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EAN : 9782246813606
608 pages
Grasset (21/08/2019)
3.5/5   182 notes
Résumé :
Le lieu : Katiopa, un continent africain prospère et autarcique, presque entièrement unifié, comme de futurs Etats-Unis d’Afrique, où les Sinistrés de la vieille Europe sont venus trouver refuge.
L’époque : un peu plus d’un siècle après le nôtre.
Tout commence par une histoire d’amour entre Boya, qui enseigne à l’université, et Illunga, le chef de l’Etat.
Une histoire interdite, contre-nature, et qui menace de devenir une affaire d’Etat.
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Critiques, Analyses et Avis (62) Voir plus Ajouter une critique
3,5

sur 182 notes
Roman de science-fiction afrofuturiste, histoire d'amour ou critique sociale : pourquoi choisir ? Et Leonora Miano s'en tire avec brio. Au XXIIe siècle, dans un continent africain presque entièrement unifié, le chef de l'état et la femme dont il tombe amoureux se retrouvent en désaccord sur un un point : le sort à réserver aux descendant·es des migrant·es d'Europe.

Dur d'entrer dans les premières pages. Il faut s'habituer aux longs pavés narratifs, aux rares dialogues directement intégrés en italique dans la narration, aux nombreux mots empruntés à diverses langues africaines (ne sachant pas lesquelles, je ne peux malheureusement pas être plus précise). La plupart des mots inconnus se devinent bien dans le contexte, mais la présence du glossaire m'a beaucoup servi au début. C'est long, lent et dense, ça demande de prendre son temps au lieu d'avaler les pages à toute vitesse. le point de vue omniscient et la rareté des dialogues donnent l'impression de flotter, comme dans un rêve. Bref, une fois dans le bon état d'esprit, la lecture devient fluide, parce que c'est sacrément bien écrit - mais tout le monde n'adhèrera pas. La fin semble à la fois précipitée et ouverte, ce qui donne ironiquement l'impression que quelques pages de plus auraient été nécessaires.

L'histoire d'amour en tant que telle a un côté rafraichissant, car les valeurs des personnages sont assez différentes des nôtres, ce qui permet d'échapper à un certain nombre de clichés agaçants. En plus, Boya est intelligente et rationnelle et cela fait du bien. Néanmoins, passé les premières difficultés, les personnages s'accordent si bien que leur relation manque d'obstacles internes - au contraire des obstacles externes qui, eux, ne manquent pas. Dommage, car il y aurait eu moyen d'interroger la manière de construire une relation saine malgré la grande différence de pouvoir (l'homme, Ilunga, étant le chef de l'État). le début semblait tendre dans cette direction, mais cet aspect est complètement éludé ensuite. Les quelques passages (heureusement ténus) qui pointent vers l'idée d'une nature féminine m'ont fait tiquer également.

Le gros point fort de ce roman, c'est l'univers afrofuturiste très immersif, entre redécouverte de traditions oubliées et développement des technologies modernes. La prise en compte des enjeux écologiques lui donne un côté presque solarpunk. On tire plutôt du côté de l'utopie que de la dystopie, contrairement à ce qu'en disent certaines critiques (d'ailleurs, il faudrait arrêter de toujours qualifier de « dystopique » n'importe quelle histoire qui se déroule dans le futur).

Utopie, peut-être, mais utopie imparfaite. L'autrice n'esquive pas les difficultés : l'Afrique (ou plutôt Katiopa) a réussi à se reconstruire hors des carcans occidentaux, mais maintenant que cette étape est franchie, les protagonistes ne sont pas d'accord sur la direction à prendre. Ce conflit est cristallisé par l'enjeu principal du roman : le sort à réserver aux Sinistrés, descendant·es de migrant·es d'Europe qui vivent en marge de la société. Simple inversion des enjeux actuels? Pas exactement, car les Sinistrés, autrefois du côté du pouvoir, sont maintenant nostalgiques d'un passé colonial révolu. Et cela place le lecteur dans une solide dissonance cognitive. On en vient à comprendre tous les points de vue, y compris celui de l'antagoniste Igazi, chef des armées et du renseignement et partisan de la ligne dure. Notons qu'on trouve également, en filigrane, une réflexion sur la nécessité ou non d'un pouvoir fort, la tentative d'utopie étant mise en parallèle avec une autre, celle des gens de Benkos, communauté anarchiste ressemblant beaucoup aux hippies.

Une lecture riche, nuancée et définitivement marquante.
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Cela fait donc plus de trois mois, que j'essaie de lire ce roman. Je l'ai commencé, posé, remis à plus tard, retenté, reposé à nouveau et à la troisième tentative, j'ai abandonné au milieu du troisième chapitre.

L'idée de départ me plaisait, situant l'action autour de 2124 (?), un nouveau Continent prospère, Katiopa, qu'on ne sait pas très bien où situer, une préférence pour l'Afrique, mais parfois, les noms font penser à l'Inde, avec à sa tête le chef Ilunga….

De l'autre côté, Boya, professeur qui s'occupe des minorités dites inassimilables. Si j'ai bien compris, il s'agit de descendants d'émigrés Français ayant lui leur pays qu'ils jugeaient envahi par les migrants….

Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, un peu trop capillotractée, et ni Boya ni Ilunga ne m'ont plu.

Je n'ai pas aimé le style de l'auteure, trop pompeux et parfois limite incompréhensible. Les dystopies ne me plaisent certes pas toujours, mais j'en lis quand même. J'ai vu passer beaucoup de critiques enthousiastes et je vais probablement me trouver seule à ne pas l'encenser. Ce n'était peut-être pas le bon moment pour moi de lire ce roman…

Il m'arrive rarement de laisser un livre en cours sans donner un maximum de chances à l'auteure de me convaincre.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de tenter l'expérience (et pour leur patience aussi !)

#RougeImpératrice #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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---Au XXII ième siècle àKatiopa , nom des nouveaux" Etats Africains "quasiment tous réunis et prospères.
---A leur tête, Ilunga, chef de guerre devenu chef d'Etat choisi par un Conseil.
---Depuis que l'Europe s'est effondrée au siècle précédent, usée par l'accueil de migrants de plus en plus nombreux jusqu'à imposer leurs moeurs et leurs cultures sans qu'aucun chef des Etats qui la composent aient eu le courage de dire ;Assez!
---Une migration a eu lieu en sens inverse, certains français je suppose( ils ont le coq en bannière) sont partis retrouver la langue et un sentiment d'appartenance au pays dus aux premiers colons., on les appelle "les Sinistrés"
---Mais dans les années 2100, c'est la troisième génération de ces "Fulasi" qui dérange le gouvernement. Ils sont de moins en moins assimilables, faut -il les expulser voire les exterminer? le problème est pressant.
---Surgit dans la vie d'Ilunga(premier mariage malheureux qu'il respecte cependant) une femme au teint cuivré, en fait, certainement un cas d'albinisme pas terminé.
C'est une femme d'une quarantaine d'années, superbe, intelligente et flamboyante, professeur qui travaille parfois avec des Sinistrés....
La partie romanesque qui commence là est addictive, la puissance d'une Afrique moderne, pardon, Katiopa, est intimement liée à la sagesse ancestrale, aux esprits, aux traditions; tout ce à quoi à renoncé l'Europe auparavant.
C'est un roman captivant, bien écrit, je n'ai pas eu recours au glossaire du fond du livre, les mots se sont ajustés au fur et à mesure.Et une fois entrée dans cette saga ambitieuse, le fleuve de mots a coulé vivement. Tous les sujets "embarrassants" pour lesquels les élites emploient des circonvolutions frisant le ridicule parfois par souci de bonne conscience sont ici abordés sans embarras, clairement, avec l'intelligence du coeur, du bon sens , avec recours aux Esprits si nécessaire.
Un livre MIROIR .
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Il est des romans qui, par leur densité, par leur force, par leur puissance, par leur audace et par leur complexité, par leur caractère foisonnant, par les questionnements qu'ils posent, qui, par leur ambition, par ce que l'on pourrait appeler leur ampleur, semblent ne pouvoir être bien critiquer, tellement ils en imposent, et tellement ces livres, semblent échapper aux mots, qui sont vains, pour en parler, et tant le foisonnement, dans ces livres, ces romans, ces ouvrages, est grand. "Rouge impératrice", fait partie de ces livres-là, et j'ai presque hésité à le critiquer, tant l'idée de critiquer un tel livre, semble presque effrayante, tellement l'ouvrage est dense, et admirable.
Mais je le critique quand même, premièrement, parce que j'aime critiquer des livres, et, si cette raison ne vous suffit pas, pour parler de ce livre, dont on parle trop peu, et, qui, pourtant, mérite autant ou plutôt, plus d'éloges, que nombre de livres, de cette rentrée littéraire, dont l'on parle, pourtant plus. Et pourtant... "Rouge impératrice" est, à mon avis, plus nouveau, plus grand, plus accompli, plus abouti, que la plupart des romans, de cette rentrée littéraire, c'est un texte d'une auteure, que l'on sait beaucoup plus épanouie, que les autres écrivains et écrivaines, de cette rentrée.
C'est un texte, aux multiples aspects ; il y est question de philosophie politique, mais c'est aussi un hommage, aux différents aspects des cultures, du continent africain ; c'est aussi un roman très beau, très poétique, un livre qui se veut à la fois épique et intimiste. Léonora Miano, a aussi une parfaite maîtrise, de la langue ; c'est avec un français riche, un phrasé de toute beauté, qu'elle suscite l'enchantement.
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Une histoire d'amour dans une nouvelle Afrique conquérante et futuriste qui domine une Europe dévastée.
Le récit est original, politique, féministe, écologiste et engagé.
La langue est riche, dense, poétique et foisonnante.
Le sujet est ambitieux mais c'est long vraiment trop long avec des lourdeurs qui ont engendré chez moi des pertes d'attention ; c'est vraiment dommage car cela aurait pu être un grand roman éclairé.
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critiques presse (3)
LeMonde
10 septembre 2019
L’écrivaine franco-camerounaise signe son roman le plus ambitieux, tant par son ampleur que par la force de ses idées. Les malaises de notre époque y sont scrutés depuis l’Afrique, où se dessinent d’autres possibles. De nouvelles manières de faire de la politique et de penser l’économie, l’éducation ou l’identité.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
10 septembre 2019
Léonora Miano pourrait bien être la romancière la plus épanouie de la rentrée. [...] Avec « Rouge impératrice », elle signe une ambitieuse fresque d’anticipation, servie par une langue nourrie de vocables africains.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
23 août 2019
Katopia, Etat utopique africain, est-il menacé par les immigrés français ? Le nouveau roman de l’écrivaine franco-camerounaise est un puissant remède aux crispations identitaires.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
La journée avait été longue, et la nuit promettait d'être courte. Le Conseil tenait une de ses assemblées nocturnes au cours desquelles les affaire du Continent étaient abordées sur le plan de l'éthique traditionnelle. Cette terminologie avait été choisie pour éviter le recours au terme de spiritualité qui s'appliquait aujourd'hui à tout et son contraire. Il arrivait, comme en ce moment, que les membres ne siègent pas sous leur apparence diurne, révélant leur vrai visage. En tant que mokonzi [chef d'état de Katiopa], Ilunga prenait part à certaines de ces réunions, mais il ne faisait pas partie de l'ennéade des Conseillers. Il se trouait là, cette nuit, en compagnie d'humains faisant corps, pour l'occasion, avec la dimension de leur être se rapportant à une force de la nature. p. 114.
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Boya n'était pas de celles qui se sentaient incomplètes sans une présence masculine permanente à leurs côtés. Elle n'était ni obsédée par la nécessité de trouver un compagnon, ni emmurée en un lieu supposé la protéger du chagrin. La femme s'épanouissait dans cette aisance intérieure quand le souffle bleu d'Ilunga l'avait enveloppée. C'était un cadeau de la vie, une porte ouverte sur de nouvelles expériences. Leur présence dans cet endroit improbable, la manière dont ils s'y étaient rendus, le confirmaient. Qu'il n'y ait aucune ombre au tableau aurait sans nul doute retiré une partie de sa saveur à cette histoire. Elle était à la fois donnée et à faire, comme ce grand saut qu'ils exécutaient ensemble dans le premier rêve où l'homme lui était apparu.
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"Elles refusaient que ces étrangers fassent l’objet d’un rapatriement forcé, mais se satisfaisaient de les voir mordre la poussière, faire l’expérience de l’infériorité, de l’invisibilité, du silence. Ce n’était pas le comportement le plus charitable, mais c’était ainsi, le passé avait laissé des traces. Sans se l’avouer, on se réjouissait de voir les maîtres de l’ancien monde réduits à leur plus simple expression humaine, passés de premiers à derniers. Cette petite revanche n’avait pas encore duré assez longtemps pour que l’on en soit repu. Le mokonzi devait tenir compte de cela."
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Une déficience intellectuelle les empêchait de comprendre une loi élémentaire : ce n'était pas parce qu'il était possible de réaliser certaines choses qu'elles devaient être mises en œuvre. Dans un grand nombre de cas, être en mesure d'accomplir ceci ou cela impliquait qu'on se l'interdise. Parce que toute création devait aller dans le sens de la vie. Autrement il ne fallait pas hésiter à la qualifier de maléfique. Telle était désormais la nature de ces gens, la qualité de leur intellect, lequel avait d'ailleurs supplanté en eux toute autre capacité humaine. Le désir d'anéantir les autres les traversait souvent, réfréné seulement par les pertes que causerait pour eux cette destruction : il était difficile de faire disparaître les hommes sans que les matières premières soeint elles aussi pulvérisées.
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Comprendre en profondeur la tradition, c’était aussi savoir l’interpréter au mieux.L’ancien se plaisait à rappeler que les racines connaissaient une dégénérescence toute naturelle.Il leur fallait faire place à d’autres afin que la plante subsiste et se perpétue.
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Vidéo de Léonora Miano
Romancière, essayiste, prix Médicis en 2013, Léonora Miano s'interroge dans son nouveau livre sur ce qu'elle nomme « le problème blanc » et la blanchité. de quoi décontenancer tous ceux qui veulent évacuer la question fondamentale du racisme et du colonialisme. Entretien dans « À l'air libre », où il est aussi question de mémoire, de migrations et du couple hétérosexuel.
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