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EAN : 9782721006967
262 pages
Editions des Femmes (31/01/2019)
3.62/5   4 notes
Résumé :
« Comparable aux luttes pour l’avortement des années 70 et pour la parité, dans les années 90, le mouvement de protestation féminine récent déclenché par l’« affaire Weinstein » – véritable métaphore des agressions sexuelles et des liens entre jouissance et pouvoir – fait partie des moments d’Histoire, où se condensent les colères, où naissent les révoltes. C’est un acte collectif d’émancipation !

Au-delà de l’anecdote ou du fait divers, cet événement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
«Donne-toi à moi». C'est un des messages (officiellement entendu) que faisait passer Harvey Weinstein aux femmes qu'il souhaitait séduire. Séduire.... Gros euphémisme.
Puis, suite aux attaques, il prône en ligne de défense : "Si une femme couche pour faire décoller sa carrière à Hollywood, ce n'est pas du viol". Voilà pour le personnage.

A partir d'un article paru dans le New York Times dans lequel l'actrice et réalisatrice italienne Asia Argento dénonce publiquement Harvey Weinstein de l'avoir violée en 1997, la machine est lancée. Les victimes d'harcèlement et d'agressions sexuelles ne se tairont plus. Ces prises de paroles fortes ont donné naissance sur les réseaux sociaux au mouvement féministe #MeToo sous l'instigation de l'actrice américaine Alyssa Milano qui a relancé le fameux hashtag créé dix ans plus tôt pour dénoncer les abus sexuels, encourageant les victimes de viol à parler. Des millions de femmes dans 85 pays y ont répondu en 24 heures. C'est également dans cette mouvance qu'est née l'association de lutte contre le harcèlement Time's Up (lancé par des actrices à l'instar de Meryl Streep, Natalie Portman et Cate Blanchett).
Ce mouvement a été considéré comme un séisme parce qu'il a fait tomber pour viol et harcèlement sexuel un magnat d'Hollywood, puis bien d'autres hommes célèbres et puissants qui n'avaient pas compris que le droit de cuissage n'existait plus et se croyaient protégés de la loi par leur omnipotence.

Depuis, #MeToo a fait des petits, partout dans le monde. Car les violences sexuelles ne connaissent pas les frontières. C'est une histoire qui dure tout de même depuis deux mille ans, souvenez-vous le rapt des Sabines... En France on retrouve ce mouvement sous la forme de #Balance ton porc, hashtag qui en a choqué et offusqué plus d'un. Une telle vulgarité, une telle violence dans ces mots ! Pour ma part, je vois la violence et la vulgarité dans les actes qui sont relatés sur les réseaux sociaux.

"Cours, petite-fille", un an après le lancement de #Me Too, est un ouvrage qui arrive à point nommé. Après le vent d'indignation et les colères - toujours vives et fondées -, cet ouvrage propose de réfléchir aux enjeux, aux expressions actuelles et au devenir de ce moment particulier qu'est #MeToo, qui s'inscrit résolument dans l'histoire internationale du féminisme.

Les auteurs ont convoqué pour cela des sociologues, chercheuses, militantes féministes, historiennes, écrivaines, journalistes, philosophes, anthropologues, artistes, politologues, vidéastes, de tous les bords et de tous les pays. Je me permets ici d'employer le féminin au détriment du masculin car ils ne sont que deux hommes à avoir participé à cet ouvrage pluridisciplinaire, ce que je regrette.

Généalogie du mouvement ; prise de parole des femmes grâce aux réseaux sociaux qui ont joué un rôle primordial, libérateur et solidaire pour les victimes ; réflexion sur le corps, le désir et la sexualité, sur les notions de séduction, de consentement et d'agressions ; inquiétude masculine et offensive réactionnaire ; institutions défaillantes et infantilisantes vis à vis des outrages aux femmes ; place des féminismes dans la société ... Toutes ces interviews, poèmes, confessions et autres analyses ancrent le mouvement #MeToo dans une perspective historique, sociale et politique. Plus encore, ces textes révèlent combien cette prise de parole a (r)éveillé un féminisme nécessaire dans les foyers les plus reclus, loin des discours politisés des mouvements féministes traditionnels.

Enfin, ces contributions qui nous sont données à lire sont autant de moyens de lutte et d'émancipation. A l'heure où certains pays ont la volonté déclarée de faire régresser les droits des femmes, la parole et les écrits doivent se multiplier pour dénoncer cet état de fait qui perdure depuis deux mille ans : la femme n'est pas l'égale de l'homme. Dénoncer, encore et toujours la domination masculine et les violences faites aux femmes, aidera peut-être à faire changer les choses.
Cet ouvrage, impressionnant par la diversité et la qualité des interventions, y contribue sans aucun doute.

Merci à Babelio et aux éditions des femmes-Antoinette Fouque pour l'envoi de cet ouvrage nécessaire.
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Notre colère n'est pas un détail de l'histoire qu'on peut passer sous le tapis

Des agressions sexuelles, hier « il n'y avait personne à qui parler, personne vers qui se tourner, à qui dire ce qui se passait », des jeunes filles sexualisées « réduites à cela », des actrices « devenue un objet sexuel », des femmes violées par un producteur de cinéma, « Je voudrais pouvoir reprendre cette nuit, revenir en arrière et ne pas la vivre, ne jamais avoir passé la porte de cette chambre. Ce qui est arrivé là, ce qui est arrivé ensuite, a changé ma vie pour toujours. J'étais salie. J'ai perdu mes illusions sur la vie, sur les gens » (Asia Argento), les monstres glissés sous les tapis, le secret enfin ouvert, le viol hier considéré comme « un crime contre la « morale publique » » et non comme un crime contre la personne, tout ce qui est fait pour empêcher les dénonciations de viols, les re-victimisation des femmes violées et leurs mises en accusation lors des rares procès…

Un recueil de textes « disparates ». Certains très intéressants, d'autres moins, d'autres encore plus que discutables (dont les réécritures de l'histoire du mouvement de libération des femmes au prisme d'un seul courant). Je choisis de ne présenter que certains thèmes traités et quelques articles. Je privilégie ceux écrits par des femmes. Des hommes pro-féministes peuvent être des alliés des combats féministes – voir en fin de note, deux appels initiés par des hommes -, pour autant que des femmes les reconnaissent en tant que tels et que les paroles masculines ne se substituent pas aux leurs.

1. Généalogie de #metoo : Scansions et enjeux

Comme le souligne Michelle Perrot, « #MeToo s'inscrit dans un mouvement de longue durée ». Les femmes ont parlé et parlent « sans qu'on les entende », sans que l'on prête attention à ce qu'elles disent. Et lorsqu'elles parlent, on essaye de discréditer leurs paroles, de les discréditer…

Des expériences partagées par toutes les femmes, la domination au travers du corps et de la sexualité, les yeux fermés – le silence socialement construit – sur les violences exercées par les hommes, le refus de l'égalité (la subversion possible des normes et des comportements), le lieu principal des agressions, « la majorité des agressions et crimes sont commis par des proches dans la sphère privée » (Catherine Deschamps), le temps – pas si ancien – ou l'avortement était un crime mais où le viol ne l'était pas, le corps des femmes (« ni un terrain à conquérir, ni une marchandise »), le privé et sa régulation, les atteintes sexuelles pendant l'enfance et l'adolescence, les « histoires de déni, de culpabilité, d'amnésie traumatique » (Janine Mossuz-Lavau), la peur de l'indifférenciation sexuelle, les féminicides en Amérique centrale et du sud, Ni Una Menos, Vivas y libres nos queremos, vaincre la peur de parler, « les victimes sont toutes toujours accusées de mentir, d'être instables et manipulatrices » (Sandrine Rousseau), le traumatisme très spécifique subi en cas de violences sexuelles, le verbe et ses effets libératoires…

2. Prendre la parole, dire le corps : Transgression, transformation, émancipation

Un crime n'est jamais une « marque de passion », l'oubli comme relativisation de la dimension révolutionnaire de la parole, ceux qui parlent « à la place de », la mise en cause de l'opposition entre public et privé, la honte dont le corps féminin est revêtu…

Je souligne l'article de Mona Gérardin-Laverge, « Trouble-fêtes. le pouvoir insurrectionnel de la prise de parole ». L'autrice aborde entre autres, le sens politique des violences, « les violences ne sont pas des « bavures », des accidents ou des dérapages causés par la personnalité ou la psychologie de l'agresseur », la parole n'est pas donnée mais bien prise par les femmes, « Prendre la parole, c'est parler sans attendre qu'on nous y autorise », l'espace des discours comme « espace social, hiérarchisé et inégalitaire », il ne s'agit jamais d'un simple lieu d'expression des facultés individuelles d'un·e locutrice.

Mona Gérardin-Laverge fait l'hypothèse du pouvoir transformateur du discours : « c'est un acte polyphonique et collectif (1) ; c'est un acte qui conteste l'ordre social en contestant l'ordre du discours (2) ; c'est un ace d'émancipation individuelle et collective (3) ». Les discours sont des pratiques sociales, certain·es sont autorisé·es à parler et le discours des autres est considéré comme du bruit, le non qui ne voudrait pas dire non et l'autrice insiste sur la délégitimation de celles qui le prononcent, une dépossession de la capacité de refuser. Elle aborde aussi les stratégies pour désactiver les effets de la prise de parole, en diminuer la portée politique et féministe, disqualifier l'objet de leurs discours, la « nature » non comme réalité mais comme argument politique, l'impact des violences sur les conditions de vie et sur « notre vécu intime »…

J'ai été particulièrement intéressé par l'article de Deborah de Robertis, « #metoo, l'émancipation par le regard », la nudité féminine, le « corps qui regarde » (Geneviève Fraisse), le travail sur le regard, son oeuvre Miroir de l'origine, l'émancipation de la nudité, « Par l'ouverture de mon sexe, je révèle alors ce vide, cet angle mort, ce point de vue inexistant dans l'histoire de l'art », la nudité féminine comme objet du regard des hommes sur le corps des femmes, le désir et la jouissance, la tension entre la nudité féminine et la question du regard, la subversion des regards, ce n'est pas la nudité féminine qui offense, « c'est l'émancipation, la liberté d'expression de la nudité », la qualification exhibition sexuelle et la censure, les lieux où l'autrice peut imposer son corps de femme….

3. Scènes du désir : Agression, séduction, consentement

La qualification des actions, la misogynie souriante, la galanterie comme mythe national, la valeur de l'agresseur et son absence de valeur à elle (Catharine A. Mackinnon, voir lien à la fin de cette note), les regards libidineux lors de casting lubriques, « Si les faits s'étaient déroulés dans une cave, le viol serait appelé une tournante. Ici cela s'appelle un casting » (Isabelle Steyer), les viols en temps de guerre considérés aujourd'hui comme des crimes contre l'humanité, l'incapacité à entendre et l'incapacité de dire, l'omerta et ce qui « coud les bouches des victimes », la surexploitation judiciaire de la vie privée, « le juge devient le juge de la moralité de la femme et non plus de l'acte de viol » (Isabelle Steyer), ce qui fait bander les hommes, l'autorisation et la permission, « Il est parfois plus difficile de dire « non » qu'on ne l'imagine » (Michela Marzano), ce qu'est et n'est pas la liberté sexuelle avec « l'asymétrie structurelle des rapports de pouvoir », la divulgation d'agressions renommée dénonciation, l'absence de réflexivité des hommes sur leurs conduites, la sphère dite privée « hors du champ des droits fondamentaux » et les assignations sociales et sexuelles, les acceptations explicites, « pas un geste ni une pratique ne devrait être effectué ou proposée sans l'accord préalable des personnes concernées » (Camille Froidevaux-Metterie), être crue sur parole…

4. Devenir-femme : Situations, positions, postures

Les mots du sexe, les femmes condamnées, « les violences de genre et la division sexuelle du travail sont constitutives du parcours des femmes condamnées pour de longues peines » (Natacha Chetcuti-Osorovitz), l'imbrication des rapports sociaux, les représentations sociales et les positions sociales naturalisées, le passage à l'acte des femmes comme « une manière de mettre fin à l'accumulation de violences »…

5. Un féminisme, des féminismes : Communautés, subversions et dérèglements

Les féministes du monde entier, bell hooks, les personnes « concerné·e·s de choisir leurs allié·e·s » (Valérie Gérard), l'oubli de l'histoire des femmes, les effets du « féminisme néolibéral », l'intersectionnalité, la contradiction entre libertinage et droits des femmes comme lieu commun, les féministes en Chine, le contrôle autoritaire des naissances, l'alliance du conservatisme et du libéralisme, la domination esthétisée et érotisée, « L'essentialisme est un déterminisme qui fige nos vies d'emblée, comme le nationalisme nous rappelle aux frontières territoriales tout autant que mentales, limitatives et non transitionnelles, qui pour autant qu'elles soient imaginaires manquent cruellement d'imagination. Les réactionnaires aiment les frontières surtout lorsqu'elles se referment comme un cocon autour d'elles et eux, qu'il s'agisse de différences sexuelles, raciales, géographiques ou identitaires » (Emilie Notéris),

Le titre de cette note est emprunté à Maïa Mazaurette.

Il n'y a pas de tout temps, les rapports sociaux (pour utiliser des termes actuels) sont historiques, « la » femme n'existe pas, mais les femmes et leurs combats sont inscrit·es dans l'histoire. Les violences envers les femmes ne sont pas des faits divers, un simple ensemble d'actions d'individus, mais une manifestation du système de domination d'un groupe social, les hommes, sur un autre groupe social, les femmes. Cette domination s'imbrique à d'autres dominations, elle est située et contextualisable. #metoo est le fait de sujettes politiques, pensantes et parlantes, un acte politique de résistance. Contre les dénis, les invisibilisations, les discours individualisés et dé-sexués, les paroles de femmes brisent le mythe de l'égalité-déjà-là, interrogent ces contrats sociaux – et le déni du « contrat sexuel » (voir à ce sujet, Carole Pateman : le contrat sexuel).
Nous sommes bien dans ce livre du coté de l'historicité, des contradictions, des sexualisations, du continuum des violences exercées contre les femmes, de la division sexuelle du travail, des rapports sociaux de sexe…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Sous la direction de Samuel Lequette et Delphine le Vergos, une trentaine de femmes et deux hommes seulement (faute de chercheurs dans le domaine du féminisme...) font le point sur le mouvement de protestation féminine déclenché par" l'affaire Weinstein", tout en l'inscrivant dans le passé des luttes féministes précédentes.
Ce qui est extrêmement intéressant dans cet ouvrage c'est que s'y côtoient aussi bien des textes écrits par des chercheuses, des juristes , sociologues, artistes, une poétesse, une historienne ou des écrivaines ,de nationalités différentes.
Dûment argumentés, denses, ces textes s'ouvrent par le témoignage très fort d'Asia Argento, victime tout à la fois du triste sire à l'origine du scandale, et de l'opprobre générée par son témoignage. Il se clôt par un texte raisonnablement optimiste de Maîa Mazaurette, qui table sur la ténacité du combat des femmes, mais j'aurais plutôt tendance à estimer, comme Michelle Perrot que , comme le prouve L Histoire, chaque avancée du droit des femmes est suivie d'une offensive réactionnaire. Il n'en reste pas moins que cette prise de parole est un acte collectif d'émancipation puissant.


Merci à l'éditeur et à Babelio
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J'ai lu ce livre dans le cadre de la masse critique Babelio, que je remercie ainsi que les éditions des femmes-
Ce livre regroupe un ensemble de textes, témoignages, réflexions, faits, "poèmes" ayant pour sujet principal le féminisme.
Les passages les plus intéressants pour moi étaient ceux de témoignages, ainsi que des réflexions menées par les différents protagonistes de ce livre. Les aspects historiques, bien qu'intéressants, peuvent parfois être redondants, et il y a certains passages qui m'ont ennuyée profondément. A partir du mouvement #Metoo, qui a été repris par l'actrice Alyssa Milano et de ce fait "relancé" et ouvert le déferlement de témoignages", s'en suivent des réflexions autour de la place de la femme dans la société, de son évolution depuis le début de plusieurs mouvement féministes (entre autres- MLF), et de constats faits aujourd'hui sur ce qu'il en est réellement. J'ai bien aimé le fait que livre nous pousse à réfléchir sur plusieurs points. le livre est divisé en 5 grandes catégories, puis un épilogue assez positif. le point intéressant aussi est que toutes ces réflexions, ces témoignages viennent de femmes de corps de métiers complètement différents: actrices, juristes, artistes, professeurs, anthropologues, sociologues, journalistes, romancières, chroniqueuses, peintres, directrices d'étude, vidéastes, avocates et activistes, mais qui sont avant tout: féministes.
Pour bien comprendre la portée de ces textes et les réflexions qu'ils amènent, il faut lire ce livre dans le calme absolu et en saisir les subtilités (certains passages traitant de domaines assez méconnus pour ma part étaient plus difficiles à suivre que d'autres); mais je pense qu'il est important en tant que femme d'avoir un avis sur le sujet, même sans être titulaire de doctorat, sociologue ou juriste...
Lien : https://www.youtube.com/watc..
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critiques presse (1)
Telerama
05 février 2019
Forts de la certitude qu’il est temps de “questionner et contester un système politique qui fonde la liberté des hommes sur la domination des femmes”, Samuel Lequette et Delphine Vergos ont rassemblé une trentaine de contributions dans un stimulant ouvrage collectif...
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L'Italie est un pays sexiste jusqu'à la moelle. C'est un pays où la misogynie fait loi. Un pays où le féminicide est monnaie courante. En Italie, tous les trois jours, une femme est tuée par un homme. Et presque un quart de la population féminine a subi une forme de violence sexuelle au cours de sa vie.
Jusqu'en 1981, une accusation de viol pouvait être suspendue par les autorités judiciaires italiennes si une femme ayant subi un viol acceptait d'épouser l'homme qui l'avait violée. Cette pratique horrifiante était connue sous le nom de "mariage de réparation". Jusqu'à cette même année, un homme pouvait tuer sa conjointe s'il pensait qu'elle avait commis un adultère, et recevait alors une sentence mineure. Jusqu'en 1996, le viol n'était même pas considéré comme un crime contre la personne, seulement un crime contre la "morale publique". Pensez-y.

[Asia Argento (actrice, musicienne, réalisatrice. Une des premières femmes à avoir accuser publiquement Harvey Weinstein de l'avoir violée en 1997), Avant-propos]
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Quand on ne nous a pas appris à dire non, jamais.
A protester, hausser le ton, secouer la tête, tourner les talons.
Quand on ne sait pas gueuler.
Quand on sait trop bien mentir, faire comme si. Tout va bien. Toujours.

Quand on excelle à la douceur. A la compréhension.
Quand on nous a appris que nous étions le sexe faible.
Ce sexe mou, humide, profond, caché.
Quand on est une victime-née, et qu'on vit les yeux fermés.
Parce qu'on nous met des œillères dès l'enfance, et qu'on préfère les garder.

A défaut de jouer à la chèvre de Monsieur Seguin, de rompre la corde qui nous relie au foyer. Parce qu'on nous a appris toutes petites que là-haut, dans la montagne, le loup allait nous manger. On s'est habituées à manquer d'air, d'espace et de liberté.

Et la corde, quand on l'arrache, elle laisse son empreinte et finit par manquer.
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Tant que le discours commun persistera à érotiser les rapports de coercition, il y aura des dégâts, et puisque désormais les victimes parlent... elles vont continuer de parler, jusqu'à la reconstruction intégrale des codes de la rencontre et du consentement. Au rythme habituel des avancées des droits des femmes, nous en avons pour des décennies. Dommage pour les impatients : ce temps, nous le prendrons. Notre colère n'est pas un détail de l'histoire qu'on peut passer sous le tapis.
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Et ce n'est pas un hasard si le mouvement #MeToo s'est levé aux Etats-Unis, où la dernière élection présidentielle a porté au pouvoir un président caricaturalement machiste, malgré des accusations de viol et de harcèlement sexuel, à la place d'une femme qui, pour la première fois dans l'Histoire, semblait pouvoir être élue à la tête de la plus grande puissance mondiale.
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Les hommes sont les grands absents du mouvement #MeToo. Peu présents dans les soutiens, prudents voire apeurés par la forme qu'a prise le mouvement, ils se taisent pour la plupart. Or la cause des femmes n'avancera pas sans eux.
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