Même avec un petit résumé de début de chapitre pour ne pas nous perdre, nous recommanderons de découvrir avant le T.1 de cette aventure, en roman ou en adaptation BD chez l'éditeur Jungle, par Legendre et Pocetta. C'est beaucoup mieux pour bien entrer dans cet univers et profiter des enjeux.
Nous revoici de retour au village des jeunes Alduin et Lena, Alduin le paysan et Lena la fille de la guérisseuse.
Rappelez-vous, pour ceux qui l'auront lu, la double menace pour le village, la guerre qui faisait râge et emportait loin les jeunes hommes vaillants et vigoureux et la supercherie des Hommes de glace.
Nous avions découvert une troisième menace: la lâcheté du village, qui pour repousser les géants de glace et sauver sa vie sans combattre, acceptera de sacrifier une jeune fille du village, sa vie pour celle des autres.
Alduin ne put accepter la décision du conseil, laisser sacrifier sa meilleure amie, parce que le village avait perdu espoir et courage. Il refusait l'idée honteuse que le village ne voyait pas de problème de conscience à leur donner la fille d'une pseudo sorcière, une guérisseuse après tout. le prix n'était pas si cher payé.
Alduin, dans un concours de circonstance, trouvera sur son chemin un soldat blessé qu'il sera prêt à faire passer pour son frère, le héros qui leur manquait cruellement.
Un an aura passé sur ce tome 2.
Nous n'en dirons pas plus sur l'issue du premier et promettrons pas mal de rebondissements, de secrets.
Le soldat sera parti et Alduin attendra son retour, le confondant un peu avec son véritable frère.
Est-ce lui, en définitive?
Les adultes lecteurs ne pourront s'empêcher de penser au film français de Daniel Vigne, "le retour de Martin Guerre", l'histoire émouvante et troublante d'un vol d'identité où chacun affirmera reconnaitre un proche cher, qui s'avèrera en définitive un imposteur.
10 années troubleront Alduin et peut être que son mensonge aurait une part de vérité ironique réconfortante désaçonnante.
Il l'espérera à un point qu'il le rêvera et en mauvaise posture.
La deuxième aventure commencera.
Nous apprécierons cette dimension géographique qui accompagnera le sentiment général,le fait de se trouver pris entre le marteau et l'enclume. Dans la vallée, il y avait la guerre, mais elle est finie. Et au dessus des villages des montagnes, dans les sommets, il y avait les vrais ( et les faux, à voir dans le T.1) géants des glaces.
Alduin, chétif mais confiant, prendra sa besace pour aller constater de ce qui retiendra son soldat dans la vallée.
Lena ne pourra évidemment le laisser y aller seul. Quel courage, ces enfants!
Nous avancerons avec l'auteure
Estelle Faye vers une nouvelle menace dont là aussi on ne saura si il ne s'agit pas d'un mensonge ou d'une légende à moitié fondée.
Le roi vert de la forêt Sortilège.
On conseillera aux deux enfants de prendre garde en traversant la forêt pour arriver vers la vallée.
Si il existe des croyances en haut, il en sera de même en bas.
Et tous trembleront.
La guerre aura également créer son travers avec la pauvreté, un plus terre-à-terre qui profitera de l'incertitude des lendemains et de la peur villageoise, des voleurs, des opportunistes: les brigands.
Le parcours sera évidemment jalonné d'épreuves, évidemment, et certaines bien magiques, ça ne sera pas que du chiqué de villageois.
On aime.
Le récit est court mais il posera beaucoup d'éléments de fonds intéressants et plus sérieux qu'il n'y parait, cela captera ceux et celles qui ne se laisseront pas qu'embarquer par la fraîcheur et la magie, ceux bien ferrés par les deux tomes qui voudront prendre de la hauteur.
Cette légende du roi vert, sans doute, rappellera aux férus de légendes Arthuriennes, l'étrange chevalier vert qui défia le neveu du Roi Arthur, Gauvain, le seul à ne pas avoir encore rempli son destin d'exploits à la cour. Il dût l'affronter à l'épée et le pacte du chevalier vert voulait que de la manière dont son opposant l'aura vaincu et tué, il le sera à son tour l'an d'après par le même chevalier. Il était immortel, nous ne vous l'avions pas dit?
Ainsi, Gauvain dût prouver une deuxième fois sa bravoure en allant vers son destin funeste de bon gré et sur l'honneur.
Terrible, non?
L'aventure d'Alduin et Lena sera un peu du même ordre, en suggérant à nos jeunes héros peur et souffrance, les adversaires se permettront de mesurer la valeur de cet héroïsme supposé.
Frissonnant et également si injuste pour des personnages de bonne nature, pas vrai?
Pourquoi une épreuve serait-elle plus valeureuse en mettant en enjeu quelque chose de cher à perdre, en créant une mise en scène affreuse?
Ceci rendra t-il vraiment l'acte plus pur, désintéressé et sincère du héros dans la conscience des protagonistes ou des lecteurs?
Les histoires héroïques aimeront le croire et les histoires doivent convaincre.
Les martyrs se montreront plus méritants que les autres.
C'est donc un peu l'oeuvre des auteurs qui devront mener leur public par le bout du nez (rire sous cape), ces filous .
C'est inhumain!
Le monde moderne appellera cela de la pervertion narcissique envers ces pauvres héros fictifs, demandez à l'occasion à vos parents ce que cela veut dire, chers lecteurs.
Les deux tomes, très accessibles et suivis coup sur coup, devrait plaire. Une belle amitié avec des profils de personnages sympathique, un Alduin sensible et fidèle, une Lena brave et sans peur.
Nous sommes assez fan des illustrations de Nancy Peña par ici.