Sur le chemin de l'humanité

Pour le lecteur intéressé par la Préhistoire, ce livre se présente comme une curiosité puisqu'il reprend les interventions de différents chercheurs mais aussi de théologiens d'un colloque international qui s'est tenu du 19 au 21 avril 2013 dans les locaux de l'Académie pontificale des sciences au Vatican. Et tout au long des pages, il reste une curiosité… Bien que ne se limitant pas à certaines visées, il ressort tout au long des interventions et notamment dans la conclusion et les postfaces une vue essentialiste des êtres humains et une considération régulièrement archaïsante des humanités préhistoriques. Et pourtant, bon nombre d'interventions vont à contre-courant de cette vision des choses comme les évidences de sociabilité et de soutien à un être malade voici environ 1,6 millions d'années en Géorgie actuelle ou l'asynchronicité de l'augmentation du volume du cerveau et des pratiques culturelles. de même, je ne me lasse pas de m'interroger sur la ou les raisons qui obligent les organisateurs à souligner une émergence de la pensée symbolique chez Homo sapiens et encore plus chez Homo sapiens arrivant en Europe voici environ 40 000 ans. En effet, plusieurs interventions soulignent non seulement les possibles raisonnements symboliques non sapiens autant synchrones qu'antérieurs mais aussi le vide -dans l'état actuel des recherches – entre les plus anciens Homo sapiens avérés en Afrique de l'Est (aux environs de 190 000-180 000 ans) et les plus anciennes expressions symboliques attribuées à Homo sapiens qui ne remontent qu'aux environs de 100 000 ans… Pour moi, la question primordiale dans cet exercice est donc de se demander ce qu'il s'est passé pendant un peu moins de 100 000 ans pour sapiens ? Si l'on présuppose comme certains contributeurs de l'ouvrage que la pensée symbolique émerge avec sapiens, quid en effet de ce long laps de temps (près de la moitié de la vie de l'espèce Homo sapiens tout de même!) avant que les premières traces de pensée symbolique soient documentées ?
Il y a donc des textes qui apportent un éclairage sur les différents aspects de la préhistoire de l'homme, voir des préhistoires des hominidés. Il ne s'agit donc pas d'un livre sans intérêt mais il nécessite de le prendre avec des pincettes et d'en avoir une lecture très critique pour séparer le grain de l'ivraie.
Par ailleurs, un élément m'a particulièrement gêné quant à la forme. Les illustrations sont toutes en noir et blanc (exception faite de la première de couverture). Ce n'est certes pas un problème en soit mais...leurs légendes ou leurs commentaires dans le texte se réfèrent à des figurés colorés... Autant dire que cette information supplémentaire n'est pas accessible et qu'elle rend par moment les illustrations complètement inutiles puisqu'inopérantes.