Des animaux au prétoire

Le sujet m'intéressait bigrement, pour être tombé, dans un autre livre recensant les "procès à sensations" de l'Histoire, sur l'anecdote des charançons excommuniés à St Julien de Maurienne au XVIe siècle parce qu'ils dévoraient de la vigne (hips ! tu touches pas au picrate des bons franchouillards, insecte infernal !), que j'avais trouvée assez vertigineuse.
Las, je ne sais pas trop quoi penser de ce livre.
Non qu'il soit mal écrit, encore qu'il n'est pas non plus très bien écrit, mais là n'est pas vraiment le problème, en fait.
Le problème, c'est que l'auteure a pris le parti de narrer ces anecdotes comme des récits, et donc sans doute de les romancer un peu, voire beaucoup pour certaines. En soi, je n'ai rien contre, mais le souci, c'est que rien ne permet de mesurer la frontière entre ce qui est vrai et ce qui est imaginé : pas de notes de bas de page, pas d'avant-propos ni d'avertissement.
Si tout ça sonnait vrai, je ne lui en aurais pas voulu, mais par maladresse ou par méconnaissance, il se trouve que c'est loin d'être le cas. Sans pour autant être historien ou spécialiste des périodes explorées, il sautera en effet aux yeux du lecteur que certaines scènes sont parfaitement invraisemblables. Entre autres, celles où les témoins apostrophent le juge sans le moindre respect, comme si c'était leur voisin de palier et qu'ils avaient gardé les porcs ensemble.
Quant à l'histoire de l'âne indocile qui aurait été jugé et exécuté en 1905 pour avoir provoqué un accident dans les rues de Paris, le niveau de superstition et de bêtise déployé par les protagonistes m'a semblé complètement incompatible avec l'époque, au point que j'ai voulu vérifier la véracité de cette affaire par une simple recherche sur internet... Je n'en ai pas retrouvé la moindre trace.
Si cette histoire est vraie, et si elle a vraiment été traitée de cette façon au début du XXe siècle, j'aurais bien aimé qu'elle soit un minimum sourcée et documentée.
Moyennant quoi, en dehors d'un très vague divertissement (car le style n'est pas non plus flamboyant), ce livre n'a finalement pas grand intérêt.

Cette critique sera probablement courte, puisque mes souvenirs de ce tout petit livre lu il y a plusieurs mois sont assez vagues et que le type d'ouvrage ne se prête pas particulièrement à la critique allègre.

Ce livre peut surprendre par sa forme; on y retrouve de courtes histoires (une vingtaine de pages maximum) vraies, documentées mais romancées mettant en scène des animaux aux prises de la justice de l'homme.
Alors le concept peut être cocasse et prêter à sourire mais ceci disparait bien rapidement pour laisser la place à une sorte d'effroi blasé devant la cruauté infinie de l'homme et son aveugle égocentrisme.
Que l'animal soit victime de ses instincts, des vices de l'homme, ou d'un malheureux jeu de malchance, il finit toujours torturé en "exemple" car l'homme est définitivement donneur de leçon, à l'image de son dieu. Alors on pend une truie, on brûle des chats au nom de l'église, on excommunie des insectes... Ce petit défilé des horreurs intrigue nécessairement (car il y a, comme dans tout fait divers, une curiosité malsaine de l'autre) mais glace de temps en temps le sang.

Ce que je reproche à l'ouvrage de Chantal Knecht, c'est son absence de choix quant à l'orientation de l'ouvrage. Nous ne sommes clairement pas dans du divertissement, si l'on excepte justement la curiosité morbide qu'on a devant ce genre d'affaires; mais on n'est pas non plus sur un essai. Et c'est quand même franchement dommage car ce qui frappe, c'est un manque de conceptualisation. Les quelques pages d'introduction donnent des pistes, qui s'évanouissent très vite au gré des récits. Une réflexion bien pensée aurait été la bienvenue et aurait possiblement gommé le côté un peu "vain" du recueil.

Enfin, on ne peut pas enlever un certain plaisir à la lecture de ce livre, eu exigeant et décidément très intriguant.

Ce livre est un recueil de nouvelles établi à partir de faits réels. Il est très bien écrit et permet de visiter la France médiévale  avec plaisir et émotion.

Sa lecture est fascinante lorsque l'on s'intéresse aux relations entre les hommes et les animaux. Au Moyen Âge et même pendant la Renaissance, des procès d'animaux avaient lieu pour juger toutes bêtes à poil ou à plumes qui seraient coupables de meurtre, de rebellion,  de vol etc. Ils avaient parfois un avocat et étaient le plus souvent condamnés à mort.  On assistée ainsi à l'excommunion des dauphins ou des charencons. C'est intéressant parce que j'ai eu l'impression que, malgré les condamnations cruelles auxquelles ils sont condamnés, les animaux sont peut-être finalement plus considérés que de notre temps. Comme les hommes, ils font partie de la vie terrestre et sont ainsi dirigés par l'église. Comme les hommes, ils sont responsables de leurs actes et sont condamnés au même peine. Cela m'a fortement intéressée ! 

Très bon ouvrage. Romancé mais l'on ne perd pas de vue le côté historique. Des récits qui seraient drôles s'ils n'étaient pas si cruels envers les animaux. L'homme a rarement la part belle et passe, pour nous, avec le recul, pour un fou que ce soit le simple paysan ou le religieux ou le juge... Très intéressant tout de même!

Dans cet ouvrage, l'auteur, à l'aide de matériel d'archives, reconstitue de façon romancée les faits et l'atmosphère qui ont pu conduire et entourer certains des procès animaliers les plus célèbres. La lecture est agréable et a pour mérite de mettre en avant la place de l'animal et ses interactions avec les humains. Maître et animal étant parfois tout aussi coupable l'un que l'autre.