AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782359053029
256 pages
Ecriture (16/10/2019)
4.15/5   10 notes
Résumé :
Enquête à Sigmaringen

« Aujourd’hui, mercredi 3 juillet 1946, j’ai été condamné à mort. » Ainsi commence la confession de Joseph Laborieux, ex-officier de police judiciaire, rayé des cadres en novembre 1944 pour n’avoir pas eu l’intelligence de jouer double jeu sous l’Occupation.

Comme son collègue Verjus, Laborieux a pourchassé les juifs, les rouges et les « terroristes apatrides » du groupe Manouchian. Mais ce flic irréprochable n’a... >Voir plus
Que lire après En collaborationVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un livre fascinant, un policier, politique qui nous compte une page sombre de notre histoire; l'épuration.

L'auteur nous emmène jusque dans le «gouvernement en exil de la France Vichyste à Sigmarigen (Allemagne)», le dernier bastion des ultras de la collaboration.

Le héros Joseph Laborieux, inspecteur a le sens de la hiérarchie et de l'obéissance il deviendra l' exécuteur des «basses oeuvres»

Il n'a aucun recul ni états d'âmes il exécute les ordres sans «réfléchir» il arrête les Juifs puis le groupe Manouchian sans aucun scrupule. Lui ce qui l'obsède c'est la traque d'un tueur en série qui sévit depuis les années 20.

c'est dans ce contexte que nous suivons cette «débâcle à l'envers» la fuite de tous les collabos bien pire que notre héros, on y croise les pires collabos, Darnand, Rebatet, Laval, Céline etc

ce livre est formidable et ferait un excellent film.

Un grand merci à la Masse Critique de babelio, au groupe l'Archipel et aux éditions Ecriture pour l'envoi de ce magnifique ouvrage.



Commenter  J’apprécie          693
Joseph Laborieux, enfant trouvé, est né le 1er mai jour de la « Saint Joseph le travailleur » et de la fête du travail d'où son blaze.
Médaillé après la 1ère guerre mondiale Joseph rentre dans la police d'abord « hirondelle » puis inspecteur durant l'Occupation. Ce qui l'occupe Joseph ce n'est pas la présence des Allemands mais les meurtres annuels commis par un tueur en série qui sévit depuis 1926 à Paris.
Inspecteur laborieux, homme des basses besognes Joseph va traquer des juifs, des rouges durant l'Occupation sans recul sur ses actes sans aucune introspection et sans états d'âmes. Il applique les ordres, rien que les ordres. Tout cela lui vaudra de gros ennuis à la Libération contrairement à son binôme Verjus qui saura naviguer en eaux troubles.
Obsédé par le tueur Joseph suivra même, à Sigmaringen, les collabos en fuite suite à l'arrivée des Alliés.
C'est cette partie du roman qui est la plus intéressante à mes yeux. L'auteur se sert de son intrigue, la recherche du tueur, pour nous plonger dans la fin de la Collaboration. Il dépeint avec une grande justesse les politiques déçus et déchus, les diplomates véreux, les journalistes collabos, les écrivains suspects dont Céline qui fut objet d'étude de l'auteur. Querelles, inimitiés, suspicions sont le quotidien de ce gouvernement fantoche et de sa cour. Fin pathétique du régime de Vichy, déliquescence de ces hommes et femmes qui ont cru à la victoire de la Grande Allemagne et qui ne pensent qu'à sauver leur peau. Tel est le tableau très bien dépeint par Emile Brami. Pour compléter ce roman et si vous êtes intéressé par Sigmaringen je vous recommande de lire également « D'un château l'autre » dudit Céline ainsi que Sigmaringen de Pierre Assouline.
Le roman atteint un équilibre parfait entre la fiction et le contexte historique. La narration est entraînante, l'auteur restitue à merveille ce qui est indicible ainsi que la noirceur des personnages historiques qui peuplent son roman.
Je remercie les Editions Ecriture et Babelio de m'avoir permis de découvrir cet agréable roman historique.
Commenter  J’apprécie          90
Connaître et savoir ce qui s'est passé durant quelques mois, loin des frontières pour une poignées d'Hommes qui croyaient en la victoire de l'Allemagne mais aussi de tous les laissés pour compte, broyés par L Histoire.

Partie congrue d'une Patrie incongrue, voilà l'Histoire de France qui s'exile en Allemagne pour, comme le phénix, mieux renaitre de ses cendres; selon certains hauts fonctionnaires fantoches d'un gouvernement fantôme et de patriotes collabos.

l'enquête policière se perd un peu dans ces dédales pour revenir aux deux tiers du livre avec un dénouement sans surprise (dommage).

Emile Brami utilise, durant les échanges entre le Dr Destouches et le narrateur (qui n'est autre que le policier, personnage principal , anti-héros et peu amène) du même style d'écriture que Céline ( sans doute un clin d'oeil d'auteur à auteur) avec ces bouts de phrases et ces points….

Commenter  J’apprécie          130
Quelle drôle et formidable idée que de faire mener une enquête sur un tueur en série, dans la France occupée, puis à Sigmaringen, enclave française en Allemagne pendant plusieurs mois, par un flic obéissant à tous les ordres même lorsque ceux-ci lui font faire le pire. A la base, Laborieux n'est pas un mauvais bougre, ce sont les circonstances, son aveuglement et surtout son inébranlable respect des consignes données en haut lieu qui vont le perdre. Il n'est pas dupe pour autant, notamment pendant son procès : "Le procureur, un vieillard chenu et catarrheux à la voix grave et cassée de gros fumeur, qui a dû en son temps jurer fidélité au maréchal Pétain comme la quasi-totalité de la magistrature française, s'est levé difficilement pour un bref discours dont la conclusion ne laissait aucune place à l'équivoque..." (p. 16) En effet, comment croire que ceux qui demandaient et obtenaient la tête d'autres n'avaient pas eux-mêmes des casseroles ? En fait, Laborieux s'en moque, son seul espoir est de pouvoir démasquer le tueur qu'il cherche depuis des années. Son séjour à Sigmaringen ne le fera pas dévier de sa mission. Sigmaringen : "Ainsi, vue de l'extérieur, Sigmaringen pouvait apparaître comme la capitale d'une certaine France en exil, avec son gouvernement, ses ministères, ses délégués, ses bureaux, ses combinazione, quand ce n'était en réalité qu'un théâtre d'ombres où se jouait une bien mauvaise farce, une fiction ridicule dont le grotesque cachait mal l'arrière-plan tragique, puisque, sans pouvoir se l'avouer, nul n'ignorait que tout ceci finirait vraisemblablement dans la honte, le déshonneur et le sang." (p. 72/73) La majorité du roman se déroule dans cette ville, on y croise ceux qui paradaient à Parsi quelques semaines auparavant : Doriot, Déat, Rebatet, Luchaire, Céline, ... L'auteur, fort bien documenté raconte le quotidien dans cette enclave, les haines, les jalousies, les coups en douce, les trahisons, car la fin approchant chacun tente de sauver sa peau. Il écrit avec grâce et élégance, tout en finesse, c'est vraiment un très beau texte : un roman policier littéraire. A aucun moment, on ne s'y ennuie même lorsque Émile Brami relate des anecdotes sur l'un des personnages connus et réels de la communauté de Sigmaringen. Il faut parfois se faire violence pour ne pas réagir aux propos des antisémites et fascistes de l'époque. Seul Céline semble lucide et traîne sa carcasse mal fagotée et son franc-parler.

L'intrigue policière qui tient du début à la fin permet au romancier de partir dans ces apartés aisément et de revenir sans perdre le lecteur, au contraire. C'est un vrai plaisir que de suivre l'enquête de Joseph Laborieux et de tenter de comprendre comment un homme simple peut se laisser entraîner dans des actes terribles. Car c'est aussi cela ce roman, tous les Français n'ont pas été des résistants -ni des collaborateurs. Emile Brami ne juge pas Laborieux ni ne le défend, chacun se fera son idée. Pour ma part, je reste sur celle du non-jugement, qui peut être certain de ce qu'il aurait fait dans de telles circonstances ? Et surtout, je reste sur l'impression d'avoir lu un excellent roman de ceux qui restent en mémoire tant pour l'histoire que pour les personnages.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          90
Un roman surprenant. C'est mon premier livre d'Emile Brami...et je suis véritablement épaté !

Ce livre a deux aspects : romanesque, avec un talent fou, et historique. En effet l'auteur est véritablement un spécialiste de l'Occupation et notamment de la pitoyable fuite du monde de la collaboration en Allemagne, à Singmaringen, à l'été 1944. Il est également biographe de Céline.

Et donc, il nous offre une vue panoramique de ce que furent les années noires, avec notamment ce qui se passait à la Préfecture de police.
Après le débarquement en Normandie du 6 juin 1944, c'est l'affolement dans le monde de la collaboration avec, pour point culminant, la fuite dans les fourgons de la Wehrmacht vers l'Allemagne.
Et avec Singmaringen, Emile Brami fait preuve d'une extrême précision sur les faits et les personnages ; et il a également beaucoup d'humour.

Au sujet de Céline, ce livre fourmille d'anecdotes et de réflexions.

Au sujet de l'intrique, motus ! N'en rien dire, c'est lui conserver toute sa saveur.

Bravo à l'auteur !

"Les flics sont les égoutiers de la société ; confrontés quotidiennement à toutes les saletés, aux pires abominations car pour faire le mal l'imagination humaine ne connait aucune limite - notre métier consiste à plonger jour après jour et jusqu'au cou dans un océan de sanies, accrochés à l'espoir absurde et vain de le vider avec une petite cuillère."

"Le vendredi 11 août 1944, Verjus est venu me voir. Depuis que les Américains avaient percé le front de Normandie après le débarquement de juin et que leurs troupes blindées n'étaient plus qu'à quelques dizaines de kilomètres de Paris, les locaux de la Préfecture de police étaient à peu près déserts. Plus de la moitié des effectifs était en arrêt maladie certificat à l'appui, d'autres ne se présentaient tout simplement plus à leur poste, le temps de voir venir et de savoir quelle tournure prendraient les évènements."

"C'est écrit...l'affaire est dans le sac...Les Boches sont archis foutus. emballez les os...plantez un saule...Les tripes d'un côté...les gambilles de l'autre...Un drôle de bignolage, d'ailleurs...y comprennent rien à ce qui se passe...disciplinés garde à vous...coup de pied au cul...Heil Hitler...jusqu'au bout. Mais les Français de Singmaringen...alors eux...bouchés, aveugles...y pigent pas que les Américains et les Anglais vont les cueillir comme des fleurs et les mettre au poteau...valsez, fantoches, à la ballade des fusillés"
Commenter  J’apprécie          61

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
l'Allemagne de 1944 était devenue une moderne tour de Babel où les déportés du travail français, mais aussi russes, polonais, baltes, tchèques, italiens se mélangeaient aux combattants volontaires de la Waffen SS, français, wallons, flamands, norvégiens, danois, croates, hongrois, sans compter les musulmans bosniaques de la division Handschar, les soldats de la Légion arabe du mufti de Jérusalem ou même les hindous et les sikhs de la SS Freies Indien Légion.
Commenter  J’apprécie          40
(...) Car je suis certain désormais, comme il me l'a dit, que c'est à mon intention qu'il a produit une bonne partie des ces images.
Il était l'œil, et moi une ombre dans l'objectif.
C'est lui qui avait raison: nous avions longtemps travaillé ensemble.
En collaboration.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Émile Brami (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Émile Brami
Un spectacle prodigieux, drôle et grinçant. Denis Lavant... habité!
autres livres classés : miliceVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (21) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3655 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..