Ce livre reprend à l'instar d'un dictionnaire les mots qui inspire et motive ou questionne l'auteur. On y retrouve une grande liberté de ton avec des mots tendres, cassante et drôles comme on peut entrevoir l'Amiral au fil de ses interventions. J'ai aimé ces mots, sa prose poétique et sa facilité à trouver ses bons mots. Il évoque sa vie, sa philosophie et ses contradictions, je ne partage pas tout c'est certain mais peu importe de toute façon ce livre n'est en rien un réquisitoire mais un abécédaire de sa vie et de ses pensées.
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Il y a des personnes qui j'aimerais rencontrer dans ma vie. #olivierdekersauson en fait indéniablement partie.
Je pense que cet homme solitaire a beaucoup de choses à apprendre.
J'adore l'écouter, le lire. Je ne partage pas toutes ses idées mais comme il le dit si bien dans ce livre
« Souvent, je me perçois comme à côté du monde qui men-toure. Et ce n'est pas tout à fait vrai.
Je ne dirais pas, a la cantonade: «Je ne suis pas de votre monde.» Je dirais plutôt: « Vous n'êtes pas du mien.»
Toute mon enfance, on m'a raconté des choses qui ne me concernaient pas.
Je n'ai pas de territoire psychique à défendre. J'ai ce que je peux, ce que jaime, ce en quoi je crois. Et les autres ont ce qu'ils peuvent, ce qu'ils aiment, ce en quoi ils croient. Nous ne sommes en rien obligés de nous rejoindre.
Que l'on partage mes idées ou non ne m'est d'aucun réconfort. Tout cela me laisse de marbre. Ce n'est pas mon affaire.
La pensée étant éternelle, elle doit faire fi de l'air du temps.
Nous ne sommes jamais obligés de nous aligner. Voilà une loi. »
Je partage sa vision du monde, une vision de voyageur (pas de touriste).
Ce monde souvent désespérant et pourtant se dégage en cet homme une telle résilience, Olivier aime la vie par dessus tout.
Si vous aimez regarder ailleurs qu'autour de votre nombril je vous conseille les livres de ce grand homme.
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Le livre nous plonge dans une sorte d'avécédaire regroupant les mots qui viennent à l'esprit de l'auteur au moment où il soihaite rédiger son livre.
Reflet de la complexité et des contradictions de l'esprit humain, les mots choisis nous révèlent tour à tour un homme qui nous dit :" je ne suis pas un donneur de leçons" mais qui n'a de cesse d'en donner, ou encore un homme qui parlent souvent de la médiocrité, la vulgarité et la faiblesse de ceux qui ne sont pas comme lui, tout en ayant pris bien soin de laisser appartenir aux autres cette immonde chose qu'est le mépris: "on voit bien ceux qui se construisent sur le mépris de l'autre; ils ne bâtissent que de la médiocrité." .
J'ai donc perçu ce livre comme les divagations mégalomanes d'une personne qui me semblait respectable.
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Emerveillable.
C'est ma grande aptitude. Comme on disait "apte au service militaire", je suis apte à l'émerveillement. En quête. Je me fabrique des étonnements heureux. Je veux toujours voir apparaître le soleil à travers les arbres.
Je suis sans cesse en recherche de lieux, d'instants qui vont déclencher ma capacité d'enchantement. C'est mon savoir-vivre. Je jubile fréquemment.
Ma capacité jubilatoire peut naître sur un coup de vent, sur le ronflement particulier de la mer.
Certaines lumières m'enflamment. Alors je vibre. Mais ça peut être aussi bien le chant d'une alouette.
Pour un guetteur de ma sorte, il peut y avoir beaucoup de moments pleins de perfection absolue. J'ai l'œil. Je me le suis fait.
Le monde entier est calibré, répertorié, googlisé...
Il offre moins de rêve.
Mais enfin, quand même, il suffit de rentrer à Paris dans un musée et contempler une toile de Gauguin pour se remettre à rêver. Notre monde n'a pas réussi à éliminer toutes les mouvances de ses irrationnels. Et heureusement.
Amitié
Je suis quelqu’un d’exigeant. Selon moi, l’amitié fut toujours un plaisir et non un besoin. Jamais. J’assume d’être seul.
Il y a une parité dans l’amitié. Et un jugement de valeur. C’est soupesé, ça n’arrive pas comme ça, la reconnaissance de l’autre, de son talent.
Ce qui fait le prix de l’amitié, pour moi, c’est une chose indépendante de la couleur, de la religion, etc. C’est justement quand on va percer à jour, chez l’autre, un sens de l’éthique qui est partageable.
L’amitié, c’est une affaire d’éthique.
Nous sommes essentiellement définissables par notre sens de l’éthique. Ce qui compte, ce sont les choix que nous faisons sur l’amour, la grâce et la vertu – lesquels nous définissent en profondeur. C’est là que ça se passe, si j’ose dire. Et quand ça se passe là, en amitié, alors ça peut le faire et ça le fait !
Tabarly n’était pas un ami mais un patron. On n’est pas ami avec les gens qui vont sont supérieurs puisqu’il n’y a pas parité.
Comme tout ce qui est magnifique, il ne peut y avoir dans l'amour ni possession ni jalousie pour la simple et bonne raison que nous parlons là de moments que la vie nous prête. Comme un lever de soleil.
Rien n'est plus beau qu'une belle langue. Et la française est belle avec toutes ses nuances. La génération cultivée de mes parents devait parler huit mille mots. J'en parle, quant à moi, deux mille huit cents, c'est un maximum, et les jeunes gens d'aujourd'hui six cent cinquante dans lesquels "top" et "cool" remplacent des nuances utilisées jadis dans la langue. Il y a un distributeur automatique d'expressions nulles et non avenues. (p.112)
Olivier de Kersauson : Le monde comme il me parle