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EAN : 9782259276870
320 pages
Plon (17/10/2019)
3.66/5   37 notes
Résumé :
Le roman d'une ville dont la vie est un roman. Jérusalem se raconte. Après des siècles de silence, moi, Jérusalem, j'ai décidé de prendre la parole pour raconter mon histoire. La vraie. Non celle que colportent mes courtisans, ceux qui s'imaginent - simples d'esprit - que je pourrais n'appartenir qu'à un seul d'entre eux, qui me voient comme une épouse que l'on peut mettre en cage ou une prostituée qui cède aux plus offrants. Je suis Jérusalem. Je suis l'Unique, sac... >Voir plus
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Un formidable travail de synthèse!
En 300 pages, Gilbert Sinoué nous propose une histoire de cette ville mythique en mettant en lumière les étapes importantes et les personnages cruciaux qui ont joué un rôle dans l'établissement de cette ville.

Des millénaires pendant lesquels Jérusalem a souffert, tour à tour occupée par les Hébreux, les Babyloniens ( et la destruction du 1er temple en 587 avant JC), les Perses, les Grecs, les Romains (avec la destruction du deuxième temple et l'épopée terrible de Massada) les Arabes, les Francs, les Mamelouks, les Ottomans et les Britanniques... que de peuples ont foulé son sol...
A chaque fois elle renaît de ses cendres..

Enjeu religieux, ville des trois monothéismes, elle est la ville-phare à l'histoire complexe.

Des personnages historiques dont on a retenu les exploits: Godefroi de Bouillon, le premier croisé qui va gérer la ville en prenant le titre d'"avoué du Saint Sépulcre", suivi par Baudoin de Boulogne en 1100, le premier roi croisé "officiel"...

Et le fameux Saladin, Salah ad-Din Yusuf de son vrai nom, d'origine kurde et vizir de l'Egypte avant de s'intéresser à la Terre promise... C'est lui "le Sabre parmi les Sabres du Dieu très-haut" qui va avoir raison des croisés après maintes luttes et les chasser définitivement de la ville éternelle en 1187...

Des personnages moins connus mais non moins glorieux comme cet étrange Frédéric Roger, fils de Henri VI de Hohenstaufen, couronné empereur du Saint Empire Germanique en 1215 et qui va réussir à réaliser un traité avec le sultan d'Egypte al Kâmil: Jérusalem resterait chrétienne sauf le dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa...Etonnant ce personnage de Frédéric qui parlait arabe (du fait de son enfance passée à Palerme) et avait des résultats diplomatiques bien meilleurs que ceux des Français et Anglais de l'époque..

L'époque récente n'est pas en reste et on découvre les débuts du sionisme et ses répercussions sur la vie de Jérusalem. de même les rivalités entre Anglais et Français sur cette zone vont jouer un rôle important et se solderont par l'accord Sykes-Picot de 1916 qui va organiser la partition de la région entre la Syrie et la côte qui iraient à la France et la zone orientale pour les Anglais..

La création de l'Etat hébreu est longuement évoquée ici ainsi que les différentes guerres qui ont marqué dans ce territoire la période de l'après seconde guerre mondiale (guerre des 6 jours en 1967, guerre du Kippour en 1973..)

Bref un travail d'historien très poussé et un souci de dégager à chaque fois l'essentiel..
Un livre passionnant, pour nous aider à découvrir ou redécouvrir cette ville-monde qu'est Jérusalem...
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Jérusalem est la ville bénie entre toutes, pour être un lieu saint au regard des trois religions monothéistes. Elle est maudite entre toutes pour exactement la même raison.

Notre actualité, à nous contemporains du 21ème siècle, nous abreuve des événements dramatiques du conflit israélo-palestinien, masquant les causes réelles du mal au profit du sensationnel. Sans omettre la responsabilité que nous occidentaux avons de la situation actuelle avec les trop fameux accords sikes-Picot en 1916, la déclaration Balfour en 1917 et la création d'un état d'Israël en Palestine en 1948, nous autres, qui avons fort heureusement abandonné toute velléité de croisade, ne pouvons que nous interroger sur la légitimité de l'un ou de l'autre des belligérants à revendiquer la Palestine comme terre d'accueil. Qu'elle fut promise ou conquise.

Les deux peuvent y prétendre mon général serait-on tenté de répondre après la lecture de cet ouvrage de Gilbert Sinoué, même si embrasser la réalité des fondements historiques du problème palestinien en quelques 350 pages serait aussi illusoire que présomptueux. Comptons toutefois sur le talent de Gilbert Sinoué, sa connaissance de cette région, de son histoire et sa géographie, son talent de conteur pour nous donner si ce n'est les clés du problème, en tout état cas une synthèse objective et le goût d'approfondir le sujet.

Pour parvenir à cette objectivité tellement malcommode à ambitionner, il a pris le parti de personnifier et faire parler celle qui depuis sa fondation a tout connu des turpitudes de l'homme quand il se met en butte à son semblable pour faire valoir ses prétentions. Celle-ci, c'est Jérusalem, siège des lieux saints pour toutes ces religions qui chacune revendique le monopole de la vrai foi, taxant les adeptes d'une autre confession d'infidèles.

Toutes trois religions prêchant la tolérance, relevant du même père fondateur : Abraham, vénérant chacune à sa façon le même dieu créateur, ont entre autres traits communs, moins recommandable ceux-là, de ne pas accepter le partage, de ne pas tolérer la contradiction. La ville des trois prophètes a connu tous les outrages, a toujours été l'objet d'incessantes convoitises, a vécu les invasions de tous les horizons au fil des âges, avec leurs lots de carnages. Y compris de la part les Croisés lancés au secours du tombeau du Christ par le bon pape Urbain II lors de son appel à la guerre sainte en 1095 à Clermont.

"Mais il était écrit que mon martyre ne connaîtrait pas de fin", fait dire Gilbert Sinoué à celle dont il a choisi de faire parler les pierres sans cesse érigées en monuments majestueux, vénérés puis bannis et détruits pour céder la place à d'autres, tout autant vénérés par les nouveaux occupants des lieux et tenants d'une autre foi.

1948, l'état d'Israël est créé, avec l'espoir insensé de la communauté internationale de voir les premiers occupants de ce Moyen-Orient tant convoité revenir vivre en harmonie avec ceux qui étaient restés sur place et avaient faite leur cette terre de tous les passages. Seulement voilà, non seulement il n'est pas question de reconnaître un état palestinien, mais en outre le nouvel état créé au lendemain de la seconde guerre mondiale ne cesse de grignoter l'espace vital de ceux qui ont fait de Jérusalem leur troisième lieux saint après La Mecque et Médine.

Et Jérusalem, sous la plume de Gilbert Sinoué de regretter que la ville des trois prophètes, Abraham, Jésus, Mohammad, ne sache être le siège de la coexistence pacifique. On perçoit bien toutefois dans les propos qu'il prête à la ville sainte entre toutes que l'objectivité est quelque peu écornée au sort qui est réservé aux Palestiniens. S'ils ne sont en effet pas les occupants primitifs de cette terre convoitée, ils ont gagné par leur amour ancestral pour celle-ci le droit de la partager à égalité de traitement avec ceux qui y reviennent après des siècles d'errance de par le monde. Car qui peut se revendiquer être propriétaire d'une terre au motif qu'il a adopté la religion de ses premiers occupants. Quand la politique se mêle de foi, la foi y perd son fondement dogmatique et donc sa crédibilité.

Très bel ouvrage qui se garde d'un avenir optimiste pour la sainte Jérusalem et la laisse se morfondre de tant de haine entre les hommes qui n'ont de cesse de lui déclarer leur amour.
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Un roman écrit à la première personne, et la narratrice n'est autre qu'une ville à l'histoire millénaire, la ville des trois prophètes : Moïse, Jésus et Mohammed.

En lisant récemment l'histoire du Levant antique, j'avais été frappée par l'extraordinaire foyer de luttes entre les peuples, les communautés, les sectes séjournant tout à tour au cours des siècles sur cette terre étroite coincée entre Méditerranée et Jourdain, cette terre de Canaan, carrefour stratégique.

Un lieu de passage et d'échanges, un goulot d'étranglement entre les premiers hominidés remontant du Rift vert l'Europe et l'Asie, le carrefour des caravanes entre l'Inde, la Chine et la Méditerranée, la convoitise de tous les empires antiques qui se sont succédés dans cette région dépourvue pourtant de ressources naturelles. Les Jébuséens, les Philistins, les Hébreux, les Iduméens, les Nabatéens, les Egyptiens, les Ottomans, les Mamelouks, les Peuples de la Mer, les Perses, les Grecs, les Babyloniens, les Romains, les Arabes, les Francs, les Britanniques, ont tour à tour conquis ce pays, exilé leurs populations ou les ont simplement massacrées …

L'histoire de cette terre contestée depuis la nuit des temps, devenue un des points les plus chauds de la géopolitique contemporaine, avec ses ramifications dans notre jeunesse, est atroce. Gilbert Sinoué la raconte sans parti-pris. Pourquoi tant de haine encore aujourd'hui entre Arabes et Juifs ? Pourquoi les « Grandes Puissances » et en particulier la Grande Bretagne avec la Déclaration Balfour de 1917 ont-elles attisé les affrontements en proférant des promesses qu'elles étaient certaines de ne pas vouloir ni pouvoir tenir ? Pourquoi les souffrances des uns et des autres ne peuvent-elles pas s'unifier en une seule communauté ? Entre la Shoah et la Nakba, quelle différence ? le nombre, peut-être, mais cela a-t-il un sens ? Il est à noter cependant que l'auteur n'évoque à aucun moment la Shoah … Car la lutte pour la possession du sol a commencé bien avant.

A tous ceux qui ne comprennent pas cette lutte séculaire et sans issue, je recommande ce livre – en particulier les jeunes - qui ne se prive pas de tordre le cou à des légendes devenues dogmes, qui ont traversé le temps et nous rappellent que les pires guerres sont les guerres de religion … de ce côté-là, nous les européens n'avons aucune leçon à donner à personne.

La tolérance cède le pas à l'impossibilité pour la plupart des gens de respecter la diversité. On parle beaucoup de respect, on le pratique si peu ! Les trois religions du Livre n'ont pas apporté de progrès en la matière.


Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Mon regard a été attiré par la jaquette de ce livre. J'ai été interpellé et séduit par sa présentation. Alors je me suis laissé tenter et j'ai dévoré ce roman.
Quelle riche idée que de faire parler cette ville « Jérusalem » à la première personne du singulier.
Vraiment une belle réussite et prouesse réalisé par cet auteur que j'ai découvert " Gilbert Sinoue".
Le narrateur s'est attaqué au si délicat sujet de « Jérusalem » dans cet ouvrage passionnant.
Au commencement tu étais la terre de « Canann » pour devenir la Palestine.
De ton nom « Uru-Shalel ».
Jérusalem tu es la ville des trois prophètes, la citée des trois religions monothéistes :
Juif - Chrétien- Musulman.
Jerusalem toi qui a changé quelques fois de nom comme par exemple Antioche pour ce qui est de plus cruel.
Jerusalem, ville qui compte plus de 4000 ans d'histoire, ville tant convoitée, ville témoin et victime de tant de complaintes, conflits et ambitions.
L'auteur revient aux origines des religions abrahamiques, nous décrit toutes les guerres, heurts, conquêtes dont la ville trois fois sainte a été le théâtre.
Cette ville qui a tant saigné, pour un vivre ensemble impossible.
Toi qui fus témoin de plus de meurtres, de viol et de pillages que tout endroit du monde.
« « Mais ce monde est-il une table de jeu ? » »
Un ouvrage à lire, très documenté, rédigé avec une plume remarquable.
Naturellement, en filigrane, on devine l'avis de l'auteur qui ne peut être partagé par tout le monde.
Les différents points de vue forcent le respect, car fort est celui qui pourrait détenir la vérité en la matière.
"Gilbert Sinoué" nous donne l'image d'un homme profondément humain à la plume d'or !
Un vrai plaisir de lecture.
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Livre dont la ville de Jérusalem est le narrateur
Panorama de 3000 ans d'histoire en 320 pages.
Un auteur à l'indéniable talent de conteur.

Résumé babélio :
Le roman d'une ville dont la vie est un roman. Jérusalem se raconte. Après des siècles de silence, moi, Jérusalem, j'ai décidé de prendre la parole pour raconter mon histoire. La vraie. Non celle que colportent mes courtisans, ceux qui s'imaginent - simples d'esprit - que je pourrais n'appartenir qu'à un seul d'entre eux, qui me voient comme une épouse que l'on peut mettre en cage ou une prostituée qui cède aux plus offrants. Je suis Jérusalem. Je suis l'Unique, sacrée, entière et dans mes pierres vibrent les trois vérités éternelles, chacune complémentaire de l'autre, chacune indissociable. Peu m'importent les critiques que ne manqueront pas de soulever mes confidences. Sans doute ai-je atteint cet âge où l'on ne craint plus les injures, les quolibets, cet âge de la maturité où l'on n'a plus peur de rien. Voilà des millénaires que je saigne. Hébreux, Babyloniens, Perses, Grecs, Romains, Arabes, Francs, Mamelouks, Ottomans, Britanniques, tous ont foulé mon sol, tous ont voulu me posséder en versant le sang, et il n'est pas impossible que je disparaisse un jour, réduite en cendres pour avoir été trop désirée, à moins que les trois Prophètes ne sortent de leur silence et ne se décident à n'être qu'un seul coeur pour que mon coeur continue de battre.

J'adore les romans historiques, toutefois j'ai plus de mal avec l'antiquité. Quand je lis un roman historique j'aime bien croiser les données avec des recherches pour matérialiser les limites entre le roman et L Histoire. Avec les périodes très anciennes les sources sont difficiles d'accès (compte rendu archéologiques par exemple). Sur la première partie je me suis donc laissé porté comme pour un conte.
Les premières tribus, qui se font la guerre puis finissent pas s'unir et former un peuple. Puis une autre tribu arrive, nouvelle guerre.
La deuxième partie, plus propice à éclairer le présent est intéressante et bien menée mais très proche de ce que l'auteur avait déjà donné dans sa trilogie inch'Allah.
La plume de Gilbert Sinoue est fluide, légère et belle et sa narration très équilibrée (juste ce qu'il faut de descriptions, de poésie ...)


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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Nous étions au mois de mars 70.
Pour affamer la ville (Jérusalem), Titus fit construire une enceinte. La famine était terrible.
Le 9 Av dans le calendrier hébraïque, ce fut la fin.
Les troupes de Titus se déversèrent dans mes ruelles.
Les Romains entrèrent dans le Temple, ils incendièrent le bâtiment. Il ne subsista de ce haut lieu qu'un pan de mur. Il est connu de vos jours sous le nom de "Mur des Lamentations".
Coïncidence: ce fut aussi un 9 Av que les Babyloniens avaient livré le premier Temple aux flammes et au pillage.
C'est aussi le 9 Av que les juifs furent expulsés d'Angleterre (en 1299 de votre ère) et qu'Isabel d'Espagne signera, en 1492, le décret d'expulsion des juifs d'Espagne.
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En dépit de leurs apparentes différences de couleur et de langue, les humains sont tous semblables et bien plus aptes à vivre ensemble qu'à se rejeter pour des raisons qui me semblent frivoles, telles que le nom d'un dieu ou la manière dont une femme doit se vêtir. Ils cherchent le bonheur ; qu'on m'autorise à le dire : la tolérance en est la condition. De plus, le crime et le massacre créent des accusateurs éternels : leurs victimes.
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Il n'en demeurait pas moins que cette société restait profondément divisée. Deux groupes s'opposaient; d'une part les Saducéens, qui comptaient surtout les familles sacerdotales et, d'autre part, les Paruchim, ou les "Pharisiens", comme on appelait alors les croyants orthodoxes.
Les premiers pratiquaient une observance pure et simple des règles de la Torah et du rituel du Temple; ils étaient favorables à la domination hellénistique et romaine plus tard. Leur théologie rejetait toute pensée mystique et apocalyptique, la littérature prophétique était même jugée "dangereuse".
Quant aux Pharisiens, ils considéraient que la religion devait dominer dans tous les domaines de la vie et combattaient l'influence grecque.
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Quand Mattathias mourut, l'un de ses fils, Judas Macchabée, prit le commandement des opérations et décida de reconquérir Jérusalem.
Il parvint à s'emparer de la colline du Temple et en fit une forteresse. Ensuite il chassa les prêtres accusés de tolérance coupable, détruisit l'autel profané par les sacrifices à Zeus, en éleva un autre. et rétablit le Temple dans sa fonction antique, celle de demeure de Yahvé.
Cet événement est célébré chaque année par les juifs. C'est le jour de la "fête de la Dédicace", la fête de la Lumière, ou Hanoukka.
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Pour preuve, qui aurait pu imaginer, après le désastre que j’avais subi, après avoir été témoin de la déportation de mes habitants, après la famine, la soir, la désespérance, que, du jour au lendemain, le soleil recommencerait à briller dans mon ciel ?
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