexistant ; un diablotin vulgaire et logorrhéique ajoute ses affaires à l'histoire comme un cheveu sur la soupe… Les bonnes idées de Souviens-toi des monstres sont gâchées par ce propos confus.

Le titre même du roman me paraît toujours aussi incompréhensible, et je me suis demandée plusieurs fois au fil de ma lecture si ce manque de clarté ne venait pas de mes piètres lumières. D'autant que si le résumé situe l'histoire en Italie, à aucun moment il n'est fait mention d'une époque, de sorte que je me suis crue tour à tour à la Renaissance, aux Lumières, à l'ère industrielle et à l'aube de la Révolution Russe.

Pauline Deysson - La Bibliothèque
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Malgré la cruauté, le destin de ces siamois, et les circonstances, cette histoire nous plonge en nous-même, dans l'histoire des Hommes, de la littérature, de la religion. Tout s'ouvre devant nous, s'étale et ne peut que vous inciter à tourner les pages, vite, avec délectation !
Certes, c'est un pavé, fort bien écrit, avec un lyrisme et une culture intéressants… c'est original et les liaisons entre les passages sont fluides, agréables et on s'émeut souvent (autant que l'on sourit).
Dès la première page, c'est l'effet que cela crée…
Allez-y, plonger dans l'univers de Gabriel et Raphaël…
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Des monstres merveilleux, des miracles sordides, des diables athées et des prêtres assassins : rien n'est simple dans ce roman foisonnant. Jean-Luc D'Asciano mélange allègrement registres littéraires et jeux de mots, avec des personnages aussi poétiques que maléfiques. Des frères tentent d'échapper à une malédiction familiale, tout en appréhendant le monde qui les entoure et l'univers invisible. Rois des mers et des enfers, phénomènes de foire, leur destinée sera hors du commun.
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« Souviens-toi des monstres » est un livre fou et étrange, à mi-chemin entre un Game of Thrones carnavalesque écrit par Le Comte de Lautréamont et un conte poétique plein de bonté qui convoque un paquet de figures tutélaires de la littérature française et italienne (chaque personnage du livre est d'ailleurs peut-être l'incarnation d'un écrivain, d'un cinéaste ou d'un dessinateur). La magie et le fantastique y sont magnifiquement utilisés. Ils permettent aux personnages de se transfigurer, non pas pour devenir des héros, mais pour réinventer / réenchanter / sauver la cité et ce jusqu'au climax final.
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critiques presse (1)
LeMonde
26 juillet 2019
L’une des plus détonantes razzias littéraires de cette saison, un vol-au-vent somptueux, un cocktail fatal où se mêlent à ravir Fellini et Melville, ­Cronenberg et Giotto, les sortilèges capiteux du baroque méditerranéen, les frénésies du roman d’aventures dumasien et les vertiges du folklore fantastique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La naissance et l’enfance de saint Zéphyrion, tout comme son véritable nom, demeurent obscures. La Corporation des Négociants le décrit comme fils d’un marchand de draps. Après avoir ruiné son père au jeu et fui le courroux de ses créanciers, il rencontra le Christ en s’abreuvant à la fontaine de notre village. La Confrérie des Pêcheurs, quant à elle, déclare qu’une nuit de tempête une barque s’échoua sur nos rivages : Zéphyrion était un marin égaré qui, priant pour son salut, vit soudain le Christ marchant les eaux. Ce dernier guida sa barque jusqu’au port du village, lui révélant au passage les chemins migratoires des poissons de haute mer. La Congrégation des Mendiants & Brigands attribue au saint des origines fort différentes mais, au XVIe siècle, sous la direction du très redouté Prince Bigarré, cet ordre fut entièrement détruit, ses membres pendus, brûlés ou écartelés : outre nombre savoir-faire dans l’art de la piraterie, du larcin et du braconnage, leur version quant à la vie de saint Zéphyrion fut fort regrettablement perdue. Néanmoins, en l’honneur de ces trois ordres fondateurs de la cité, lors de l’annuelle procession, la statue-ossuaire de Zéphyrion est placée sur une étoile à trois branches et portée par trois hommes : un marin, un marchand, un brigand, ce dernier masqué.
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Nous sommes nés monstrueux et notre vie fut belle. Nous sommes nés au plein milieu d’un été admirablement chaud. Nul signe mystérieux – pluie de crapauds, migration de rats, passage de comète à la ponctualité détériorée, naissance d’agnelle à six pattes ou tournée de saltimbanques à grelots – n’annonça notre venue. Simplement le ventre anormalement rond de notre mère, son cri de douleur lorsqu’elle accoucha, son silence obstiné lorsqu’elle nous vit. La sage-femme qui avait présidé à notre enfantement, elle, parla. On raconte qu’elle ne put s’empêcher de vomir en nous voyant, non pas tant à cause de notre difformité qu’en raison de notre vitalité : alors qu’elle songeait à écourter notre existence, elle croisa notre double regard. Nous étions exceptionnellement vivants, indubitablement humains, elle vécut cela comme une extrême menace. L’impossibilité pour elle de décider quoi faire, le haut-le-cœur qui s’ensuivit, la manière dont notre mère l’observait conduisirent l’accoucheuse à sortir précipitamment de la maison, à vomir donc puis à s’enfuir en direction du village. Là étaient le monde, les hommes, la vie simple et le prêtre. Elle arriva haletante, et parla. Une horreur, un miracle, quelque chose. Nous.
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Hélas pour eux, notre soeur Sofia était là. Elle avait douze ans, savait cuire le pain et n’aimait pas manger. Souvent, elle disparaissait des journées entières. Nul, dans le village, ne savait alors ce qu’elle fabriquait. Pourtant, sachant qu’il y avait toujours de la viande à la maison, bien que nos frères soient pêcheurs, l’on pouvait facilement comprendre la teneur de ses activités. Par exemple le lundi, souvent, la famille mangeait du lapin, alors que le mercredi, c’était plutôt du sanglier. « Mosca, pour une mouche, tu ressembles beaucoup à un sanglier », lui lança-t-elle lorsqu’arrivèrent les villageois. Sofia, toujours maigre et pâle, passait pour un peu sorcière. Evidemment, ce jour-là, tout le monde s’en souvenait, aussi Mosca eut peur d’être transformé en cochon sauvage. Plus tard, avec mon frère, nous avons joué à Sofia et Mosca, puis à Sofia et Roberto, à Sofia et Enza, enfin à Sofia et Domenico, l’oncle de Mosca. Nous aimions particulièrement ce moment du jeu. D’un seul coup de feu, elle brisa net la faux de Mosca. « Finalement, tu es plutôt un lapin », dit-elle. Un temps, la foule s’arrêta, admirative : un si gros fusil dans de si minuscules mains.
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La barque venait d’être projetée sur une plage.
Les chiens flairaient les alentours, inquiets. Ça puait le soufre. Nous tirâmes l’embarcation sur la plage, puis la retournâmes au cas où il faudrait partir vite. Assez loin de l’eau pour qu’elle ne soit pas emportée. Assez près pour que l’on puisse la pousser facilement. C’est Giovannito qui insista à ce sujet : un des conseils que son père lui donnait souvent, au cas où. Comment fuir rapidement à travers les rochers. Comment défaire un nœud coulant avec une seule main. Comment ouvrir une serrure avec un caillou. Il était étrange, le prêtre.
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Nos frères n’avaient pas envie de pleurer : la mort de leur mère éveillait en eux cette colère si particulière, née du regret. Tous comprenaient être des esprits déviants, à faible teneur en humanité, à grande capacité au meurtre et à la solitude, et tous soupçonnaient mère d’y être pour quelque chose.
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