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EAN : 9782365694155
384 pages
Editions Les Escales (24/10/2019)
3.32/5   34 notes
Résumé :
Plusieurs années après la mort de sa grand-mère Elisabeth, Lulah Ellender hérite d’un curieux objet – un carnet rempli de listes. Dans ces fragments de la vie quotidienne, Lulah découvre les détails de l’extraordinaire destin d’Elisabeth : son enfance de fille d’ambassadeur dans les années 1930 en Chine, son mariage avec un diplomate britannique et leur vie à Madrid sous Franco, à Beyrouth après la guerre, puis à Rio et à Paris. Tout au long de son existence, ces l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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"Je continue à écrire parce que, comme le souligne Hilary Mantel :
" Que peut-on faire des gens qu'on a perdus et qui sont morts, si ce n'est les faire vivre à travers l'écriture ? " (p. 309)

Un coup de coeur pour ce récit bouleversant, quête d'une histoire familiale, et plus particulièrement, une enquête de la narratrice concernant sa grand-mère,Elisabeth, personnage à l'existence haute en couleurs... tout cela , par le biais d'un petit carnet relié que lui confie sa propre mère, gravement malade....pour qu'elle se penche, reprenne le fil de l'histoire familiale, creuse les secrets du passé, du sien, de celui de sa mère, qui a perdu la sienne trop jeune !

"Ces catalogues contiennent notre chaos, deviennent un pont entre le moment de la pensée et le moment de l'action, et confèrent du sens à nos idées qui se bousculent. Nous élaborons des listes sans fin de nos films, de nos livres ou de nos morceaux de musique préférés, des choses à faire ou des lieux à visiter avant de mourir, comme si ces catalogues pouvaient fournir à la fois une preuve de notre existence et un héritage pour les générations futures. Nous croyons qu'une liste peut nous rendre immortels." (p. 13)

Découverte de l'histoire familiale... dans laquelle la narratrice met les pas, se transportant entre les années 1939 et 1957, à travers le monde, puisqu' Elisabeth , la grand-mère était fille de diplomate, elle-même épousant , à son tour, Gerry, diplomate également ! Elisabeth passe sa vie à faire le tour du monde , à déménager, et à suivre son mari, dont la période cataclysmique de la seconde guerre...

"Tandis que Jerry s'évertue à laisser sa marque à l'ambassade, Elisabeth fait ses premiers pas d'épouse de diplomate. En tant que fille de diplomate qui n'a cessé toute sa vie de déménager, Elisabeth sait qu'elle doit pleinement habiter ce nouveau lieu. Elle doit ranger ses affaires dans un buffet dans la maison de quelqu'un d'autre, parler une nouvelle langue lorsqu'elle achète ses légumes au marché, se lier d'amitié avec de nouvelles personnes et en épater d'autres, et éviter à tout prix de se retourner pour regarder ce qu'elle laisse derrière elle. Son carnet de listes est une expression de cette énergie tournée vers l'avenir, permet d'exploiter le pouvoir de planification afin de trouver un ancrage pour affronter les difficultés liées à un nouveau départ de plus. "(p. 95)

Une soeur, Athléa, handicapée très jeune par une polyomélite; un frère homosexuel [totalement inacceptable et réprouvé violemment par la société britannique de l'époque; tourmenté et introverti, se suicidera alors que sa soeur, Elisabeth, très proche de lui , attendait son premier enfant... ] Des codes sociaux rigides et des plus corsetés !

La narratrice à travers ce précieux carnet de listes et de notes de sa grand-mère, Elisabeth, va reconstituer sa vie, réconforter sa maman très malade, qui a tant souffert d'avoir perdu si jeune ses parents. Une profonde méditation sur la vie et la mort, à travers la recherche d'une continuité familiale, de la personnalité des ancêtres...

Ces listes d'Elisabeth qui servent, bien sûr, à planifier ses lourdes tâches de femme de diplomate...à la rassurer, à conjurer la peine, la peur de la mort. Des listes, exprimant la volonté de vivre, de combattre, en dépit des épreuves. La détermination de rester debout, en dépit de tendances dépressives, en dépit de la guerre, etc.
Des fines analyses de ces listes, agrémentées de nombreuses références à des écrivains, philosophes....

Très heureuse de la découverte de ce premier texte où la petite histoire se confronte à la grande Histoire, réunissant les événements historiques autant que l'histoire économique , sociale, ainsi que l'évolution des mentalités,les usages aux quatre coins du monde...à travers cette fresque familiale, et le portrait d'Elisabeth, cette grand-mère à la personnalité exceptionnelle, charismatique !!

Un récit très personnel, captivant, enrichi de photos anciennes ainsi que des reproductions de ces fameuses listes...pivots d'une vie des plus tumultueuses !

"Peut-être que cette horreur pernicieuse et silencieuse de la mort est à l'origine de ma quête pour trouver Elisabeth. En reconstituant sa vie, est-ce que j'essaye de vaincre un ennemi inévitable ? Ma fascination pour le carnet de listes d'Elisabeth s'insère-telle dans une lutte que je mène pour accepter la mort imminente de ma mère, ma propre mortalité, et l'effet que ma mort aura sur mes enfants ? Les listes sont un butoir qui nous protège du vide, et ce livre me sert peut-être de tampon." (p. 155)

Un immense coup de coeur pour ce récit étonnant, dévoré en 48 h....; universel quant à ses questionnements, ainsi que pour la démarche éminemment sensible, pleine d'empathie de l'auteure...

@Françoise Boucard- janvier 2020
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L'auteur hérite de sa grand-mère d' un petit carnet contenant des listes : listes de courses et de tâches quotidiennes. C'est pour cette dernière le point de départ du récit qu'elle nous livre, la vie de sa grand-mère Elisabeth. Fille d'ambassadeur, elle passe son enfance en Chine et se marie avec un diplomate anglais. de l'Espagne, à Beyrouth en passant par Rio et Paris, Elisabeth se consacre à son mari et à ses enfants. Les listes témoignent du quotidien de la famille et surtout des obligations mondaines d'une femme de diplomate. C'est un document passionnant sur ce cercle très fermé des ambassadeurs dont la vie peut être perturbée par les relations internationales et les événements mondiaux.C'est également un magnifique témoignage du début du XX ième siècle.L'auteur arrive habilement à faire revivre sa grand-mère dont la vie malgré le faste apparent a connu bien des failles.En effet le suicide de son frère Norton l'a profondément marqué et toute sa vie, elle a lutté pour combattre ses penchants à la dépression, elle a souffert également de "baby-blues" qui n'était pas pris en compte à l'époque.Si les photos incluses dans le récit donne au récit un caractère familial, ce texte est universel concernant la condition féminine et la charge mentale qui l'accompagne!
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Je dois avouer que je suis rentrée à tâtons dans ce récit… dans lequel j'ai craint au départ de m'ennuyer. Et voilà qu'il s'est avéré être hautement addictif et en réalité passionnant. Je vous raconte… Alors que sa grand-mère est morte depuis de très nombreuses années, Lulah hérite d'un carnet, un carnet rempli de listes, écrites d'une petite écriture serrée et sage. Ces listes donnent à Lulah envie de partir à la recherche de sa grand-mère et de sa vie peu commune. Enfant de diplomate, Elisabeth était déjà habituée aux déplacements et aux voyages dans les années 30, puis elle se marie avec un employé d'ambassade et parcourt ainsi le monde pendant le seconde guerre mondiale, en compagnie de ses propres enfants… le texte est agrémenté de photographies qui plantent les différents décors dans lesquels a évolué Elisabeth. Voilà qui est d'autant plus touchant que Lulah nous révèle assez vite que sa propre mère sera très tôt orpheline, et aussi que celle-ci vient de contracter un cancer. Tandis que la maladie atteint ainsi sa mère, Lulah lutte contre cette perte prochaine et oublie son chagrin en fouillant le passé et en remettant à la lumière un âge d'or exotique et fascinant. Mis à part le fait que ma propre grand-mère s'appelait aussi Elisabeth et que, dans ma famille, on a également cette manie des listes, j'ai aimé ce récit pour de multiples raisons. Tout d'abord, nous naviguons dans une période pendant laquelle mes parents sont nés, et Lulah réussit très bien à décrire cette époque. Elle la rend extrêmement vivante et palpable, passionnante. de plus, j'ai aimé rencontrer cette femme, qui a réellement existé, et comprendre qu'elle avait inventé à sa manière le principe du Bullet journal, consignant des choses, mais pas seulement, se servant de son journal de bord comme un moyen de tenir à distance cette dépression qui l'a tiraillée de temps en temps, et surtout après la naissance de ses garçons. L'écriture de Lulah est de plus intelligente, précise, documentée, sensible. Ce livre est un voyage émouvant au pays des femmes et également un témoignage sur ce qui peut lier des générations entre elles.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Je ne savais pas à quoi m'attendre en commençant ce livre, qui est arrivé dans boite aux lettres sans crier gare. Peut-être en raison de la couverture et du titre, j'ai pensé dans un premier temps qu'il pouvait s'agir d'un roman "à l'eau de rose". Je faisais route ! Ce livre est un récit autobiographique qui relate l'histoire d'Elisabeth, la grand-mère de l'autrice. le point de départ du récit est un carnet regroupant des listes (un peu comme un bullet-journal). Ce carnet, qui a appartenu à Elisabeth, a été transmis à Lulah Ellender par sa mère (la fille d'Elisabeth), atteinte d'un cancer. En lui donnant le carnet comme on tend un fil, voici ce que la mère de Lulah lui a dit : "Tiens-le, suis-le. Ne le lâche pas. Tu en auras besoin".

L'autrice se lance alors avec passion dans cette véritable enquête familiale, dont le carnet constitue le fil conducteur. Elle consulte notamment les archives de la famille (journaux intimes, lettres, photos...). Au fil de la lecture, nous découvrons quelques exemples de listes mais aussi des photos. Elisabeth a beaucoup voyagé dans sa vie. Lulah Ellender prend soin de nous situer le contexte historique, géographie et culturel des pays traversés.

Vous vous demandez certainement qui était Elisabeth et s'il y avait matière à lui consacrer un roman. Je vous répondrai sans hésitation que oui. Née en 1915, fille de diplomate puis femme d'ambassadeur, Elisabeth a eu une vie mouvementée. Nous la suivons en Chine, à Beyrouth, à Rio et à Paris. Nous découvrons quel était le rôle d'une femme d'ambassadeur, délicate mission, non reconnue et pourtant exigeante. Son carnet de listes permet à Elisabeth de structurer sa vie quotidienne, les réceptions, les nombreux déménagements. Nous découvrons au fil du récit, les failles de cette femme sujette aux dépressions post-partum mais aussi son courage à affronter les difficultés et malheurs qui la touchent.

Tant par la forme que par le fond, "les listes d'Elisabeth" est un récit original et passionnant. C'est un beau portrait de femme qui nous fait voyager à travers le monde. C'est aussi une réflexion sur transmission, sur l'importance de connaître son histoire. Ce qui m'a beaucoup plu, également, c'est la méthodologie utilisée par l'autrice pour réaliser ce portrait. La démarche est organisée, presque scientifique (j'ai pensé à Annie Ernaux). Pour autant, le portrait n'a rien de froid. L'autrice exprime ses émotions, des doutes, son empathie pour son aïeule. La fin du récit est à la fois triste et réconfortante.


Une très belle découverte.
Lien : http://www.sylire.com/2019/1..
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Lulah Ellender est la petite fille d'Elisabeth. Elle hérite d'un carnet de listes lui ayant appartenu et se lance dans une recherche sur la vie qu'elle a menée et qu'elle a quittée trop tôt. Elle le fait à un moment crucial, où elle apprend que sa propre mère, Helen, est atteinte d'un cancer et condamnée. Elle est partagée entre ses recherches sur le passé d'Elisabeth et le chagrin qui la submerge à l'idée de perdre sa mère.

Cette lecture a un double intérêt, dresser le portrait d'une famille où les femmes sont entièrement dévouées à la carrière de leurs maris, doivent montrer une organisation sans faille (d'où les listes) être disponibles à tout moment et prêtes à répondre à n'importe quelle demande, aussi extravagante soit-elle. le tout sans aucune reconnaissance officielle bien sûr et à titre bénévole.

Elisabeth était préparée à cette vie, puisqu'elle était déjà fille de diplomate, elle a vu sa mère remplir ce rôle sans jamais faillir. Quand elle tombe amoureuse d'un employé de l'ambassade britannique, elle sait ce qui l'attend.

Mais l'aspect qui m'a vraiment passionnée, c'est celui de femme d'ambassadeur. Elisabeth voyageait beaucoup, la Chine dans sa jeunesse, puis Paris, Londres, Madrid pendant la deuxième guerre mondiale, Beyrouth, Rio. On se rend compte à quel point elle devait être solide pour déménager du jour au lendemain avec mobilier et domesticité et s'acclimater plus ou moins vite. Elle était véritablement la cheville ouvrière qui permettait que tout se déroule bien.

Dans sa vie de femme, Elisabeth a dû faire face à une épreuve récurrente, une sévère dépression post-partum à ses deux premières grossesses, la laissant des mois entiers sans forces et dans l'incompréhension de ce qui lui arrivait. Son mari la soutenait autant qu'il pouvait, mais il était souvent ailleurs pour son travail, tourmenté à l'idée de ne pas être auprès d'elle.

Luhah essaie de reconstituer la vie de sa grand mère à l'aide des fameuses listes (reproduites dans le livre) d'un journal de bord, de photos et des souvenirs de sa mère Helen, souvenirs peu nombreux puisqu'hélas, elle n'était encore qu'une enfant quand Elisabeth est morte.

C'est un livre émouvant, mettant en lumière une belle transmission entre femmes et une époque dans un milieu particulier, celui de la diplomatie. Elisabeth était quelqu'un d'assez aventurier au fond et elle aimait être transportée du jour au lendemain dans un pays étranger, y compris dans des périodes agitées et troublées.

Une bonne découverte.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Ces catalogues contiennent notre chaos, deviennent un pont entre le moment de la pensée et le moment de l'action, et confèrent du sens à nos idées qui se bousculent. Nous élaborons des listes sans fin de nos films, de nos livres ou de nos morceaux de musique préférés, des choses à faire ou des lieux à visiter avant de mourir, comme si ces catalogues pouvaient fournir à la fois une preuve de notre existence et un héritage pour les générations futures. Nous croyons qu'une liste peut nous rendre immortels. (p. 13)
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Tandis que Jerry s'évertue à laisser sa marque à l'ambassade, Elisabeth fait ses premiers pas d'épouse de diplomate. En tant que fille de diplomate qui n'a cessé toute sa vie de déménager, Elisabeth sait qu'elle doit pleinement habiter ce nouveau lieu. Elle doit ranger ses affaires dans un buffet dans la maison de quelqu'un d'autre, parler une nouvelle langue lorsqu'elle achète ses légumes au marché, se lier d'amitié avec de nouvelles personnes et en épater d'autres, et éviter à tout prix de se retourner pour regarder ce qu'elle laisse derrière elle. Son carnet de listes est une expression de cette énergie tournée vers l'avenir, permet d'exploiter le pouvoir de planification afin de trouver un ancrage pour affronter les difficultés liées à un nouveau départ de plus. (p. 95)
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Comme le décrit l'auteure et jardinière Ursula Buchan, le fait de creuser et de planter, en plus de fournir de la nourriture, offre un bénéfice psychologique: en travaillant la terre, les gens renforcent leur lien au pays pour lequel on est en train de se battre. Il existe depuis longtemps un lien implicite entre notre histoire et la terre sur laquelle nous nous tenons, une façon d'ancrer littéralement la notion abstraite de "nation" et d'appartenance. La terre ne se résume plus à de la boue : elle représente l'histoire d'une nation, (...) de guerriers et de fermiers, de colons pionniers. (p. 186)
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Peut-être que cette horreur pernicieuse et silencieuse de la mort est à l'origine de ma quête pour trouver Elisabeth. En reconstituant sa vie, est-ce que j'essaye de vaincre un ennemi inévitable ? Ma fascination pour le carnet de listes d'Elisabeth s'insère-telle dans une lutte que je mène pour accepter la mort imminente de ma mère, ma propre mortalité, et l'effet que ma mort aura sur mes enfants ? Les listes sont un butoir qui nous protège du vide, et ce livre me sert peut-être de tampon. (p. 155)
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Pendant des milliers d'années, les fleuves et les rivières ont joué un rôle vital dans l'histoire de l'humanité. Nous avons jeté des offrandes sacrificielles dans leurs eaux, créé des créatures mythologiques qui habitent dans leurs profondeurs mystérieuses; ils nous lavent, nous nourrissent, nous sauvent, nous divertissent, nous détruisent, nous inondent, irriguent notre terre, nous baptisent, nous noient (...) (p. 276)
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Growing out my natural grey hair, Part 5
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