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EAN : 9782714493255
512 pages
Belfond (18/02/2021)
3.93/5   66 notes
Résumé :
Texas, 1904. Comme toutes les pensionnaires du foyer Berachah, Lizzie et Mattie ont traversé bien des épreuves. La première, prostituée malade, mère d'une petite fille, n'a connu que la misère, tandis que la seconde a tout perdu en tombant enceinte hors mariage. Et si ce lieu pas comme les autres leur offrait enfin une seconde chance ?

Un siècle plus tard, Cate, bibliothécaire, se prend de passion pour ces destins poignants qui font écho à sa propre h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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« La maison des égarées » est un beau roman choral porté par trois femmes qu'un siècle sépare. L'intrigue commence avec l'histoire de Lizzie rejetée par sa famille, malade, jeune mère d'une petite fille et qui est recueillie par un organisme de charité, la Société de secours de Berachah, dirigé par un pasteur qui s'est donné comme mission de sauver toutes les femmes perdues et de leur redonner la possibilité de se racheter par la prière et le travail. Lizzie est très jeune mais elle a déjà connu l'abandon, la violence des hommes et la misère. Aussi, entre ces murs, elle va pouvoir se reconstruire et faire la connaissance d'une autre jeune femme Mattie, éprouvée elle aussi par la vie, qui va passer quelques années à Berachah avant d'en partir pour donner un autre sens à sa vie. Un siècle plus tard, une bibliothécaire, nouvellement nommée à Arlington au Texas, découvre au cours d'un footing un cimetière. Intriguée par ses tombes abandonnées, elle va se plonger dans les archives et découvrir l'existence de la Société de secours de Berachah, s'intéresser au sort de ces femmes brisées dans lesquelles elle se reconnaît.

Le roman alterne les trois voix et permet peu à peu de découvrir les mécanismes sociétaux qui ont fini par rejeter Lizzie et Mattie et les ont laissées presque mortes et marquées à vie par ce qu'elles ont vécu. J'ai beaucoup aimé le destin de Mattie, sans doute, parce qu'elle trouve en elle l'énergie de quitter Berachah pour Oklahoma City, qu'elle parvient à ouvrir un restaurant, à s'intégrer de nouveau dans cette société si hypocrite et moralisatrice. Je ne voyais pas au départ l'intérêt de Cate, cette bibliothécaire me semblait si lisse que j'ai cru qu'elle aurait un rôle secondaire. Mais l'auteure, au fil des chapitres, nous fait vivre une Cate plus complexe dont le parcours de vie est aussi cabossé que celui de Lizzie et de Mattie. le roman permet d'aborder les thèmes des violences faites aux femmes, de l'homosexualité, de l'emprise de la société sur les femmes au début du 20è, de la religion (surtout par rapport à Cate). Une belle découverte !
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Le seul vestige de la grande maison existant est le cimetière de Berachah situé sur la propriété de l'université d'Arlington au Texas. Au début du XXème siècle le pasteur James T Upchurch et sa femme Margaret Mae ont ouvert ce foyer pour redonner aux filles déchues ce que lui et d'autres réformateurs considéraient à l'époque comme des vies honorables. Lors d'une promenade dans le parc, Cate Sutton fraîchement engagée comme bibliothécaire de l'université découvre un petit cimetière avec des pierres commémoratives dissimulées ici et là. Sur un panneau il est écrit « site du domaine de Berachah ». Intriguée par tous les noms inscrits sur les plaques Cate veut en savoir un peu plus sur l'histoire de cet endroit. Laurel Medina se présente à elle comme étant une étudiante de 1ère année. Très vite elles vont se lier d'amitié. Cate l'engage pour l'assister dans ses recherches. Elles tombent sur de vieilles paperasses et fouillent dans des cartons oubliés où sont enfouis de vieux trésors, des photos jaunies avec des visages d'adolescentes mélancoliques. Des tas de questions concernant ces vies brisées et enterrées les tiennent éveillées. Progressivement Cate va retracer la vie de Mattie et celle de Lizzie de manière à nous faire revivre leur histoire. L'époque où elles vécurent n'était pas rose, c'était une dangereuse arène où elles devaient affronter la dureté de leur condition. Elles ont été abusées, blessées et profondément meurtries, abandonnées par leur propre famille. Elles se sont réfugiées dans ce foyer où tout était fait pour les préserver des tentations, des addictions et des périls effrayants de l'extérieur qu'elles avaient connus jusque- là. Asservies, dirigées tout au long de leur enfance, elles ont trouvé auprès d'autres filles comme elles de douces et grandes consolations. Ce qu'elles ont enduré, aucun homme ne l'aurait supporté. Ces jeunes femmes forcent l'admiration par leur ténacité. Rien n'est mièvre dans ce roman douloureux rempli de tendresse, de courage et de sororité où quatre vies se révèlent peu à peu. Les pages les plus belles par leur densité âpre sont celles où Julie Kibler montre la détresse sentimentale et sensuelle de ses héroïnes. Nées de la conjonction de l'église, de l'état et du sexe, elles ont remporté de petites/grandes victoires par leur détermination. Cate y reconnaîtra même en des temps plus égalitaires de lointaines connivences qui vont faire écho à sa propre vie. Merci aux éditions Belfond et à Carine Verschaeve pour l'envoi de ce très bon roman qui ne se lâche pas facilement.
Parution aux Editions Belfond le 18 février 2021
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Un magnifique récit polyphonique ou l'on va suivre 3 femmes à un siècle d'intervalle.
D'un côté, Lizzie et Mattie, deux jeunes femmes ayant trouvées refuge au foyer Berachah, un refuge fondé au début du XXe siècle par le Révérend JT Upchurch pour toutes les femmes perdues/déchues, dans le but de les aider à se remettre sur pieds et de se « racheter » en vivant une vie beaucoup plus honorable (et dévote).
De l'autre Cate, une version moderne de nos « égarées » dont on découvrira les blessures au fur et à mesure que l'histoire avance.
Les chapitres alternent donc avec le récit de l'une ou l'autre, ce que j'ai particulièrement apprécié car cela ne nous cantonne pas à 1 seul point de vue et une même situation peut être vécue très différemment d'un personnage à l'autre... On a aussi accès aux non-dits (souvent par honte) qui nous permettent d'apprécier la situation dans son ensemble.

Je préfère tout de suite vous prévenir, c'est un roman puissant, qui montre la condition féminine dans ce qu'elle a de plus dur… L'histoire de Lizzie notamment m'a beaucoup marquée… Surtout quand l'on sait que tout ceci part d'une situation réelle (le foyer à réellement existé) et que les personnages de Mattie et Lizzie sont inspirés de femmes ayant réellement vécu dans cette institution.
C'est une lecture qui me fait apprécier le fait d'être née à notre époque et en France, je me sens vraiment privilégiée car même si les choses changent, beaucoup trop de femmes dans le monde continuent de subir les dictats d'un mari, d'une famille ou encore d'une communauté...

Je referme ce livre et la première chose qui me vient à l'esprit est : « Whaouh ».
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Dans ce roman Julie Kibler nous fait voyager dans le temps et nous raconte le destin de quatre femmes toutes avec un passé tragique et qui avec courage vont affronter les embuches et réussir à rebondir. Il y a d'abord Mattie et Lizzie des femmes vivant au début du 20ème siècle ou avoir des enfants sans être mariée et impardonnable. Obliger de se prostituer pour survivre mais grâce à une main tendu vont s'en sortir et se retrouver dans la maison des égarées. En 2017, Cate bibliothécaire embauche Laurel jeune étudiante et à elles deux vont faire des recherches sur cette maison qui accueillait les femmes rejetées. Une très belle histoire d'amitié, de résilience et de détermination. J'ai apprécié énormément cette lecture et trouvé ces femmes tellement touchantes, émouvantes et qui malgré les adversités de la vie vont tout faire pour s'en sortir. Une très bonne lecture.
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Sur la couverture, quelques fleurs dépouillées, quelques pétales arrachés, quelques photos vieillies éparpillées pour témoin du passé.

Du passé de ses femmes abandonnées, seules à leurs tristes sorts, puisque pour la collectivité et leurs familles, elles ont fauté. Voici une thématique forte dont traite ce roman. On va y parler du droit des femmes, de leur condition à une époque bien différente de celle d'aujourd'hui … Et pourtant … le parallèle que nous offre de faire le roman avec notre ère d'aujourd'hui nous démontrera peut-être le contraire.

Bienvenue dans ce livre polyphonique à trois voix et à deux époques bien éloignées. D'un côté Lizzie et Mattie au début du vingtième siècle et de l'autre Cate de nos jours (2017). Lizzie et Mattie font partie de ces femmes peu fréquentables pour l'époque, enceintes hors mariage, obligé de se prostituer pour survivre, à la rue, battues, maltraitées, elles sont recueillies par le foyer religieux de la petite ville de Berachah, au Texas. C'est là-bas, qu'une amitié forte naîtra entre les deux femmes. de ce refuge, pour ces femmes victimes de violences, de drogues, de grossesses non désirées, tenu par le révérend JT Upchurch et sa femme, ne reste aujourd'hui qu'un vieux cimetière et une collection d'archives auxquelles la nouvelle bibliothécaire de la ville, Cate, s'intéressera. Et à travers l'histoire de ces femmes, c'est son propre passé qu'elle revivra malgré elle avec l'aide de sa stagiaire.

Je suis très embarrassée avec ce récit car s'il a tout pour me plaire, si l'histoire forte de Lizzie et Mattie m'a beaucoup émue, la magie n'a pas du tout opéré comme je l'aurais voulu. J'étais pourtant extrêmement confiante au début, c'était plutôt fluide et entraînant. Mais rapidement, le roman m'a semblé traîner de nombreuses longueurs, d'un parallèle introuvable entre Cate et nos femmes du passé. Je pensais que Cate allait nous accompagner à travers la machine à remonter le temps mais en réalité à part le lien fait par le journal, on suit deux lignes directrices bien différentes. Et c'est vraiment cela qui m'a gêné. Je n'ai pas compris où on allait en venir entre les deux histoires. J'avais l'impression de lire deux livres en même temps. Et quand, du côté de Cate, le personnage de River a été révélé, cela a encore accentué encore plus le problème. Une nouvelle thématique fait son apparition alors que je ne trouve déjà pas le lien avec les premières.

C'est vraiment dommage, car le sujet principal avait en lui seul tout pour être exploité : l'écriture est agréable, la personnalité des personnages est attachante, l'objet réaliste, grave et mérite le témoignage et malgré tout on se perd dans une trame où on s'aperçoit trop tard du but.

Malgré tout, j'ai beaucoup aimé les personnages. Lizzie, Mattie mais aussi Docie, ces femmes abîmées par la vie et qui trouve la force de se reconstruire. Après tous leurs malheurs, elles trouvent refuge dans un foyer religieux, dans la prière, dans l'amitié qu'elles ont tissée. le lien entre Mattie et Docie est très émouvant, une deuxième maman pour la jeune fille. Lizzie « prête » sa fille à Mattie, lui laisse une place dans celle de sa fille pour tenter d'apaiser la douleur de son amie et c'est si naturel pour elle … Mais la vraie question est faut-il pour autant rester et devoir la reconnaissance toute sa vie à la religion ? Ne serait-ce pas finalement une prison dorée ? À un moment, la place que tiens l'église et son côté sournois m'ont mise mal à l'aise. Surtout, lorsque l'on rajoute le vécu de Cate.

C'est d'ailleurs beaucoup trop tard, après avoir refermé ce livre, que j'ai compris le lien avec son histoire. Jusqu'où l'église est-elle prête à aller ? Quel dommage d'être arrivé à la fin de ce roman sans en avoir compris toute la complexité. de mon point de vue, cela aurait pu être beau, profond mais il m'a manqué une filiation beaucoup plus importante entre les deux époques. Cate ne m'a pas accompagné à travers ses archives à découvrir l'histoire, elle m'a simplement raconté sa propre histoire ! Bouleversante, certes, mais trop étriqué et trop peu en adéquation par rapport à la dimension au passé qui ne lui laissait pas vraiment de place.

Ce qu'il faut aussi souligner, c'est ce que l'on apprend à la fin : cette histoire n'est pas que pure fiction mais elle est tirée de faits réels. Ce foyer a réellement existé et l'auteure a apparemment fait un gros travail de recherche à ce sujet, ce qu'il faut saluer car c'est quand même un bel hommage à toutes ces femmes bafouées par la vie.

Je comprends désormais l'importance de ce roman et de son message et c'est ce qui est le plus important dans une lecture, selon moi.

Pour conclure.

Des personnalités fortes, des vécus dramatiques et poignants que l'auteure a fait le choix de raconter dans un roman à trois voix, très bien pensé. Pourtant, malgré cela, les destins ne m'ont pas semblé se rejoindre et l'histoire devient longue, sans fin. Quel dommage, en ce qui me concerne, je suis très certainement passé à côté à cause de ce souci narratif.
Lien : https://placedesbouquins.com..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Il mangeait tout, et pourtant se cramponnait à son ventre, comme foudroyé par des crampes de famine, et la nourriture lui donnait à peine assez d’énergie pour soulever ses jouets. L’apathie s’était installée, et les crises de larmes de ces derniers mois l’avaient rendue folle au point de se laisser presque tenter elle-même par le sirop qu’avait donné le médecin quand elle l’avait supplié de prescrire quelque chose à son fils, n’importe quoi. L’élixir avait calmé Cap assez longtemps pour lui offrir quelques heures de sommeil, avant un nouveau réveil à coups de hurlements.
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Les situations qui nécessitent même une infime part d’intimité font basculer l’équilibre fragile que j’ai travaillé si dur pour construire. C’est comme ça. Je l’ai accepté depuis longtemps. Et en dépit des certitudes de ma psy, le rappel manifeste se fait douloureusement sentir quand je tente de m’écarter du superficiel.

Je suis une adulte. Une professionnelle. Je gère ma vie avec brio.

Mais je suis brisée à l’intérieur. Les gens le sentent, et ils s’éloignent.

Quant à moi ? Je cours.
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Après tout, pourquoi suivre les règles des autres quand on peut avoir la sienne et que les affaires sont là ? Pas vrai, ma jolie ? » À chaque mot qu’il prononçait, Mattie se sentait salie. Il n’allait probablement pas tarder à remonter sa jupe lui-même, en public. Elle recula. « Je ne suis pas ce genre de fille.
— Ah ouais ? Moi je pense qu’une fois qu’un homme est passé par là, la porte est ouverte à tous les autres. Mais vas-y, monte dans ton tramway. À la semaine prochaine. »
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Pouvait-elle se fier à cette femme ? La confiance ne lui assurait aucune protection. Mais quel choix avait-elle, alors qu’elle était à peine capable de sortir seule du lit, et encore moins avec ce qui lui appartenait ?
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En général, il règne ici un silence perturbé par le cliquetis des claviers qui s’élève de l’accueil, et le souffle des portes qui s’ouvrent et se referment. L’austérité peut être angoissante, si on n’en a pas l’habitude. De quoi justifier l’air confus des étudiants qui y pénètrent. Ils nous trouvent parfois par hasard, mais le plus souvent sur les indications d’un professeur qui persiste à croire que ce qu’ils cherchent ne peut être trouvé qu’ici, et pas sur Internet.
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