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EAN : 9782764442180
Les Éditions Québec Amérique (01/12/2020)
2.94/5   17 notes
Résumé :
Dans ce récit admirablement écrit, l’auteur rend hommage à sa mère, Bertha.
Cette grande dame noire à l’énergie et à la générosité exemplaires, « amoureuse de l’amour », vient de mourir. Rodney, son fils aîné, raconte l’enfance bleue au pays natal, leur chemin d’exil, elle à New York, lui à Montréal. Le fils dialogue avec la mère. Lui, il est celui qui a grandi sous la dictature, qui rêvait d’être écrivain et qui parvient à mettre des mots sur la colère, la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Bertha vient de mourir et son fils, romancier, poète, essayiste, éditeur, lui rend un dernier hommage.

Bertha est amour pour ses enfants, ses amants, sa famille, sa communauté. Mère de quatre enfants de pères différents, elle s'est consacrée à chacun, a vécu ses rêves et ses déceptions, toujours dans le don de soi et en pensant au Pays Pourri, à Haïti, qu'elle soit à New York ou dans le Connecticut, où elle chutera une dernière fois dans son Eglise.

Bertha est une force de la nature, à l'écoute de ce qui l'entoure. « Je mesure à ta mort tout ce que tu m'as donné. Toi qui n'accumules rien sinon ce peu de ciel, de nuage et d'eau, je te dois cette abondance d'exister. Quand je ris c'est à toi que je pense. Ton grand rire de cascade rappelle les eaux mêlées des fleuves. Quand je crie mon bonheur, c'est ton visage collé à mon visage. Ton visage bondit de colline en colline et plonge ses racines dans les effluves des mers ».

Bertha ouvre son horizon et celui de ses enfants. « Toi qui sais combien les légitimités sont mal acquises. Toi qui refuses toute forme d'autorité et de certitude. Dans la vie. Dans la pensée. Tu as fait de moi quelqu'un qui doute. Tu dis : penser, c'est apprendre à douter ».

Mais Bertha a subi aussi les différences de classes sociales. Elle a appris à ses dépens que le fils de la patronne n'est pas destiné à la petite apprentie.

Bertha a vécu sous la dictature avec tout ce que ce pouvoir pouvait prendre et ne pas donner, dans ses ambiguïtés, avec un tonton macoute, dans le rôle du père préféré de l'auteur, puisqu'il savait également utiliser sa position pour créer les joies simples de l'enfance.

Bertha fait partie de ceux qui ont connu les souffrances de l'exil. « Partir ou mourir. Partir et mourir. N'est-ce pas le même verbe ? Partir ».

Dès le titre « Quand il fait triste Bertha chante », on comprend que le texte sera poétique, que l'auteur aime les mots et qu'il voudra retranscrire cette langue imagée, joyeuse, héritage sans doute d'un mélange de créole, français et anglais.

Bertha dit : « Il faut donner aux enfants le goût sucré de la terre, le poème infini de l'horizon et de l'amour ». C'est peut-être là tout le message de Rodney Saint Eloi, aider à transmettre ce qui est essentiel.

Un très beau texte qui rappelle que l'important n'est pas l'argent, mais le point d'ancrage pour stabiliser, la curiosité pour avancer et l'amour pour toujours se relever.
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Je suis allée au bout de ma lecture de Quand il fait triste Bertha chante mais cela ne m'a pas plu. Malgré la poésie, la richesse des souvenirs et du style de l'auteur je n'ai pas entendu la voix de la mère. Seulement le cri du fils, une parole du souvenir, d'un passé compliqué entre Haïti et les États-Unis.
Malgré les dictons de Bertha, ses paroles en créole, je n'ai pas eu l'impression de lire un hommage à sa mère mais davantage le journal intime de Rodney Saint-Eloi dans lequelle il laisse une grande place à sa mère. Une dame forte au grand coeur qui a su toute sa vie porter des valeurs féministes dans un contexte de dictaturr sur fond de racisme. Dommage pour moi. Mais je suis certaine que la plume de Rodney Saint-Eloi plaira à bien d'autres.
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Bertha glisse.
Et tombe.
Pas une, pas deux fois. Peut-être sept, comme la légende le veut. Une femme tombe sept fois. Se relève six.

La dernière fois, c'est à l'église que Bertha glisse. Sa tête percute le sol. Très fort. Et Bertha se relève, tout va bien, Bertha chantonne, Bertha sourit, Bertha aime. Décidément, c'est ce qu'elle aura fait de mieux, toute sa vie, aimer.

Quelques heures plus tard, Bertha meurt.

C'est peu de choses, finalement.
Un fracas, une fracture. Mais dans nos coeurs tout ça, simplement dans nos coeurs.
Parce que c'est peu de choses devant une vie entière, une vie pleine d'énergie du désespoir, la seule que je comprends. La seule qui, je le crois, nous sera commune jusqu'au bout.

Rodney Saint-Eloi vous présente Bertha. J'aurais pu dire vous présente sa mère, mais c'est faux. Dans la forme même, c'est faux. Il dit Bertha, il parle d'une femme, d'une amoureuse, d'une fille. D'une femme noire.

Elle va tout donner.
Aux hommes.
Aux enfants.
Avec une beauté et une justesse rares.

Et puis l'exil, bien sûr.
Comment dire à ses enfants, comment leur apprendre que la couleur de leur peau les condamne ? Sans bruit. Sans crime.

J'ai été particulièrement touchée par ces souvenirs en désordre, voici comme ils reviennent, n'importe comment, mais c'est n'importe comment une vie. Percutant et émouvant.
J'ai été parfaitement incapable de ne pas aimer Bertha. Ses mots. Sa volonté. Sa peau.

C'est en équilibre sur cette belle plume poétique, là, juste au-dessus de l'abîme, que la femme se dévoile.
C'est au-delà d'un cri d'amour d'un homme à sa mère.
C'est un cri d'amour aux femmes.
A nos racines. Celles qu'on porte et celles qu'on romp.
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Ce qui surprend à la lecture de cet ode à la mère (Bertha),c'est le langage adopté par l'auteur qui entre plus dans le parler que dans l'écrit. On sent que l'oralité est présente dans le récit : phrases courtes voire très courtes, pas d'histoire à proprement parler, mais des souvenirs épars, qui ne s'enchainent pas forcément.
Cet hommage à sa mère est long et comporte de nombreuses phrases qui relèvent de la faconde, de la poésie peut-être. On sent que l'auteur est volubile et qu'il prend plaisir à parler ainsi.
Le lecteur lui s'ennuie un peu car il n'y a rien qui le tient en haleine, qui fixe son intérêt. Je pense qu'il vaut mieux écouter l'auteur comme un conteur et non comme écrivain. Ne connaissant pas ce qu'il nomme le pays-pourri, je suis allé chercher où il se situait. Dommage que l'auteur ne le dise pas! En revanche il trace les lignes de séparation, de démarcation entre ceux qui gouvernent autoritairement son pays et la vie de sa mère ainsi que la sienne et sa famille, et la ligne qui sépare aussi les exilés, les immigrés au Canada et aux USA. le fossé entre les classes sociales est aperçu entre les mots. Il en parle quand il exprime le mépris des uns envers les petites gens, ceux qui vivent de leurs mains et se débrouillent pour assurer leur survie. Il y a aussi aux débuts du livre, cette tendance à placer sur un piédestal la classe dirigeante comme quelque chose d'enviable, de but à atteindre. Heureusement, la suite de cet hommage à la mère retrace l'histoire de son pays Haiti, où l'on retrouve le gout des luttes pour une vie meilleure, le sens du progrès social pour tous sans discrimination. Il ne cache pas que la vie ailleurs qu'à Haiti n'est pas idyllique non plus, les conditions de logement y sont décrits simplement mais traduisent une réalité loin des images de la propagande bien markétée et marcarthurisée.
Les 50 premières pages m'ont un peu agacé, car le Bon Dieu était trop présent. Heureusement l'auteur s'est rattrapé dans les page suivantes....
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Ce livre est un hommage lumineux de l'auteur à sa mère Bertha. La langue est poétique et douce, on y ressent tout l'amour, le chagrin, le désarroi de l'auteur.
Bertha vient de mourir à 72 ans et son fils, l'auteur, lui rend un hommage poignant en ce plongeant dans les souvenirs qu'il a de sa mère.
Bertha vivait en Haïti, alors sous dictature, le fils de sa patronne l'a « engrossée » et elle a été renvoyée d'office. Elle a eu ensuite trois autres enfants, de trois hommes différents, qu'elle a élevés seule. Elle partit ensuite vivre à New York où elle y mourut.
Rodney Saint-Eloi nous raconte ici toute l'histoire d'Haïti : la très grande pauvreté qui côtoie la richesse, le racisme quotidien en fonction de la couleur plus ou moins foncée de la peau qui détermine tout, les agissements du dictateur et de sa milice violente et corrompue qui terrorise le peuple.
Sans parti pris, en historien, l'auteur nous raconte la chute du dictateur, sa fuite et la catastrophique reprise en main du pays par un peuple ivre de liberté et de démocratie.
Chaque souvenir qui nous livre un moment de la vie de Bertha s'associe à un moment de l'histoire du « pays pourri » comme le nomme l'auteur.
Ce livre est le devoir de mémoire d'un fils envers sa mère, un hommage à tout l'amour qu'il en a reçu malgré l'adversité qu'elle a rencontrée au cours de sa vie.
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critiques presse (4)
LePoint
07 juin 2022
Un roman de la vie, même s'il est en forme de tombeau pour une mère disparue trop tôt (72 ans), aux États-Unis, où vivait Bertha.
Lire la critique sur le site : LePoint
LeMonde
04 mai 2022
Face à sa défunte mère, l'écrivain rappelle son existence faite d'épreuves et d'exils, et se souvient de leur affection mutuelle. Un récit pudique et beau.
Lire la critique sur le site : LeMonde
RadioFranceInternationale
11 avril 2022
Poète, éditeur, militant, l’Haïtien Rodney Saint-Éloi livre avec son roman Quand il fait triste Bertha chante un émouvant récit de deuil et d’hommage à sa mère disparue.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LActualite
13 octobre 2020
Dans son plus récent roman, Quand il fait triste Bertha chante, Rodney Saint-Eloi livre un vibrant hommage posthume à sa mère. Retour sur quatre années d’écriture.
Lire la critique sur le site : LActualite
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Accepte les lauriers, les honneurs, les fleurs et les médailles, mais n’oublie pas que les médailles ne sont que des médailles et que les fleurs ne sont que des fleurs. N’oublie pas d’où tu viens. N’oublie pas qui tu es. Les médailles ne changeront rien à ton visage. Les fleurs ne permuteront jamais les saisons. Quand tu feras face au malheur, les gens qui t’accompagnent les jours de gloire ne seront pas présents pour te donner la main. Sache que tes amis, ceux sur qui tu peux compter, se retirent souvent en silence, à l’ombre de l’amitié.
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J’habite le monde, de livre en livre. Chaque auteur m’amène vers une nouvelle errance. La possibilité d’un monde neuf. Une angoisse de plus. Un chemin nouveau à parcourir.
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Tu vivras dans ce pays qui ne connaît pas la couleur de ton ciel. Ne demande rien à quiconque. Pour regarder, sois ton propre miroir. Pour boire, sois ta propre source. Pour tomber, sois ta propre chute.
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Tata, tu es une femme. Toute la terre est à toi, les oiseaux, les plantes,le ciel et les étoiles. Tu peux féconder et nourrir la terre entière de ton corps de femme.
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Videos de Rodney Saint-Éloi (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rodney Saint-Éloi
Conversation avec l’écrivain Rodney Saint-Éloi Fédération brésilienne des professeurs de français 679 abonnés 146 vues Diffusée en direct le 17 mai 2023 Mediação: Lícia Soares de Souza (UNEB, AIEQ)
Margarete Santos (UNEB)
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