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EAN : 9782021237634
432 pages
Seuil (01/03/2018)
4.23/5   28 notes
Résumé :
New York, 1985, 3e Rue, territoire des SDF, des junkies, des pseudo-artistes de génie. Au milieu des travestis et des punks, iO Tillett Wright naît sous les auspices rayonnants de Nan Goldin (sa marraine) et de Jean-Michel Basquiat (un ami de son père).

Celui qui dès les premières années d'école décidera qu'il est un garçon plutôt qu'une fille, qui deviendra l'un des porte-parole de la communauté LGBT aux États-Unis, s'est construit dans la pauvreté e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Grâce à toi, je connais le pardon.
Grâce à toi, je connais l'amour.
À jamais,
Ton lapin

C'est une déclaration d'amour à sa mère, la prêtresse guerrière viking qui arpentait à longues enjambées nerveuses Manhattan du nord au sud et d'est en ouest, d'un cours de danse à une audition, d'une répétition à un spectacle, pour elle comme pour son enfant jetée dans le grand bain toute petite.
C'est une déclaration de haine au visiteur qui transformait cette mère en banshee hurlante et violente, son regard en un puits noir empli d'une sinistre brutalité.

iO Tillett Wright, au prénom dessiné par son père, raconte comme on boxe son parcours, sa mise au monde, sa prise de conscience, sa libération avec les arrachements qu'elle implique, à coups d'uppercuts, de crochets, de feintes, de KO redoutables.
Le jeu de jambes est léger, il n'empêche pas les chutes, l'asphyxie d'un direct à l'estomac, bloquée dans les cordes.
Ne pas baisser sa garde. Rester mobile. Aux aguets. Se relever, une fois, dix fois, cent fois.

Le premier round a un accent presque légendaire, une naissance homérique entre l'appartement de la 3e rue et Bowery, et l'hôpital où Asoka, formidable sage-femme aux cinq mille naissances, finit par emmener la mère épuisée et le père hagard.

Les premières années sont vives comme une samba, mais le rythme se fissure sous les coups droits d'une réalité qui impose rapidement sa dureté, la rugosité du gant accrochant la peau du visage.

Et même si iO considère comme naturel son environnement et le mode de vie qu'elle a avec sa mère, la confrontation avec les autres se charge de lui opposer des normes auxquelles elle n'adhère pas mais aussi une tranquillité à laquelle elle aspire.

Une feinte, une autre, relever les gants devant la figure, rentrer la tête dans les épaules, sautiller d'une jambe sur l'autre.

Sa mère l'amazone lui apprend le combat, la survie, la lutte.
Nulle trace de complaisance dans la discipline qu'elle leur impose à toutes deux.
Pas même le droit de manger du sucre, ce poison si doux au palais de l'enfant.

La découverte de soi et l'affirmation de soi ne se font pas sans KO terribles, prises de conscience et ruptures nécessaires, face à cette combattante du quotidien qui se perd petit à petit dans l'alcool et les amphétamines.

iO manque jeter l'éponge lorsque l'adversaire tape trop dur, dévoile son vrai visage, coup droit, coup du gauche, mais elle serre la mâchoire sur son protège-dents, remonte ses gants, reprend toujours sa danse légère autour de lui, quel que soit le nom qu'on peut lui donner, alcool, haschich, cocaïne, héroïne…
Addictions qui lui confisquent sa mère, son père et tant d'autres, la poussent à grandir plus vite qu'elle le veuille ou non.

À cette lutte se mêle le questionnement sur son identité sexuelle. iO décide qu'il sera un garçon à six ans, et le restera jusqu'à la fin de son adolescence avec toutes les difficultés pratiques que cela suppose.
Lorsqu'elle décide de redevenir une fille, ce n'est pas par KO, c'est dans la logique de l'acceptation totale de son être, qui prendra encore des années.

Elle gagne le combat, iO, mais c'est un combat de de vingt-trois ans aux rounds multiples dont on ne sort pas indemne.

J'ai été bouleversée par l'urgence de cette voix qui lutte pour se connaître, se faire entendre, comprendre, accepter.
Il n'est pas indispensable d'avoir une expérience similaire pour en reconnaître les accents, entendre l'écho de nos blessures d'enfants et de nos guerres adolescentes.
Un sacré combat.
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Je me suis plongée au départ dans ce livre, parce-qu'il se déroulait à New-York, qui m'attire toujours comme un aimant. Mais ici, on ne parle pas de la ville propre et sous haute-sécurité que l'on connaît aujourd'hui. Il s'agit de la cité de violence et de débauche des années 80, celle où les junkies traînaient à tous les coins de rues et où la jeunesse désabusée testait tout un tas de produits plus ou moins licites.
IO Tillet Wright naît dans un quartier pauvre et violent, élevée par une mère excentrique, artiste, toujours sur le fil du rasoir et parfois violente, qui cependant, défend son enfant telle une lionne enragée.
Ce livre retrace le parcours d'IO, qui essaie de survivre aux colères aussi soudaines que démesurées de sa mère, ballotée entre un père vénéré mais pas très présent, les castings pour enfants, les cours de danse, et un parcours scolaire plutôt chaotique. Il est aussi question d'identité de genre, IO ayant décidé à 5 ans qu'elle serait un garçon. Elle s'acharne à en prendre l'apparence, laissant planer le doute sur son sexe autour d'elle.
Elle changera d'avis à l'adolescence, tombera amoureuse de filles, se persuadera un temps qu'elle prèfère les garçons, pour y renoncer ensuite. Qu'importe. Ce qui m'a happée dans ce livre, c'est cette rage de vivre, cette urgence d'avancer quoi qu'il arrive et ce, dès le plus jeune âge. Et puis on ne peut pas ne pas être touché par l'amour inconditionel qui unit cette mère et son enfant, une mère dont IO dit qu'elle vivre auprès d'elle est un suplice alors qu'elle ne parvient pas à s'en détacher.
C'est un livre que je n'ai pas lâché, dur, violent par moments même, mais pas tellement dans des scènes de violence mais plutôt parce-que la vie est parfois un parcours du combattant pour certains. C'est aussi un livre rempli d'amour, qui se lit comme un roman alors qu'il s'agit de l'enfance réelle de l'auteur.
New York sert de décor à ce parcours fascinant qui donne envie d'aller voir un peu plus loin le travail de cet artiste engagé qu'est devenu aujourd'hui IO Tillett Wright.
On prend une vraie claque avec cette lecture, j'ai adoré!
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L'enfance d'iO, c'est un verre de jus d'orange chaque matin.
"Acide, fort en goût". Comme quand "il nous arrive quelque chose de pénible."
New-York, années 80.
iO grandit, entourée de junkies, sans - abris et marginaux.
Des personnalités à fleur de peau, marquées par la drogue, la poisse, la maladie ou les addictions.
iO vit avec sa mère,Rhonna, psychotique et addict.
Pauvreté, solitude, insécurité affective; la vie comme une fontaine de jus d'orange.

L'enfance d'iO, c'est un verre d'eau chaque matin.
De l'eau pour éteindre les flammes.
Quand sa mère prend feu.
Personnalité incandescente, elle brûle et explosé fréquemment.
Un dragon.
Une bombe ambulante qu'iO doit désamorcer.
Rhonna aime autant qu'elle blesse, protège autant qu'elle détruit, attaque autant qu'elle défend.
Elle défend sa fille qui lui annonce très tôt qu'elle est un garçon et la soutient ses choix. Mais l'insécurise par ses choix de vie et nombreuses colères.
Une relation mère-enfant ambivalente et toxique, dont iO doit se sortir pour survivre.
"Tuer" sa mère pour sauver sa peau.

Alors iO verse de l'eau.
Pour diluer le jus d'orange.
Pour susciter la compassion. Faire comprendre la douleur. Rompre la solitude.
L'exclusion sociale, la solitude de l'adolescence, l'isolement né de la confusion autour du genre.
iO appelle au secours.
Met du "baume à son coeur fendu", à son corps hybride.

L'enfance d'iO , c'est un verre de jus d'orange coupé à l'eau chaque matin.
Un tiraillement entre volonté de liberté et devoir de loyauté, entre fantasme de normalité et différence assumée, entre souhait de paix et besoin de lutte.

Dans ce roman autobiographique, iO Tillett Wright dépeint son enfance tourmentée, partagée entre amour inconditionnel pour ses parents et besoin viscéral d'émancipation pour survivre.
L'analyse qu'iO fait de son histoire est intelligente et puissante, à son image.
La langue est percutante, rythmée et âpre, à l'image de cette vie mouvementée.
Une belle leçon de vie .
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Bonjour les lecteurs ....

Waouh ... quel livre coup de poing !!!

Ceci est l'histoire d'IO
IO est née en 1985 au centre de New-York.
IO a des parents artistes qui évoluent chacun de leur côté.
IO a une mère toxicomane avec laquelle elle a une relation douloureuse à la " je t'aime moi non plus ".
IO est entourée de violence .
IO vit en marge de la société.

Pendant une grande partie de son enfance, IO a rejeté les normes du genre : elle est une petite fille physiquement mais au plus profond d'elle-même, c'est en garçon qu'elle se sent.
IO part en quête de son identité .. mais le chemin relève du parcours du combattant.
Pas facile de s'imposer aux yeux des autres même si ses parents l'ont toujours soutenue à leur façon!

Ce livre est avant tout un livre sur la recherche de l'identité, sur la difficulté à écouter son moi le plus profond.
A la fois dur et émouvant, ce livre nous raconte le combat d'une jeune femme pour essayer de sortir du chaos.

Ceci est le livre mémoire d'IO, artiste, activiste , animateur TV.

Ceci est un récit bouleversant, qui prend aux tripes et dont on sort comme groggy.
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New-York, années 1980-2008.

iO né en 1985, vit sur la 3ème rue de New-York, en plein dans le quartier des junkies, des marginaux, des SDF et des artistes.

Elevée par une mère excentrique, artiste, et à la discipline de fer, iO vit ses premières années à un rythme frénétique d'un cours de danse à une audition, d'une répétition à un spectacle. Elevée dans le milieu depuis toute petite, elle s'insère de manière naturelle dans l'environnement qui est le sien, affirmant dès ses 6 ans qu'elle est un garçon et non une fille.

Cependant la réalité la rattrape au galop, confrontant son mode vie à celui des autres, celui de la norme, réveillant en elle un besoin de cadre, de règles, de normalité.

Dans ce récit qui retrace le parcours de iO, devenu acteur, présentateur de télé et artiste engagé, les confessions sont dures, sensibles et violentes. La plume est à l'image du prénom, courte, rapide, nerveuse, jamais dans le pathos. Elle s'adapte aux émotions, aux questionnements, aux réflexions et aux oscillations. Une voix solitaire qui prend conscience de sa différence. Une voix forte, qui lutte pour se connaître, se faire entendre, comprendre et s'accepter. Une voix sûrement héritée de sa mère, la « prêtresse guerrière viking » à qui ce poignant récit est dédié. Une voix qui a trouvé son chemin, malgré (ou grâce) le parcours chaotique qui a été le sien et qui a remporté le combat.

Un roman bouleversant, dur et intense qui révèle une force intérieure admirable. Un récit de vie qui ne peut laisser de marbre. Parsemé de photos d'archives personnelles, comme une défilé de souvenirs, l'enfance est tourmentée, déchirée entre l'amour pour ses parents et un besoin de s'éloigner pour survivre. Un réel uppercut littéraire




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critiques presse (1)
LeMonde
11 avril 2018
Le militant trentenaire, filleul de Nan Goldin, livre un récit poignant de ses jeunes années à New York, alors qu’il était encore une fille.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
" Tu veux me dire comment ça se passe à la maison ?"
C’est comme un accident de voiture, un instant on conduit en chantant par-dessus la radio, et la seconde d’après on a la tête ouverte en deux.
L’air de rien, voici la question que je la poussais tacitement à me poser.
Arrive le moment où je cesse d’être une personne de confiance et deviens une balance ; où je me détache du pacte animal conclu avec ma mère et rentre dans le système. L’ordre établi va me transformer en pourriture de yuppie et je moisirai dans un trou, tellement ma trahison est grande.
p.231
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"Ben, le prof m’a dit d’aller dans le vestiaire…
- Ok…
- Le vestiaire des filles… "
Joan sait. Impossible qu’elle ne sache pas. Je me retourne pour voir si la porte est fermée. Joan se lève, va la pousser, se rassied.
"Ok. Parle-moi du vestiaire des filles…
- Ben…"
J’inspire fort. Je n’arrive pas à la regarder en face.
"C’est pas ma place… Je peux pas y aller.
- D’accord. Pourquoi ?
- Parce que je suis un garçon."
Elle reçoit cette information comme si on venait de lui servir une assiette de pâtée pour chien. Elle l’examine, cherche un moyen de décliner poliment. Gorgées de café. Le silence me rend nerveuse. Elle est intelligente et je veux son respect.
" D’accord… Et le vestiaire des garçons ?
- Non. Je ne peux pas y aller non plus…
- Et pourquoi ça ?
- Parce que… je suis pas un garçon…
- D’accord."
p.229
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C’est une excentrique dans un monde qui réserve souvent aux excentriques une vie d’intouchables ; enfin jusqu’à leur mort, et alors ils deviennent des idoles. Après leur overdose à vingt-sept ans on colle leur gueule sur des t-shirts et on parle d’"étoiles filantes" et de "feux éteints trop tôt". On vante leurs créations, leur musique, leur jeu de scène. On aime et on exploite les fruits de leur étrangeté, mais essayez un peu de grandir en n’ayant qu’eux comme repères. Essayez un peu d’avoir un "excentrique" pour parent, pour premier guide dans la vie.
p.339
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Ma solitude est formidable, c’est la conviction que je ne serai jamais comprise, que jamais personne ne connaîtra mes blessures, ne comprendra le travail que ça représente, de donner l’impression chaque jour que je comprends comment les gens font les uns avec les autres, ce qu’on attend de moi, de tout apprendre sur le tas et de me sentir exclue.
p.390
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Les crises de Maman empirent et on a de moins en moins de moments doux toutes les deux. Des fois elle casse des choses mais elle ne me frappe jamais, malgré la noirceur qui colore ses yeux. Avant, ça ne se produisait que la nuit, mais maintenant je ne sais même plus quelle version d’elle va venir me chercher à l’école.
p.196
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Videos de Io Tillett Wright (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Io Tillett Wright
iO Tillett Wright Talks "Darling Days" Behind The Velvet Rope with Arthur Kade
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