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EAN : 9782246584414
537 pages
Grasset (06/05/1998)
3.59/5   29 notes
Résumé :

Les Dix Mille Marches étaient le roman de la conquête de Mao par celle qui devait devenir sa femme. Le Chien de Mao est celui de la plus sauvage des guerres de succession. Jiang Qing est donc l'épouse du dernier empereur de la planète. Elle croit avoir accédé au Grand Pouvoir. En fait, elle n'est, de son propre aveu, que le Chien de Mao ". Un chien d'attaque certes, adulée et puissante par moments, au bord de l'oubli et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« J'étais le chien de Mao. Je mordais quand il me disait de mordre. Avant de battre le chien, adressez-vous à son maître ». Voilà les mots de Jiang Quing lors de son procès en 1980. Et quand on veut piquer son chien, on dit qu'il a la rage.
La rage, elle l'avait. Mais cette phrase, loin d'être anodine, éclaire sur la vie de celle qui fut façonnée par Mao, lui qui reste un modèle en Chine, dont le portrait reste suspendu place Tian'anmen.
Mao n'a pas eu à souffrir d'être confronté à ses actes, tout comme bien des princes rouges. Ici c'est la femme qui est punie. Mao la comparait souvent à une Cixi ratée, Jiang Quing, elle, se voit en furie à la Lü Zhi ou Wu Zetian. Singeant la barbarie de ces dernières, elle se débarrassera des enfants de Mao, fera exécuter les maîtresses de celui-ci - quand elle ne les utilisait pas, et se débarrassera des potentiels nuisibles.

Le chien n'était dressé que pour mordre, attaquer, aboyer. Pas seulement par Mao mais par ses amants, les hommes du parti, ou Kang Sheng.

Contrairement aux impératrices qui ont pu régner, Madame Mao restera dans l'ombre, excepté lorsqu'il s'agissait de mener la révolution culturelle, dont les répercussions épouvantables conduiront à des millions de morts. Encore une fois, c'est elle qui en paiera le prix, jamais son mari, pourtant le commanditaire.

Elle sera maltraitée par Mao, envoyée en rééducation dans des camps, méprisée par les cadres du parti, moquée, insultée, avilie. Sa haine n'en sera que plus forte, s'abattra sur tous ceux qui s'opposent à la moindre de ses volontés. Elle reste figée dans sa haine, espérant toujours succéder à Mao, devenir une impératrice.
Ce jour n'arrivera jamais. Elle finira condamnée par le parti, envoyée en prison, gangrenée par le cancer puis suicidée.

Lucien Bodard décrit une impératrice ratée, une barbare à moitié dégénérée, bref un monstre sanguinaire. Mais ce monstre a été construit par la barbarie de Mao, des hommes, de ceux qui détiennent le pouvoir. Ancienne pute de Shanghai, puis putain de Mao, avant de devenir sa femme, Jiang Qing restera à jamais soumise à la puissance virile, qu'elle tentera de copier, avant de finir punie, à la fois pour ses crimes à elle, mais aussi pour ceux de son époux, qui reste encore aujourd'hui un dieu vivant en Chine.

Le roman a du souffle, de la folie, nous entraîne dans une chine dégénérée. Une écriture dense, riche, flamboyante.

Le seul reproche serait que Bodard semble se complaire dans une description d'une femme avide de pouvoir qui rate sa cible, systématiquement. Son époux la bafoue, les hommes la rendent à moitié folle mais, jamais, n'est évoqué le fait que cette femme est devenue un bourreau du fait de son entourage masculin. Mao s'en tire plutôt bien, une fois encore.
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Suite de l'ascension de Jian Qing, elle a mis Mao dans sont lit et l'épouse sans tarder. Le pouvoir est à portée de sa main mais elle ne fera que l'effleurer jusqu'à la mort du Grand Timonier. Mao n'est pas dupe devant sa femme il se reconnaît en elle : ambition forcenée, absence de scrupules, sensualité débridée. Elle est son miroir et il se méfiera d'elle jusqu'à la fin, mais elle l'amuse, elle l'aiguillonne le poussant à toujours plus de révolution, plus de traîtres démasqués, de sang versé.

De 49 à sa mort Mao défendra son pouvoir quelque en soit le prix, comme toutes les révolutions la chinoise dévorera ses enfants et finira en dictature. Aveugle en économie, incapable de construire une société nouvelle Mao est un idéologue retors, capable des manipulations les plus fines ou les plus brutales, jouant les uns contre les autres il affirmera son pouvoir dans le sang et finira benoîtement dans son lit.

Le mérite de ce second volume est de faire vivre de l'intérieur les grands soubresauts de l'ère maoïste , du Grand bon en avant (millions de morts et économie dévastée) à la Révolution culturelle (millions de morts et société dévastée). N'en déplaise à nos chers intellectuels français ces grands mouvements n'avaient rien d'inspirations idéologiques d'un Mao visionnaire mais tout à voir avec la vulgaire conservation du pouvoir d'un couple avide.
L'image qui reste de Jian Qing est celle d'une femme assoiffée de revanche qui, à l'image des impératrices qui s'accaparèrent le pouvoir dans les siècles passés, était prête à tous les crimes pour réussir. Quoi de surprenant que Mao, fait du même bois, se soit reconnu en elle. La figure la plus passionnante restera celle de Kang Sheng l'homme de l'ombre, le Vautrin de Jian Quin qui en fit sa torpille vers Mao, le roi des coups tordus, l'amateur d'art qui en esthète aura tiré toutes les ficelles depuis la coulisse.
Bodard est sans doute moins brillant que dans les dix mille marches et des longueurs s'installent, mais sa prose tellurique s'accorde superbement à cette fresque pleine de fureur.
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Le Chien de Mao

Lecteurs, lecteurs, mieux vaudra correctement vous armer pour entrer dans l'univers de ce bien triste Chien de Mao, car c'est un Lucien Bodard fier et sec, impitoyable et exhibitionniste que vous affronterez dans cette fresque historique qui couvre le règne du grand Mao. Epopée flamboyante et renversante, l'histoire de cette Jiang Quing, cinquième femme d'un Mao Zedong plus furieux que jamais, vous mènera dans les bas-fonds les plus pitoyables d'une Chine mise à feu et à sang par la folie d'une poignée de fanatiques.
Le sexe, les alliances tortueuses et le dérèglement des sens y sont autant d'armes que l'auteur vous flanquera sans ménagement sous le nez, à l'instar de quelques scènes toutes plus édifiantes les unes que les autres : la visite primitive du bonze pédéraste et sadique prend une valeur initiatique dans cette Chine qui quitte délibérément les exotismes occidentaux pour laisser place à un peuple de sauvages affamés de chair et de sang. Car la Belle Chine, celle que l'on nous dépeint habituellement dans le faste impérialisme, se décime sous la plume d'un Bodard sanguinaire.
Rien ne vous sera épargné, du déshabillage outrancier et public de la belle Wang Guang-mei, au lynchage révolutionnaire d'un Liu Chaoqi, les scènes toutes plus terribles les unes que les autres vous tourmenteront quelques nuits si vous avez eu le malheur de refermer ce livre à une heure trop tardive.

Mais si l'on ne peut qu'admirer la maîtrise parfaite du cadre historique arborée par l'auteur, la mayonnaise ne prend pas car c'est une plume sèche et chirurgicale qui dépeint ce chaos innommable : une narration extérieure qui n'entre pas dans la psychologie des personnages, qui les réduit à une animalité meurtrière impensable, qui ne sait que décrire froidement et sans sentiment aucun autant de scènes de sauvageries, qui ne ménage pas le lecteur, déjà perdu dans une chronologie fastidieuse et devant une galerie de personnages aux noms obscurs dont les consonnances asiatiques restent difficilement identifiables… Bref, la mort dans l'âme et refusant de croire l'Homme capable de se perdre dans autant de dégénérescences, lecteurs, vous aboutirez à une impasse au bout d'au plus les deux tiers de ce tableau titanesque et, certainement accablés par tant d'émois qui ne semblent mener nulle part qu'à l'inéluctable vérité historique, vous déciderez de refermer la « chose » avant d'en avoir tiré la moindre substantifique moelle.

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Passionnante cette évocation romanesque de la vie de la femme de Mao, Jianq Qing, membre de la fameuse Bande des Quatre.
A lire pour tous les passionnés de la Chine et de son histoire tumultueuse !
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Encore un témoignage brulant de la révolution culturelle en Chine ; ici c le portrait de l'épouse du grand timonier qui est dépeint, dans toute sa grandeur, sa cruauté et sa décadence !
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Et puis le temps ne s’use plus. Il n’a pas de relief. Il est durée insipide, stagnation infinie, marécage sur lequel Jiang Qing flotte comme privée de sens. Sait-on encore si elle existe, si elle vit ? Elle-même, malgré les battements de son cœur, l’ignore. Elle gît hébétée dans la grande flasquerie, dans l’oubli de ce qu’elle est
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Elle est un joyau couvert de joyaux, sa garde-robe est fabuleuse, elle court les grands couturiers de l’univers et ses petits pieds ont besoin de centaines de chaussures. Son mari est béat, il ne gouverne que pour satisfaire ses désirs et ses caprices. Elle a une cour, des favoris, elle fait tomber des têtes. Elle est la garce au pouvoir, fardée, rieuse, amusante, terrifiante. La « Rose Carnivore ».
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Elle est prise d’une soif de vie. Ah ! alpaguer des hommes qui ne soient pas trop déjetés, des hommes dans son genre, dans sa clientèle, faire l’amour enfin. Alors elle retrouvera ses façons, ses coquetteries, ses clins d’œil, ses langueurs de voix, ses manières de dire « distrayons-nous, oublions le reste !
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Séduire n’était pas assez, le meilleur venait ensuite : c’était de faire ramper, d’abattre, que l’amant vous lèche de la langue et du cœur, qu’on le trompe et qu’il le sache, qu’il le voie, qu’on l’amène au bord du suicide, pas plus pas moins.
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Comme ils s’emboîtent, comme ils s’ajustent, en vieux partenaires, en vieux complices pour qui l’amour est une merveilleuse habitude ! Comme leurs corps se reconnaissent ! Plaisir du familier, du consacré… Une douceur entre eux…
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Videos de Lucien Bodard (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lucien Bodard
Jacqueline Duhême Une vie (extraits) conversation avec Jacqueline Duhême à la Maison des artistes de Nogent-sur-Marne le 8 février 2020 et où il est notamment question d'une mère libraire à Neuilly, de Jacques Prévert et de Henri Matisse, de Paul Eluard et de Grain d'aile, de Maurice Girodias et d'Henri Miller, de Maurice Druon et de Miguel-Angel Asturias, de dessins, de reportages dessinés et de crobards, d'Hélène Lazareff et du journal Elle, de Jacqueline Laurent et de Jacqueline Kennedy, de Marie Cardinale et de Lucien Bodard, de Charles de Gaulle et du voyage du pape en Terre Sainte, de "Tistou les pouces verts" et de "Ma vie en crobards", de Pierre Marchand et des éditions Gallimard, d'amour et de rencontres -
"Ce que j'avais à faire, je l'ai fait de mon mieux. le reste est peu de chose." (Henri Matisse ). "Je ne sais en quel temps c'était, je confonds toujours l'enfance et l'Eden – comme je mêle la mort à la vie – un pont de douceur les relie." (Miguel Angel Asturias)
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