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EAN : 9782020289641
384 pages
Seuil (03/02/2000)
3.87/5   128 notes
Résumé :
Dans certains villages de Catalogne, le nom du commissaire Avelino Pared éveille encore une terreur sourde.
Responsable de la répression à l'époque de la guerre civile, ce fonctionnaire secret officie maintenant dans une petite ville du nord de l'Espagne : Huesca, où l'inspecteur Laredo, nouvellement nommé, entrera bientôt en fonction. Pour préparer leur rencontre, le jeune policier mène l'enquête, interroge d'anciens témoins, et pénètre peu à peu dans le sil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Un roman magistral ! quel talent !

Michel del Castillo nous livre à travers ce roman qui se déroule dans les années 70, une belle réflexion sur le pouvoir, la dictature franquiste, les exactions commises par les deux camps : des horreurs aussi bien chez les partisans du Caudillo que chez les républicains.

Jusqu'où peut-on aller pour obtenir des aveux, en décortiquant chaque pan de la vie d'un suspect, pénétrant au plus profond de l'intime pour mieux le manipuler, le réduire à néant.

Don Avelino a été un véritable inquisiteur durant toute sa vie et il continue à officier dans la police malgré tout ce que l'on sait de ses méthodes. Sa conception de la justice fait froid dans le dos. Il est toujours plongé dans ses dossiers, notant tout, sur des fiches de couleurs différentes. On imagine un tel flic à l'heure actuelle, avec Internet et les réseaux sociaux !!!

La façon dont il tisse sa toile autour de Santiago est décrite de façon magistrale : le pervers dans toute sa splendeur, persuadé d'avoir raison, d'être le bras armé de Dieu. La description qu'en fait l'auteur est d'une telle intensité qu'on le visualise pratiquement devant soi et on sent le malaise engendré, presque la peur.

Il entre dans une pièce ou s'assoie en face du suspect, et déjà, les autres se sentent coupables même s'ils ne savent pas de quoi. Et il en joue et rejoue encore et encore comme tout pervers. Il n'a rien à envier à Josef Mengele, Klaus Barbie ou autres tortionnaires…

Un roman sur la fascination aussi : Santiago a fait son enquête auprès de ses supérieurs avant de partir, il a lu tout ce qu'il a pu trouver dans les archives de la police, a entendu les confidences d'une collègue qui l'a bien connu. Il va même visiter sa maison natale.

Il est fasciné par l'homme avant même d'avoir croisé son regard vide, froid, cruel. Cet homme est-il un reflet de lui-même, car après tout, lorsqu'il était enfant, il a fait quelque chose dont il n'est pas fier et peut-il y avoir un lien ? Sa mutation est-elle vraiment le fait du hasard.

Santiago a choisi d'entre dans la police, pratiquement dès l'enfance : « Je découvrais que la rétention d'une information vous faisait le maître absolu d'un homme. Il suffisait que le coupable sût qu'on la gardait. Ma vocation était née : j'entrerais dans la police. » P 106

Franco meurt pendant la période de transition entre les deux postes de Santiago, ce qui n'est pas anodin, car on voit les réactions des gens, les pleurs, la sidération puis le frémissement de la liberté qui va se retrouver.

J'ai particulièrement apprécié les pages consacrées à Barcelone en 1939 et la manière dont la peur a été distillée sur la Catalogne et également celles consacrées à la réflexion sur le sacré et le profane, la Question (on imagine bien Don Avelino en Torquemada) et la torture, la police et l'inquisition, l'oeil qui torture dans la réalité comme dans la tombe avec Caïn.

Un petit mot sur le titre : la Nuit du Décret, « c'est l'ultime Nuit de Dieu… La Nuit de l'ultime Révélation qui précède le Jour de l'Éternité »

Michel del Castillo, dont je n'avais encore rien lu, alors que son oeuvre est importante, a une très belle écriture, et tient le lecteur en haleine jusqu'au bout, avec une fin géniale. Ceux qui aiment l'imparfait du subjonctif, les phrases bien construites, avec une grammaire parfaite seront comblés.

Ce livre, assez dur mais passionnant, souvent glaçant, qui a reçu le prix Renaudot, est sorti en 1981 et décrit de fort belle manière la société espagnole de l'époque et certains de nos contemporains tentés par les extrémismes devraient s'y plonger…

MAGISTRAL donc mais je l'ai déjà dit…
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Vous qui entrez dans ce roman, abandonnez vos certitudes. Vos connaissances sur l'humain ne vous permettront pas de connaître vraiment Avelino Pared. Une part de cet homme reste à jamais irréductible à toute compréhension. Avelino Pared est un franquiste. Soit. Avelino Pared est l'incarnation de la police inquisitoriale. Soit encore. Mais Avelino Pared, hors de ses fonctions, reste en fonction. Inquiétant. Troublant. Consumé par sa croyance en l'ordre et l'efficacité, Avelino Pared est le prototype de l'intolérance, si prototype, il devait y avoir. le prototype de l'âme policière, si prototype il y a.

L'histoire pourrait paraître quelconque mais sa brillante construction porte le roman au sommet… du roman. Franco agonise et la dictature vit ses derniers jours noirs. Un jeune policier est muté. Avant son départ pour Huesca, il enquête sur son futur supérieur à la réputation sulfureuse. Fascination et monstruosité émergent du dossier qui se constitue. Des secrets bavent discrètement. de ces secrets qui renvoient aux blessures de celui qui cherche. Santiago Laredo ignore que tout est écrit d'avance. du moins, en ce qui le concerne. Pas par Dieu ou une quelconque divinité. Par un homme dont l'art est de jouer sur la crédulité de l'autre.

Machiavel est un petit joueur face à la figure d'Avelino Pared. Seul, Big Brother peut rivaliser. Ou notre société connectée en permanence. Mais rien n'est simple ici. Michel del Castillo ne cède pas à la tentation d'un manichéisme de bon aloi où le tenant de la dictature serait méchant-méchant et le républicain gentil-gentil. Il y est question d'autre chose qui touche l'homme au plus près.

Publié en 1981, ce roman visionnaire, ce thriller avant l'heure au dénouement stupéfiant, raconte "la chasteté du mal", "la lascivité du bien". Un fossé oppose ceux que la foi anime (n'importe quelle foi) et ceux qui s'interrogent. Mais ce fossé sépare aussi ceux qui osent savoir et ceux qui ne veulent pas comprendre. Bien des raisons engendrant haine, conflit, meurtre entre les hommes.
Il fallait bien du talent pour nous conduire sur le fil du rasoir, là où l'existence taille dans le vif.
La nuit du décret fut une nuit blanche pour moi.
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le décor, l'ambiance : Années 70, en Espagne. Francisco Franco, el caudillo, est toujours de ce monde, enfin, pas pour longtemps, et l'Espagne tente difficilement de sortir de sa gangue francisque.
Santiago Laredo, la trentaine, inspecteur à la section financière de Murcie, marié à Pilar, est muté dans une petite préfecture aragonaise à la brigade criminelle de Huesca au nord de l'Espagne, affectation des fonctionnaires en disgrâce, proches de la retraite, ou en début de carrière comme Santi, entré dans la police pour traquer le mal.
Que va-t-il trouver dans ce nouveau poste ? Avant sa prise de fonction, il décide d'en savoir plus. Les documents qu'il compulse, les informations qu'il recueille sur son futur chef Avelino Pared- Costa ne sont pas de nature à le réconforter. L'enquête qu'il va mener va faire remonter les remugles et les meurtrissures d'un passé proche, celui de cette guerre fratricide, mais aussi réveiller ses blessures-flétrissures d'enfance .
Avelino Pared ( prénom et nom symboliques - Avelino : Abel , Pared : le mur) que ces copains de promotion surnommaient Torquemada en raison de sa rigueur, de son intolérance, est un miroir noir , un écho morbide à l'Histoire tourmentée de son pays.
Pour Laredo ce nouveau poste sera une descente aux enfers, un exil.
Un roman qui nous plonge , de façon originale, dans la dramatique histoire de l'Espagne franquiste, primé par le prix Renaudot en 1981.
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Des personnages très bien construits et originaux. Auxquels del Castillo donnent matière, consistance et vie.
On retrouve un certain tropisme pour la "monstruosité" comme dans La Guitare.
Un contexte et une tension également bien présents...
Malgré toutes ses nombreuses qualités, ce livre ne m'a pas fait "ouawputdeow sa race" (ou approchant) et donc seulement 4 étoiles.
De cet auteur (majeur), ce livre-ci s'ajoute à sa gloire, sans pour autant me bouleverser, et trouver ma préférence.
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Grand livre : économie de moyens, avec une écriture d'une fluidité rare, pas de pathos alors que le sujet s'y prêterait évidemment, et une maîtrise des rythmes narratifs qui laisse admirative.
Bien sûr, tout cela pourra vous paraître daté : un livre qui s'inscrit dans la veine de la critique post-franquiste, avec des situations enracinées dans l'histoire de l'Espagne du XXème siècle.
Tout ceux qui ont aimé "l'Ombre du vent" de Ruiz Zafon, devraient d'urgence lire "La nuit du décret", pour cesser d'encenser un mauvais livre et en découvrir un superbe, ce que l'autre aurait dû être.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Pour nous, les enfants, ce mutisme hébété, ce mur du silence avaient pareillement été les limites de leur tendresse. Nos parents nous aimaient, mais ils ne trouvaient pas le moyen de nous exprimer leur tendresse, qu’ils manifestaient dans une sollicitude inquiète sur notre avenir. L’argent constituait ainsi l’horizon de leur affection. Leur façon de nous aimer, c’était de tout faire pour nous préserver du malheur, c’est-à-dire de la pauvreté. Une malédiction de misère rétrécissait leur esprit, les empêchait de dépasser cette peur coulée dans leurs veines. P 80
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« …Parfois, je me représente Dieu comme un immense fichier contenant des millions de noms qui engendreront l’héroïsme et le crime, le mensonge et l’amour. Dans les ténèbres et le silence, Dieu contemple cet écheveau fantastique, et Il attend, recueilli, que tous les fils soient dévidés. Alors, arrivera la Nuit du Décret et une aube triomphante éclairera l’humanité, arrivée au terme de son destin. » P 44
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« (…)Lire des fiches n’est pas un travail d’information, c’est une activité purement mentale qui consiste à repérer des traces, à imaginer les actes qui peuvent en découler, comme le chêne dérive du gland. Voilà pourquoi je vous parlais de création. Parfois je me représente Dieu comme un immense fichier contenant des millions de noms qui engendreront l’héroïsme et le crime, le mensonge et l’amour. Dans les ténèbres et le silence, Dieu contemple cet écheveau fantastique, et il attend, recueilli, que tous les fils soient dévidés. Alors, arrivera la Nuit du Décret et une aube triomphante éclairera l’humanité, arrivée au terme de son destin (…)
« Qu’appelez-vous la Nuit du Décret ? fis-je dans l’espoir d’apaiser son agitation.
-C’est l’ultime Nuit de Dieu, chuchota-t-il en se penchant vers moi et en me fixant d’un regard presque halluciné. La Nuit de l’ultime Révélation, qui précède le Jour de l’Eternité. (…) »
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L’héroïsme n’a rien à voir avec le courage. Un héros, c’est un lâche qui fuit en avant. Le courageux, lui, endure. P 49
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L’Espagne dort et digère, mais des rêves étranges hantent son sommeil. Notre paix repose sur l’oubli. Partout le mot d’ordre semble être : ne réveillons pas les morts ; comme si l’on redoutait, en ressuscitant le passé, de lâcher tous les démons tapis dans les mémoires.
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Vidéo de Michel del Castillo
Michel del Castillo vous présente son ouvrage "Mamita" aux éditions Fayard.
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