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EAN : 9782749157504
192 pages
Le Cherche midi (25/10/2018)
3.77/5   24 notes
Résumé :
Le cri d'alerte aux 11 millions de vues.
Lorsqu'il nous est impossible de répondre à un appel à l'aide, à des yeux quémandeurs, à une colère qui n'aurait besoin que de douceur pour s'éteindre, c'est une petite partie de nous qui se désintègre, une parcelle de peau de soignant, infime, qui se désagrège. La blouse n'est pas une armure. Elle ne le devient jamais.

11 janvier 2017. Sabrina-Aurore Ali Benali, jeune interne dans un service d'urgence,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Alors que, comme quasiment tous les secteurs d'activité de la société française, l'hôpital public est en lutte pour sa survie, afin de maintenir l'« utopie délirante » qui conditionne son organisation, c'est-à-dire la santé pour tous, il se trouve que le témoignage de Sabrina Ali Benali sort en poche chez les éditions J'ai Lu.

Quotidien d'un hôpital public
Sabrina Ali Benali livre son témoignage sur son secteur professionnel : elle a été étudiante en faculté de médecine, médecin externe puis interne, et tout ce parcours lui a fait voir à peu près toutes les facettes de la santé publique en France. Celles-ci sont souvent cristallisées sur les urgences, puisque tout y est plus concentré, plus direct et plus stressant. Mais des cours de la faculté à sa vidéo YouTube pour dénoncer, comme beaucoup d'autres, la situation de délabrement de l'hôpital public en France, l'autrice explique pas à pas les dysfonctionnements, les manquements, les politiques managériales dévastatrices, les politiques budgétaires rigoristes au mépris des soignants (collaborateurs ?) et des patients (clients ?)… La liste peut être longue au regard de ces quelques chapitres, où chaque situation n'est qu'un symptôme de plus d'une situation qui se tend indéniablement. Au-delà du diagnostic, que finalement une majorité de citoyens fait à force de connaître de près ou de loin ce quotidien en passant physiquement par l'hôpital, Sabrina Ali Benali donne à voir aussi le découragement à constater que cette situation devient banale, habituelle pour beaucoup et finalement c'est une situation à laquelle on se fait par entraînement et parce qu'on nous dit que c'est normal. Au fond, n'est-ce pas normal d'avoir des hôpitaux sans dette ? Sont-ils censés servir à autre chose qu'à être rentables ?...

Témoignage franc et direct
Avec Sabrina Ali Benali, nous avons droit à une plongée dans les coulisses, de façon franche, crue parfois, dure souvent. La corde sensible vibre régulièrement, car des situations peuvent en rappeler d'autres, plus personnelles. Elle retrace son parcours pour faire écho à tous ceux qui ont eux aussi la vocation de servir la société, mais à qui on finit par faire désaimer les conditions de leur métier. Ce livre est parti du témoignage qu'elle a lancé via une vidéo YouTube, témoignage qui lui a ouvert les plateaux télé afin de rendre visible et audible la condition hospitalière, et forcément le vécu prend constamment le pas dans cet ouvrage, c'est le but au fond : nous faire ressentir au plus près ce qu'une interne attentionnée, une personne travaillant à l'hôpital en général, peut avoir comme rapport avec son institution quand celle-ci calque ses méthodes sur celles déplorables d'une entreprise privée ayant le seul profit pour but. C'est poignant, forcément, car l'autrice relate au passage quelques-uns de ses souvenirs les plus marquants qui l'ont touchée tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel, les deux se mêlant bien souvent quand on vit un métier social.

Politisation du quotidien
Toutefois, ce témoignage va tout de même plus loin qu'un simple constat : il se transforme en essai quand les sources varient, les chiffres s'accumulent et les pronostics s'étayent de propositions parfois toutes simples mais en tout cas faisables rapidement pour remettre (enfin) la santé de tous au coeur des objectifs de l'hôpital public. Ceci semble la base, mais comme ce n'est pas répété par ceux qui ont habituellement le plus la parole (Christophe Prudhomme, qui préface cette édition J'ai Lu, est trop peu écouté par exemple), il faut bien le redire. Ainsi, l'autrice elle-même raconte aussi sa politisation en toute fin d'ouvrage, montrant la voie que prendre en compte le politique dans nos vies, vouloir aussi y participer à sa moindre mesure, vient toujours d'une expérience personnelle.

La Révolte d'une interne est donc un témoignage poignant sur un aspect central de notre société, tout comme le sont l'école publique, les voies de communication publiques, la police publique, etc. qui sont – ô grand étonnement – tous soumis aux mêmes lois budgétaires.

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Tout ce que j'ai lu dans ce livre, je le savais.
L'hôpital public est en danger. C'est le vécu et le récit d'une interne maintenant médecin qui alerte (encore une fois parmi tant d'autres, pour ne pas citer Patrick Pelloux) sur le désert médical, les conditions de travail catastrophiques, la manque de personnel, la pression de la hiérarchie.
Elle raconte ses relations avec les médecins, les aides-soignants, les infirmiers, les patients.
A lire vite pour les gens qui s'intéressent à la mort annoncée de l'accès à la santé en générale pour tout le monde.
Il y a un bout de temps que les directives européennes souhaitent aboutir à un système de santé américanisé.
Pas de souci pour les personnes qui auront les moyens de se soigner ou bien qui auront des réseaux.
Les gens plus modestes (et je ne parle pas des pauvres), quant à eux, c'est très mal parti.
Nous pourrons combattre ces problématiques autant que l'on voudra mais la machine infernale est en marche comme dans beaucoup de domaines. le malheur, c'est que la masse ne prend pas conscience des enjeux qui sont mis en place.

Lu en mai 2019 / Editions de Noyelles - Prix : 17 €.
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Nous avions laissé les éditions du Cherche-Midi il y a quelques semaines avec Affaires de famille : Immersion au sein d'une brigade spéciale, le remarquable témoignage d'Agnès Naudin qui n'avait pas manqué de retenir toute l'attention au moment de sa sortie. Voilà que Le Cherche-Midi nous propose un nouveau témoignage fort et percutant avec La révolte d'une interne. Santé, hôpital : état d'urgence, un ouvrage signé Sabrina Ali Benali.

La quatrième de couverture :

« Lorsqu'il nous est impossible de répondre à un appel à l'aide, à des yeux quémandeurs, à une colère qui n'aurait besoin que de douceur pour s'éteindre, c'est une petite partie de nous qui se désintègre, une parcelle de peau de soignant, infime, qui se désagrège. La blouse n'est pas une armure. Elle ne le devient jamais. »

11 janvier 2017. Sabrina-Aurore Ali Benali, jeune interne dans un service d'urgence, interpelle sur sa page Facebook « Sabrina Aurora » la ministre de la Santé sur l'état alarmant de l'hôpital en France. La vidéo est vue plus de 11 millions de fois en soixante-douze heures.

Du jour au lendemain, Sabrina devient la voix des professionnels de santé du pays – qui se sont reconnus dans son message –, dénonçant le manque de moyens, les conditions de travail détériorées et l'épuisement de ceux qui, chaque jour, veillent sur nos vies.

L'auteur évoque ici les immenses failles qui fissurent l'institution hospitalière : de la formation des médecins, qui omet le rapport aux patients, jusqu'au système de fonctionnement inspiré de l'entreprise, incapable de soigner correctement et humainement.

Mais ce livre est aussi en creux le portrait d'une femme révoltée et altruiste qui, malgré les difficultés, croit profondément en son métier et aux valeurs d'égalité et de fraternité.


De la naissance d'une vocation au besoin d'émission généralisée d'une véritable alerte, La révolte d'une interne retrace le parcours de Sabrina Ali Benali à l'image de ce que nous pouvions trouver dans Affaires de famille d'Agnès Naudin, ouvrage évoqué précédemment dans l'introduction de cette chronique. Un récit qui démarre simplement, humblement, pour se diriger vers la naissance d'une protestation avec, de toute évidence, cette vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et regardée plus de 11 millions de fois. Un cri du coeur, entre espoir et désespoir, le cri de toute une profession portée par une jeune femme très vite ballotée entre intéressement politique peu ou mal dissimulé et secousses virtuelles.

De chapitre en chapitre, Sabrina Ali Benali expose une situation devenue explosive, mandat présidentiel après mandat présidentiel. Loin de toute banalité futile, la jeune interne expose des faits, parfois des drames (ces patients décédés aux urgences faute d'une prise en charge rapide). Quelques paragraphes s'attèlent à exposer la situation économique avec précision, montrant si cela était encore nécessaire tout le sérieux et l'application de la démarche. En somme, un ouvrage complet pour prendre la température du drame social annoncé qui se joue sous nos yeux.

Découvrez la suite de la chronique sur le site Internet de Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Depuis son intervention télévisée lors du mouvement des gilets jaunes j'avoue que j'ai eu très envie de lire son livre. Quel heureux hasard, moi qui ne regarde jamais ce genre d'émission je suis restée bloquée dessus lors du passage de Sabrina tant ça m'a émue de voir une personne qui de nos jours s'exprime avec son coeur.
Fidèle à elle-même, c'est également avec son coeur qu'elle raconte les épreuves qu'elle a traversé dans sa vie, son parcours d'étudiante en médecine, son amour de l'hôpital et du soin pour autrui mais aussi les difficultés rencontrées par les soignants pour exercer leurs actions de soins au sein d'une institution dont l'objectif n'est plus le bien-être du patient mais la bonne tenue de la comptabilité.
Démissions, burn out, idées suicidaires (voire suicides), salaires indignes, horaires de travail plus long que ceux d'un pilote de ligne, restrictions budgétaires, de personnels etc elle n'oublie rien. Et pour avoir travaillé dans ce secteur je peux dire qu'elle n'exagère pas ! Elle propose également des pistes pour améliorer tous ces dysfonctionnements mais malheureusement tant que dans notre société l'argent primera sur l'humain je crains que ces belles idées ne restent qu'une douce utopie.
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Ouvrage lu en décembre 2018

Sabrina Ali Benali est aujourd'hui médecin. Elle s'est illustrée, pendant son internat, par des vidéos décriant les conditions de prise en charge des patients et la dégradation de notre système de santé.

Pour une bonne partie du livre, au travers d'anecdotes, de ses stages, elle nous livre son quotidien avec ses joies et ses peines, le manque de temps avec les patients, l'accroissement - au fil du temps - de la bureaucratie. Puis vers la fin du livre (à partir du chapitre 7), elle évoque son combat, son engagement individuel puis au sein du parti de gauche puis de la France insoumise. Elle propose quelques solutions quant à une réforme complète du système de santé.

Mon avis : un ouvrage de 173 pages bien écrit mais, à mon avis, trop médico-centré (il y a à peine quelques pages sur les infirmières, les aides-soignantes...). le tableau est très sombre, voire par moment un peu caricatural, alors qu'il y a des directions (les plus critiquées dans l'ouvrage) et des équipes soignantes qui travaillent de concert pour améliorer la qualité des soins et répondre à la demande, croissante, des patients. Enfin, il y a de nombreux chiffres - pour la plupart pertinents et intéressants - mais peu ont de sources. Cela nuit - selon moi - à la force des propos. In fine, un constat intéressant mais très, trop partisan.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je rentre de garde. Je suis depuis plus d’un an médecin remplaçante aux Urgences Médicales de Paris, une association de permanence de soins à domicile. J’y travaille trois nuits par semaine.
Il est 6 heures du matin,
À l’aube d’un nouveau jour froid, je me sens oppressée. La sensation du travail non complètement accompli me pèse, la misère de nombre de patients me brise le cœur.
Cette nuit encore, je n’ai pas eu les moyens de soigner correctement.
J’ai été envoyée dans un EHPAD par le Samu. Une femme de 82 ans. Détresse respiratoire.
Il me faudra déjà cinq bonnes minutes avant de pouvoir pénétrer dans l’établissement. Comme personnel de nuit, seulement 3 aides-soignants pour 200 résidents. Deux restent affairés autour de la patiente en détresse pendant que le troisième descend m’ouvrir la porte.
Des constantes, un coup de stéthoscope, et quelques minutes plus tard, mon diagnostic est posé. C’est un OAP (œdème aigu du poumon). Il s’agit d’une accumulation de liquide dans les alvéoles pulmonaires due à une insuffisance cardiaque gauche. Son corps lutte pour respirer.
J’explique à la patiente que je dois appeler le SMUR et qu’elle doit être transférée à l’hôpital. Alors que je compose le numéro, elle m’arrête de sa main gauche. « C’est hors de question, je n’irai pas à l’hôpital. Je ne veux plus de ça. » Avec le souffle qu’il lui reste, elle m’explique ce qu’elle entend par « ça ». Ses expériences précédentes dans les grands hôpitaux parisiens. Les heures passées sur un brancard, à la vue de tous dans cette zone d’attente, à supporter les cris du type alcoolisé attaché sur le brancard derrière le paravent sur sa gauche, les vomissements de la jeune femme sur sa droite, le ballet incessant des blouses qui vous promettent de repasser rapidement, le bassin laissé une heure et demie sous ses fesses et oublié là, qu’elle n’arrive pas à retirer elle-même, l’angoisse de ne rien savoir de ce qu’il vous arrive car personne n’a le temps de venir vous parler. Quémander un verre d’eau, une couverture, attendre désespérément un lit dans le service où elle doit aller...
Elle ne veut rien entendre. « Écoutez, ma mignonne, vous faites votre travail, je comprends, mais moi je n’ai plus l’âge de supporter ça. »
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Dans certaines spécialités, les internes font jusqu'à quatre-vingts, cent heures par semaine. Compte tenu de notre métier, du stress qu'il implique et de l'immense concentration qu'il exige, ces heures à rallonge représentent des risques graves pour notre santé et celle de nos patients. Les pilotes d'avion ne sont pas autorisés à voler plus de onze heures consécutives, pourquoi un chirurgien, un réanimateur ou un urgentiste devrait-il, lui, travailler vingt-quatre heures durant ?
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Page 113 :
Savez-vous que juridiquement, il n'existe plus d'hôpitaux publics en France ? L'adoption de la loi de réforme de l'hôpital de juillet 2009 a, en effet, rayé de la législation la notion d'"hôpital public".
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En semaine, l'interne fait donc sa journée dans son service de 9 heures à 18 heures, et doit ensuite descendre aux urgences pour sa nuit de garde. Le lendemain matin, il a à son compteur vingt-quatre heures de travail dans les jambes. Un fonctionnement dangereux, d'autant plus pour une discipline qui préconise aux patients l'importance d'une bonne hygiène de vie avec des temps de repos nécessaires, un sommeil régulier, etc.
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Aujourd'hui, je suis médecin. Je viens de là, de cette histoire, de cette formation, de ces chaos de la vie que tout un chacun connaît. Tout cela a fait de moi ce que je suis. Médecin, militante, humaniste, profondément éprise de justice. Au fil des années, mon expérience de l'hôpital, ma confrontation avec une institution que j'aime par-dessus tout mais qui ne répond plus au projet d'équité de la Sécurité sociale m'ont heurtée, révoltée souvent.
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Vidéo de Sabrina-Aurore Ali Benali
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