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Citations sur Maintenant (18)

Ce ne sont pas les raisons qui font les révolutions, ce sont les corps. Et les corps sont devant des écrans.
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Nous proposons une autre perception des choses, une autre façon de les prendre. Ceux qui font les lois ne les respectent à l'évidence pas. Ceux qui entendent nous inculquer la « morale du travail » font des emplois fictifs. Les Stups – c'est désormais de notoriété publique – sont le plus gros dealer de shit de France. Et dès que, par extraordinaire, un magistrat est mis sur écoute, on ne tarde pas à découvrir quelles inqualifiables tractations se cachent derrière l'auguste prononcé d'un jugement, d'un appel ou d'un non-lieu. En appeler à la Justice face à ce monde, c'est demander à un ogre de garder vos enfants. Quiconque connait l'envers du pouvoir cesse immédiatement de le respecter. Les maitres ont toujours été, au fond d'eux, des anarchistes. Il leur déplait seulement que les autres le soient. Et les patrons ont toujours eu un coeur de bandit. C'est cette honorable façon de voir les choses qui a de tout temps inspiré aux ouvriers lucides la pratique du coulage, voire celle du sabotage. Il faut vraiment s'appeler Michéa pour croire que le prolétariat ait jamais été sincèrement moraliste et légaliste. Le prolétaire, c'est dans la vie, parmi les siens, qu'il manifeste son éthique, pas dans le rapport à la « société ». Face à la « société » et sa tartufferie, il ne peut y avoir d'autre rapport que de guerre plus ou moins ouverte.
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Le "quotidien" est par prédisposition le lieu qu'une certaine ankylose voudrait préserver des conflits et des affects trop intenses. C'est justement cette lâcheté-là qui laisse tout filer et finit par rendre le quotidien si poisseux et les relations si gluantes. Si nous étions plus sereins, plus sûrs de nous, si nous redoutions moins le conflit et ce qu'une rencontre vient bouleverser, certainement leurs conséquences seraient-elles moins fâcheuses. Et même peut-être pas fâcheuses du tout."
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Entretenir la misère et lui faire miroiter une issue possible, tel est le grand ressort du capitalisme.
(page 129)
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L’unité de la République, celle de la science, celle de la personnalité, celle du territoire national ou celle de la « culture » n’ont jamais été que des fictions. Mais elles étaient efficaces. Ce qui est sûr, c’est que l’illusion de l’unité ne parvient plus à faire illusion, à mettre au pas, à discipliner.
(page 21)
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Il y a dans le chaos contemporain, dans l’effritement des institutions, dans la mort de la politique, un marché parfaitement rentable pour les puissances infrastructurelles et pour les géants de l’Internet.
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Nul n’a jamais agi par espoir. L’espoir a partie liée à l’attente, au refus de voir ce qui est là, à la crainte de faire effraction dans le présent, bref : à la crainte de vivre. Espérer, c’est se déclarer par avance sans prise sur ce dont on attend pourtant quelque chose. C’est se mettre en retrait du processus pour ne pas avoir à tenir à son résultat. C’est vouloir que les choses soient autrement sans en vouloir les moyens. C’est une lâcheté. Il faut savoir à quoi l’on tient, et s’y tenir. Quitte à se faire des ennemis. Quitte à se faire des amis. Dès que nous savons ce que nous voulons, nous ne sommes plus seuls, le monde se repeuple. Partout des alliés, des proximités et une gradation infinie d’amitiés possibles. Rien n’est proche pour qui flotte. L’espoir, cette très légère mais constante impulsion vers demain qui nous est communiquée de jour en jour, est le meilleur agent du maintien de l’ordre. On nous informe quotidiennement de problèmes à quoi nous ne pouvons rien, mais à quoi il y aura sûrement demain des solutions. Tout l’écrasant sentiment d’impuissance que cette organisation sociale cultive en chacun à perte de vue n’est qu’une immense pédagogie de l’attente. C’est une fuite du maintenant. Or il n’y a jamais eu, il n’y a et il n’y aura jamais que du maintenant. Comme le sera le demain. L’unique façon de comprendre quelque chose au passé, c’est de comprendre qu’il fut lui aussi un maintenant. C’est de sentir le faible souffle de l’air dans lequel vivaient les hommes d’hier. Si nous sommes si enclins à fuir le maintenant, c’est qu’il est le lieu de la décision. Il est le lieu du « j’accepte » ou du « je refuse ». Il est le lieu du « je laisse filer » ou du « j’y tiens ». Il est le lieu du geste logique qui suit immédiatement la perception. Il est le présent, et donc le lieu de la présence. Il est l’instant, sans cesse reconduit, de la prise de parti. Penser en termes éloignés est toujours plus confortable. « A la fin », les choses changeront ; « à la fin », les êtres seront transfigurés. En attendant, continuons ainsi, restons ce que nous sommes. Un esprit qui pense en termes d’avenir est incapable d’agir dans le présent. Il ne cherche pas la transformation : il l’évite. Le désastre actuel est comme l’accumulation monstrueuse de tous les diffèrements du passé, à quoi s’ajoutent en un éboulement permanent ceux de chaque jour et de chaque instant. Mais la vie se joue toujours maintenant, et maintenant, et maintenant.
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Si nous redoutions moins le conflit et ce qu'une rencontre vient bouleverser, certainement leurs conséquence, seraient-elles moins fâcheuses. Et même peut-être pas fâcheuses du tout.
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Génération après génération, dans sa grande sagesse, l’État a su coopter ceux qui se révélaient disposés à se laisser acheter, et écraser ceux qui jouaient les irréductibles.
Ce n’est pas pour rien que tant d’anciens meneurs de mouvements étudiants ont si naturellement accédé à des postes ministériels.
Voilà des gens qui ne peuvent qu’avoir le sens de l’État, c’est-à-dire le sens de l’institution comme masque.
(page 73)
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Espérer, c’est se déclarer par avance sans prise sur ce dont on attend pourtant quelque chose. C’est se mettre en retrait du processus pour ne pas avoir à tenir son résultat. C’est vouloir que les choses soient autrement sans en vouloir les moyens. C’est une lâcheté. Il faut savoir à quoi l’on tient, et s’y tenir. Quitte à se faire des ennemis. Quitte à se faire des amis. Dès que nous savons ce que nous voulons, nous ne sommes plus seuls, le monde se repeuple.
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