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EAN : 9782355261145
339 pages
Nouvelles Editions Lignes (16/02/2013)
4/5   2 notes
Résumé :
Édition établie par Maria Teresa Ricci et Anselm Jappe
Entre 1927 et 1929, Nikos Kazantzaki, Panaït Istrati et leurs compagnes respectives – Eleni Samios et Bilili – entreprennent un long voyage en URSS, afin de témoigner favorablement de l’avancée de la révolution. Inédit en français, le présent récit d’Eleni Samios-Kazantzaki est celui de l’aventure qui conduisit les quatre jeunes gens épris de découverte – et révolutionnaires dans l’âme –, depuis Moscou ju... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Qu'il est facile de condamner un homme !

Comme le rappelle Anselm Jappe dans sa présentation « Pendant quelques années, les événements en Russie ont semblé démontrer que l'humanité était capable de se libérer de ses anciens maux et de reconstruire la vie à partir de zéro, en réalisant des rêves tenus jusque-là pour des utopies – et cela, dans le plus grand pays du monde ». Cela pourra paraître étrange aujourd'hui, mais l'écho de la révolution russe porta loin.

Mais si cette précision est nécessaire pour comprendre pourquoi les personnages de ce livre firent le voyage relaté, elle permet aussi de comprendre la violence de la désillusion en regard de l'espoir soulevé. Quelques écrivains donnèrent leur version, leurs impressions de cette société tant vantée par les partis communistes, en fait des partis staliniens. La publication de « Vers l'autre flamme » fut considéré, par eux, comme acte de trahison. « le contrecoup est terrible : les staliniens français emmenés par Henri Barbusse, lancent contre Istrati l'une des toutes premières de ces campagnes de calomnie et d'injures qu'ils multiplieront ensuite avec brio ». Panait Istrati ne fut réédité qu'à partir de 1969.

Les opinions d'Eleni Samios-Kazantzaki « peuvent prêter à discussion. Mais son récit fournit le rapport le plus détaillé que nous possédions sur ce voyage. C'est également un document sur ce qui constituait la suprême valeur pour Istrati : l'amitié ».

Document sur un voyage, sur l'amitié, sur les regards et les espérances, « Un homme sera le héros de ce livre, un homme frisant la quarantaine, hâve, à la poitrine creuse, aux bons yeux inquiets et avides, aux gestes brusques, à l'âme vaste, toujours en ébullition, semblable au pays qu'il tentait de connaître ». Un homme un écrivain, un conteur « Lorsque Panaït se métamorphose en Shéhérazade, nous nous suspendons à ses lèvres. Kazan bourre sa pipe et fume. Panaït s'interrompt par moments pour siroter café ou thé indifféremment, les deux tasses se trouvant devant lui. Nous autres ne le quittons plus des yeux, suivant ses rires, ses colères, ses larges gestes ». Des rencontres, des discussions, la chaleur de la découverte et pourtant « Notre voyage à travers l'Urss ne sera qu'un long et pénible pèlerinage. Nous vivons dans l'inquiétude, l'injustice, le crime et dans l'espoir fervent des désespérés. En cette époque dangereuse, ou le hasard nous a fait naître, vouloir et souffrir, quel est le chemin qui mène à un monde moins horrible, moins laid, un peu plus juste et humain ? ».

Les regards portés sur Panait Istrati, comme d'ailleurs sur Nikos ou Bilili (même si les femmes sont souvent en retrait) sont chaleureux, très amicaux « A chaque station, Panaït assoiffé, court à la gare à la recherche du kipiatok (eau chaude pour le thé) et les voyageurs ne se lassent pas d'admirer cet homme-fantôme, si svelte dans son accoutrement de chasseur aux hautes jambières et petites pantoufles tartares multicolores ». Des rires, de la neige, la pauvreté, le bon accueil, l'écriture, la surveillance de ces étranger-e-s. Panaït, Bilili, Kazan et Eleni. Des échanges de correspondances, des livres et des réactions et l'ombre du soleil qui s'éteint…

Outre une postface d' Anselm Jappe, le livre comporte une intéressante note bibliographique de Daniel Lérault « Les vagabondages d'un manuscrit » et des correspondances entre Panaït Istrati et Nikos Kazantzaki (1932 – 1935) et des lettres de Victor Serge à Panaït Istrati (1929-1931). Ces correspondances nous rendent plus présents ces acteurs, leurs inquiétudes, leurs incertitudes, leurs révoltes et leurs désarrois. Et pour Victor Serge, le refus de céder sur ses engagements pour l'émancipation radicale.

Trois extraits d'une lettre de Nikos Kazantzaki, du 20 janvier 1933 :

« Je reçois à l'instant ta lettre, si douloureuse et si vivante. Je t'aurais dit que mon émotion a été profonde, si la canaille n'avait pas profané tous les mots… »

« Puis : rester seul et me jeter, tête bas, dans les longs vers de l'Odyssée »

« La Russie est maintenant derrière moi, mais lorsque je l'appelle entre mes bras, je bondis… Non, non ! Je rêve d'écrire avec toi : dialogue… Comment deux coeurs vagabonds abattent et reconstruisent la terre. Comment ils rient et ils pleurent ensemble et se moquent de toutes les institutions humaines ».

L'hydre à mille têtes leur a brisé les reins et nous n'en avons pas fini d'en subir les conséquences.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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critiques presse (1)
NonFiction
08 janvier 2014
Un texte passionnant et ambigu qui relate le séjour de Panaït Istrati en URSS, aux côtés de Nikos Kazantzaki.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Un homme sera le héros de ce livre, un homme frisant la cinquantaine, hâve, à la poitrine creuse, aux bons yeux inquiets et avides, aux gestes brusques, à l’âme vaste, toujours en ébullition, semblable au pays qu’il tentait de connaître. Un homme sera mon héros, cependant je parlerai encore d’un autre homme, son frère-et-compagnon-de-route en ces temps-là, ainsi qu’il aimait à l’appeler. Et je parlerai aussi de la très douce Bilili, Bilili la silencieuse, aux yeux sévères de madone byzantine, la compagne de ces jours fertiles en bonheur, en évènements tristes, en nobles idées… Et je me vois encore obligée d’esquisser – très légèrement – la quatrième figure de ce quatuor vagabond, une jeune grecque qui a ouvert son cœur, ses yeux et ses oreilles et ne pourra plus oublier ce qu’elle a vécu pendant cette année soviétique. Voici donc ces êtres donquichottesques en marche vers Nijni-Novgorod et sa fameuse Yarmarka.
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Notre voyage à travers l’Urss ne sera qu’un long et pénible pèlerinage. Nous vivons dans l’inquiétude, l’injustice, le crime et dans l’espoir fervent des désespérés. En cette époque dangereuse, ou le hasard nous a fait naître, vouloir et souffrir, quel est le chemin qui mène à un monde moins horrible, moins laid, un peu plus juste et humain ?
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Par l’intermédiaire de Lounatcharski et de la très serviable Olga Kameneva, nous recevons chacun deux petites cartes nous permettant le libre parcours sur tous les chemins de fer et les bateaux soviétiques. Heureux, nous serrons nos bricoles et commençons le fameux pèlerinage qui devrait durer deux ans et finir par un chant d’apothéose sur la Russie soviétique. Malheureusement, et sans crier gare, l’affaire Roussakov se dressa devant nous comme une hydre à mille têtes et nous brisa les reins.
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Lorsque Panaït se métamorphose en Shéhérazade, nous nous suspendons à ses lèvres. Kazan bourre sa pipe et fume. Panaït s’interrompt par moments pour siroter café ou thé indifféremment, les deux tasses se trouvant devant lui. Nous autres ne le quittons plus des yeux, suivant ses rires, ses colères, ses larges gestes
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Un homme sera le héros de ce livre, un homme frisant la quarantaine, hâve, à la poitrine creuse, aux bons yeux inquiets et avides, aux gestes brusques, à l’âme vaste, toujours en ébullition, semblable au pays qu’il tentait de connaître
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