AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782729711870
Presses universitaires de Lyon (29/11/2019)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Que faire des enfants de l’immigration coloniale et postcoloniale ? L’école doit-elle adapter ses programmes à leur présence ? La question de l’articulation entre l’universalisme républicain et la pluralité culturelle a toujours travaillé l’institution scolaire, mais elle s’est reconfigurée ces quarante dernières années pour répondre aux débats sur l’immigration et la mémoire coloniale. Que faire des héritages d’une histoire douloureuse pour les uns, glorieuse pour ... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Dans la classe de l'homme blancVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
À partir des archives de l'Éducation nationale, des textes officiels et des manuels scolaires, Laurence de Cock retrace les débats qui ont agité l'enseignement de l'histoire de la colonisation, depuis les années 1980. Si l'histoire coloniale a toujours figuré dans le récit national scolaire comme support de valorisation de la fierté patriotique, surtout à partir de la IIIe République, elle est l'un des contenus les plus mobilisés dans les débats publics. le système colonial était fondé sur les principes d'inégalités juridiques, de domination et d'usage légitime de la violence. Comment la transmission des valeurs et idéaux républicains dont se targue la France, peut-elle être compatible avec celle de cette histoire de leur violation légitimée ?
(...)
Enquête extrêmement pointue sur un sujet certes très précis, mais qui déborde rapidement sur nombre de débats qui agitent la sphère publique. Vraiment très intéressant.

Article (très) complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
Commenter  J’apprécie          320
Interrogations sur une dimension spécifique d'un programme scolaire

En introduction, Laurence de Cock parle, entre autres, des débats sur le passé colonial, des tensions identitaires, de l'école, « En France, l'école est l'un des objets privilégiés de controverse. L'enseignement de l'histoire y occupe en outre une place telle que les débats autour des contenus d'enseignement y sont réguliers et tendus, nous le verrons en détail », des espaces politiques et des programmes, « Nous touchons ici du doigt l'objet de ce travail, qui consiste à interroger cette progressive problématisation et politisation d'un contenu scolaire devenu l'un des révélateurs des tensions entre l'école, la société, la République et la nation »…

Je souligne les « quelques éléments d'auto-analyse », le passé colonial au miroir du métier d'enseignante et de formatrice, l'immigration, la lutte antiraciste, l'engagement, « Cette question de l'engagement et de son articulation avec la production scientifique est aussi au coeur de mon travail » ou dit autrement « L'objectivation des engagements est donc une première étape de leur mise à distance sans sombrer dans l'illusion de la neutralité axiologique »…

L'autrice explique « le fait colonial et son enseignement », le projet colonial constitutif de la construction nationale, l'écriture du roman national, le mode de relations asymétriques et d'inégalité juridique, les regard européo-centrés, une certaine conception de l'universalisme abstrait, les immigrations, les cirricula d'histoire…

Sommaire

Le fait colonial comme question vive : hypothèses et méthodes de travaillais

L'altérité culturelle dans la crise dans la « crise de l'enseignement de l'histoire » des années 1980

Une nouvelle place pour le passé colonial dans les cirricula ?

Le fait colonial : un enjeu civique en tension

La mémoire de la guerre d'Algérie : un problème public (1990-2000)

L'enseignement de la guerre d'Algérie : un objet d'intervention politqiue

La réécriture du fait colonial dans les programmes

Les années 2000 : exacerbation des débats sur le lien entre passé colonial et immigrationsDe nouveaux cadres pour penser l'enseignement du fait colonial

Tentatives controversées et échec final d'un nouveau récit scolaire postcolonial

« J'avais conscience que ma perte de mémoire avait effacé tout rapport à ma propre personne, mais cette altérité si radicale, qui surgissait dans ce que mon moi-même avait de plus fondamental, m'était très difficile à vivre ; j'habitais un étranger. » (Patrick Chamoiseau, 2012)

En conclusion, Laurence de Cock revient, entre autres, sur la distorsion entre « une directive européenne très libre sur les problématiques coloniales et le continuum et les résistances en France face à ces catégorisations corrélant l'immigration et la colonisation de façon parfois anhistorique », les conditions d'émergence et de publicisation de ces questions comme problème public, les configurations mémorielles, les finalités contradictoires de l'enseignement de l'histoire coloniale, des non-dits et des tabous, la « nature spécifique d'un programme scolaire », le curriculum réel et le curriculum caché, les déplacements entre « le prescrit, le transmis, le reçu, l'approprié et le restitué »…

Une remarque, il a fallu des années pour que soit reconnu la guerre d'Algérie. Cette notion reste un euphémisme. Il s'agit de la guerre menée par l'Etat francais contre le peuple algérien dans sa lutte pour la décolonisation et l'autodétermination. Une violation du droit des peuples à décider eux-mêmes, une violation du droit international, sans oublier les crimes de guerres. Sans oublier non plus ce parti colonial dont les membres sont toujours honorés, dans les livres d'histoire et la topologie des villes (rues, places, etc.). Sans oublier les confettis de l'empire. Une insulte contemporaine à tous les peuples.

Je ne suis ni historien ni enseignant. Je ne sais comment le fait colonial pourrait être abordé dans les écoles. Une chose est cependant sûre, pas au nom des fantasmagories de l'unité nationale, des soi-disants interêts de la France.

Il faut a minima faire discuter autour du droit des peuples et des individus, de la colonisation comme négation de la liberté des un·es pour le bénéfice d'autres, des crimes commis par l'armée « française » et des hommes politiques qui ont décidé, soutenu, voté les crédits pour la conquête, les massacres, la soumission et le refus de la décolonisation… Sans oublier celleux qui ont contribué à la falsification de l'histoire.

Ce livre permet d'aborder ces sujets, de questionner les comment, de rendre mémoire aussi aux enfants des colonisé·es, des victimes et aussi des criminels. (sur ce dernier point, en complément possible, Sabine Moller, Karoline Tschuggnall, Harald Welzer : « Grand-Père n'était pas un nazi ». National-socialisme et Shoah dans la mémoire familiale). Il invite à débattre d'une reconfiguration des disciplines historiques dans les écoles, de ce qui est enseigné et de quelle manière.

Si nous ne sommes pas coupables des crimes de l'Etat où nous sommes né·es, nous avons bien une responsabilité sur ce qui est aujourd'hui raconté, enseigné, falsifié ou nié.

L'histoire sans les populations, sans les résistances aux projets de domination, sans les colonisé·es, sans les femmes (la majorité de la population), n'est pas l'histoire mais une conception étriqué des passés, un mensonge idéologique, un frein à la compréhension des phénomènes sociaux et une barrière à l'émancipation à construire par et pour chacun·e…
Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Si le racisme français est d’origine coloniale, alors la connaissance de ce passé peut contribuer à le supprimer. Si le racisme est en outre une production républicaine, alors l’intégration n’est qu’un vain mot et il faut repenser intégralement les modalités de coexistence sociale entre races. Telles sont les formes les plus abouties et radicales des mobilisations politiques qui empruntent leurs schèmes aux postcolonial studies.
Commenter  J’apprécie          110
Le fait colonial peut véhiculer une forme de violence symbolique, non pas seulement parce qu’il participe de la reproduction d’une distance sociale, mais surtout parce que, intrinsèquement, son principe d’intelligibilité soulève le voile de la relation nécessairement problématique avec le pays d’accueil.
Commenter  J’apprécie          90
Quels que soient ses rejets ou acceptions, l’idée d’une continuité entre le passé colonial et les discriminations subies par les immigrés, même si elle n’est pas nouvelle, s’impose désormais comme une grille de lecture et un passage obligé (même pour s’y opposer) tant dans le champ politique, médiatique, qu’intellectuel ou savant. 
Commenter  J’apprécie          81
Désormais le fait colonial ne se problématise plus dans les débats publics et pour l’école comme une sorte de période révolue mais se situe bel et bien au coeur d’un problème en cours.
Commenter  J’apprécie          70
Le lien entre l’immigration, le racisme et le passé colonialiste existe dans les conscience et dans les discours.
Commenter  J’apprécie          110

Lire un extrait
Videos de Laurence de Cock (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laurence de Cock
Une décennie s'achève et "Télérama" demande à celles et ceux qui ont fait les années 2010-2020 de regarder dans le rétro et de nous proposer un bilan, chaque jour jusqu'à la fin de l'année. En Arts, Musique, Cinéma, Littérature... Que retiendra-t-on de ces dix ans qui viennent de s'écouler? Aujourd'hui pour décrypter une décennie d'éducation, nous avons interrogé Laurence de Cock, historienne et enseignante. Auteure de "école", elle nous parle de la crise identitaire et institutionnelle que traverse le corps enseignant depuis 10 ans.
autres livres classés : MigrationsVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3169 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}