Dans la famille
Midwinter, il ne reste plus que le père, Landyn, le fils,Vale et Pup le jack russel.
Les autres ont disparu: la mère Cecelia -Cessie pour les proches- est morte en Zambie, "le pays des terres rouges", dans la ferme africaine, il y a une dizaine d'année; l'aîné de la fratrie a succombé quelques jours après sa naissance...
A présent, les survivants, sont revenus au pays, sur les terres de leurs ancêtres dans le Suffolk, ils ont repris la ferme située entre mer et terre, bois et marais.
Nous sommes dans les années 90 dans une campagne anglaise en prise avec un hiver glacial et neigeux pour partager le quotidien de deux solitudes égarées dans un monde agricole en plein bouleversement et un contexte économique dificile.
Deux hommes blessés, brisés par la perte de l'être le plus cher, l'épouse et mère.
Deux taiseux qui s'affrontent, et qui chacun à leur tour, par chapitre alterné, nous délivrent leur histoire, les drames ponctuant leur existence, celle de Landyn, la soixantaine et de son fils Vale qui a déjà vingt ans.
Chaque protagoniste interpréte le quotidien et ses événements pour avancer, aller au delà du souvenir du drame qui les ronge mais, au détour d'un ciel chargé, d'un paysage enchanté, la lecture de traces pour l'un, de signes pour l'autre, leur apportent un réconfort.
Le Pa, Landyn, fantasme sur une renarde qu'il a apprivoisée, incarnation de son épouse à la chevelure flamboyante: jour après jour il l'épie, la guette dans le froid, récherchant sa présence.
Le fils, Vale, à la vision obscurcit par des vols de corbeaux...
Entre révolte et résistance, père et fils continuent de marcher côte à côte dans une cohabitation tantôt subie tantôt partagée. Des sentiments contraires dévoilent pourtant tout leur amour et attachement.
La peur, la colère, la rage, la haine, les coups de gueule accompagnent les protagonistes tout au long du récit . Pardon, acceptation, vengeance, culpabilité, les émotions valdinguent dans cette houleuse relation père et fils.
J'ai beaucoup apprécié l'écriture de
Fiona Melrose, la manière de dire, d'exprimer la souffrance, la douleur, la peur de ces deux êtres et la façon d'aborder leur solitude et leur incompréhension. Une tension grandissante rend palpable la douleur lancinante, l'appel au secours aussi bruyant qu'un cri.
Peu à peu un chemin vers la résilience se dessine dans ce récit où la nature sert le propos, la vie sauvage est magnifiée sous le regard attentif du père et la vie domestique de la ferme célébrée même dans les moments critiques. Terre et ciel accueillent les ressentis des protagonistes dans une harmonie voire une symbiose emplie de poésie.
Une belle découverte et une auteure prometteuse,
Midwinter est le premier roman de
Fiona Melrose. Envie de musarder dans cette région côtière du Suffolk jusqu'à l'église de la Sainte-Trinité à Blythburgh connue sous le nom de la Cathédrale des Marais ....
Un beau moment de lecture, dense, émouvant.