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EAN : 9782848763415
238 pages
Philippe Rey (05/09/2013)
4.24/5   98 notes
Résumé :
"La Forteresse", 1974: une banlieue faite de poussière et de béton, royaume de l’exclusion. C’est là que grandissent Beatrice et Alfredo: elle, issue d’une famille pauvre mais unie, qui tente de se construire une vie digne; lui, élevé avec ses deux frères par un père alcoolique et brutal. Presque malgré eux, ils deviennent bientôt inséparables au point de s’attirer le surnom de "jumeaux".

Mais ce lien, qui les place au-dessus de leurs camarades, tels ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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Quel roman ! J'en sors bouleversée. Mon coup de coeur d'Acquanera m'a menée à ce premier livre de Valentina D'Urbano, et c'est une claque !
La quatrième de couverture décrit parfaitement l'oeuvre : « Avec son incipit foudroyant, le bruit de tes pas attire l'attention et force l'admiration par sa narration fluide et ses personnages incarnés. »

Béatrice et Alfredo sont comme un duo maudit à la Roméo et Juliette dans les années 70 en Italie, au sein d'un immeuble défavorisé appelé La Forteresse. La brutalité paternelle, la misère palpable... Dès leur jeune âge, Bea et Alfredo deviennent inséparables.

L'auteure dépeint quinze années de ces deux êtres fragilisés oscillant entre haine et amour avec une touche réaliste troublante.

Le ton est donné dès les premières pages : « La facilité avec laquelle on s'habitue à la mort d'un être est épouvantable... C'est tellement abominable que ça vous donne envie de hurler. ».

Valentina D'Urbano : une auteure qui vous saisit par sa plume âpre, poétique, brute. Coup de coeur du mois de juillet !

Chronique complète sur le blog.
Lien : https://coccinelledeslivres...
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24 juin 1987. A force de se côtoyer, ils étaient devenus le portrait l'un de l'autre. Telles deux gouttes d'eau inséparables. On les appelait les jumeaux. Alfredo et Beatrice, Beatrice et Alfredo. Comment vont-ils l'appeler, elle, maintenant que son jumeau est mort ?
Les années de plomb en Italie. Un quartier infect d'immeubles délabrés. Des rues sales et poussiéreuses. Des antennes illégales. C'est dans cette terrible cité, la Forteresse, qu'a grandi Bea, entourée de ses parents et son frère, Francesco. Une famille pauvre mais aimante. Au-dessus de leur appartement vivent Alfredo, ses deux frères et son père. Alcoolique dépressif depuis la mort de sa femme, il ne cesse de battre ses enfants. Les cris et les larmes résonnent dans tout l'immeuble. Les deux gamins se rencontrent en 1974. Elle a 9 ans, lui 8. Salement amoché par les coups de son père, Alfredo trouve refuge chez Bea. Une forte amitié se noue aussitôt entre eux. Inséparables, ils font tout ensemble, se disputent aussi mais ne restent jamais bien loin l'un de l'autre, s'aimant plus qu'ils ne le pensent...

De quelle nature est la relation qui unit Bea et Alfredo ? de l'amitié ? de l'amour ? de la passion ? Ce qui est sûr, c'est que chacun est lié à l'autre. Etroitement. Inexorablement. Beatrice, la narratrice, nous raconte les années passées avec son jumeau. Les petits bonheurs, les disputes, les déchirures et les retrouvailles qui rythment leur quotidien dans cette Forteresse, cité plus que jamais sombre et déchue. Avec cette impression d'être enfermé et réduit à peu de choses, chacun tente de s'en sortir. Valentina D'Urbano nous livre un roman social intense et poignant et nous décrit avec force cette jeunesse vulnérable mais volontaire. Bea et Alfredo, désireux d'une autre vie, sont terriblement touchants. Porté par une écriture à la fois amère et poétique, ce roman d'une grande justesse dresse avec noirceur le portrait d'une société miséreuse.

J'entends encore et toujours le bruit de tes pas...
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Je viens de tourner la dernière page du roman de Valentina D'Urbano « le bruit de tes pas » et je suis K.O debout. Sonnée comme un boxeur sur un ring qui vient de se prendre une droite dans la figure.

L'histoire, s'étalant sur une période de 15 ans se déroule en Italie, durant les années 70/80, surnommées plus particulièrement les « années de plomb », en raison d'une vague de violence sans précédent (attentats, assassinats...).
Le lieu, La Forteresse, un quartier entier d'immeubles délabrés dans lesquels vivent tous les laissés pour-compte , dans une banlieue sordide en périphérie d'une grande ville, où la misère sociale et l'exclusion sont le lot quotidien de la population.

Là, vivent Béatrice et Alfredo. Inséparables, on les surnomme les jumeaux. Lui est aussi blond qu'elle est brune.
Elle est issue d'une famille pauvre et unie qui se construit une vie à peu près normale. Lui est élevé avec ses deux frères par un père dépressif depuis la mort de sa femme, alcoolique et extrêmement violent. Deux jeunes enfants qui vont grandir ensemble liés l'un à l'autre envers et contre tout, tiraillés par un sentiment d'amour/haine.

Béa aime Alfredo à en mourir, d'un amour exclusif. Alfredo aime Béa mais il y a trop de souffrances et de désespoir en lui pour qu'il puisse l'assumer. Et puis, une différence fondamentale les sépare. Béatrice est forte, Alfredo est faible. Beaucoup trop faible pour lutter contre un destin qui est écrit d'avance.
Car à l'intérieur de « La Forteresse » où règne la misère va s'ajouter un fléau bien plus destructeur : la drogue. Celle qui détruit tout sur son passage : le corps, l'esprit, la confiance et même l'amour.
Mais Béatrice croit plus que tout en la force de son amour pour Alfredo. Elle est persuadée pouvoir le sauver de cette descente aux enfers et surtout pouvoir le sauver de lui-même. Elle refuse de croire qu'il est irrémédiablement perdu. En ne voulant pas renoncer, elle s'épuisera en vain.

Ce roman, c'est l'histoire d'un amour indéfectible et inconditionnel qui fait que l'on est prêt à tout affronter pour l'être aimé, que l'on croit que tout est possible, que rien n'est insurmontable.
Mais comment se battre pour quelqu'un qui refuse catégoriquement d'être sauvé.

Valentina D'Urbano nous livre un roman intense, poignant, magistralement beau en nous décrivant avec justesse le portrait d'une génération perdue, totalement sacrifiée par le pouvoir italien de ces années-là. Sachant dès les premières lignes que cette histoire finit mal, nous nous laissons malgré tout happés par elle pour ne plus la lâcher jusqu'au dernier mot de la dernière page.
Mais c'est aussi une magnifique histoire sur la survie lorsque l'on est amputé de cet être si sauvagement aimé et qui en s'en allant va entrainer avec lui tout une partie de nous-mêmes. Et enfin sur cette rage de vivre enfouie au fond des êtres qui laisse entrevoir malgré tout un tout petit rayon de soleil.

Alors oui, nous ne sortons pas tout à fait indemne d'une telle lecture, et je vous l'avoue humblement quelques larmes ont fini par couler sur mes joues mais qu'il est bon aussi de pouvoir lire un si beau roman et de garder en soi une telle histoire d'amour entre ces deux êtres, Béatrice et Alfredo !
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Une prison.
La Forteresse, cette cité délabrée, décatie, squattée par les laissés-pour-compte de la société italienne, où il n'y a ni école, ni pharmacie, ni commerces. Seulement une église, parce qu'on y prie parfois. En vain. Et un cimetière parce qu'on y meurt. Souvent. Et vite. Et violemment.

Une prison.
Celle de la violence: le père d'Alfredo bat ses enfants comme il boit. A fond, à mort. Parce qu'ils ressemblent à leur mère, si blonde, disparue si tôt. Pour s'évader de cette prison -là, il faut une telle violence qu'on y retourne, en prison.

Une prison.
Celle de la drogue où se perdent les enfants battus, où se débattent les enfants perdus. La blanche qui ronge la peau, qui mange les bras, qui étrécit les pupilles, qui dilue la volonté, qui détruit la confiance, qui corrode l'amitié. Et même l'amour.

Une prison.
Celle de l'amour. de l'amour-amitié qui triche avec les mots et les sentiments. de l'amour-haine qui est la seule façon d'aimer dans un monde sauvage, la seule façon de respirer dans un monde asphyxié.

Une prison emprisonnée dans une prison.

Bea aime Alfredo
qui aime la blanche
qui anesthésie la violence
qui enferme dans la cité
qui isole du dehors.

Dans une mise en abyme vertigineuse, Valentina d'Urbano, en cercles concentriques, trace le portrait d'une génération perdue, d'un ghetto social tellement implacable que les années de plomb, si pesantes pour l'Italie, n'eurent aucun effet sur lui.

Une seule lueur d'espoir: l'amour de ses parents, de son frère, de cette famille pauvre mais généreuse, aimante, confiante, courageuse, qui permet à Bea, jumelle amputée de son ombre, de fuir loin de la Forteresse dans une ville normale, auprès d'une amie normale, vivre une vie normale.

Ou du moins le tenter. Loin d'eux.

Un beau récit, poignant et vibrant de colère, où la tendresse se cache derrière les coups de poing ou les coups de gueule.

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Roman raté.
S'il se déroule sur 15 ans, il ne relate aucune évolution psychologique : faute de savoir lui exprimer ses sentiments, elle lui rentre dedans; faute d'obtenir d'elle de vrais signes d'affection, il fait le dos rond. Ils sont enfants, puis adolescents, puis jeunes adultes ; rien ne bouge. Qu'ils aient 7, 15 ou 18 ans, elle lui crie dessus et il la regarde de ses bons gros yeux de toutou fidèle. On peut faire semblant d'y voir la marque du tragique (Fatalitas!). Ils ont bu le philtre d'amour et refusent de succomber à leurs sentiments (mais au fait, pourquoi ?, hein, pourquoi ?)
Sur le plan social, ça ne s'arrange pas. Dans ce quartier déshérité s'est donnée rendez-vous toute la misère du monde. Cette population stigmatisée et abandonnée des pouvoirs publics survit comme elle peut, et comme elle peut peu, c'est Mozart qu'on assassine. Sauf que le projet avoué de l'autrice entre en dissonance avec l'histoire elle-même. D'un côté, La famille de Béa: les bons pauvres. Ils trouvent du travail, font des économies, recueillent de plus malheureux qu'eux. Parfaitement dignes. Béa est tellement bien élevée que toutes les personnes étrangères à sa cité qu'elle parvient à rencontrer tombent sous son charme. de l'autre côté, la famille d'Alberto: ça picole, ça cogne, ça vit des allocs. À la fin du roman, ô surprise, Béa s'en sort quand Alberto sombre.
Conclusion: quand on veut, on peut. le damné de la terre qui se remonte les manches pourra finir caissier à Prisunic et l'illustratrice de livres pour enfant obtenir plus de 4/5 sur Babelio pour son premier roman.
Roman raté, donc, disais-je, mais c'est sans doute par pure jalousie.
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, on oublie les choses qu’on a vécues. On les laisse de côté parce qu’elles semblent infantiles, absurdes, et on les abandonne, on les refoule. Puis un événement vient les ramener à votre mémoire. Et la vision de la réalité se modifie.
C’est une sorte d’étang. Son eau est claire, inerte. Mais si l’on jette un caillou dedans, elle s’agite, se remplit de terre, se trouble.
Cette terre qui salit l’eau était là, immobile, avant qu’une main décide de la faire remonter à la surface. Mais ça ne durera pas, bientôt tout rentrera dans l’ordre.
C’est un cycle.
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Quand meurt celui qu'on aime, quelque chose vous saisit au ventre et vous retient. Pas le cœur, non, les battements cardiaques ne changent pas, le sang circule, la poitrine est indolore, le pincement au cœur n'est qu'une invention de ceux qui écrivent des romans-feuilletons dans l'hebdomadaire du jeudi.
Le douleur qui vous plie en deux concerne l'estomac.
Elle ne fait pas mal comme un coup de poing, c'est pire. Elle part de l'intérieur, vous égratigne la gorge, vous noie les entrailles et referme tout.
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C'était peut-être le milieu qui nous avait produits. On avait peut-être ça dans le sang. C'était peut-être les gens qu'on fréquentait, l'ennui, l'absence de buts. Le certitude de ne pas pouvoir évoluer, la prise de conscience de l'inéluctable. Dehors, les années se succédaient, et le monde changeait. Au fond de nous-mêmes, on restait figés.
On n'avait pas de raison de vivre, on n'était pas capables d'en trouver une. On vivait, un point c'est tout.
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24 juin 1987
Les jumeaux, voilà comment les gens nous appelaient.
Ils disaient qu'on était identiques, même si on ne se ressemblait pas.
Ils disaient qu'on était devenus le portrait craché l'un de l'autre à force de se côtoyer, deux gouttes d'eau. J'étais devant l'église.
Les graviers blancs se faufilaient dans mes sandales, me torturaient les pieds. Mais je n'y faisais pas attention, je continuais mon chemin jusqu'à l'ombre du parvis.
Vue de loin, l'église du quartier est un énorme blockhaus gris maladroitement encastré entre les immeubles. On dirait qu'on l'a fichée, enfoncée dans un trou trop étroit. Pourtant elle est là depuis des années et, de près, on la voit pour ce qu'elle est : quinze mètres de béton et des petits vitraux apparemment noirs, une porte renforcée, au sommet une croix tordue et toute rouillée qui tient comme par miracle.
On l'appelle la Pagode.
Ici, tout a un surnom. L'église, c'est la Pagode. Le quartier, c'est la Forteresse.
Et nous, on était les jumeaux.
Aujourd'hui aussi on nous a appelés comme ça. Il y avait un tas de gens dans l'église, ils murmuraient tous la même chose. Je ne me suis pas retournée, j'ai parcouru d'un pas lent la nef au sol brillant, et ils se sont écartés devant moi. Ils me regardaient à la dérobée, parce qu'autrement c'est mal.
J'ai eu l'impression d'être importante, au centre de l'attention, et j'ai trouvé absurde que cela m'arrive ainsi. Il me semblait que tous les yeux étaient pointés sur moi, même si les gens avaient l'air hébété, l'air de ne pas savoir quoi faire.
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Ne vous inquiétez pas, avais-je envie de leur dire. Personne ne sait jamais quoi faire dans ces cas-là.
J'ai déposé le tournesol sur le cercueil et un baiser à l'endroit qui correspondait probablement à sa tête.
Puis j'ai rebroussé chemin du même pas lent et suis sortie.
Vu du parvis, le tournesol paraissait assez lourd pour tout écraser.
Les gens nous appelaient les jumeaux. Maintenant j'ignore comment ils m'appelleront.
Peut-être, enfin, par mon prénom, Béatrice. Un prénom particulier, insolite par ici.
Ma mère l'avait entendu prononcer à la télévision dans un film qui parlait d'une princesse.
Qui sait, l'idée de la princesse lui a plu, sans doute - je ne lui ai jamais posé la question.
La journée est belle. Un ciel encore bleu surplombe la Forteresse.
Je suis retournée à l'église et j'y suis restée jusqu'à la fin, assise au premier rang. J'ai écouté la messe, me suis levée aux bons moments, ai fait semblant de prier comme les autres.
Malgré la fatigue, l'envie de dormir et la nausée, j'ai simulé la dignité.
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