Je ne savais pas à quoi m'attendre en commençant ce livre, qui est arrivé dans boite aux lettres sans crier gare. Peut-être en raison de la couverture et du titre, j'ai pensé dans un premier temps qu'il pouvait s'agir d'un roman "à l'eau de rose". Je faisais route ! Ce livre est un récit autobiographique qui relate l'histoire d'Elisabeth, la grand-mère de l'autrice. le point de départ du récit est un carnet regroupant des listes (un peu comme un bullet-journal). Ce carnet, qui a appartenu à Elisabeth, a été transmis à
Lulah Ellender par sa mère (la fille d'Elisabeth), atteinte d'un cancer. En lui donnant le carnet comme on tend un fil, voici ce que la mère de Lulah lui a dit : "Tiens-le, suis-le. Ne le lâche pas. Tu en auras besoin".
L'autrice se lance alors avec passion dans cette véritable enquête familiale, dont le carnet constitue le fil conducteur. Elle consulte notamment les archives de la famille (journaux intimes, lettres, photos...). Au fil de la lecture, nous découvrons quelques exemples de listes mais aussi des photos. Elisabeth a beaucoup voyagé dans sa vie.
Lulah Ellender prend soin de nous situer le contexte historique, géographie et culturel des pays traversés.
Vous vous demandez certainement qui était Elisabeth et s'il y avait matière à lui consacrer un roman. Je vous répondrai sans hésitation que oui. Née en 1915, fille de diplomate puis femme d'ambassadeur, Elisabeth a eu une vie mouvementée. Nous la suivons en Chine, à Beyrouth, à Rio et à Paris. Nous découvrons quel était le rôle d'
une femme d'ambassadeur, délicate mission, non reconnue et pourtant exigeante. Son carnet de listes permet à Elisabeth de structurer sa vie quotidienne, les réceptions, les nombreux déménagements. Nous découvrons au fil du récit, les failles de cette femme sujette aux dépressions post-partum mais aussi son courage à affronter les difficultés et malheurs qui la touchent.
Tant par la forme que par le fond, "
les listes d'Elisabeth" est un récit original et passionnant. C'est un beau portrait de femme qui nous fait voyager à travers le monde. C'est aussi une réflexion sur transmission, sur l'importance de connaître son histoire. Ce qui m'a beaucoup plu, également, c'est la méthodologie utilisée par l'autrice pour réaliser ce portrait. La démarche est organisée, presque scientifique (j'ai pensé à
Annie Ernaux). Pour autant, le portrait n'a rien de froid. L'autrice exprime ses émotions, des doutes, son empathie pour son aïeule. La fin du récit est à la fois triste et réconfortante.
Une très belle découverte.
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