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EAN : 9782809827286
352 pages
L'Archipel (06/11/2019)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Les illusions perdues de 1848

1847. Petitjean, un jeune provincial, débarque à Paris après avoir fui la révolte de Buzançais, près de Châteauroux, où les révoltés, en proie à la famine, ont été violemment réprimés.
Arrivé dans la capitale, Petitjean se lie avec de jeunes gens, ardents militants républicains. Auprès d’eux, il devient l’un des acteurs du soulèvement de février
1848, qui s’achèvera par la déposition du roi Louis-Philippe et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
André, surnommé PetitJean est un jeune provincial éduqué et avide de lectures que lui prête son ancien instituteur. Ce dernier lui a appris à réfléchir et à débattre des grands enjeux du siècle. Recherché par les autorités après les premières révoltes en 1847 dans sa région, il trouve refuge à Paris. La capitale où souvent tout se passe et se décide. Il sera aux premières loges pour assister à tous les grands mouvements sociaux du moment.
La révolution française de février 1848 est la troisième révolution française après 1789 et 1830, Louis-Philippe le dernier roi des français abdique et un gouvernement provisoire est mis en place. Bataille d'opinions, de personnalités, de classes. le peuple se sent floué par la bourgeoisie qui veut garder ses privilèges et ses biens. Mais la misère est là, le chômage, la faim, les heures de travail à rallonge. Un grand espoir se lève après cette révolution. Bien vite Petitjean assistera et vivra le désenchantement du peuple d'en bas qui espérait travail et meilleure vie. Avec ses amis étudiants, journalistes révolutionnaires il participera à tous les grands événements, barricades dans la capitale.
Où l'on voit le drapeau tricolore s'opposer au drapeau rouge.
Où l'on côtoie les grands hommes de l'époque : Blanqui, Lamartine, Blanc, Louis Napoléon Bonaparte qui prépare le terrain de son empire.
Où l'on voit l'attitude de certains généraux et politiques qui n'hésitent pas à faire tirer sur la foule désarmée. Une époque violente, rude qui se terminera en juillet 1848 dans la furie, la folie et un bain de sang : 5700 morts de tous bords.
Les histoires d'amour de PetitJean apportent un peu de douceur à ce livre ; entre Lisette et Suzanne son coeur balance mais lorsque le destin est en marche rien ne peut l'arrêter.
Mais c'est surtout au déroulement de l'année 1848 que l'on assiste : l'avènement de la IIème république, la création des Ateliers nationaux qui donnent du travail aux chômeurs, tout en restant dans l'exploitation de l'homme. Les débats d'idées, d'idéologie, d'intérêts surtout. Très intéressant, bien écrit et très explicite.
J'ai découvert un pan de notre histoire que je ne connaissais pas, on en apprend tous les jours. 1789 fut notre première révolution mais combien d'émeutes, de révoltes et de révolution ont émaillées notre histoire.
J'ai beaucoup apprécié La révolte des humiliés, à sa lecture on s'y voit, on s'y croit.
Merci à Mylène et aux éditions l'Archipel pour cette découverte.
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1847, Petitjean participe de loin aux émeutes de son village de l'Indre. Malgré qu'il n'ait pas fait grand chose, les autorités le recherchent. Il trouve refuge pour quelques jours chez son ancien instituteur, puis, à l'issu d'un simulacre de procès auquel il réussit à échapper, il quitte sa région pour Paris. Les idéaux de la révolution de 1789 sont déjà loin et bon nombre de laissés pour compte, d'humiliés, ne veulent pas en rester là. Arrivé à Paris, Petitjean se lie d'amitié avec Sylvain, un jeune homme travaillant dans la presse, aux idées révolutionnaires bien campées, qui l'initiera à la politique. Les esprits s'échauffent, la monarchie de Louis-Philippe est en danger. Pour beaucoup de ces jeunes gens c'est leur première révolte et il y a forcément beaucoup d'attente et d'excitation. Ils veulent en être. Jusqu'au premier coup de feu, les premiers morts, les premiers blessés, les camarades que l'on se fait puis que l'on perd. Par ailleurs, on suit également la vie sentimentale de Petitjean, d'abord avec Lisette, une prolétaire comme lui, jusqu'à son coup de foudre pour Suzanne, la soeur de 2 camarades issus de la bourgeoisie.

Avec la révolution de 1848, l'auteur narre une page de l'histoire de France à travers le regard et le parcours de son personnage principal, Petitjean, témoin et acteur de son temps. Ce roman historique souhaite rendre justice à cette révolution un peu trop vite évoquée par les livres d'histoire. L'écriture est belle, classique, très descriptive. Il est évoqué également la difficulté de frayer avec une classe sociale différente de la sienne ; on s'entend bien, on fraternise, on s'apprécie, mais attention, il y a tout de même des limites à ne pas franchir, nous ne sommes pas du même monde. J'ai trouvé ce livre très bien écrit, intéressant, un bel hommage aux protagonistes de cette Histoire. Je remercie les éditions de l'Archipel pour cette découverte.
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Les deux premières grandes révolutions en France de la fin du XVIIIe à la fin du XIXe siècle ont eu chacune leurs auteurs : Dickens et Hugo pour la Révolution française avec, respectivement, "Le Conte de deux villes" et "Quatrevingt-treize" ; Hugo pour la Révolution de 1830 avec "Les Misérables". Mais étrangement, à ma connaissance, les écrivains contemporains de la Révolution de 1848 n'ont jamais été jusqu'à consacrer un roman dans son intégralité à cette période. Certes, Hugo, Balzac, Dumas, Flaubert ou Sand l'ont mentionné en quelques pages dans certains de leurs ouvrages mais sans plus. Il semblerait que la question ait davantage intéressé à partir du XXe siècle et l'auteur lui-même dans son épilogue propose une explication à ce phénomène :

Cet effacement – et ou cet oubli – résulte aussi, certainement, de la mauvaise conscience d'une classe dominante qui, devant le surgissement inattendu des « barbares » issus de quartiers populaires et des faubourgs, n'a su répondre que par le feu des canons et des fusils.

En effet, à la différence des romans de Patrick Pesnot que j'ai pu lire avant celui-ci, ce nouvel opus offre plus de place à l'historique qu'à la fiction comme pour réhabiliter une période oubliée. Et pour cela, il se sert de son personnage principal, André alias Petitjean qui se révèle, dès les premières pages, totalement vierge de ces mouvements de révolte ou de ces nouveaux courants de pensée qui grondent dans la capitale. C'est l'intervention de son ancien instituteur, Alphonse Richet, qui va « mettre le feu aux poudres » de son regard critique sur la situation de la France. Arrivé à Paris, on découvre, jour après jour, les événements de cette mini-révolution. Accompagnant Petitjean au fil des pages, on prend conscience, en simple spectateur, de l'engouement qu'elle a suscité dans la classe populaire, cette étincelle d'espoir de voir enfin le travail reconnu et la visibilité offerte à une classe sociale en souffrance. Mais rapidement, on découvre, à travers le regard que porte le héros sur les scènes de massacres quasi-organisés par la bourgeoisie incapable finalement d'imaginer un quelconque partage des pouvoirs avec la classe ouvrière, la naissance d'un désenchantement, l'extinction d'une espérance si illusoire. C'est l'écoeurement qui anime rapidement Petitjean puis la désillusion au point d'en arriver à penser que cette lutte en laquelle il a tant cru ne sera pas gagnée par lui et ses amis mais par une génération future.

Face à ce dramatique constat, Petitjean n'a plus qu'un seul espoir : l'amour, et c'est là que la fiction en fin de roman prend toute son ampleur dans la mesure où le cours de l'Histoire s'est révélée immuable. Cet aspect de la vie privée du héros ne constitue, au fil du roman, qu'un fil rouge extrêmement ténu. D'abord amouraché de Lisette, la petite couturière tout aussi perdue que lui dans une société où elle ne trouve pas sa place, c'est surtout l'apparition de Suzanne, soeur de ses « amis » bourgeois, Robert et Jérôme Lavanel, qui va le bouleverser, d'autant que la jeune fille cautionne les mêmes idées de progrès social que lui. Cela relève donc de l'évidence qu'une fois le constat fait de l'échec de la Révolution de 1848, Petitjean se raccroche à l'unique raison de vivre qui lui reste : Suzanne. Mais voilà, l'Histoire et l'être humain sont parfois irrémédiablement liés et Suzanne et Petitjean en feront l'amère expérience dans une fin qu'on peut qualifier de dramatique voire absurde. Mais une telle fin n'arrange-t-elle pas les ambitions d'un Robert Lavanel, sans doute le plus hostile au mélange des classes ? Et n'est-elle pas, en même temps, la pire des punitions pour un Jérôme Lavanel, aveuglé par son égoïsme au point d'utiliser son ami pour faire simplement revenir à la vie sa soeur bien-aimée ?

Je ne reviendrai pas sur le style de Patrick Pesnot dont j'ai déjà parlé dans mes précédentes chroniques et que j'admire toujours autant tant il révèle un amour réel pour la langue française. C'est le genre d'auteur qui vous redonne l'envie d'ouvrir un dictionnaire… chose assez rare dans le monde littéraire actuel, frappé trop souvent par une paupérisation lexicale désespérante.

Au final, un beau roman historique sur une période un peu oubliée et dont la fin vous rappellera celle des grands drames romantiques.
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Nous sommes en 1847. Nous allons faire la connaissance d'André alias Petitjean, jeune provincial éduqué qui débarque à Paris car il a dû fuir la révolte des buzançais, près de Châteauroux, où les révoltés, en proie à la famine ont été violemment réprimés. Il est recherché par les autorités après les premières révoltes dans sa région. Il décide de se rendre à Paris car il sait que c'est là que se prennent toutes les décisions et il entend bien se trouver au bon endroit. Il sera bien placé pour voir naître les grands mouvements sociaux.



Nous sommes en février 1848, en pleine révolution française. Nous assistons à l'abdication du roi Louis-Philippe et de la proclamation de la deuxième république mais la désillusion ne tardera pas à se faire sentir ! La fraternité entre bourgeois et prolétaires part en fumée dès les premières semaines de règne du gouvernement républicain. le peuple a l'impression de se faire berner par la bourgeoisie qui veut conserver ses privilèges et ses biens sauf que voilà, la misère est bien présente, le chômage, la faim, les travailleurs qui ne comptent plus leurs heures est une réalité. le petit groupe d'amis de Petitjean sera aussi vite désenchanté qu'il a été enchanté. Avec ses amis étudiants, journalistes, révolutionnaires, il participera à beaucoup de grands évènements mais leurs démarches ne seront pas une sinécure d'autant plus que Louis-Napoléon Bonaparte n'a pas l'intention d'abandonner la tête du pays aussi facilement...



L'auteur nous retrace une époque violente où les politicards de l'époque n'hésitaient pas à faire feu sur la foule désoeuvrée et désarmée. Cette triste époque prendra fin en juillet 1848 dans un véritable bain de sang ! Heureusement que l'auteur nous apporte un peu de légèreté avec Petitjean qui vit une torture sentimentale avec Lisette et Suzanne.



En lisant ce livre avec Emma (ma fille passionnée d'Histoire), nous nous sommes aperçues que le peuple s'est beaucoup battu pour nous, pour nos droits, pour nos acquis sociaux. En réalité, nous sommes dans la cinquième république, mais nous sommes toujours dans la même lutte mais sans les armes, sans faire couler du sang, sans qu'il y ait des morts... La réflexion que ma fille a eu est très intéressante et pour vous dire, je suis fière d'elle, qu'elle ait réussi à faire, pour son âge, le parallèle entre les situations sociales de l'époque et de maintenant ; des luttes sociales de l'époque et celles de de nos jours.



En ce qui me concerne, j'ai plus de souvenirs de la première révolution française, celle de 1789, des heurts, des pertes, du sang toussa, toussa mais pas de celle-ci. J'ai (re)découvert un pan de l'histoire que j'ai dû apprendre à une époque lointaine...



Tout ça pour vous dire que l'auteur nous entraîne dans l'effervescence d'une révolution qui aura marqué l'histoire, notre histoire de France. Si cette période de l'Histoire vous intéresse, ce livre devrait vous plaire et si vous souhaitez tout simplement faire de grandes découverte, ce livre devrait vous plaire également.
Lien : https://leslecturesdeladiabl..
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Un bon roman historique qui nous entraîne au coeur du Paris à l'heure de la révolution de 1848.
Le héros André, surnommé Petitjean, nous fait partager la vie des humiliés. Lui-même très pauvre a fui sa province à la suite de révoltes populaires. Il échappe de peu à l'arrestation. À Paris, il rencontre des étudiants, travailleurs et bourgeois : tous contre le pouvoir royal.
Bien que paysan d'origine, notre héros sait lire et adore les livres. Lorsqu'il rencontre des révoltés républicains, il les suit jusqu'au bout.
Dans ce livre, on retrouve Lamartine au pouvoir et d'autres grandes figures comme Louis Blanc ou Blanqui.
Le suffrage universel est instauré ; enfin presque, j'ai aimé la question s'une jeune femme « pourquoi les femmes ne sont pas autorisées à voter ? ».
À cette époque la journée de travail était très longue : douze heures et les enfants commençaient à travailler à six ans.
J'ai suivi avec grand intérêt notre héros et ses camarades dans leur combat. le feu sur les barricades, le sang versé et la ferveur des combattants : tout y est.
L'écriture fluide et l'histoire de ces humilies m'ont tenue en haleine tout du long.
Une belle plongée instructive dans une époque tourmentée.
Je vous recommande cet ouvrage.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Adossé à une colonne, Petitjean restait étranger à cette agitation. La perspective d'une fin prochaine ne semblait plus l'effrayer, alors même que grondait maintenant le tonnerre des canons. Il mourrait sans regrets, sans remords. Pour sa génération, la révolution resterait à tout jamais une espérance inaccessible. Car il ne doutait pas que la rébellion finirait par être écrasée, tant aujourd'hui les forces en présence étaient disproportionnées. Plus tard, peut-être, d'autres hommes, d'autres rêves...
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- Je rêve, c'est vrai, mais le genre humain ne progressera que s'il se décide enfin à écouter ses rêveurs !
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- C'est la différence entre un ouvrier et un bourgeois ! Ils voient les mêmes choses, mais ils ont pas les mêmes lorgnons !
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