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Philippe Neel (Autre)
EAN : 9782070376032
Gallimard (05/11/1984)
4.14/5   146 notes
Résumé :
Publié en 1886, Le Maire de Casterbridge s’ouvre sur une des scènes les plus dures de l’œuvre de Thomas Hardy : au cours d’une beuverie, un jeune ouvrier agricole décide de vendre femme et enfant aux enchères à ses compagnons de hasard.

Vingt ans plus tard, le même homme est devenu l’un des notables de Casterbridge - nom romanesque de Dorchester, où s’enracine la vie de Thomas Hardy.

La rencontre d’un jeune homme va précipiter le destin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
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Tout au long de l'année 2015, Thomas Hardy m'aura accompagnée dans mes lectures et grâce à ce très grand écrivain, je ne suis pas prête d'oublier pourquoi j'aime tant la littérature. Le grand souffle romanesque de ses romans, la beauté des descriptions de son cher Wessex et la simplicité de ses personnages - à l'heure où sous couvert d'innovation on les complexifie à l'envi - me rappelle une fois de plus à quel point la lecture est un trésor d'évasion et d'imagination.

Sous l'apparente complexité de leurs trames, les romans de Thomas Hardy dévoilent des personnages facilement abordables et qui échappent à tout manichéisme. Chacun avance dans le récit avec ses forces et ses faiblesses, ses dons et ses erreurs, son passé et son avenir, et il est pour moi tout à fait fascinant de voir Thomas Hardy parvenir à les faire évoluer au gré des circonstances, heureuses ou dramatiques.

"Le maire de Casterbridge" est un magnifique roman qui retrace la splendeur et les misères de Michel Henchard, simple ouvrier agricole au parcours en forme de montagnes russes. Son ascension sociale se sera faite au prix d'un choix moralement indéfendable : la vente de sa femme et de sa petite fille au premier venu, un soir d'ivresse. Cette circonstance qui donne son élan au roman est basé sur une histoire vraie et rend encore plus poignant un récit profondément humain où se mêlent à la fois l'ambition, l'amour, la vengeance, l'égoïsme et le mensonge.

Dans un contexte où les traditions rurales demeurent plus que jamais vives, l'auteur brosse le portrait d'une société que le temps modèle à peine et au sein de laquelle chacun fait ce qu'il peut pour tirer son épingle du jeu, au rythme des saisons et des semailles. J'ai été fortement marquée par la figure de Michel Henchard, un homme d'action en quête de réussite et de rédemption.


Challenge 19ème siècle 2015
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Magnifique !
Petit retour en arrière. Depuis quelques temps j'ai envie de découvrir Thomas Hardy. Il y a quelques temps, j'ai acheté ce "maire de Casterbridge". Et puis le livre est allé rejoindre l'étagère des "livres achetés à lire", qui tourne moins vite que l'étagère des "livres empruntés à la bibli qu'il faudra rendre". Bilan, il trainait, au milieu d'autres.
Arrive le challenge solidaire 2020. Et là bonheur : Thomas Hardy est dans les auteurs à lire ! Super voilà l'occasion ! Faire une bonne action en lisant un auteur que je voulais découvrir.

Pour en revenir au livre en lui-même, je me suis régalée.... Chaque page est un bonheur ! C'est sûr je vais lire d'autres oeuvres de cet écrivain !!!
Ici on suit l'histoire de Michel Henchard, antihéros vivant dans la campagne anglaise du 19e siècle. Il va réussir dans la vie puis s'effondrer. Ses décisions vont le faire sombrer. L'alcool, la jalousie, l'ambition vont lui faire oublier l'essentiel.
Une merveilleuse et fine description de la société anglaise de l'époque. Un régal à chaque page.
Je l'ai conseillé à ma fille de 17 ans. Autant qu'elle attende moins longtemps que moi pour découvrir ce superbe auteur !

Challenge solidaire 2020
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Malheureux l'homme puissant mais dépourvu de calcul, le destin le ballotera au gré de ses vents impitoyables. Ainsi en est-il de Henchard qui, tout maire de Casterbridge qu'il est parvenu à devenir, souffrira jusqu'à sa chute de sa pusillanimité et de son absence de sens politique, dont son entourage fera autant les frais qu'il en aura tiré bénéfice.
Cette quatrième rencontre avec Thomas Hardy m'a procuré une nouvelle fois la sensation de regarder un beau film au rythme haletant , à l'esthétique à la fois rustique et léchée, tant l'écriture est fluide, visuelle, collant au réel, tout en étant parsemée de quelques phrases ou passages qui sont de pures merveilles.
Je dois avouer pourtant qu'il m'a un peu tardé d'arriver au bout de ma lecture, un peu lasse des (trop) nombreux rebondissements, parfois improbables, de l'intrigue jusqu'au dénouement inéluctable. Les romans de Thomas Hardy sont des mets fins que mon estomac grossier peine à digérer en trop grande quantité ; je vais donc m'astreindre à une petite diète et y reviendrai plus tard.
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Entièrement d’accord avec Gwen21, c’est vraiment l’un des livres qui vous rappelle combien la lecture est essentielle au bonheur de vivre.
Comme apparemment souvent chez Hardy, les êtres sont englués dans une suite d’évènements qui s’enchaînent les uns aux autres, et aussi dans leur caractère, ce qui les laisse disposer de peu de liberté d’action. Cela ne les empêche pas d’évoluer socialement, mais ils ne peuvent faire table rase des actes passés et de leur manière d’y faire face. « Henchard frémit en s’écriant : « Dieu m’en garde ! Comment se fait-il que je reste soumis à ces tentations du diable, quand je fais de tels efforts pour les chasser ? ». »
Henchard est un ouvrier agricole, victime de son caractère impulsif. Je ne dévoile rien en rappelant que dans un arrêt sur une foire, à la recherche de travail et ayant un peu bu, il offre sa femme à la vente. Je précise tout de même que la femme part de son plein gré avec son acheteur qui s’assure de son consentement. Le lendemain, prenant conscience de son geste, il la recherche puis après plusieurs jours apprend qu’elle s’est s’en doute embarquée avec son nouveau mari et sa toute petite fille. Il renonce.
Au troisième chapitre dix-huit ans ont passé, nous apprenons qu’Henchard qui avait promis de ne plus boire pendant 20 ans, a tenu parole et est devenu, non seulement un marchand de blé prospère mais le maire du village où il s’est installé Casterbridge et où il passe pour veuf. Sa femme dont le nouveau compagnon est mort, et sa fille qui ignore quel est le lien de parenté réel qui les lient, le recherchent.
J’arrête là le dévoilement de l’histoire, mais tous les personnages, donnent l’impression de ne pouvoir agir autrement qu’ils le font. Même pour des choses mineures, ainsi le pauvre Abel Whittle, simple ouvrier chez Henchard qui voudrait réussir à se lever assez tôt pour arriver à l’heure au travail mais n’y parvient pas.
Je ne voudrais pas que l’on croit que le récit est sans intérêt chacun n’étant qu’une marionnette. Au contraire il y a de nombreux retournements de situation, mais malgré tout, chacun doit se conformer à son destin.
Le personnage que j’ai eu le plus de mal à cerner est Farfrae, dont on perçoit bien les actes mais peu, me semble-t-il, les motivations.
C’est mon cinquième Thomas Hardy après les yeux bleus, les forestiers ainsi que Tales from Longpuddle, et Tess of the d’Ubervilles, textes en anglais adapté aux lecteurs débutants. Les deux derniers ne pouvant bien sûr vraiment rendre compte de la beauté des descriptions de Hardy qui n’en déplaise à l’auteur de l’Histoire de la littérature anglaise, dans la collection Les fondamentaux chez Hachette qui trouve son style « assez peu élégant ».
Parmi mes cadeaux de Noël, il y a entre autres titres, un Hardy : À la lumière des étoiles considéré par GF Flammarion comme faisant partie de la bibliothèque idéale.
Finalement je n’ai qu’un regret, c’est qu’un jour j’arriverai au bout de ses romans et nouvelles. À moins bien évidemment que je sois déçue avant mais cela me parait peu probable.

Challenge 19ème siècle
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Un silence lourd d'amertume et de tristesse accompagne les pas de ce jeune couple et de leur petite fille vers le bourg de Weydon Priors. L'homme, botteleur, recherche du travail. C'est jour de foire, on peut se sustenter dans une baraque où une bonne fromentée, généreusement arrosée de rhum par la tenancière, mène à l'ivresse plutôt qu'à l'embauche.
Amer, le rhum aidant, Michel pousse un peu loin une odieuse plaisanterie et vend sa femme et sa fille à un marin de passage pour cinq billets froissés et quelques pièces d'argent.
Mais le matin succède aux ronflements de l'ignoble mari. Ne lui restent que son panier d'outils, l'argent de cette abominable transaction, l'anneau de mariage qui brille sur le sol déserté, et surtout sa honte.
Jurant tout de même sur sa femme qui, cette fois-ci, a fini par le prendre au mot, Michel fait voeu de renoncer à l'alcool pendant vingt ans et, après d'infructueuses recherches, décide de s'installer à Casterbridge.

Dix-huit ans ont passé. Même village, même vendeuse de fromentée mais en plus misérable. La femme et sa fille Elizabeth-Jane qui ignore ce lourd passé se dirigent alors vers la vieille cité de Casterbridge.
Marchant de foin et de grains éminemment respectable, Michel Henchard est devenu maire de la ville. Mais rapidement, on se doute bien que Thomas Hardy va mettre à mal la tranquillité d'esprit et de situation de cet homme fougueux. Ce sera une succession de redoutables retours de la vie qui l'attendent. C'est même lui-même qui installera à Casterbridge le principal élément de sa future déchéance, un jeune écossais ayant le sens du commerce et une vie sentimentale à construire.
« C'était bien une amitié d'homme à homme que la leur, une amitié solide et ferme ; et pourtant, la semence qui devait en ébranler les fondations prenait racine, à cette minute précise, dans une crevasse de sa base. »

Avec Thomas Hardy, on se laisse porter, sans pouvoir opposer de frein, vers un enchaînement d'évènements qui influent fortement sur le sort des personnages. Les portraits qu'il dessine sont extrêmement fouillés, laissant deviner, à travers les moindres expressions, toute la profondeur des tempéraments.
La moralité de l'époque agira aussi comme un fatal élément pour une jeune femme tandis qu'Elizabeth-Jane traversera les pages, ballottée entre espoirs et désillusions. Fataliste, elle se forgera pourtant une philosophie de la vie qui ne manque pas de perspicacité. Alors qu'elle me paraissait bien fade à son arrivée, c'est finalement la personne pour laquelle j'ai eu de plus en plus de considération.

Et comme fond de scène, où les personnages se démènent ou bien se laissent dériver vers des avenirs incertains, la ville nous ceinture dans ses anciens remparts. Au fil des évènements, elle se dévoile à nous comme si nous l'arpentions. Ses différents quartiers, ses ruelles, ses avenues rectangulaires, son pont de pierre, sa place de marché et l'effervescence des jours de foire nous apparaissent avec un réalisme époustouflant. Une ville aux portes d'un monde rural, indissociable de la campagne environnante qui la rend florissante par son économie agricole. Quel charme à la lecture de cet environnement et de cette activité d'antan !

Découvert récemment avec Loin de la foule déchaînée, Thomas Hardy sera désormais un auteur naturaliste victorien qui occupera une belle place dans ma bibliothèque. Magnifique écriture, fatalisme des destins, personnages qui renvoient tout le réalisme de l'époque et cadre d'action admirablement décrit, les pages défilent et appellent rapidement à renouveler tous ces plaisirs de lecture !
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
L'horloge de la tour sonna huit heures, et une cloche fit aussitôt entendre sa voix péremptoire. Le couvre-feu était encore en vigueur à Casterbridge et servait de signal aux habitants pour clore leurs boutiques. A peine les notes profondes de la cloche passaient-elles sur les maisons qu'un vacarme de volets retentissait d'un bout à l'autre de la rue Haute ; en quelques minutes toutes les affaires du jour cessaient à Casterbridge.
Une à une, les horloges sonnaient huit heures ; l'horloge maussade de la prison d'abord ; puis, au pignon d'un hospice, une vieille ferraille dont le grincement préalable retentissait plus haut que le son de sa cloche ; chez un horloger, au moment même où les volets se refermaient sur la boutique pour la nuit, une rangée de hautes pendules de campagne aux coffres vernis sonnaient l'une après l'autre, comme un groupe d'acteurs pressés de lancer leur tirade finale avant la chute du rideau. Puis ce fut un carillon, égrenant les notes de l'Hymne du marin sicilien. Si bien que, dans leur hâte, certaines des machines à compter le temps avaient déjà sensiblement entamé l'heure suivante avant que les autres n'eussent définitivement clos celle qui venait de s'écouler.

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À l’est de Casterbridge s’étendent des landes et des prés qu’arrosent maints ruisseaux. Le passant qui se tiendrait immobile dans cette partie de la campagne, par une nuit paisible, entendrait de singulières symphonies jouées par l’invisible orchestre des eaux. Chaque ruisseau tient sa partie, d’un bout à l’autre de la lande. L’eau chante un récitatif, en coulant par le trou d’un barrage pourri, trille joyeusement contre le bâtardeau de pierres dressé dans le courant d’un modeste affluent, fait un bruit métallique de cymbales sous une arche de pont et siffle en pénétrant dans le trou de Durnover. L’endroit où s’enflaient le plus les voix de l’orchestre était le point appelé les Dix-Vannes, d’où s’échappait, au temps des hautes eaux de printemps, une véritable fugue de sons.
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- Vous prédisez le temps ?
- Avec de la peine et du travail.
- [...] Quel temps aurons-nous pendant la quinzaine de la moisson ?
[...]
- D'après le soleil, la lune et les étoiles ; d'après les nuages, les vents, l'herbe, la flamme des chandelles, les hirondelles et l'odeur du foin ; d'après les yeux des chats, les corbeaux, les sangsues et les tas de fumier, la dernière semaine d'août ne sera que pluies et tempêtes.
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Casterbridge, on l'a déjà dit, était une ville déposée en bloc dans un champ de blé. Elle ne possédait pas de faubourgs, au sens moderne du mot, c'est à dire de région intermédiaire où se pénètrent ville et campagne. Elle se dressait au milieu des terres fertiles d'alentour avec des lignes nettes et tranchées, comme un échiquier sur le tapis vert d'une table. Le garçon de ferme assis sous une meule d'orge pouvait lancer une pierre dans la fenêtre de l'employé du bureau; les moissonneurs faisaient, du milieu des épis, signe à un ami debout sur le coin du trottoir ; le juge en robe rouge qui condamnait un voleur de moutons, entendait sa sentence soulignée par des "Bééééé" qui flottaient dans l'air, au passage du reste du troupeau ; et, lors des exécutions, la foule se pressait juste en face de la trappe, dans un pré d'où l'on avait expulsé des vaches pour faire place aux spectateurs.
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Le charme principal, l'unique charme peut-être du visage de la jeune femme était sa mobilité. Quand elle baissait les yeux pour regarder l'enfant, elle devenait jolie et même belle, d'autant que les fauves rayons du couchant, en frappant alors obliquement ses traits, mettaient des transparences délicates sur ses lèvres. Quand au contraire, elle marchait dans l'ombre de la haie, toute à sa rêverie silencieuse, elle prenait l'expression passive et figée de ceux qui attendent tout du Temps et du Destin, tout sauf un peu de justice. Le premier aspect était l'œuvre de la Nature, le second celui de la civilisation, sans doute.
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