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EAN : 9782070375561
457 pages
Gallimard (27/09/1982)
3.93/5   230 notes
Résumé :
Aimée Dubuc de Riverie, cousine de la future impératrice Joséphine, naquit à la Martinique à la fin du XVIIIè siècle. Capturée par les pirates barbaresques à l'âge de quinze ans, offerte par le Dey d'Alger au Sultan de Constantinople, elle verra dès lors toute son existence se dérouler dans le Sérail. Favorite du vieux Sultan, amoureuse et aimée de son successeur, mère adoptive d'un troisième Sultan, elle détiendra un pou-voir occulte de plus en plus important.
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Aimée du Buc de Rivery a réellement existé. Née à La Martinique autour de 1773, dans une famille aristocratique de planteurs de canne à sucre, elle est une cousine éloignée de Joséphine de Beauharnais. Envoyée en France pour parfaire son éducation alors qu'elle n'a que douze ans, elle repartira pour la Martinique en 1788, mais n'y parviendra jamais, son navire ayant disparu. C'est là que commence la légende, qui nous est ici racontée. Aimée aurait été capturée par des pirates barbaresques, puis vendue sur le marché aux esclaves d'Alger. Séduit par sa grande beauté, le pacha d'Alger l'achète pour l'offrir en cadeau à son seigneur, le vieux sultan Abdoul Hamid, souverain de l'Empire ottoman. Voici donc Aimée, 14 ans à peine, en route pour le harem du sultan de Constantinople. Désormais prisonnière du sérail, elle devient la favorite d'Abdoul Hamid et la mère adoptive de son fils Mahmoud. Quelques années plus tard, le sultan Sélim succède à Abdoul Hamid sur le trône de l'empire et dans le coeur d'Aimée. Celle-ci, à 16 ans, ne devient pas seulement la femme de la vie de Sélim, mais aussi son éminence grise, son ultime conseillère en matière de politique.
Mais au sérail, la vie n'est pas un long fleuve tranquille : jalousies, rivalités et intrigues de palais font rage, entraînant trahisons, empoisonnements et assassinats. Sélim et Aimée doivent faire face à cette adversité interne féroce, mais aussi aux menaces extérieures qui pèsent sur l'Empire. Les guerres incessantes avec la Russie, les jeux de chat et de souris avec l'Angleterre puis la France de Bonaparte ne leur laissent aucun répit. Le trône de Sélim finira par vaciller, au profit de Mahmoud, le fils adoptif d'Aimée. Celle-ci reçoit alors le titre de Sultane Validé, sorte de Reine-mère, et auprès du nouveau sultan, poursuivra de loin en loin sa tâche de conseillère, jusqu'à sa mort en 1817.

Crédible ou non, le destin de cette jeune femme est follement romanesque. Mais cette histoire aurait mérité d'être racontée avec un je-ne-sais-quoi de plus qui l'aurait rendue réellement passionnante. L'auteur, dont le style est très classique, décrit certes des choses intéressantes et connaît bien son sujet, mais le ton est par moments plus proche du documentaire sur la vie dans un harem et la politique étrangère de la Turquie au 18ème siècle, que de la biographie d'une femme au destin hors du commun. Et à d'autres moments, on baigne dans l'eau de rose (cela m'a vaguement rappelé "Indomptable Angélique", en plus sage), avec une héroïne trop parfaite et son prince trop charmant, et des dialogues d'une platitude affligeante : « Dis-moi, Zinah, est-on malheureux quand on est esclave ? (...) Ca dépend du maître, Aimée ».
En conclusion : instructif grâce à son volet politique, notamment le jeu d'échecs avec la France et la Russie, exposé de façon limpide, mais trop peu captivant en raison du manque de profondeur de personnages trop lisses et stéréotypés.
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Quel beau moment de lecture ! Il y avait bien longtemps que je ne m'étais pas plongée dans un roman historique, et j'ai adoré le faire avec celui-ci. J'ai été charmée, à tout point de vue, enchantée de découvrir la vie si particulière de cette jeune fille, amenée à faire de grandes choses. Toute la trame de la nuit du Sérail repose sur la prédiction d'une femme, considérée comme folle par beaucoup. Et pourtant...Peut-être l'aurez-vous compris, la cousine d'Aimée n'est autre que LA Joséphine, fameuse impératrice, femme de Napoléon. Plus que reine, donc. Et Aimée, me direz-vous ?
Elle a à peine quinze ans lorsqu'elle est introduite au Sérail. Quinze ans, un tempérament de feu et une beauté exotique. Autant d'atouts qui vont faire d'elle un présent inestimable, et qui ne vont pas tarder à l'amener sur la couche du Sultan. Aimée sera rebaptisée Nakshidil, abandonnant ainsi ses racines pour se consacrer à sa nouvelle vie.
Le Harem a ses codes et ses rites, et Aimée s'en apercevra rapidement. Cette jeune française qui, en quelques mois à peine a su s'attirer les faveurs du vieux Sultan, suscitera bien vite la jalousie des autres favorites. Complots, trahisons, ragots, tel est la vie au Sérail. Tout en apprivoisant sa nouvelle condition de femme, Aimée va apprendre à se défendre, à déjouer les machinations qui se trament et, bien sûr; a épauler le sultan. La nuit du Sérail raconte tout cela, et bien plus encore. Michel de Grèce s'efface en tant qu'auteur, laissant la plume à Aimée : elle revient, à 43 ans et à l'orée de sa vie, sur tous ces évènements.
J'ai trouvé le tour de force magistral : pas un instant je n'ai pensé au fait que l'auteur était bel et bien un homme. Pour moi, je lisais les mémoires de cette femme formidable, écrites de sa propre main. Si Aimée Dubuc de Riverie a bien existé (d'aucun la soupçonne effectivement d'avoir été offerte au Sultan Abdoul Hamid, puis d'avoir été hissée au rang de Sultane Validée), La nuit du Sérail reste une fiction. Et j'avoue que l'on a parfois du mal à y croire, tant ce que nous lisons nous parait réel.
Je vous parlerai tout d'abord du personnage : j'ai été subjuguée par Aimée. A quinze ans, elle a déjà bien plus de force mentale que des femmes de quarante. On craint pourtant pour elle, qui ne cesse de se rebeller. On craint mais cela ne l'empêche pas de gravir les échelons, un peu par surprise d'ailleurs : pas une seule fois elle ne pense mériter la place qu'on lui attribue. Sautant par dessus les embûches, on croirait presque que son destin était écrit ainsi... Nous qui rigolions doucement aux paroles d'Euphémia David. J'ai vraiment été... impressionnée par sa justesse d'esprit, sa capacité à faire face quand bien même la vie ne l'épargne pas. C'est vraiment une femme d'exception.
Les autres personnages sont bien entendu en retrait mais... Je n'ai pas pu m'empêcher d'apprécier Sélim. le beau prince Turc, dont notre héroïne tombera amoureuse, et sera aimée en retour. Son esprit novateur, sa capacité d'écoute et, bien sûr, son amour si tendre pour une femme qui n'est pas de sa patrie (et qui le pousse à briser des codes établis depuis des siècles) me l'ont rendu extrêmement attachant.
La nuit du Sérail m'a plongée dans un univers qui m'était totalement inconnu, m'apprenant énormément de choses : je ne connaissais rien du Sérail ni des coutumes ancestrales du peuple Turc, et j'ai vraiment été ravie de découvrir tout cela à travers les yeux d'Aimée, étrangère elle aussi : certaines pratiques nous choquent, d'autres nous révoltent, certaines nous attendrissent... Mais, le plus dérangeant dans tout cela... C'est bien l'attitude des français. Un bref aperçu de la Terreur, les trahisons à répétitions de Napoléon... On devrait apprendre certaines choses de notre passé.
Il m'a fallu un temps d'adaptation pour bien comprendre la logique du Sérail mais, dès le départ, j'ai été fascinée par les jeux de pouvoirs qui s'y tramaient. On a bien du mal à croire qu'une petite française va s'y retrouver là-dedans, et pourtant.
Ce roman est criant de vérité, extrêmement bien écrit, en un mot : brillant. Je n'ai absolument rien à lui reprocher, j'aurais voulu en lire encore et encore, suivre de nouveau Aimée dans ses différentes aventures, la voir se tirer de tel ou tel mauvais pas. Ce furent 530 pages fascinantes, qui me laisseront sans aucun doute un souvenir impérissable.

En bref, un réel coup de coeur pour ce roman historique magnifique. Une plume émouvante et sensible, une héroïne attachante et charismatique, un monde au charme exotique, le tout auréolé de complots et de trahisons, font de la nuit du Sérail mon second coup de coeur de l'année.
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Un roman magnifique, une plume colorée et bien documentée, des personnages historiques, cruels et fabuleux, une période de l'histoire riche en rebondissements et surtout, une situation géographique plutôt exotique.
En effet, L Histoire se vit ici par les yeux de trois sultans successifs de l'empire Ottoman de la fin du XVIIIème siècle au début du XIXème. On y aborde sa décadence, ses défaites, ses conflits politiques internationaux et surtout internes et finalement, sa reconversion difficile en un pays plus moderne.
On découvre un monde raffiné et barbare à la fois où la soif du pouvoir mène jusqu'à la trahison, jusqu'à la mort.
On s'émerveille aussi de ce microcosme fabuleux et cruel qu'est le harem. Une ville prison dans le palais, une hiérarchie presque militaire, une bataille de tous les jours où parfois le gagnant est le poison, un domaine où l'amour a peu de place et où le pouvoir peut tout. Un dépaysement complet dans un milieu très caché, très discret où les plus immenses richesses côtoient les plus grandes solitudes.

Le seul bémol pour moi est l'identité, voulue par l'auteur, du personnage principal, à savoir la sultane validé Nakshidil. L'auteur considère qu'il s'agit d'Aimée Dubuc de Riverie, cousine de Joséphine de Beauharnais, future épouse de Napoléon. Il en fait un personnage où l'amour est le principal ressort. Ainsi, la découverte de l'amour avec le sultan vieillissant Abdoul Hamid Ier, l'amour fou, passionné et exclusif pour le sultan Sélim et finalement l'amour maternel inconditionnel pour le sultan Mahmout II. Une belle histoire, un beau mythe aussi…
Après quelques recherches sur internet, j'ai découvert les « Lettres du Bosphore » écrites par la Comtesse de la Ferté-Meun durant son séjour oriental et publiées à Paris en 1820. Cette femme d'ambassadeur était présente en 1817 à Constantinople et a assisté à l'enterrement de la sultane Validé Nakshidil et voici ce qu'elle en dit :
« On dit que la sultane défunte était Française, d'origine américaine, et qu'elle était née à Nantes : on ajoute qu'à peine âgée de deux ans, ses parents s'embarquèrent avec elle pour l'Amérique, et qu'ils furent pris par un corsaire, qui les conduisit à Alger, où ils périrent. La petite fille fut achetée par un marchand d'esclaves, qui jugea, par sa beauté dans un âge si tendre, qu'elle pourrait un jour le dédommager amplement des soins qu'il lui prodiguerait... »
Voilà qui est bien embêtant pour l'hypothèse d'Aimée Dubuc qui a encore été vue à Paris, âgée de 15 ans, lors de sa présentation à la Reine Marie-Antoinette peu de temps avant la révolution française…
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J'ignore au fond quelle est la part de l'imagination et celle de la vérité historique dans ce récit captivant et remarquablement documenté. Il y a eu, dissimulée dans le sérail d'Abdul Hamid, une femme mystérieuse qui devint sa favorite, et qui après sa mort ravira le coeur et l'âme de son successeur Selim. Non seulement elle occupera les pensées du sultan, mais lentement elle construira sa place au coeur du pouvoir ottoman jusqu'à jouer un rôle essentiel auprès du souverain.
Cette femme était-elle Aimée Dubuc, cousine de Joséphine de Beauharnais ? Rien n'est moins sûr, mais si c'est vrai, quelle incroyable destinée ! Petite fille grandie aux Antilles, enlevée par un vaisseau pirate alors qu'elle se rendait en France, son destin devient alors au moins l'égal de celui de sa brillante cousine. On aime alors à croire qu'il s'agit bien de la même femme, pour donner encore encore plus de relief à cette histoire extraordinaire, et ne pas avoir à penser que la vraie Aimée Dubuc a peut-être péri dans quelque naufrage...
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Premier roman que je lis de Michel de Grèce un auteur connu pour être un authentique prince de sang et descendant d'illustres familles royales les Romanov et la maison d'Orléans entre autres, La nuit du sérail est un beau livre historique consacré à un personnage réel que je ne connaissais pas auparavant : Aimée du Buc de Rivery, une fille d'une riche famille de planteurs martiniquais et cousine de la célèbre Joséphine de Beauharnais la femme de Napoléon Bonaparte son second époux. Après un séjour en France pour les noces de sa cousine avec Alexandre son premier mari, elle disparut en mer mais une légende passionnante naquit sur sa disparition et donnant lieu à cette séduisante hypothèse : au lieu de sombrer corps et biens avec le navire, la jeune fille aurait été enlevée par des pirates barbaresques, puis vendue en esclave au dey d'Alger avant d'être envoyée au harem ottoman où elle devint la favorite de deux sultans puis la mère d'un troisième. Une histoire qui est cependant rejetée par beaucoup d'historiens qui la considèrent comme une simple fable romanesque familial. Mais qu'elle soit fictive où qu'elle aurait été réelle, Michel de Grèce s'y décide à l'écrire cette vie incroyable pour nous enchanter avec une certaine rigueur historique et cela donne cet ouvrage fastueux qui nous immerge à la fin du XVIIeme siècle et le début du XIXeme siècle avec ses révolutions et changements pour plein de peuples et d'empires.
Nous suivons Aimée dans sa jeunesse heureuse et libre sur la chaude île de Martinique avec ses cannes à sucres et ses esclaves où elle s'épanouit totalement, avant qu'elle ne parte avec sa cousine Joséphine dont elle est très proche pour la France d'Ancien Régime qui continue de vivre les derniers feux de l'absolutisme d'antan et de son aristocratie noble mais décadent, plus préoccupé des plaisirs que la colère du petit peuple qui gronde et qui annonce la Révolution. Malgré tout, ce début de vie entre la Martinique et la France parait ennuyant et on y soupire de lassitude tant le rythme est lent et peu engageant. Ce n'est que lorsqu'elle vogue en mer que le récit devient très intéressant lorsqu'elle est capturée par les pirates. Nous entrons alors avec elle dans l'Orient du temps des dey et surtout des sultans et surtout au coeur du palais magique du Topkapi à Constantinople, où comme Aimée, nous découvrons la vie du sultan, des princes, des conseillers et surtout des femmes du harem. Car c'est bien là le centre d'intêret du roman : le harem, ce système d'enfermement de femmes pour le sultan que l'Occident a tant fantasmé pour son érotisme et ses captives lascives dans ses hammams ou ses bains dévouées au plaisir d'un roi oriental. Or, ce que nous montre Aimée est bien différent de ce qu'on imagine du harem, qui n'est nullement un lupanar débauché mais un lieu de vie, d'éducation et de culture à des femmes qui sont pour la plupart destinés à d'autres hommes qu'au sultan et qui est gigantesque, comprenant des centaines de pièces, mais aussi et surtout un lieu politique. le harem ainsi que les couloirs du palais ottoman, c'est le complot, les ragots, les trahisons, le poison qu'on verse pour se débarrasser d'une rivale, un endroit où on lutte pour gagner le pouvoir car celle qui deviendra la favorite du sultan et lui donnera un fils a de grandes chances de devenir la Sultane Valide, la plus puissante des femmes du système ottoman et son garçonnet le sultan. Un Orient certes pleine de cruauté mais un Orient plus riche et plus humaine que l'Occident vu comme froid et étrange. C'est notamment du coté ottoman qu'on voit les événements français s'y déroulant avec fracas, avec la fin de l'Ancien Régime et l'avènement de Bonaparte qui est vu comme un tyran voulant écraser les autres pays et détruire l'empire ottoman par ses conquêtes en Egypte, une vision négative bien différente de notre point de vue française qui tend à l'encenser, accentué par Aimée qui dévisage mauvaisement cet époux falot et brutal de sa cousine qui finira par la répudier parce qu'elle lui a donné point de fils. Finalement, l'Occident n'est guère différent de l'Orient concernant l'importance d'avoir un fils.
Aimée gravite durant son extraordinaire parcours au harem de personnages qui pour la plupart ont réellement existés. Ainsi les trois sultans que nous verrons, Abdulhamid Ier et Sélim III dont elle sera leur amante, et Mahmoud II dont elle sera la mère adoptive, Abdulhamid ce vieil homme sage et aimant la poésie voulant conserver les traditions ottomanes mais conscient que le régime doit changer, Sélim III son fils un révolutionnaire fougueux dans l'âme qui entreprend de réformes cruciales dans l'empire mais qui en sera renversé et exécuté pour cela et enfin Mahmoud II qui poursuivra la voie de son prédécesseur un jeune homme plus prudent mais qui n'évitera pas les troubles occasionné dans l'empire. Trois portraits de sultans différent de notre image stéréotypé du sultan libertin et foncièrement cruel qui modifient leur pouvoir mais se heurtent aux convoitises et autres rivalités politiques. Les femmes du harem ne sont pas en restes, des princesses fières comme Esmée aux vipères désireuse d'approcher au trône comme Sinepèvre en passant par des nostalgiques de leur passé comme la kadine provençale où encore les esclaves fidèles avec l'émouvante Zinah. Tout cela donne une atmosphère colorée à ce monde qu'on perçoit comme singulier et intense mais qui a le mérite d'éviter le cliché orientaliste.
C'est aussi le portrait de la fin de régimes absolutistes et le début de révolutions qui annoncent le printemps des peuples et plus tard nos gouvernements modernes et dont on voit les chemins à parcourir, des peuples qu'ils soient français où turques ne sont pas si différents que ça, et toujours cette confrontation inexorable entre l'Orient et l'Occident qui n'arrivent jamais à se concilier dans la paix tant ils sont différents. Nous voyons aussi et cela est bien lu entre les lignes le lent déclin d'un empire ottoman jadis suprême et qui faisait trembler les royaumes occidentaux et qui emprunte le chemin de la fin malgré qu'elle conserve encore ses fastes et ses puissances.
Dans le style élégant et qui tangue toujours vers le documentaire tant entre deux intrigues d'Aimée il nous raconte le fonctionnement du harem, Michel de Grèce nous livre l'existence avérée où fantasmatique d'une sultane française avec ses sentiments et ses passions et d'un monde oriental dépaysant et avant tout la fin de régimes pour de nouveaux qui viennent d'éclore avec leurs violences et leurs ambitions : on pourra peut-être lui reprocher d'aller trop vite concernant les successions qui semblent se dérouler comme en un jour et d'escamoter les procédures. Un joli parcours féminin à suivre pour les amoureux d'histoires assurément.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Un soir de novembre, l'ordre laconique fut apporté par le Kizlar Aga : il apparut, laissa tomber un mot, un seul, mon nom : Nakshidil. Ce fut une explosion de joie de la part de Vartoui qui convoqua aussitôt les instances féminines du Harem, la Maîtresse des Robes, la Gardienne des bijoux, la Gardienne des Bains et même la Grande Trésorière, sa rivale détestée. Heure après heure, elles se succédèrent autour de ma personne et dirigèrent les opérations qui leur incombaient.
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Les baigneuses m’enseignèrent ensuite les divers rites du bain turc dans une confusion de rires, d’appels et d’exclamations. Je fus successivement soumise au bain de vapeur pour nettoyer la peau – je crus étouffer – puis aux jets d’eau froide qui fouettent le corps – je me tordais sous cette douche glacée – puis aux jets d’eau chaude, pour activer la circulation, et enfin au massage à l’huile parfumée – je gémissais sous les coups de battoir des masseuses expérimentées, je croyais qu’elles allaient me rompre les os.

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- Alors l'Histoire me jugera bien mal. Au fait, que dira-t-elle de moi?
- Rien, Madame. La postérité ne sera rien de vous. Ceux qui ont vraiment su qui vous étiez sont morts. Les autres ne font que le soupçonner. Il y aura des rumeurs, peut-être des romans. Quant au Sérail, vous resterez pour lui la Kadine Nakshidil, et votre mémoire y sera honorée comme telle. L'influence connue d'une Française y serait une anomalie, pis, une hérésie. Aimée Dubuc n'aura jamais existé, ne pourra pas avoir existé.
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Comme elles résonnent douloureusement dans ma mémoire ces phrases anodines, contingentes, pleines de petits soucis et d'attentions aimables et qui révélaient en fait l'incapacité où nous étions d'apprécier véritablement la gravité de la situation, l'imminence de la tragédie. Depuis, j'ai souvent vérifié que l'ignorance de ce que lui réserve l'avenir est, pour l'homme, dans certains moments une grâce. Ainsi nous nous séparions à tout jamais et nous parlions chiffons, retours, retrouvailles...
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J'ai tellement adoré ce récit, que je l'ai prété a plein de personnes et la derniere ne me la pas rendu!! et je ne me souviens plus qui est-ce!!! quelqu'un peu me transmettre l'editeur afin que je puisse le leur commender! merci
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Vidéo de Michel de Grèce
« […] toute chose vraie est prophétique et inonde son temps de lumière, et c'est à la poésie qu'il incombe de répandre cette lumière ; c'est pourquoi l'esprit ne doit et ne peut surgir qu'à travers elle. L'esprit ne surgit qu'à travers l'inspiration… » (Bettina von Arnim, Begeisterung)
« Hölderlin (1770-1843) a seize ans. […] déjà, c'est de poésie surtout qu'il se nourrit […]. […] ce sera toujours immédiatement, antérieurement à toute réflexion, à tout vouloir, au désir même, que le monde bourré de sa charge de sacré l'assaillera, indubitable, indéchiffrable. […] […] Hölderlin méditera longtemps, et avec quelle profondeur, sur la Grèce ; mais il ne l'aurait pas fait, ni de cette manière, s'il n'avait été d'abord emporté, ravi (au sens le plus fort). […] » (Philippe Jaccottet, avant-propos)
« […] Jamais peut-être la haute tristesse méditante n'a été si magnifiquement exprimée. Parfois ce génie devient obscur et sombre dans le puits amer de son coeur ; mais le plus souvent, son apocalyptique étoile Mélancolie brille, merveilleusement touchante, au-dessus de la vaste mer de ses émotions. […] » (Clemens Brentano à Philipp Otto Runge, le 21 janvier 1810)
« […] je parle comme quelqu'un qui a fait naufrage. On est alors porté à conseiller aux autres de rester au port jusqu'à l'arrivée de la saison propice au voyage. J'ai de toute évidence voulu m'élancer trop vite, j'ai aspiré trop tôt aux grandes choses, et je l'expierai sans doute tant que je vivrai ; il est peu probable que je réussisse parfaitement en quoi que ce soit, faute d'avoir laissé mûrir ma nature dans la tranquillité d'une modeste insouciance. […] » (Friedrich Hölderlin à son frère, Francfort-sur-le-Main, le 12 février 1798, traduction par Denise Naville)
« Durant toute la première moitié de sa vie, Hölderlin est resté presque inconnu ; la démence, durant la deuxième moitié de cette vie, l'a maintenu dans une étrange absence où, du monde des hommes, il ne voyait plus que les images des saisons. […] » (Philippe Jaccottet, avertissement)
« […] […] Il affirme que la source de la sagesse est empoisonnée aujourd'hui, que les fruits de la connaissance sont des noix creuses, une tromperie. […] » (Fragments de l'entretien du menuisier Zimmer avec l'écrivain Gustav Kühne, qui rendit visite à Hölderlin au cours de l'été 1836)
« […] C'est ainsi : qui hante de trop près les dieux, ils le condamnent à la misère. […] » (Bettina von Arnim, Die Günderode, 1840)
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Référence bibliographique : Friedrich Hölderlin, Oeuvres, édition publiée sous la direction de Philippe Jaccottet, Éditions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1967
I
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