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Critique de umezzu


Passionnante biographie du Caudillo, écrite avec une neutralité qui doit profondément déranger les tenants des camps nationalistes et républicains. Car ce qui frappe dans ce très bon livre, d'une grande qualité d'écriture, c'est l'absence de parti pris. Oui Franco était un élève médiocre, une personnalité fade, que rien ne destinait à priori à diriger un pays. Tout sauf un intellectuel. Mais del Castillo détaille comment cet homme a trouvé dans l'armée, dans sa rigueur militaire, tout à fois un moyen de s'épanouir et de prendre de la densité. Les combats coloniaux menés au début du vingtième siècle au Maroc lui ont fait franchir les grades hiérarchiques militaires, au prix de batailles menées sans scrupules ni grande humanité. Sa gestion de l'académie militaire de Saragosse qu'il créée le fait remarquer du pouvoir. Dans l'Espagne bloquée des années vingt et trente, où les oppositions sociales se font plus fortes sans qu'aucune issue démocratique n'apparaisse, Franco n'est qu'un général, certes reconnu par ses pairs, mais se contentant de servir les gouvernements successifs en fonction du moment. Ce n'est pas un opposant de la première heure à la République ; lui trouver de l'ambition politique à ce moment est trop tôt. Car c'est par l'enchaînement des circonstances et par opportunisme que Franco va progressivement accepter de participer activement à la rébellion militaire contre le pouvoir de gauche, déjà miné par les oppositions de partis et tracté en sous main par Staline depuis Moscou. Il va s'imposer comme le principal chef militaire et finir par prendre le pouvoir pour lui, tout en menant une guerre sans merci. Etait-il fasciste, comme il a été catalogué après guerre pour sa collusion avec Mussolini et Hitler, ou profondément réactionnaire gouverné par une vision passéiste de l'Espagne ? Comment expliquer dés lors qu'il soit resté aussi longtemps en poste ? Aucune volonté de concorde ou de pardon chez cet homme demeuré inflexible. L'Espagne a fini par décoller économiquement à son époque, doit-on lui en porter ce crédit ?
Del Castillo reprend tous ces événements les remet dans le contexte pour ne pas les interpréter après coup en fonction d'une relecture historique facile quand on connaît la suite de l'Histoire. Cet ouvrage a été assez contesté à sa sortie en 2008. J'espère au moins que ses contempteurs ont pris la peine de le lire complètement, car ils y auraient alors sans doute appris beaucoup de choses de la part d'un auteur qui a vécu cette guerre civile enfant de l'intérieur et en a subi les oppositions.
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