L'ours Kintsugi

" La chute de l'ours Kintsugi dure tellement longtemps

qu'il a le temps de penser à mille choses.

Il se dit qu'il a les poils décoiffés.

Il se dit qu'il a un peu froid..."

Il y a sûrement de quoi, les chutes des grandes hauteurs sont certainement très fraîches.



Kintsugi se penchait trop près du bord, nous dit-on, tout là-haut dans les montagnes.

Il voulait voir et être vu.



Tout là-haut, il n'y a pas de train qui passe alors il faut regarder tout en bas.

Plus dur sera la chute, pensez-vous en tournant les pages, tout en admirant le beau panorama tout en coton et en soleil couchant.

Nous n'aimons pas les personnages trop fiers dans les histoires, nous, lecteurs, ils sont souvent très égoïstes.

Qu'il était beau pourtant.



L'auteure Victoire de Changy est bien plus cruelle que nous, l'auteure joue de poésie pour nous exprimer le dedans et le dehors de l'ours après le "Poum".

Quelle empathie!

Même les blessures de l'ours nous paraissent jolies et inspirantes, filant le ruisseau.

Est-ce parce que l'ours de l'histoire gonflait un peu trop le torse, que l'histoire se détourne de ses ouilles et de ses aïes?



Rassurez-vous, jeunes lecteurs, nous allons pourtant éprouver, de l'inquiétude, pour ce pauvre nounours mal en point au travers des métaphores qui courront jusque vers une belle âme sensible, suffisamment sensible pour surmonter sa petite pétoche des ours.

Nous ne serons pas dans une histoire de lion blessé d'une épine à la patte comme dans La Fontaine, l'affaire va nous émouvoir, ça oui.

Les petits soins de notre apprentie secouriste feront du bien et étrangement, feront aussi relativiser sur une apparence un peu altérée.



L'histoire est un peu singulière.

"Kintsugi" signifie en japonais "jointure en or", vous comprendrez pourquoi l'auteure a choisi ce nom pour cet ours qui ne se trouvera pas beau ainsi "rapiécé".

Il y a e une philosophie étonnante sur l'existence, sur le temps qui passe, à laquelle on ne se s'attend pas du tout et typiquement japonaise, une morale de fin qui sera pourtant précieuse à retenir sur l'expérience qui marque les visages.

Quand la plume de Victoire de Changy rencontre les pinceaux de Marine Schneider, cela donne un très bel album plein de poésie.
Le kintsugi, «jointure en or», est une méthode japonaise de réparation des porcelaines ou céramiques brisées au moyen de laque saupoudrée de poudre d'or.
C'est pour moi, l'un des plus forts symboles de la résilience, ramasser les morceaux, les rassembler de nouveaux et tenter de les sublimer.
Le kintsugi invite aussi à voir la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites et atypiques.
Une belle leçon de vie sur la différence et l'autre, reprise dans le livre.

Très bel album aux allures de fable, où l'on va à la rencontre de l'ours Kintsugi, balèse et fier de la nature qui l'entoure, et du point culminant qu'il arrive à atteindre « tout en haut d'une très haute montagne », surplombant la vallée et visible de tous. Sauf que l'assurance ne fait pas tout, et l'ours chute.

S'il a bien ressenti quelques plaisirs dans cette dégringolade, il se rend vite compte qu'il y a laissé quelques plumes, poils et plaies, et qu'un peu d'aide ne serait pas un luxe. Plus loin, une fillette observe des serpents rouges dans l'eau, qui lui expliquent que l'ours Kintsugi n'est pas au mieux de sa forme.

Une belle rencontre, ponctuée de tâtonnements, de questionnements, d'orgueil, de courage, d'amertume, de patience, d'acceptation. Une histoire qui fait brillamment le lien avec la méthode japonaise du kintsugi, consistant à réparer les céramiques et porcelaines, en valorisant les brèches, rendant le bien encore plus précieux. Plus largement, le kintsugi est l'art de la résilience.

Un récit qui va un peu à l'encontre des préconisations de prudence du type « attention, tu vas tomber », valorisant davantage l'aventure et la prise de risque. C'est très bien amené, très beau aussi graphiquement avec les illustrations de Marine Schneider, nourries de ses voyages et vagabondages.
Lien : http://casentlebook.fr/lours..

L'ours Kintsugi, fier et orgueilleux, n'aime rien moins que sa montagne et se promener au bord du précipice pour admirer le paysage et sentir le vent souffler entre ses doigts de pieds. Mais alors que le vent souffle très fort, il est emporté vers le bas, dans une chute interminable dont il ne ressort pas indemne. Honteux, il reste caché au coeur de la forêt, pansant ses blessures dans l'eau de la rivière. Bientôt la petite Kaori arrive pour l'aider et recoudre ses plaies de fil d'or. Une belle rencontre qui porte deux êtres à dépasser leurs aprioris, la fillette faisant preuve de courage et de bienveillance, l'ours de patience et d'acceptation de soi.
Le kintsugi est l'art de restaurer des objets brisés, généralement en céramique. L'idée est de valoriser les fêlures en les sublimant avec de l'or, une façon de prendre l'objet dans son ensemble, du moment de sa fabrication à la vie qui fut la sienne. Véritable ode à l'imperfection et à la fragilité, le kintsugi est l'art même de la résilience. Victoire de Changy a su parfaitement représenter la philosophie qui se dégage de cette forme d'art japonaise dans un album poétique et sensible, sublimé par les illustrations de Marine Schneider.
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