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EAN : 9782221018149
373 pages
Robert Laffont (01/05/1972)
3.55/5   20 notes
Résumé :
L'histoire commence pendant la Libération de Paris. Un commando de trois jeunes gens : Philippe (qui en est le « capitaine ), Marie et Benoît, résistant de la dernière heure, s'empare de l'immeuble d'un grand quotidien du soir.

Cinq ans plus tard, Benoît est en chemin de devenir le dauphin du président de cette entreprise de presse. II a épousé Marie; mais surtout il a épousé son ambition : orphelin, provincial, il a trop de revanches à prendre sur un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce roman , commence à la libération de Paris en 1944.
L' auteur , Gilbert Cesbron nous montre comment trois jeunes gens et amis s' emparent de l' immeuble de ' un grand quotidien du soir par ambition pour se faire une place
au soleil . L' auteur s' élève contre la triche et l' imposture de
ces jeunes gens qu' il fustige .L' auteur fait la remarque
suivante en guise d' avertissement :" L' imposture n' est pas
le monopole des milieux que je raconte ici . On peut
fabriquer des sabots et se montrer un fieffé imposteur. Mais
il existe , de nos jours, des professions qui vous y contaignent
presque et qu' on ne peut guère exercer honorablement
sans avoir recours à l' imposture . Comme ces métiers-là
prospèrent en Occident , y séduisent les jeunes , y mènent
l' opinion , cela m' a paru un signe des temps . Et comme il se trouve que je les connais assez bien , j' ai cru pouvoir y
situer une histoire qui , elle , est de tous les temps . Mais il
ne faudrait pas prendre le décor pour la pièce..."
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Parmi les thèmes évoqués par Gilbert Cesbron tout au long de son oeuvre romanesque, il en est un qui figure assez régulièrement, même s'il n'est abordé que de façon épisodique et épidermique : c'est l'évolution de la société depuis la fin de la guerre jusqu'à nos jours (c'est-à-dire les années 70).
L'action se situe entre 1944 et 1970, et raconte le destin de trois amis.
Benoit, Marie et Philippe, jeunes étudiants engagés dans la Résistance, prennent possession d'un immeuble où se prépare le journal « Le Soir ». Ils participent à la renaissance du journal. Benoit est un arriviste, prêt à tout sacrifier à son ambition. Il montera un à un les échelons pour arriver au sommet. Philippe, lui, est plus lucide, plus pur d'une certaine façon, mais lui aussi est contaminé par « l'imposture ». L'imposture essentiellement, c'est la compromission qui fait perdre de vue les vraies valeurs. Quant à Marie, aimée des deux garçons (elle épousera le premier), elle représente la Femme qui, aux yeux de l'auteur est le dernier garant des vrais principes. Car l'imposture est basée sur la perte de ces anciennes valeurs : l'être s'efface devant le paraître, l'imposteur sacrifie son amour à son ambition, et ce qui avait un sens n'en a plus, ou du moins ce sens est déformé.
L'imposture, cette gangrène de notre société est d'autant plus nocive qu'elle est contagieuse : les esprits les plus purs peuvent s'y laisser prendre. Elle touche tous les milieux (à commencer par les milieux de pouvoir et de communication). Gilbert Cesbron est journaliste depuis le début de sa carrière. Ces milieux, terreaux de l'imposture, il les connaît bien. Mais, comme il s'en explique dans sa préface, ce n'est qu'un décor : l'imposture existe partout, et depuis toujours. Mais notre époque moderne qui s'est convertie au pragmatisme, a détruit tous les garde-fous. L'évolution technique, jumelée avec l'évolution des moeurs, la politique de l'autruche jumelée avec celle de la paille et de la poutre, mènent à une civilisation sans repères.
C'est un constat amer, certes, et le malheur veut qu'il y ait peu de portes de sortie : c'est à l'intérieur de nous-même que sont les réponses.
Ce roman, paru en 1972, est toujours d'actualité. de toutes façons, Gilbert Cesbron a toujours été d'actualité. Ceux-même qui lui reprochent son côté suranné, reconnaissent que les thèmes qu'il aborde sont toujours contemporains. Si ses premiers romans étaient plus optimistes, c'est qu'il ne s'était pas encore pris à bras le corps avec la vie, la vraie vie, celle des bidonvilles et des prêtres-ouvriers, celle des enfants délinquants, des vieux, des malades, des enfants (des enfants surtout).
Gilbert Cesbron n'est pas seulement un excellent romancier, qui sait capter l'attention du lecteur avec une histoire forte et des personnages qui ne le sont pas moins. Mais il ne faut pas oublier qu'il est surtout un témoin de son temps, et même de tous les temps, car ce qu'il raconte est vieux comme le monde (dans le mal comme dans le bien) et il y a fort à parier que cela ne s'arrêtera pas de sitôt. Et, cerise sur le gâteau, et sans doute la raison pour laquelle il est toujours aussi populaire, Gilbert Cesbron est un homme de coeur, autant qu'il est un homme d'esprit et de sagesse : c'est une âme sensible révolté par l'injustice de la souffrance et de la mort, et il sait trouver en nous un écho à cette révolte.
S'il fallait donner un qualificatif à l'oeuvre de Gilbert Cesbron, je dirais que ses romans sont « justes », au sens normal de vrais, authentiques, et sans ambiguïtés, mais aussi au sens de porteurs de justice autant que de justesse, proches de la nature humaine, considérée sans a priori, avec humilité, compassion et amour.
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Un auteur oublié aujourd'hui qui mériterait de retrouver sa juste place ne serait-ce que par ce roman tout à fait en prise avec notre contemporanéité.
Un regard lucide et sans concession sur l'évolution des moeurs de la société, au sortir de la seconde guerre mondiale assorti d'une fine analyse de personnages tout à fait crédibles et attachants qui font réfléchir au destin des jeunes à l'entrée dans la vie d'adulte. Qui veulent-ils être ?
Benoit, Philippe et Marie s'emparent en 44, en tant que combattants FFI, des locaux d'un grand quotidien parisien qui a jusque là collaboré avec les Allemands. Ils aiment tous deux Marie. Benoit est un résistant de dernière heure, décidé à avoir un bel avenir, sa revanche sur une vie frustrée. Il y parvient en succédant au grand patron de presse qui influence toute l'opinion de l'après-guerre ; il épouse Marie également. Philippe, plus clairvoyant sur le monde du pouvoir et ses compromissions, se contente d'une moins brillante carrière, amoureux transi, fidèle ami du couple, parrain du garçon à venir.
On va suivre au travers de ces personnes et de leurs familles respectives toute la période de 45 à 68 et comprendre la mécanique qui a permis cette évolution vers la société de consommation, la montée du jeunisme, les modifications des comportements, parallèles aux bouleversements des valeurs. le phénomène de l'imposture est décrypté comme celui qui se nourrit de l'hypocrisie des tenants du pouvoir et de l'argent. En choisissant la réussite sociale, l'amour se perd et fait le malheur des proches.
Toujours d'actualité et à méditer.
Un vieil article de 72.
https://www.lemonde.fr/archives/article/1972/08/18/voici-le-temps-des-imposteurs-de-cubert-cesbron-le-temps-de-l-imposture-de-bernard-de-kerraoul_3035334_1819218.html?random=1666997005
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
On était loin de la flambée purificatrice de 1944 : le profit ,
la démagogie , les visées politiques avaient presque tout
ravalé .Une feuille au titre héroïque ne proposait plus à ses
lecteurs que des dessins humoristiques . D' autres , aux
visées ambitieuses, se cantonnaient désormais aux animaux ,aux guérisseurs , aux familles royales ou aux seins qui tombent .
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Ecoute ,en 1960 les étudiants japonais se sont révoltés ,les premiers , contre cette maladie venue de l' occident : l' esprit de concurrence ,le règne de l' argent , tout ça ...Bon ! dix ans plus tard , on a fait une enquête : les cents meneurs étaient devenus de bons cadres qui portaient à la boutonnière l' insigne de leur société , refusaient de prendre des vacances pour mieux la servir et faisaient des courbettes devant leur directeur général .
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Les états généraux de la nation se tenaient tous les octobres à la porte de Versailles, au salon de l'auto. On changeait de modèle chaque année ; la voiture précédente se dépréciait sur l'instant, passait de main en main et finissait au " cimetière", immense partouze de ferraille et de rouille où les véhicules, insectes monstrueux, se montaient l'un sur l'autre. Ou encore on les trouvait abandonnées dans un champ, à l'orée d'une forêt. Comme un petit enfant laisse tomber là où il se trouve le papier qui enveloppait son bonbon, on jetait n'importe où sa voiture.
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Les jeunes occidentaux se considéraient comme le nombril du monde, et passaient volontiers, à le contempler, un temps qui n'avait plus du tout la même durée que pour leur parent. Car les progrès de la science leur promettaient quatre-vingt-dix années de vie, beaucoup plus de loisirs, des transports plus rapides---bref un gain de temps qu'aucune génération n'avait connu depuis l'origine de l'humanité. Cependant, une sorte de panique les poussait à épuiser au plus tôt et au plus vite le pauvre arsenal de plaisirs humains. On couchait à quatorze ans, se mariait à dix-neuf et visitait le monde entier avant d'avoir atteint le quart de son espérance de vie. D'ici peu, il faudrait agrandir l'univers pour y promener son ennui ; ce serait la lune, ce serait la drogue. Les accidents de voiture étaient devenus , chez eux, la première cause de mortalité ; le suicide allait bientôt les détrôner. C'était à cette génération-là, privilégiée, désespérée, présomptueuse, pathétique que Nous (le premier journal pour jeunes) s'adressait.
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Il éprouva un instant de véritable gloire : ceux , rares et fugaces ,où l' on
s' étonne soi-même ; c' est la seule définition de la réussite .
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Vidéo de Gilbert Cesbron
CHAPITRES : 0:00 - Titre
C : 0:06 - CRÉATION - Paul Bourget 0:17 - CRÉATION DE L'HOMME - Jean Dutourd 0:28 - CROIRE - Comte de Las Cases
D : 0:38 - DÉBAUCHE - Restif de la Bretonne 0:51 - DÉCEPTION - Fréron 1:04 - DÉLUGE - Jean-François Ducis 1:15 - DÉMOCRATE - Georges Clemenceau 1:26 - DERRIÈRE - Montaigne 1:36 - DOCTRINE - Édouard Herriot 1:46 - DOULEUR - Honoré de Balzac 1:58 - DOUTE - Henri Poincaré
E : 2:11 - ÉCHAFAUD - Émile Pontich 2:23 - ÉCOUTER - Rohan-Chabot 2:33 - ÉGALITÉ - Ernest Jaubert 2:43 - ÉGOCENTRISME - René Bruyez 3:00 - ÉGOÏSME - Comte d'Houdetot 3:10 - ÉLECTION - Yves Mirande 3:21 - ENFANT - Remy de Gourmont 3:33 - ENNUI - Emil Cioran 3:41 - ENSEIGNER - Jacques Cazotte 3:53 - ENTENTE - Gilbert Cesbron 4:05 - ENTERREMENT - Jean-Jacques Rousseau 4:14 - ÉPOUSE - André Maurois 4:37 - ÉPOUSER UNE FEMME - Maurice Blondel 4:48 - ESPOIR - Paul Valéry 4:57 - ESPRIT - Vicomte de Freissinet de Valady 5:07 - EXPÉRIENCE - Barbey d'Aurevilly
F : 5:18 - FATALITÉ - Anne-Marie Swetchine 5:27 - FIDÉLITÉ - Rivarol
5:41 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Paul Bourget : https://en.wikipedia.org/wiki/Paul_Bourget#/media/File:Paul_Bourget_7.jpg Jean Dutourd : https://www.purepeople.com/media/jean-dutourd-est-mort-a-l-age-de-91_m544292 Comte de Las Cases : https://www.babelio.com/auteur/Emmanuel-de-Las-Cases/169833 Restif de la Bretonne : https://fr.wikiquote.org/wiki/Nicolas_Edme_Restif_de_La_Bretonne#/media/Fichier:NicolasRestifdeLaBretonne.jpg Fréron : https://www.musicologie.org/Biographies/f/freron_elie_catherine.html Jean-François Ducis : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Ducis#/media/Fichier:Jean-François_Ducis_par_le_baron_Gérard.jpg Georges Clemenceau : https://www.lareorthe.fr/Georges-Clemenceau_a58.html Montaigne : https://www.walmart.ca/fr/ip/Michel-Eyquem-De-Montaigne-N-1533-1592-French-Essayist-And-Courtier-Line-Engraving-After-A-Painting-By-An-Unknown-16Th-Century-Artist-Poster-Print-18/1T9RWV8P5A9D Édouard Herriot : https://www.babelio.com/auteur/Edouard-Herriot/78775 Honoré de Balzac : https://www.hachettebnf.fr/sites/default/files/images/intervenants/000000000042_L_Honor%25E9_de_Balzac___%255Bphotographie_%255B...%255DAtelier_Nadar_btv1b53118945v.JPEG Henri Poincaré : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/be/Henri_Poincaré_-_Dernières_pensées%2C_1920_%28page_16_crop%29.jpg René Bruyez : https://aaslan.com/english/gallery/sculpture/Bruyez.html Yves Mirande : https://www.abebooks.com/photographs/Yves-MIRANDE-auteur-superviseur-film-CHANCE/31267933297/bd#&gid=1&pid=1 Remy de Gourmont : https://www.editionsdelherne.com/publication/cahier-gourmont/ Emil Cioran : https://www.penguin.com.au/books/the-trouble-with
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