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EAN : 9782258146938
408 pages
Presses de la Cité (26/04/2018)
3.5/5   4 notes
Résumé :
« Nous avions l’impression de faire l’histoire. »

2014, Madrid. Sarah, hispano-syrienne, vit dans l’angoisse : elle est sans nouvelles du père de sa petite Sham depuis qu’il a été enlevé dans la banlieue de Damas, sans doute par l’armée de Bachar el-Assad. Elle décide de raconter son année 2011. L’année où fut conçue Sham, l’année où le monde arabe se réveilla – l’année où tout commença. Une façon pour Sarah de continuer à garder espoir… En retraçant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quand Damas refleurira est divisé en deux parties – « La vie avant la révolution » ; « La vie après la révolution » – tandis que l'action se déroule principalement dans deux villes : Madrid et Damas. Dans la première vit Sarah Yandali, fille d'un médecin syrien et d'une Espagnole. C'est dans la seconde qu'évoluent les autres protagonistes du roman, tous de jeunes activistes opposés au régime liberticide de Bachar el Asad :
- Mazen, fils de réfugiés palestiniens, né en Syrie ;
- Wafa, cousine de Sarah, angliciste, dotée de talents de dessinatrice ;
- Hilde, Allemande, envoyée en mission en Syrie par l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient ;
- Rudayna, chanteuse talentueuse, amie de Mazen, engagée dans la défense des droits de la femme ;
- Osama [Ernesto Gauloises], vidéaste, boursier dans une école de cinéma à New York, il revient en Syrie pour faire la révolution ;
- Hussein, violoniste jouant dans l'orchestre de Rudayna ;
- Yamal, médecin s'étant marié avec Maya, une jeune femme frivole appartenant à une famille fidèle au régime.

Au-delà de leurs différences d'origines sociales, d'ethnies, de croyances, de nationalités, tous les personnages luttent pour instaurer la démocratie en Syrie. S'il est naturellement question de leur combat, le lecteur découvre aussi les diverses facettes de leur vie et de leur personnalité. Les différentes séquences donnent à voir tour à tour le jeune Mazen, fasciné par les récits de son voisin marxiste, buveur de maté et fumeur de Gauloises ; les discussions frivoles de Maya et de Wafa autour d'opérations de chirurgie esthétique ; la signature du kitab, acte prénuptial, entre Wafa et Walid, son premier fiancé qui la rejettera au bout de quatre mois ; les relations entre Osama et son petit frère ; l'idylle de Mazen et de Hilde.
Mazen, Wafa, Osama, Yamal, Rudayna luttent, vivent dans la peur, la suspicion, mais connaissent aussi les joies de la camaraderie et de l'adrénaline. Ils connaissent les conditions inhumaines des prisons du régime, les interrogatoires, la clandestinité. Leurs actions passent par différentes opérations (manifestations, siège devant l'ambassade de Libye, performances), ainsi que par la diffusion d'informations à l'étranger, à travers l'envoi de d'images (photos, vidéos), de sons, de textes. Hilde en Allemagne et Sarah en Espagne sont leurs principaux relais.
L'auteure mentionne la terrible répression des opposants au régime qui ne pouvaient même pas de faire légalement soigner des suites des brutalités de la police politique (un ordre de Bashar el Asad interdit les médecins de leur porter secours)
Sarah est une cyberactiviste défendant la cause du monde arabe en général et de la Syrie en particulier. Elle tient un blog, aide des personnes en danger à s'exiler, traduit des vidéos, fait des reportages. Elle se rend en Tunisie à une conférence de blogueurs arabes.
Amour et liberté sont intimement liés dans cette chronique chorale. Ainsi, Sarah, dans son journal adressé à Sham, sa fille de trois ans afin de lui expliquer les événements qui ont conduit la Syrie dans la guerre, parle-t-elle de ses histoires d'amour ; avec Óscar d'abord, puis avec Osama dont elle a fait la connaissance par Internet dans le cadre de son cyberactivisme et dont elle tombe enceinte avant qu'il ne reparte lutter en Syrie. Elle relate aussi quelques souvenirs d'enfance à Damas.

L'architecture de Quand Damas refleurira est très habilement construite. Les fils entre les différents fragments de cette chronique à plusieurs voix sont tissés avec finesse, les liens qui unissent les personnages se dessinant au fur et à mesure. Les cinq parties du journal de Sarah (Madrid, juillet 2014 à mars 2015) s'alternent avec huit « livres » (Damas, 2011), chacun centré autour d'un des personnages (Livres de Mazen, Wafa, Yamal, Hussein, Osama, Rudayna) et sous-divisé en fragments portant un titre thématique. Les deux « livres » de la seconde partie s'appellent « Livre de l'utopie » et « Livre des cauchemars ».
Un prologue et un épilogue encadrent cette structure particulièrement intéressante, soignée et réussie. Il s'agit de deux textes singuliers. le premier, intitulé « Nous, les experts qui certifions la mort ne pleurons pas » a été écrit par Razan Zeitouneh, avocate syrienne et militante des droits de l'homme, portée disparue depuis décembre 2013. le second, « L'avenir de Sham » est une projection très optimiste de Damas en 2027.
À l'exception du « journal de Serah », l'ensemble est écrit à la troisième personne. le style direct dont la sobriété journalistique rappelle la chronique est à la fois fluide et saisissant. Il est ponctué de nombreux termes arabes qu'un glossaire final aide à comprendre, bien que le contexte permette souvent de savoir de quoi il s'agit. On trouve également des paroles de chansons, des messages Facebook, des mails, des extraits d'articles de presse, de vidéo et de blog.

Si à la lecture des premières pages, à savoir du prologue et de la première partie du « journal de Sarah », on est en droit de se demander si l'on a entre les mains un roman ou une chronique, dès les premières lignes du « livre de Mazen » (p. 24), on entre dans un univers fictionnel en prise avec l'actualité récente.
Rares sont les romans où l'histoire et la fiction sont si ingénieusement entremêlées . L'auteure évoque avec autant de clarté que de richesse les problématiques qui traversent le monde arabe contemporain, depuis la question de la Palestine jusqu'au Printemps arabe, en passant par Bahreïn et, naturellement, la Syrie. Il n'y a aucun doute sur le fait qu'elle sait de quoi elle parle et qu'elle s'est sérieusement documentée. Quand Damas refleurira permet au lecteur qui reçoit quotidiennement depuis des années des bribes éparses d'informations journalistiques sur le sujet de mieux comprendre la situation, de lier les éléments entre eux, de découvrir peut-être certains aspects qu'il méconnaissait, comme la solidarité de la Syrie à l'encontre des Palestiniens, la complicité de l'Égypte avec Israël et les États-Unis ou encore la désobéissance civile d'une partie de la population syrienne. Il découvre en outre tout un univers culturel, qu'il s'agisse des habitudes et coutumes de la vie privée des Syriens, de la ville de Damas, ses rues, ses quartiers, ses édifices, de musiciens et autres artistes arabes, ainsi que de personnalités déterminantes dont les médias parlent très peu .
Internet et les réseaux sociaux ont une place centrale dans les événements qui secouent le monde arabe depuis 2011. le roman donne à voir le phénomène plus concrètement.
L'auteure est parvenue à créer des personnages profondément humains et tout à fait crédibles, qu'il s'agisse des femmes (Wafa, Maya, Rudayna) ou des hommes. En dépeignant la jeunesse syrienne de manière juste et délicate, elle évite brillamment l'écueil du pathétisme, des clichés des jeunes héros révolutionnaires ou du manichéisme. Elle évoque en effet, sans apporter de jugement, ceux qui ont décidé, pour différentes raisons, de rester fidèles au régime dictatorial de Bashar el Asad.
La profusion des personnages peut parfois être vue comme un point négatif. Il est par exemple question de l'amitié de deux camarades d'école « révolutionnaires », Muaawia et Aballah, sans que ces personnages n'apparaissent plus tôt ou plus tard dans le récit.
La première partie du livre de Wafa présente à première vue moins d'intérêt, même si elle permet de comprendre la trajectoire de la jeune fille qu'a priori rien ne préparait à l'activisme révolutionnaire. Les quelques longueurs pourront du reste être estompées à la traduction.
Il est possible que certains lecteurs soient interpellés par l'absence de la problématique des réfugiés syriens. Sarah qui vit en Espagne fait parfois allusion à l'actualité de son pays, notamment au Mouvement des indignés (mai 2011) qui se réclame de l'influence du Printemps arabe, sans toutefois entrer dans les détails.
Plus que jamais dans Quand Damas refleurira la fiction permet de combler les lacunes de la plupart des textes historiques et journalistiques, de poser un regard plus juste, plus intègre, plus humain. Il n'est pas nécessaire d'être touché de près par l'histoire et l'actualité du monde arabe pour trouver dans la lecture du roman un immense intérêt à la fois historique et littéraire. Grâce à sa construction, aux personnages et à la présentation accessible des événements politiques, le roman apporte des éclairages insoupçonnés sur une question d'actualité, tout en évoquant la réalité et le réveil d'une société syrienne très développée.
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J'ai l'impression que ce roman, pourtant disponible depuis quelques semaines déjà, n'a que peu d'avis sur les réseaux sociaux. Pourquoi ? Mystère. le sujet ? Il est vrai qu'il n'est pas glamour et que, comme certains téléspectateurs veulent à tout prix ne pas voir certains sujets à la télévision et je ne vous parle même pas de ce qui pourrait se passer s'ils s'y trouvent confrontés dans la vie, certains lecteurs n'ont pas forcément envie de se pencher sur la Syrie, même dans un roman – il faut dire que ce n'est pas un sujet très facile.
D'ailleurs, est-ce que nous, occidentaux, nous nous intéressions vraiment à la Syrie avant que les réfugiés syriens affluent en Europe ? Pas sûr. C'était un pays comme un autre. Puis, le printemps arabe a eu lieu, entraînant de profondes modifications en Tunisie, en Egypte. Et en Syrie ? C'est ce que nous propose de nous raconter ce livre.
Sarah est la narratrice principale, le fil conducteur de ce livre qui nous permet d'entre plusieurs voix – celle de Wafa ou celle de Rudyana. Ces voix nous montrent la vie d'avant, sous le joug d'un régime qui ne dit pas être une dictature mais qui y ressemble beaucoup, avec une propagande parfaitement huilée, qui m'a rappelé – de loin – celle qui a cours en Corée du Nord. Un régime qui a ses fidèles, ses thuriféraires, qui sont persuadés que tout est pour le mieux et que le désordre ne peut venir que de l'extérieur. L'anti-sémitisme, l'anti-américanisme est sous-jacent pour certains syriens. Dans un tout autre domaine, l'amour a à peine sa place en Syrie, l'important est de se trouver un bon mari, qui vous laissera faire ce que vous voulez même si cela ne correspond pas forcément à ce que nous, occidentaux, considérerions comme faisant partie d'une vie « libre ».
Le premier tiers du roman était presque sans problème – même si l'on savait que la guerre allait réellement survenir. le lecteur veut y croire un peu, pas forcément longtemps. le pire survient ensuite parce que nous découvrons, de l'intérieur, comme la répression a été menée, comme l'on en venait à se méfier de tous et de tout, comme les réseaux sociaux ont permis d'abord le meilleur, avant de devenir le pire vecteur qui soit. Livre pessimiste ? Non, plutôt livre réaliste. Que certains ne seraient-ils pas prêts à faire pour conserver leur confort ?
Je terminerai par cette citation :
La révolution n'avait aucune chance de triompher avec tus ses gens abêtis qui ne se souciaient que de manger, dormir et du nouvel épisode du feuilleton à la mode.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Sarah raconte l'histoire de la rencontre du père de sa fille, le livre commence comme cela, mais en fin de compte pendant 280 pages, elle conte l'histoire de Wafa, Mazen, Rudayna, Somar et Massein, des jeunes qui luttent pour la liberté de la Syrie.
A partir de la 282 pages, Osama le père de la fille de la Sarah, rentre en scène, il rejoint les autres jeunes, dans leur révolution et les explique son histoire.
C'est un sujet intéressant, le printemps arabe, comme on les souvent nommer, les pays arabes qui se sont révolter pour leur liberté.
La Syrie et la Palestine est plus au centre du livre, que les autres pays, beaucoup de détails sur cette lutte.
Et surtout le premier sujet ou l'auteure commence le livre, est aborder assez loin dans le récit, première déception.
Mais tous les innombrables détails des manifestations, leurs petites histoires, m'ont perdues très vite, je n'ai pas réussi à être embarquer par l'écriture et le style de l'auteur.
Les dernières pages m'ont plus car elle a abordé l'emprisonnement et les interrogatoires musclées, j'aurais aimé que le livre soit entièrement sur ce ton.
Comme vous l'aurez pressenti, c'est une déception, pourtant au début du livre, je me suis dit ça me semble de bon augure, cette lecture, j'ai eu beaucoup du mal à le finir, j'avoue que je me suis beaucoup ennuyée, malgré que la trame m'intéressât, mais le rythme de l'action m'a perturbée et je n'ai pas réussi à être embarquée.
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"Je pense qu'il faut être aguerri pour lire un tel roman. Il est imprégné d'histoire, d'une multitude d'informations allant de Mohamed Bouazizi en Tunisie puis en Égypte ; de l'Irak de Saddam au World Trade Center à New York. Et bien sûr en Syrie avec les villes telles que Homs, Hama, Alep, Raqqa…[...] On ne lit pas un roman d'amour habituel pourtant l'histoire de Sarah et Osama est tellement belle dans cet univers hors norme que j'ai ressenti un réel coup de coeur pour ces deux protagonistes et la fin, que je ne dévoilerai pas… m'a arraché une larme."
Lien : https://wp.me/p5dQA9-1at
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La chute de Ben Ali et celle de Moubarak mirent en lumière non seulement la nature illégitime et autoritaire des gouvernements de la région, mais aussi leur propre lâcheté. Si on pouvait déjà la deviner au vu de leur parcours, elle se fit criante quand ils se retrouvèrent sur la corde raide. Ils étaient prêts à mettre leur propre pays à feu et à sang plutôt que de perdre le pouvoir et, lorsqu'ils l'avaient perdu, suppliaient qu'on les épargne.
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Cela fait deux ans et demi que je n'ai pas vu ton père. Personne ne sait ce qu'il est devenu depuis sa disparition dans les environs de Douma, et je n'ai pas d'autre choix qu'attendre.
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La révolution n'avait aucune chance de triomphr avec tus ses gens abêtis qui ne se souciaient que de manger, dormir et du nouvel épisode du feuilleton à la mode.
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