Souvenirs de la princesse Antoine Radziwill

La princesse, d'origine française, née Marie de Castellane en 1840, après son mariage avec un prince lithuano-polonais a vécu principalement à la cour de Berlin. Son époux était aide de camp de l'empereur Guillaume 1er.Elle -même était très proche de l'impératrice Augusta. Son salon était un des premiers de Berlin. Ses souvenirs, qui s'arrêtent en 1873 (alors que la princesse a vécu jusqu'en 1915), montrent une femme passionnée par la politique, la diplomatie, soucieuse aussi des affaires de la France. Les mémoires reproduisent notamment la correspondance qu'elle a échangée avec son mari qui accompagnait Guillaume 1er pendant la guerre de 1870 et les négociations de paix, Elle plaide en faveur d'une paix généreuse et commente ainsi les conditions qui seront faites finalement à la France : « je ne vois dans cette paix qu'une trêve momentanée qui nous mènera infailliblement à une nouvelle guerre encore plus épouvantable ». Dans la préface ; Jules Cambon, qui fut ambassadeur à Berlin de 1907 à 1914, dit d'elle qu'elle était la plus considérable et la doyenne des Françaises déracinées. Ses mémoires sont une mine d'information sur les relations entre Bismarck et l'empereur. Ils dressent aussi le tableau de la haute société qui, par ses alliances et relations dans tous les pays d'Europe, était partout sinon au coeur du moins à proximité du pouvoir. La princesse a même fréquenté les cardinaux et s'est déplacée à Rome pour assister au concile qui avait été réuni par Pie IX pour adopter la thèse de l'infaillibilité du pape. Dans les palais romains les conciliabules s'enchaînent et divisent les évêques et cardinaux partisans et les adversaires de la thèse. La princesse, amie de Monseigneur Dupanloup, évêque d'Orléans, y participe. On assiste, effaré, aux propos extrêmement violents et insultants que s'échangent ces prélats, à des comportements inimaginables, comme ce violent coup de poing dont un cardinal frappe une table, ce qui renverse un candélabre et met le feu à la robe de la princesse. Son voyage dans un des immenses domaines de son mari, le château de Nieswiez dans l'actuelle Biélorussie , fut moins mouvementée que ce concile. Des « souvenirs » d'une personnalité attachante et bien informée.