De ce livre j'ai lu le nécessaire pour m'en faire une idée ; l'introduction, la table des matières, et la première et la dernière page de chaque chapitre
L'auteur appartient à l'espèce des fous logiques ,(et encore, logiques..) Il a une idée, il cherche à la démontrer en procédant par court-circuit. Tout pour lui démontre tout. Il a une idée fixe et il utilise tout ce qu'il trouve pour la confirmer, en de tenant aucun compte des règles d'administration de la preuve
Sa théorie a cela dit le mérite de l'originalité ; la Guerre de Troie a eu lieu en Angleterre (si, si!). D'ailleurs elle ne met pas en scène des Grecs et des Troyens mais des Celtes (qui ne s'étaient pas encore arrivés en Europe à l'époque, mais passons) Mais il y a cependant bien eu des Troyens sur le site d'Hissarlik: c'étaient des réfugiés de la guerre de Troie
Et.. et je m'arrête car l'énumération et la réfutation des erreurs, approximations, contre-vérités, contre-sens contenus dans le livre occuperait quelques dizaines de pages
Saluons quand-même les étymologies : elles sont un régal et m'ont fait penser à celles que donne le curé de Combray dans le premier tome de la Recherche
On m'a reproché de manquer de sérieux en jugeant le livre sur cinq pages. Ce n'est d'ailleurs pas tout à fait exact.Elles suffisent pourtant et j'en veux pour preuve les âneries suivantes que j'ai pu relever dans ma lecture:
Il est faux que les Grecs anciens n'étaient pas appelés Hellènes Hellènes et Hellas sont d'ailleurs précisément les termes grecs pour Grecs et Grèce dont les noms français viennent du latin.
Au dixième siècle, il n'y avait pas de Celtes en Europe. Ils sont arrivés postérieurement en deux vagues, la première au septième siècle.
Les Grecs connaissaient parfaitement les Celtes, dont le nom vient d'ailleurs du grec Keltoi, et ne risquaient pas de les confondre avec des Troyens. D'ailleurs Keltoi signifie "Grands" en Grec et n'est certainement pas le nom que ces peuples se donnaient. D'autre part beaucoup d'historiens contemporains pensent que le terme de Celte ne correspond pas à une réalité objective et qu'on l'applique à des peuples très divers. Enfin c'est un autre débat
Les chiffres donnés par
Homère pour le nombre des guerriers grecs, la superficie de Troie, la hauteur de ses murailles.. n'ont, comme dans tous les textes anciens, et jusqu'au Moyen Âge, aucune prétention à l'exactitude. Que l'on parle de dix mille ou cent mille, c'est tout un, et signifie simplement "beaucoup". On ne peut en tirer aucune conclusion.
Les amateurs de théories de ce genre pourront en trouver d'autres dans l'excellent livre de
Philippe Delorme,
Théories folles de l'Histoire.
Pour terminer, disons qu'il n'est pas surprenant de voir le bon
Franck Ferrand préfacer cet ouvrage. Lui-même s'efforce en vain depuis plusieurs années de déplacer Alésia dans le Jura..
J'ai failli de pas noter ce livre, qui au vrai défie la notation.
Et puis finalement, si, je le note, ne serait -ce que pour sanctionner l'atteinte à la raison et le danger intellectuel pour qui le prendrait au sérieux