On raconte que, il y a de cela fort longtemps, dans un royaume souterrain qui ne connaissait ni le mensonge ni la douleur, une princesse rêvait au monde des humains. La princesse Moanna rêvait de ciels bleus, d’océans de nuages ; elle rêvait d’herbe, de soleil et du goût de la pluie. Si bien qu’un jour elle faussa compagnie à ses gardes et découvrit notre monde. Le soleil effaça bientôt tous ses souvenirs, jusqu’à ce qu’elle oublie qui elle était, d’où elle venait. Elle erra, souffrit du froid, de la malade, endura mille maux. Enfin, elle mourut.
Le capitaine Vidal consulta sa montre de gousset.
Le verre en était fissuré mais le mécanisme demeurait fiable et les aiguilles indiquaient que le cortège était en retard.
- Quinze minutes, marmonna l'homme qui, comme tous les monstres - comme le Mort -, était d'une ponctualité sans faille.
Il est rare que le mal prenne forme immédiatement. Il n'est souvent guère plus qu'un murmure, au début. Un regard. Une trahison. Mais ensuite il grandit, il s'enracine, toujours invisible, inaperçu. Seuls les contes de fées lui confèrent une forme propre. Le Grand Méchant Loup, les rois maléfiques, les démons, les diables...
Carmen : Tu deviens une grande fille et bientôt tu comprendras que la vie n'a rien d'un conte de fées. Le monde n'est que cruauté et il faudra bien que tu le saches même si ça fait mal. Ofelia, la magie ça n'existe pas. Ça n'existe ni pour toi, ni pour moi, ni pour personne.
Des coups de feu et des sanglots...les bruits du monde.
Les mortels ne comprennent pas que la vie n'est pas un livre que l'on ne referme qu'après avoir lu la dernière page. Il n'y a pas de dernière page dans le Livre de la vie, car la toute dernière est toujours la première d'un autre récit.
C'est justement parce que Carmen Cardoso aimait - follement - son enfant qu'elle s'était remariée. Le monde était dirigé par les hommes - sa fille ne l'avait pas encore compris - et seul un homme pourrait leur offrir la sécurité. Sans le savoir, elle aussi croyait aux contes de fées. Carmen Cardoso croyait au plus dangereux de tous : celui du prince charmant censé la sauver.
C'est justement parce que Carmen Cardoso aimait - follement - son enfant qu'elle s'était remariée. Le monde était dirigé par les hommes - sa fille ne l'avait pas encore compris - et seul un homme pourrait leur offrir la sécurité. Sans le savoir, elle aussi croyait aux contes de Fées. Carmen Cardoso croyait au plus dangereux de tous : celui du prince charmant censé la sauver.
Ne disait-on pas que l'on pouvait mourir de peur ? Si seulement il parvenait à se donner la mort ainsi...
In consiliis nostris fatum nostrum est.
« Dans nos choix réside notre sort. »