Dans ce recueil,
Guillaume de Chantérac traite des sujets de société, des réseaux sociaux, dans le prolongement de sa précédente oeuvre "Hors ligne". Question de goût, très certainement, j'ai beaucoup apprécié les poèmes courts 3 ou 4 strophes, où l'auteur va à l'essentiel, avec peu de mots, mais bien placés. Par exemple, je peux citer le poème : Fragment 5. Et puis d'autres : "Alep", "L'écume des errances", "Au bord du rift", "Les lointains voyages", "Le cours des choses", "Chroniques apocryphes" et "L'attente". Ceux-là m'ont vraiment renvoyé une image dans laquelle, le poète avance dans la nuit, mais parfois, il éclaire des morceaux, des fragments de vie avec sa lampe torche. Pour reprendre son expression dans la poème "La rouille des nuits"(titre juste magnifique) il est ce "vagabond lunaire". Il y a également des poèmes encore plus percutants car ils sont dans l'éveil total, dans la pudeur d'un homme. Et cela est très extrêmement précieux et beau. C'est là où, selon moi, l'auteur se livre le plus, ce que je trouve encore plus intéressant.
D'autres sont plus métaphoriques et j'aime beaucoup ce genre de procédés : par exemple dans le poème "Dans le
craquement d'un silence" il y a ce vers magnifique : "tandis qu'au fond de nos poches/traînent de vieux arcs-en-ciels/oubliés". Où dans "Rêves en jachère", "Insomnie" où tu nous emmènes vraiment Ailleurs...
On peut se laisser porter par cette mélancolie lente.On dirait presque que qu'il dessine les courbes d'une femme fatale : la poésie tout simplement. Une poésie cruelle, sans concession, car fatale par définition. Avec énormément d'accents gothiques, parfois on peut le dire une "putain", parfois paumée, parfois clocharde, parfois avec du rimmel qui coule, avec un coeur d'homme ou garçon manqué. J'ai été moins sensible face à cet aspect. Encore une fois affaire de goût...J'en suis convaincue.
En même temps c'est une poésie, fantomatique, complètement à fleur de peau...On peut penser à un univers de BD, la série Sambre de
Yslaire.
L'enfance est aussi un thème évoqué. D'où peut-être, le titre "
hypothèse d'une brisure"...Quelque chose qui ne serait pas refermé mais qui plane sans cesse. Un soleil au-dessus d'un grand fossé...où "tu mâches des nuages argentés" ( poème vague à l'âme)
Ce qui résume bien ce livre c'est le poème "valse à trois temps"
Et si on met les poèmes "fragments" bout à bout peut-être aurons-nous la clé de l'hypothèse ?
On parle aussi beaucoup des femmes dans cet oeuvre, avec toujours ce côté gothique, voir un peu vampire, je pourrais citer ici pour l'image, la BD "Requiem Chevalier Vampire d'
Olivier Ledroit.